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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
De la Mort d'Ivan Ilitch nous n'en saurons pas grand-chose, sauf à considérer que cette mort n'est pas celle que l'on définit biologiquement (et encore de manière houleuse) comme l'arrêt des fonctions cardiaque, cérébrale et/ou respiratoire, mais qu'elle est plutôt toute cette étape de la vie qui précède la fin.


Nous ne sommes pas dans Guerre et Paix, loin s'en faut. Là où Leon Tolstoï s'attardait des chapitres entiers à décrire le moindre fait anodin de la vie de ses personnages, il s'essaie ici à plus de brièveté. La forme de la nouvelle participe au discours ; puisque Leon Tolstoï cherche à dévoiler l'insignifiance d'une existence, autant la réduire à quelques étapes marquantes et dissoudre le reste dans la fosse de néant qui échoit à chacun. Pour autant, Leon Tolstoï parvient à rester éloquent. En quelques dizaines de pages, il met pleinement à contribution ses personnages et s'ingénie moins à faire le procès de l'absurdité qu'à se moquer de l'hypocrisie bourgeoise.


Ce n'est pas du mépris ni de l'aversion que Leon Tolstoï semble éprouver pour cette classe sociale mais plutôt de la pitié. A travers Ivan Ilitch, toute l'inconsistance d'un parcours, inconsciemment dicté par les règles de la convenance et par le souci d'exceller au détriment de son prochain, puis de soi-même, se révèle peu à peu au cours d'une crise de lucidité qui démarre en même temps que la déchéance du personnage. Ivan Ilitch serait-il mort brutalement, par accident ? Il n'aurait jamais douté de la justesse de sa vie et serait resté à jamais bienheureux. Pourtant, son existence n'était pas des plus joyeuses. La vie conjugale lui procurait bien des désagréments -mais il accusait le mauvais caractère de sa femme, sans jamais se remettre en question. Sa profession lui procurait beaucoup d'honneurs et de prestiges dont il en tirait une grande fierté -mais il ne pensait jamais qu'il construisait sa réputation au détriment d'un grand nombre de ses congénères. Sa vie sociale lui paraissait riche et satisfaisante -et il ne devinait pas le désintérêt qu'éprouvaient pour lui ses camarades.


Heureusement, la maladie arrive qui, en retirant Ivan Illich de la vie active, lui permettra de revenir sur son existence, d'en examiner la progression et d'analyser la raison de chacun des choix qui l'ont conduit à devenir l'homme qu'il est. Malheureusement, la maladie arrive, qui obligera Ivan Ilitch à prendre conscience de la superficialité de ses relations et de sa profonde solitude –à moins qu'elle ne soit inhérente à tout homme ? Leon Tolstoï se moque d'Ivan Ilitch : il arrache d'un coup son costume de magistrat pour mettre à nu le pauvre petit garçon pleutre et veule qu'il a toujours été. Dans la maladie, il aurait aimé être cajolé, chéri et soigné avec toutes les attentions qu'il croyait mériter. Au lieu de cela, l'hypocrisie bourgeoise préfère taire sa mort prochaine. Plus que de sa maladie, Ivan Ilitch se désespère de l'indifférence de ses semblables, qu'il commence peu à peu à haïr.


Avec le temps, la Mort d'Ivan Ilitch a peut-être perdu un peu de sa puissance : aujourd'hui, qui croirait encore aussi fermement que le personnage qu'une bonne situation familiale et professionnelle est forcément signe de réussite ? La naïveté d'Ivan Ilitch est parfois trop grande pour être vraiment crédible, mais permet cependant de mettre en place des scènes où l'humour cynique et cruel de Leon Tolstoï se déchaîne pour notre plus grand plaisir. le clivage entre l'hypocrisie bourgeoise et le bon sens paysan est également trop marqué pour ne pas être réducteur, même s'il permet de dévoiler une facette plus tragique d'Ivan Ilitch.


Quoiqu'il en soit, Ivan Ilitch nous aura bien fait tourner en bourrique. Sa mort est longue et s'évertue consciemment à détruire peu à peu chaque étape de son existence. Et puis, enfin, Ivan Ilitch meurt. Qu'y a-t-il après la mort ? Leon Tolstoï balaie d'un revers de main toute considération eschatologique : après la mort, il n'y a rien d'autre qu'un ballet comique de bourgeois, qui viennent se signer devant le cadavre d'un homme parmi tant d'autres avant de retourner jouer au whist ensemble, autour d'une table et de boissons.
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Ce court récit est remarquablement dense, traitant de nombreux thèmes, alternant les émotions, et réussissant à partir d'un cas général, ancré dans un cadre historique précis, à atteindre l'universel. En effet, on peut le lire comme un récit historique, c'est la Russie de la seconde moitié du XIXème siècle qui se modernise (les trains, les photographies...), mais aussi ses archaïsmes (les différences de classe, la bureaucratie arriviste et corrompue).
Ce texte arrive aussi à être émouvant et pathétique - notamment les passages sur le paysan, seul capable de bonté pour son maître par une forme de naïveté naturelle, mais aussi cruel avec les amis du mourant qui ne pensent qu'à son héritage, et sa femme qu'à sa toilette.
Et quand Ivan Ilitch évoque ses souffrances, ses remords et ses regrets, c'est chaque lecteur qui se reconnaît.
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Je sais bien que j'exprime une opinion dissidente, mais je pense que c'est l'une des moindres nouvelles de Tolstoï. Il se concentre sur la souffrance et la mort du juge apparemment couronné de succès Ivan Ilitch. Dès le départ, la thèse principale de cette nouvelle devient claire : l'hypocrisie, l'insatisfaction et l'immoralité de la vie petite-bourgeoise. Tolstoï plonge profondément dans la souffrance physique et mentale d'Ivan Ilitch, avec des références spontanées à l'histoire biblique de Job, jusqu'aux questions tourmentées qu'Ivan Ilitch se pose : « Se peut-il que la vie soit si dénuée de sens et si vile ? Et si c'est en effet si vil et dénué de sens, alors pourquoi mourir, et mourir en souffrant ? » (…) « Pourquoi ces tourments ? Et la voix répondit : Justement, sans raison. Au-delà et à côté de cela, il n'y avait rien. » Finalement, Ivan Ilitch se rend compte que la vie prétendument réussie qu'il a menée n'était «pas juste» (un joli double fond ici avec sa fonction de juge qui doit poursuivre exactement «la justice»), trop d'une copie de la classe sociale aristocratique, au lieu d'une vie authentique. Typiquement pour Tolstoï, le simple moujik Gerasim, qui l'assiste en tout, sert ici de contre-exemple. Comme dit : cette nouvelle m'a un peu moins convaincu du talent de Tolstoï, notamment parce que tout le processus de souffrance d'Ivan Ilitch est très largement répandu, mais aussi parce que la morale de l'histoire est juste un peu trop épaisse, trop peu subtile.
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Bon, j'ai pas lu les deux nouvelles, mais juste une, mais je lirais l'autre un jour ou l'autre. Je voulais déjà testé Tolstoï... Si le style d'écriture m'a charmée, que sa façon d'utiliser les mots, et les mots qu'il utilisent (même si c'est une traduction du russe), m'ont réellement plu. après pour l'histoire...Bah c'est une déchéance qui finalement se fini "bien". du coup j'étais pas touchée du tout, parce que j'aime pas les histoires comme ça... C'était juste joli et vrai ce qui se disait voilà tout...J'aimais beaucoup Ivan Ilitch, et je détestait sa femme d'ailleurs, mais c'est tout... J'ai pas grand chose à dire mais bon voilà....
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Il est mort Yvan Ilitch. Mais comment, pourquoi? Comment a-t'il vécu ses derniers moments? Ce livre vaut par son montage, sa construction originale, signes du grand talent de l'auteur.
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