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EAN : 9782919750733
224 pages
Éditions Tensing (05/09/2016)
3.33/5   3 notes
Résumé :
En 1970 le Cambodge connaît la guerre civile, et en 1972 les tirs de roquettes s’intensifient sur la ville de Phnom-Penh. C’est presque avec soulagement que la population voit l’Angkar, le parti révolutionnaire du peuple khmer, prendre le pouvoir, espérant ainsi la fin des souffrances dues à la guerre civile. Mais le 17 avril 1975 les Khmers rouges déportent des centaines de milliers de personnes de Phnom-Penh dans des villages reculés de la campagne cambodgienne. L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lors de l'opération récente Masse critique de Babelio, les Editions TENSING m'ont envoyé le petit livre-témoignage de Phandarasar Thouch Fenies qui m'a profondément émue.
J'adhère parfaitement à la description pages 31 à 39 du pays de rêve que fut le Cambodge avant le 17 avril 1975, qui marque le début de la massive déportation des habitants de Phnom Penh vers la campagne par ordre de l'Angkar, le chef suprême des Khmers rouges. J'ai aimé l'évocation du marché central, de la clinique Bessière , de l'aéroport de Pochentong, les cyclo-pousses qui sillonnaient les rues de Phnom Penh à la recherche d'un client pour quelques riels afin de le transporter - écologiquement dirions-nous aujourd'hui - où il le souhaitait. C'est une belle peinture de ce que fut ce beau pays. Le Cambodge, c'était le pays du sourire alors, avant l'arrivée des khmers rouges et l'Angkar.
Trente-sept ans après, l'auteure revient dans son pays natal pour assister au procès de Duch, le tortionnaire du camp S21 de Phnom Penh pour lequel elle s'était constituée partie civile quatre ans auparavant. C'est difficile pour elle de revoir les lieux où elle a tant souffert et où la plupart de ses amis et de sa famille ont été exterminés. A la demande de son fils, elle se raconte avec pudeur mais on sent chez elle un grand fond de vérité. C'est poignant mais elle ne va pas complètement dans le pathos et reste très digne. Comme elle le dit, elle a eu beaucoup de chance car elle s'en est finalement sortie et a pu refaire sa vie ailleurs mais elle a souhaité témoigner pour que nul n'oublie ce qui s'est passé pendant trois ans et huit mois de guerre. Elle a aussi oeuvré pour que cette période noire soit inscrite au programme scolaire cambodgien afin que les enfants sachent ce qui s'est passé car comme elle le dit en exergue « Un peuple qui oublie son passé n'a pas d'avenir » - une citation de Winston Churchill.
Un livre très émouvant pour lequel je remercie vivement les éditions Tensing ainsi que Masse Critique de Babelio de m'avoir choisie comme lectrice.
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merci au éditions tensing et à babelio pour l'envoie de ce livre très émouvant sur le témoignage de l'auteure sur cette période , sa vie de déportée dans les camps où elle perd la plupart des membres de sa famille . et ce 17 avril 1975 qui reste un jour où tous bascula dans l'horreur et qu'un des plus effroyables génocides du vingtième siècle commença . pour avoir vu la déchirure ce film de 1984 , on peut deviner que la tension et le chaos régnait au Cambodge . mais dans ce livre ce sont la déportation et la survie où il fallait être fort et avoir de la chance et surtout une volonté de vivre , pour échapper à la barbarie khmers rouges . pour moi simple français je ne pouvais pas me douter de l'atrocité qu'il avait au Cambodge , ce livre est le bienvenu pour nous expliquer et nous témoigner l'enfer et la déportation de l'auteure . c'est le récit de son témoignage au procès de 2014 où les principaux responsables khmers rouges encore vivants ont été condamnés .
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Phandarasar Thouch Fenies est née au Cambodge en 1946. Elle est issue d'une grande famille apparentée à la famille royale. Elle grandit à Phnom Penh dans un milieu protégé : après ses études, elle est employée comme secrétaire dans une raffinerie de pétrole ; mariée à 21 ans à un médecin, elle vit avec son mari et ses deux fils dans la grande maison de ses parents. La victoire des Khmers rouges en 1975 va détruire cette vie de rêve. le 17 avril, la population de Phnom Penh est déportée à la campagne. La famille de Phandarasar se retrouve dans un village où ils sont astreints au travail forcé. le pays est devenu un immense goulag. Petit à petit, les proches de l'auteure disparaissent ou meurent de malnutrition et de mauvais traitements. Elle et son fils aîné sont les rares survivants de cette famille nombreuse. En 1979 elle a émigré en France où elle vit depuis.



L'intérêt principal de ce récit est qu'il présente les grandes violences qu'a subi le Cambodge sous la domination khmère rouge. Quand on en a les moyens, on paie une tasse de riz au prix de l'or et des chefaillons promus du fait de leur inculture abusent de leur pouvoir absolu. Les solidarités familiales se délitent.



Maintenant il faut que j'aborde les points faibles de cet ouvrage car, à mon avis, ils sont nombreux.

D'abord, ce n'est pas très bien écrit, le style est souvent un peu maladroit. Bon, l'auteure n'est pas une écrivaine professionnelle, je lui pardonne -moins à la maison d'édition qui aurait pu faire un travail de relecture plus serré- car parfois la lecture est fastidieuse. Quand elle présente sur deux pages la fiche technique de la raffinerie pour laquelle elle travaille ou qu'elle détaille les liens de parenté entre ses cousins éloignés, je ne vois pas bien qui ça peut intéresser à part ses anciens collègues de travail et sa famille.



Ensuite, elle fait preuve d'une grande naïveté politique qui m'agace un peu (elle-même reconnaît que sa naïveté l'a sans doute aidée à traverser ces épreuves sans en être traumatisée à vie). Ainsi elle se prend pour une révolutionnaire :

"Appartenant à une famille très ancienne du Cambodge, j'avais une idée très utopique de la vie, voire même une idée révolutionnaire. Je n'admettais pas l'injustice, je me révoltais contre la pauvreté. Pour moi, et je le pense encore aujourd'hui, les riches devaient être solidaires des pauvres, le partage de richesse devait être équitable. Je voyais mes parents, mes grands-parents faire de nombreux dons. Cet acte solidaire de la part de ma famille m'a marquée dès ma plus jeune enfance."

Si faire la charité équivaut à un partage équitable de la richesse, tu parles d'une révolution !



Enfin, elle peine à faire ressentir des émotions. Peut-être que c'est moi qui n'était pas en mesure de les ressentir à cause de l'agacement qui dominait. Ou peut-être que c'est elle dont les sentiments ont été anesthésiés par ce qu'elle a enduré ou qui préfère ne pas se dévoiler, ce qui pourrait se comprendre car elle a vu mourir la quasi-totalité des gens qu'elle aimait.


Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il ressortit de la réunion des instructions très strictes pour tout le monde, les paroles suivantes revenaient sans cesse :
- Soyez honnêtes avec Angkar Leu, l'Angkar sait tout, voit tout et entend tout. Abandonnez vos anciennes habitudes acquises par la culture occidentale, recommencez à vivre par vous-même sans l'aide des autres, travaillez la terre, cultivez, faites des digues, des barrages, l'Angkar est puissant et n'a besoin de personne.

A la fin de la séance, il y eut une séance d'auto-critique (ce qu'on appelait en langue khmère Karsang). Quelques personnes commencèrent à s'autocritiquer sur leur façon de travailler et promirent à l'Angkar de faire mieux la prochaine fois.
Je suivais le déroulement de la réunion avec un dégoût que je n'osais pas laisser paraître. A l'intérieur de moi-même, je bouillonnais : Ah ! si seulement je pouvais faire quelque chose ? Que peut-on faire lorsqu'on nous impose la loi martiale : obéis sinon tu seras exécutée ! Y a-t-il une issue plus tard ? J'étais certaine qu'on ne pouvait pas régresser à ce point, qu'il y aurait sûrement une issue quelconque vers un autre avenir. On ne peut pas au XXe siècle supprimer l'école, l'administration, l'argent, et ne se consacrer qu'au travail manuel et à l'agriculture.

En effet, depuis le 17 avril, tout était démoli, les écoles, les universités, les différentes administrations. Les banques étaient dynamitées, les billets brûlés, toutes les archives ont été démolies, les voitures saccagées, plus rien ne résista à la volonté de tout mettre à zéro. Une volonté de détruire toute trace de civilisation et de ramener à néant un Cambodge qui était en voie de développement. Je me suis demandée pourquoi cela ? C'était ça le communisme ? La théorie qu'on nous enseignait à l'école était belle, l'égalité pour tous : ni pauvres ni riches, tout le monde étant nourri et blanchi par l'Etat, on devait vivre en communauté avec une solidarité parfaite. Un monde totalement utopique ! Et moi, qui avait presque épousé ces idées, en étant socialiste libérale, révoltée depuis toujours contre l'injustice, solidaire avec les pauvres.
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Pour moi, j'ai épousé la France et aussi deux religions en même temps. Cela ne me pose aucun problème. Il y a un seul Dieu s'il existe ! En ce moment je pense aux Syriens, à ces réfugiés qui s'enfuient vers l'Europe pour pouvoir vivre comme tout le monde. Je compatis à leur souffrance, et ce que j'ai vécu me permet de les comprendre. Je prie pour eux, pour que plus tard, ils retrouvent tous leur voie. J'ai eu la chance d'être aidée, et eux ? Auront-ils la chance un jour de voir la lumière ? La vie est sacrée, la terre est créée pour tout le monde, pourquoi ne pas essayer de vivre en paix ? Pourquoi l'histoire se répète-t-elle sans cesse ? Pourquoi toujours les mêmes événements, et pourquoi tant de souffrances ? Je me pose toujours ces questions et elles restent sans réponses !
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Je me souviens aussi de ses paroles. Un jour il m'avait dit : "J'ai beaucoup fait de bonnes actions dans ma vie, pour l'instant je souffre, personne ne m'aide mais je suis certain que plus tard ces bonnes actions te reviendront et tu pourras sortir de cet enfer" et aussi "Ta fortune, ce sont tes études, tu peux les emmener partout, les biens matériels, tu ne peux pas les emporter avec toi" - et ses paroles m'ont toujours poursuivie, même maintenant...
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Pour terminer ces lignes je voudrais citer un proverbe cambodgien : Srâlanh Kaun Mouy Tav Srâlanh Chaouv Mouy Thang qui signifie : aimer ses enfants le poids d'un sac de riz - aimer ses petits-enfants le double du poids.
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Que d'années écoulées. Que de chemin parcouru !Que de souffrances ! de volonté, de ténacité et de courage de tout ce peuple qui se relève la tête haute après trois ans et huit mois de guerre, de tueries que les Khmers rouges ont perpétrées sous ce régime. Je suis frappée par autant de jeunes, anglophones en majorité, grouillant dans les rues de Phnom Penh avec leurs scooters. Ils me donnent l'impression d'être heureux. Seule déception : peu de jeunes parlent français. De mon temps, toute l'administration utilisait le français comme langue officielle, on s'écrivait en français, on allait au cinéma français, voir Jean Gabin, Gérard Philippe, Alain Delon, Sophia Loren. La célébrité de ces acteurs dépassait les frontières de l'occident. Tous les films célèbres en France, nous les avions vus à Phnom Penh avec mes parents. Pour moi, la langue française et le cambodgien sont mes langues de toujours. Je pense que la France n'a pas assez défendu le français dans cette partie du monde et c'est vraiment dommage !
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