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Mon premier Tolstoï, j'ai presque honte de l'avouer. Il fait partie de ces auteurs que je regarde de loin, que je n'ose pas aborder, craignant un texte trop aride, trop classique, un peu démodé. Quoi de mieux qu'un Lecture Commune sur un texte court pour sauter le pas et réaliser que mes craintes étaient injustifiées.

Un texte court, vous dis-je, à peine 50 pages dans mon édition numérique, mais si riche. L'auteur nous conte la vie et surtout l'agonie d'Ivan Ilitch, russe de bonne famille, fonctionnaire exerçant des métiers plutôt rémunérateurs dans la justice. Il est marié, pour le pire plus que pour le meilleur, deux enfants encore vivants, quelques serviteurs et des collègues avec qui il aime jouer aux cartes.
Une vie qui s'écoule plutôt paisiblement jusqu'au jour où lors d'une chute malencontreuse il se heurte le côté. Cet évènement plutôt anodin va être le début de la fin pour cet homme ; sa santé va se détériorer, sans que les médecins n'y puissent rien, sans qu'ils n'y comprennent rien. Il essaiera de nombreux médicaments, rien n'y fait et la mort surviendra après d'atroces souffrances.

Ce qui m'a frappée en premier lieu, c'est l'atroce solitude de cet homme, qui se retrouve seul à lutter, sans personne pour le réconforter, le soutenir à part ce serviteur Guérassime et à de rares moments son fils encore enfant. Ses collègues maudiront sa mort, qui les oblige à une visite désagréable à la veuve, et sa femme et sa fille sont plus préoccupées de leurs toilettes et sorties que de soutenir leur mari et père.

Dans cette solitude, il va devoir affronter la maladie, passant par des phases de déni, des phases de combat, des phases d'auto-apitoiement et enfin l'acceptation. Il va mourir et ce constat l'amène à réfléchir sur une vie toute entière menée par l'envie de réussir, le désir de se conformer à ce qu'exige la société, le paraitre. Et à l'heure de la mort, il n'en reste rien. A force de vouloir réussir, il a oublié de vivre et sa vie lui parait désespérément vide. Et malgré tout ce que son parcours a de convenu, de déplaisant, je n'ai pu m'empêcher de le plaindre de tout mon coeur.

Au passage, Tolstoï égratigne la société russe. Les bureaucrates en premier lieu, préoccupés de réussite sociale, à la recherche d'une de ces positions « prouvent clairement que ceux qui les détiennent seraient incapables de remplir un emploi sérieux. » Les médecins aussi en prennent pour leur grade, plus prodigues de belles phrases que de vraies connaissances : les plus réputés étant les plus chers, sans qu'ils soient pour autant plus compétents.

Et tout cela exprimé dans une écriture fluide, précise, limpide. Comme je le disais, je crains parfois et bien à tort de lire ou relire certains classiques, craignant un coté un peu ampoulé, daté. Ce n'est clairement pas le cas ici. Les pages s'enchainent sans aucune lourdeur,

Merci à Sandrine qui a initié cette lecture et tous ceux nombreux qui m'ont accompagnée dans cette découverte.
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Un concentré de littérature.
Tolstoï était un génie, mais pas un génie comique. Il n'avait pas un facies de bonnes nouvelles. Même avec un nez rouge et sans sa barbe taillée à la faucille, il n'aurait pas prêté à sourire.
Sacré challenge donc de s'amuser avec ce petit roman, beaucoup plus court que l'agonie de son personnage.
Avant d'être mort, Ivan Ilitch fut un bureaucrate du tsar ambitieux. Il avait les dents longues, ce qui est pratique pour mâchouiller son boeuf Stroganov surgelé et pour rayer les parquets des puissants à force de courbettes, mais pas suffisant pour ronger le fil de son destin. Avant de rejoindre le trou de sa tombe, il avait su ainsi faire son trou dans la haute société, préférant les privilèges à l'éthique, pour devenir haut magistrat. En supplément, il avait su aussi épouser une jolie fille de bonne famille pour son plan épargne logement. Les mortels sont prévoyants.
Patatras, suite à une blessure anodine, l'ambitieux devenait invalide et si les devins en blouse blanche avaient du mal à augurer la suite, les diagnostics n'en faisaient pas un favori pour le prix Jeanne Calment de la longévité.
Comme le trépas ne figurait pas dans son plan de carrière et qu'il ne trouvait pas une date disponible pour ses obsèques dans son carnet mondain, Ivan allait d'abord s'obstiner à vivre dans le déni de sa maladie. A l'aveuglement allait succéder dans le désordre de l'âme, l'inquiétude, puis les terreurs nocturnes, la colère, le sentiment d'injustice, la prise de conscience d'une mort prochaine et de la vacuité de sa vie. Une lecture à déconseiller aux dépressifs et aux coachs en développement personnel.
Tolstoï excelle dans la description des tourments du malade, la valse des moments d'espoir et de désespoir. Ce n'est pas le tableau clinique que peint l'écrivain : c'est la révélation de la finitude. Une démonstration universelle en moins de cent pages, la force d'une évidence, pour un questionnement pourtant qui révèle tant de l'intime, à l'aide d'une prose qui excelle dans le réalisme en insistant sur l'ambivalence des hommes face à la maladie et la mort. Une concision bien supérieure à celle de cette dernière phrase qui veut trop en dire.
L'autre marotte du géant barbu, c'est la déchéance morale de la société russe. Il insiste tellement dans son récit sur l'intensité des souffrances physiques et psychologiques du personnage que cela finit par ressembler à une séance de torture pour lui faire expier une existence sociale superficielle détachée des valeurs morales qui tourmentaient tant le père Léon.
De ma première lecture de ce roman, il y a une bonne vingtaine d'années, j'avais surtout gardé le souvenir des larmes de crocodile des proches du défunt autour de sa dépouille, entre une veuve préoccupée par la succession, des amis pressés de retrouver leur partie de cartes et des collègues qui allaient profiter du trou dans l'organigramme. Un bal des cyniques pour une veillée funèbre très bien orchestrée par l'écrivain.
Cette deuxième intrusion dans ce roman m'a surtout impressionnée par cette sublime évocation de l'extrême solitude du personnage face à la maladie et la mort, comme un prélude à l'éternité.
En résumé, Ivan, côté santé, c'est pas terrible.
J'avais prévenu que Tolstoï n'était pas un rigolo.
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« Un être meurt, et c'est seulement un être de moins sur terre; moi, le monde disparaît. »
Simone de Beauvoir, Cahiers de jeunesse

Cet aphorisme pourrait presque à lui seul résumer La mort d'Ivan Ilitch. du point de vue d'Ivan Ilitch, sa propre mort est un scandale absolu, tandis que celle des autres s'inscrit dans l'ordre naturel des choses. S'il reconnaît que le syllogisme « Caïus est un homme ; tous les hommes sont mortels ; donc Caïus est mortel » est tout à fait juste s'agissant de Caïus, il ne peut se résoudre à le trouver juste s'agissant de lui-même. Lui n'est ni Caïus, ni un homme en général, il est un être singulier et à part, avec son histoire, ses sentiments, ses bonnes et ses mauvaises actions.
Et naturellement, ce qu'Ivan Ilitch et Simone de Beauvoir pensent et expriment si douloureusement, la plupart d'entre nous le pensons également. Notre mort, c'est la fin du monde, celle des autres, ma foi… cela concerne les autres. Ainsi, l'agonie et la mort d'Ivan Ilitch, si atroces du point de vue d'Ivan Ilitch, ne sont-elles pour les autres, médecins, collègues, amis et proches, qu'un désagrément venant contrarier le déroulement ordinaire de leur existence. Tandis qu'Ivan Ilitch se met à observer anxieusement la progression de son mal, ses amis soupirent d'ennui, sa femme et sa fille, alors en pleine saison mondaine, lui reprochent son humeur maussade et regardaet ailleurs. La plupart du temps, Ivan Ilitch se mure dans un silence farouche, et les rares fois où il cherche à se confier ou à trouver du réconfort auprès de ses proches, ceux-ci se dérobent. C'est qu'on ne parle pas de ces choses, c'est parfaitement inconvenant.

Dans La recherche du temps perdu, il y a un épisode à la fois tragique et désopilant que j'affectionne particulièrement. Swann, terriblement malade et affaibli, rend une visite de courtoisie aux duc et à la duchesse de Germantes, au moment où ceux-ci s'apprêtent à sortir. La duchesse, tout en achevant ses préparatifs, lui renouvelle sa demande de les accompagner, le duc et elle, lors d'un voyage en Italie. Comme Swann lui répond que cela ne se pourra très certainement pas, elle le somme de lui en donner la raison, s'étonnant d'ailleurs, un brin offensée, qu'il puisse savoir à dix mois d'avance que cela lui sera impossible. Pressé par la duchesse, Swann finit par concéder que s'il ne pourra pas effectuer ce voyage avec eux, c'est parce qu'il sera mort depuis plusieurs mois.

« Placée pour la première fois de sa vie entre deux devoirs aussi différents que monter dans sa voiture pour aller dîner en ville, et témoigner de la pitié à un homme qui va mourir, elle ne voyait rien dans le code des convenances qui lui indiquât la jurisprudence à suivre et ne sachant auquel donner la préférence, elle crut devoir faire semblant de ne pas croire que la seconde alternative eût à se poser, de façon à obéir à la première qui demandait en ce moment moins d'efforts, et pensa que la meilleure manière de résoudre le conflit était de le nier. »

Il y a une immense différence, néanmoins, entre Swann et Ivan Ilitch. Swann aborde la maladie et la mort avec son élégance coutumière, détachée et courtoise, Swann ne se fait aucune illusion sur les autres et sur lui-même, tandis qu'Ivan Ilitch se révolte contre le sort qui l'accable, étouffe de colère contre l'indifférence des autres, une indifférence se traduisant par le déni, une minoration constante du mal dont il souffre, un refus d'admettre que ce mal qui le ronge, c'est le lent travail de la mort. C'est cela, le déni, le mensonge dans les rets duquel il se retrouve enfermé comme dans une cage de verre, qui le fait le plus souffrir. Il se débat comme un dément, il voudrait à toute force briser la vitre et entrer en relation avec l'autre, mais il n'y parvient pas et reste seul, livré à lui-même face aux assauts de la douleur et de l'angoisse.

« Dans les derniers temps, le visage tourné vers le dossier du divan, il vivait tellement seul au milieu d'une cité populeuse, de ses nombreux amis, de sa famille, que nulle part, ni sous la terre ni au fond de la mer, on n'aurait pu trouver une solitude aussi complète. »

Je ne pense pas que cette solitude effrayante face à la mort soit un cas particulier. Je crois au contraire qu'elle est ce à quoi est confrontée l'immense majorité, si ce n'est la totalité, des mourants. Je l'ai lu dans le regard des rares mourants que j'ai été amenée à côtoyer, mélange d'intense désarroi et de rage froide. Récemment, j'ai assisté aux derniers mois d'une femme qui, sans être une intime, était une personne à laquelle j'étais très attachée. Elle me répétait à chaque fois qu'elle me voyait qu'elle se sentait terriblement seule. Et pourtant, il me serait difficile de trouver une personne plus aimée et plus entourée qu'elle ne le fut. J'ajoute que c'était quelqu'un qui n'avait pas pour habitude de se plaindre. Cependant la découverte de sa maladie et l'annonce de sa mort à plus ou moins brève échéance la rendirent, comme on peut s'y attendre, extrêmement malheureuse. Je la vis s'isoler de plus en plus dans sa cage de verre et, à l'instar d'Ivan Ilitch, osciller sans répit entre espoir déraisonnable et désespoir absolu.

Car la vie pour un mourant se ramène à cela : sa douleur. La douleur frappe d'abord Ivan Ilitch faiblement, avec une relative discrétion, puis, à mesure que les semaines et les mois s'écoulent, de plus en plus fréquemment et avec plus d'ostentation. Chaque fois qu'elle se manifeste, elle réveille en lui cette autre douleur, plus atroce encore : l'angoisse, et celle-ci vient en retour accroître la douleur physique en un cercle vicieux véritablement infernal. Puis, douleur physique et douleur morale fusionnent en quelque sorte, ne le laissant jamais en repos, occultant tout le reste, valant à Ivan Ilitch cette supplique désespérée :

« N'y a-t-il qu'elle de vraie? »
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Tolstoï se lit vraiment très facilement, le language est clair, l'intrigue avance comme un roman moderne, le tout est très fluide et se lit vraiment facilement. Je trouve d'ailleurs Tolstoï bien plus agréable à lire que nos auteurs français de la même époque.
Je recommande ce petit livre, il est à lire au moins une fois.
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Je sais bien que j'exprime une opinion dissidente, mais je pense que c'est l'une des moindres nouvelles de Tolstoï. Il se concentre sur la souffrance et la mort du juge apparemment couronné de succès Ivan Ilitch. Dès le départ, la thèse principale de cette nouvelle devient claire : l'hypocrisie, l'insatisfaction et l'immoralité de la vie petite-bourgeoise. Tolstoï plonge profondément dans la souffrance physique et mentale d'Ivan Ilitch, avec des références spontanées à l'histoire biblique de Job, jusqu'aux questions tourmentées qu'Ivan Ilitch se pose : « Se peut-il que la vie soit si dénuée de sens et si vile ? Et si c'est en effet si vil et dénué de sens, alors pourquoi mourir, et mourir en souffrant ? » (…) « Pourquoi ces tourments ? Et la voix répondit : Justement, sans raison. Au-delà et à côté de cela, il n'y avait rien. » Finalement, Ivan Ilitch se rend compte que la vie prétendument réussie qu'il a menée n'était «pas juste» (un joli double fond ici avec sa fonction de juge qui doit poursuivre exactement «la justice»), trop d'une copie de la classe sociale aristocratique, au lieu d'une vie authentique. Typiquement pour Tolstoï, le simple moujik Gerasim, qui l'assiste en tout, sert ici de contre-exemple. Comme dit : cette nouvelle m'a un peu moins convaincu du talent de Tolstoï, notamment parce que tout le processus de souffrance d'Ivan Ilitch est très largement répandu, mais aussi parce que la morale de l'histoire est juste un peu trop épaisse, trop peu subtile.
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Après une grave crise existentielle et beaucoup de morts parmi ses proches, Tolstoï voulait écrire sur la mort ordinaire d'un homme ordinaire, l'attente angoissée de la mort, enfin l'engloutissement du moi dans le néant, et ses questionnements :
« il n'est plus possible de continuer à vivre comme j'ai vécu jusqu'à présent, et comme nous vivons tous. ».
Dans la première partie, Ivan Ilitch est mort, ses collègues pensent chacun au poste laissé vacant, remplacé par qui, qui lui- même devra être remplacé par qui….
Son meilleur ami Piotr Ivanovitch pense tout de suite à son beau-frère, car s'il arrive à le placer, sa femme la bouclerait.
A voix haute, il dit : C'est triste ».
Puis Piotr se rend dans la maison endeuillée, essaie de ne pas regarder le cadavre, est interviewé par la veuve, tellement écrasée par le chagrin, qu'elle doit (luttant contre les larmes irrépressibles) continuer à parler gros sous. Combien pourrait-elle toucher de l'Etat, vu le deuil ? Non, pas les droits normaux qu'elle ne peut ignorer, d'autres, plus intéressants ?

L'incident de la mort – Tolstoï le répète, en notant tous les égoïsmes des proches,
l'hypocrisie, les souffrances non pas du mort mais de sa femme, martyre de cet homme malade ( Et qu'est-ce qu'elle y pouvait, elle, s'il ne prenait pas ses médicaments, ce n'est quand même pas elle la responsable, non ?) l'incident, vécu comme une futile mésaventure qui ne peut pas nous concerner nous autres, les vivants-- cet incident, donc, laisse place, dans la deuxième partie, à l'évocation de la vie d'Ivan Ilitch.
Ordinaire, sans doute, cette vie, plaisirs, carrière, mariage, puis à la naissance du premier enfant, jalousie de sa femme, qui lui rend la vie impossible, carrière en berne, et la haine.
Sa femme le hait.
Patatras, sa santé décline, son humeur s'aggrave.
Si tu es malade, soigne-toi, et n'en parlons plus, lui dit-elle, arrête de me contrarier.
Et il reste seul, sans autre compassion que le paysan qui lui tient les jambes, seul, tout seul, et surtout pas aidé par les médecins qui le traitent comme un prévenu, ne savent pas et n'ont pas envie de savoir. Parfois il croit que rien n'est grave, d'autres fois il se dit qu'il va mourir, il fait le bilan de sa vie ordinaire pitoyable et empoisonnée, car il empoisonne la vie des autres, « et cette vie au bord du précipice, il fallait la vivre seul, sans un seul être qui le comprenne et qui le plaigne ».
Après sa mort, entourée d'indifférence et d'hypocrisie, après sa vie, où la recherche du plaisir est minée par la haine et la peur de mourir, Tolstoï nous conte longuement , directement, sans recours au pittoresque ni à la recherche de style, l'agonie d'Ivan Ilitch.

Ce dernier n'a jamais beaucoup remis en cause le système judiciaire où il condamnait les prévenus, et voilà que sa mort est réduite à un « désagrément passager non dénué d'indécence. »
L'agonie est longue, douloureuse, tourmentée par les mensonges de son entourage minimisant son mal au lieu de reconnaître l'horrible situation où il se trouve.
Jamais lu une aussi troublante analyse sur la descente inexorable vers la mort, descente où Ilitch met en examen sa propre existence, ses leurres, sa manière de n'avoir jamais vécu qu'à la superficie de lui-même.
Et sur sa solitude absolue.
Puis lumière, la mort n'existe pas conclut cet immense écrivain qu'est Tolstoï.

LC thématique juillet : un prénom dans le titre.
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Dans ce court roman Léon Tolstoï nous montre qu'au 19ème siècle le thème de la fin de vie était déjà une préoccupation, du moins en littérature. "La mort d'Ivan Ilitch" commence par le décès d'un homme sans que ses proches semblent vraiment bouleversés.
On remonte dans le temps pour apprendre ce qui s'est passé pour Ivan Ilitch, juge d'instruction puis substitut du procureur, qui fut l'un des premiers à mettre en pratique le code de 1864. Peu importe ce que c'est car tous les détails professionnels et familiaux indiquent que le juge cherche à mener une existence correcte et telle que l'approuvait la société. Un conformiste bourgeois en quelques sortes qui va pourtant sombrer après s'être blessé. On ne sait pas vraiment ce qu'il a, quel est son mal. Il va prendre conscience de son état de mortel et c'est ce qui est intéressant dans ce roman. D'ailleurs, Ivan Ilitch ne parle pas de sa maladie mais de ce qu'il ressent face à la mort qui approche.
Si l'attitude de sa femme et de son médecin est navrante, le malade ne désire lui que la vérité sur son état car l'épouvante de la mort vient du fait qu'il se retrouve seul dans une vie qui se termine. Il n'y aura que son domestique pour le comprendre et l'accompagner à supporter ses derniers jours de souffrance.
Si ce roman est excellent, je ne suis pas entièrement d'accord avec l'interprétation du sens qu'Ivan Ilitch donne à sa vie au moment de mourir. Pourquoi se serait-il menti ? Pourquoi se serait-il trompé ? Ne peut-on pas se satisfaire d'une vie banale ?
Ce qui est certain, c'est que Tolstoï nous incite à profiter de la vie en toute lucidité.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022
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Le décès d'un fonctionnaire russe, qui se rend compte de tous les faux-semblants et de toute l'hypocrisie qui l'entourait. Ce roman nous raconte avec une grande sensibilité la phase de déni, de désespoir, puis d'acceptation d'une disparition imminente. C'est très bien écrit et d'une grande profondeur.
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Après Anna Karenine que j'ai découvert récemment, je viens de terminer : La mort d'Ivan Illitch de Léon Tolstoï, court roman de 70 pages.
Le livre démarre sur la mort du dénommé Ivan Illitch, homme dans la force de l'âge, conseiller à la cour d'appel. Cet homme serait mort d'une maladie fulgurante et dans d'horribles souffrances. C'est à travers les dialogues de ses soi-disant amis, confrères que l'on apprend la nouvelle. Beaucoup d'indifférence et surtout d'intérêts personnels sont en jeu… Qui aura la place de qui suite à ce décès.
Puis l'auteur nous faire vivre à travers Ivan Illitch, sa vie, son ascension, ses déboires conjugaux pour en arriver à l'accident qui va tout déclencher.
Léon Tolstoï nous décrit les sentiments, les incertitudes, les certitudes du dit Ivan Illitch. Il se sent bien sous tout rapport aussi bien intellectuel que physique, il est certain d'avoir fait ce qu'il fallait pour être un homme comme il faut, mais sa maladie et la souffrance va tout remettre en question. En particulier ce qu'il a fait de sa vie.
C'est à une longue agonie que l'on assiste avec une remise en question du pourquoi, du comment de la vie, de ce que l'on devrait en faire et que l'on n'a pas fait. Je dirais une désillusion totale de ce qui a été. On sent là les questionnements de Tolstoï sur la vie et la mort. Des rapports humains proches et moins proches. du but d'une vie à travers la mort qui nous attend tous.
Court roman bien dans l'écriture et la vision de Tolstoï ? Déjà dans Anna Karenine on sentait ce genre de positionnement. J'ai bien aimé l'écriture de l'auteur toujours aussi prenante et envoûtante, le sujet bien sûr est universel, nous en sommes tous plus ou moins à nous poser ce genre de question.
Merci à toi Fifrildi pour ce choix lors de notre petit défi littéraire, un pas de plus dans l'oeuvre de TolstoÏ.. Je continuerai cela est sûr à le découvrir...
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Un roman assez court et dont le sujet est pourtant pour chacun de nous un sujet majeur : celui de la mort.

En quelques pages Tolstoi nous décrit, avec une plume limpide et exceptionnelle de clarté, ce cheminement qui fait d'un homme "normal" un homme qui va mourir.

Insidieusement la maladie s'installe et inéluctablement la mort sera au bout du chemin, avec au passage le cortège de questions et de doutes, les regards sur le passé et les espoirs sur un futur possible.

Toute la petitesse et la misère de nos humaines attitudes face à la mort sont décrites avec précision et réalisme.
Le texte est sublime, court, percutant et revêt un aspect universel, car nous serons tous, (et on le sait bien) , confrontés à ces moments de réalité et d'introspection face à nos vies qui s'achèvent et devant la grande faucheuse, bien obligés de la suivre...

Un livre exceptionnel que je recommande vivement.


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