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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme si Tolstoï se remémorait ses années de jeunesse colorée loin d'être triste, comme si il prenait un plaisir particulier à évoquer les danses des paysannes qui l'ont affolé, comme s'il regrettait ce temps passé, où rien n'était grave, comme si, d'ailleurs, il voulait à tout prix rendre hommage à la petite Axinia, dont il a eu un fils, et qui continue à laver le plancher comme l'héroïne du Diable le fait , au grand dam de Sonia/Sophie, jalouse à en crever .

Dans « le diable », l'arrivée à la campagne du héros lui pose problème : comment faire ? comment consommer, et qui ? En ville, tout est facile, même si Irténiev ne se croit pas débauché, il n'est quand même pas un moine. Il payait, et donc ne se sentait aucunement attaché, il fortifiait sa santé, rien de plus innocent.

Une chose est sûre, la continence non voulue lui est insupportable, alors, alors.

Facile, une paysanne mariée se présente, tout va bien, plaisir réciproque, liberté assurée, chacun sa place.
Sauf que la femme, belle comme le jour, danse, et l'ensorcelle : c'est elle qui le possède, avec ses robes brodées jaunes et son fichu rouge vif, (ou le contraire) pieds nus, elle danse.
Elle est libre, cette serve, elle rit et elle se moque, désinvolte, elle fanfaronne, elle ne comprend absolument pas le problème de conscience que se monte soudain Eugène Irténiev.
Car depuis il s'est marié, avec une femme passionnément amoureuse de lui, aimante et compréhensive. Elle l'aime, le comprend, elle sent ses moindres changements d'humeur, elle apaise sa propre mère pour écarter de son mari tout sentiment douloureux.

Oui, mais il désire l'autre, ne veut pas que cela lui arrive, mais elle est plus forte que lui, sans rien faire qu'apparaître de temps en temps, et qu' échapper aux rendez vous, il est vaincu, une force étrangère le possède. Un petit juge intérieur lui souffle que ce qu'il ne peut éviter reste répréhensible et criminel.

Conclusion plutôt cul-cul la praline après un plan-cul assez bien explicite.
Et une fin tragique
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Pas de suspense ici : dès le début, Tolstoï nous dévoile l'intrigue de sa nouvelle, en citant Matthieu, V, 28. Allez, bonne fille, je vous recopie la citation (pour les athées, les non catholiques et les autres) : « Et moi je vous dis que quiconque regarde une femme avec concupiscence a déjà accompli l'amour avec elle dans son coeur. » Bon, ceci dit en passant et tout à fait hors propos, si tous les violeurs pouvaient avoir été biberonnés avec cette citation, on pourrait peut-être de nouveau occuper l'espace public, s'habiller comme bon nous semble, et se promener seule le soir.

Donc, vous l'aurez compris, on ne lira pas cette nouvelle pour l'histoire, puisqu'elle est entièrement contenue dans la citation ci-dessus. Mais bien plutôt pour l'écriture car oui on se laisse porter par la justesse du propos, par la finesse d'écriture, par un sens de l'équilibre entre action, description et introspection.

Cette nouvelle est une bonne façon d'approcher tout petit tout doux non pas du diable mais du monstre (ceci dit avec énormément de respect, non pas dans le sens de « monstrueux » mais dans le sens de « grandiose », d' « énorme », d' « incontournable ») qu'est Tolstoï. Et le plaisir ressenti est pour moi un bon indicateur pour continuer à découvrir ce fameux écrivain. C'est peut-être même le seul indicateur valable, ce fameux plaisir.
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L'une des nombreuses nouvelles de Tolstoï consacrées à son sujet fétiche : la vie maritale. Décidément cela avait l'air de l'obséder, surtout vers la fin de sa vie. En même temps, sa relation avec son épouse avait l'air passablement compliquée. Mais ce texte-ci est surprenant à deux égards : il ne parle qu'indirectement de religion, et directement de sexualité. En général, chez Tolstoï, c'est plutôt l'inverse.

Eugène Ivanovitch Irténiev mène la vie oisive de jeune fils de famille à Saint Petersburg. Comme tous ses pareils, il a de l'argent de poche, une place dans l'armée et un arrangement avec une couturière qui lui sert de maitresse/courtisane/prostituée plus ou moins attitrée. Tout change le jour où son père meurt. Il décide de reprendre la gestion du domaine, découvre que celui-ci est grevé d'hypothèques, part vivre à la campagne, se lance dans le travail à corps perdu. Mais au bout de quelques mois, son célibat forcé commence à lui peser. Il conclut un nouvel arrangement avec une paysanne, Stepanida. Cela dure quelques temps, puis il rencontre une jeune fille de la noblesse, en tombe amoureux, l'épouse. Leur couple est heureux ; ils ont un enfant. Il aime sincèrement son épouse, celle-ci le place sur un piédestal. Mais un jour, il recroise cette paysanne qu'il avait totalement oubliée. Et il est pris pour elle d'un furieux, irrépressible désir…

De façon étonnante pour un écrivain dont certains personnages n'hésitent pas à se couper un doigt plutôt que de succomber à la tentation, il est donc ici question de frustration sexuelle. le religieux entre très peu dans les sentiments d'Irténiev : recourir à des services sexuels tarifés ne lui cause aucune honte. Tous ses tourments viennent du fait qu'il est vraiment tombé amoureux de Stepanida, et que s'il donne libre cours à ses sentiments il ruinera la vie de sa femme, et par la même occasion celle de son enfant. L'histoire a donc quelque chose de curieusement moderne – en fait, on n'est pas très loin d'un scénario à la Woody Allen, avec quelques scrupules en plus pour le personnage principal masculin.
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C'est vrai ( comme l'on dit d'autres lecteurs ), qu'il est moraliste, ce conte de Tolstoï, mais cela n'empêche pas qu'il soit agréable. Une fois passé les premières pages, une fois qu'on a passé la phase d'adaptation, au style si particulier de l'auteur d'"Anna Karénine", ça passe très bien, ça se lit très vite et très agréablement, c'est très bien raconté.
Le style de Tolstoï est-comme souvent-simple et beau, efficace et puissant, fort, plein d'émotions. Tolstoï nous prouve ici ( encore une fois ! ) qu'il n'est pas nécessaire de produire des récits compliqués, avec de nombreuses péripéties et des formules complexes, pour faire surgir l'émotion.
Plus, je lis Tolstoï, plus j'ai l'impression que le célèbre écrivain russe est un auteur simple à lire, que la forme de ces livres est accessible, que lesdits livres sont plein d'émotions, avec des personnages très humains auxquels on s'attache d'ailleurs facilement ( il parle de ces personnages avec beaucoup d'empathie, même lorsqu'il nous fait la morale en dénonçant les fautes morales que ces personnages ont fait, selon lui, ce qui rend lesdits personnages riches et vivants, autant que peuvent l'être des personnages de fiction ).
Bref, même s'il y a un temps d'adaptation à l'écriture si particulière de Tolstoï, ce livre est très agréable à lire et égale d'autres textes de ce grand écrivain.
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Le diable (1889-1909) est une nouvelle posthume de Léon Tolstoï. Eugène Irténiev, jeune propriétaire terrien se sent tiraillé entre Sté­pa­nida, son ancienne maîtresse, une paysanne, et Lise, sa nouvelle épouse, romantique et irréprochable. Un dilemme, décrit du seul point de vue masculin, et une descente aux enfers magnifique écrit.
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C'est assez fascinant de quelle façon le désir est décrit dans cette histoire. Un point de vu très religieux sur la sensualité, le plaisir charnel y est exposé à travers son personnage principal. On le voit lutter avec son désir mais comme Oedipe, on sait qu'il finira par accomplir le péché qu'il essaie tant de fuir.
La description des femmes, de Stepanida est magnifique.
On doute du fait que ce soit auto-biographique tant l'histoire est magnifique décrite et tellement réaliste.
On croit d'abord que le diable est Stepanida, mais on découvre finalement que le Diable est en chacun de nous et qu'il faut tout faire pour le fuir, suivant encore une fois la morale religieuse. L'histoire nous fait cependant mettre en doute, le concept de vie maritale via son personnage principal qui malgré son bonheur en couple est attiré ailleurs.
Je vous conseille bien sûr cette lecture très courte, limpide que j'ai beaucoup apprécié.
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Irténiev est un jeune homme célibataire qui noue une relation avec une paysanne du nom de Stépanida, femme mariée. Issue d'un milieu social différent que celui d'Irténiev, celui ci la quitte pour une femme de son rang.


Il ne croise plus la jeune paysanne pendant longtemps et vit avec Lise des amours sans problèmes. Cependant, ayant besoin de monde pour le travail de la propriété et de l'exploitation, Irténiev revoit Stépanida, et la passion qu'il pensait éteinte le taraude sans cesse, malgré l'amour qu'il porte à sa femme. Il cherche a revoir Stépanida, tout en faisant en sorte de l'éviter. Il en vient à en discuter avec son oncle, afin d'alléger le fardeau de sa culpabilité.




Sur fond d'infidélité, Tolstoï dresse avec finesse et maitrise les sentiments de culpabilité et les tourments que génère cette tentation. le style de narration est fluide, on ressent par moment une lourdeur de style, mais elle est vite effacée par le rythme de cette nouvelle.

On peut se demander la raison qui a poussé l'auteur à écrire ce texte sur une longue période : l'infidélité est tabou, principalement à cette époque où le milieu socio culturel prônait sur les ambitions et désirs personnel : ainsi, Irténiev craint à la fois de peiner son épouse, mais également du quand dira t on.

Remplie de sensualité, de douceur, cette nouvelle est également cinglante, la fin étant un dénouement dont on aperçoit bien vite les contours. Malgré tout, un texte réflexif et novateur pour l'époque, abordant des sujets plus tabou encore qu'aujourd'hui.

Une découverte également du style de Tolstoï : fourni, fluide, parfois un peu ronflant, mais sans fioritures inutiles.

Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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Moi qui ne suis pas un grand adepte du format de la nouvelle, je dois bien reconnaître que Tolstoï m'y réconcilie légèrement. J'y ai retrouvé - en intensité bien moindre, la brièveté du format pour cause - tout ce qui constitue et légitime mon amour de certains romans : un style agréable, une intrigue intéressante et surtout, une réelle dimension implicite - métaphysique en quelques sortes.


Tolstoï nous raconte l'histoire d'un homme tiraillé entre son mariage, sa réputation, le bonheur de ses proches et de la femme qu'il aime d'un amour presque platonique, dirais-je ; et la passion charnelle au plus pur sens du terme. Il est malheureux de voir à quel point cette dernière aura triomphé, mais pas nécessairement de la manière à laquelle on pense au premier abord.
Il était malade, dira-t-on, mais comme le conclue si bien Tolstoï, nous sommes tous aussi malade que son héros, bien que, face à des constitutions plus robustes, ladite malade ne soit pas systématiquement mortelle, elle ne manque jamais de nous atteindre d'une manière ou d'une autre. Une nouvelle très agréable à lire et qui nous donne envie de tourner les pages.


De plus en plus passionné par la littérature russe ces temps-ci, il me tarde de découvrir, plus en profondeur, après Dostoïevski - ô que je l'aime ! -, un Tolstoï qui me semble tout aussi rempli de promesses.
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C'est tout court, et pourtant tout y est. La descente inexorable au enfers de l'obsession, de l'irrésistible désir.

Et qui est le diable ? Est-ce elle ou est-il en moi ?
Lien : https://www.noid.ch/le-diable/
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J'ai trouvé ce livre par hasard dans ma librairie, et le hasard fait bien les choses puisque ce livre m'a permis de découvrir un des plus grands auteurs de tout les temps. Et quelle belle découverte !

Cette nouvelle nous plonge dans la descente aux enfers de Eugène, un homme de bonne famille plutôt simple et pragmatique, mais qui va commencer ressentir une sensation obsédante qui le mènera jusqu'à la folie, une folie qu'il perçoit comme l'oeuvre du diable.

En effet, le diable est présenté en filigrane dans cette histoire et on a jamais clairement un indice sur sa présence concrète ou non, puisqu'il est présenté par Eugène comme une sensation perturbante, et récurrente qui détruit petit à petit sa vie.

L'auteur se sert de ce "diable" pour parler des conflits moraux imposés produits par la société, et qui sont parfois complètement illusoires, et ne sont là que pour nous contrôler.

J'ai adoré la manière dont tout se met en place au fur et à mesure jusqu'à la décision finale d'Eugène qui arrive comme un coup de massue sur le lecteur.

Cette décision vient du dilemme qui le ronge tout au long de l'histoire, puisque son coeur appartient à sa femme Lise, une jeune femme romantique et absolument éperdue de son mari; mais ses sens sont perturbés par Stépanida, une jeune paysanne mariée mais qui trompe son mari avec Eugène.

L'opposition entre ces deux femmes illustrent parfaitement la différence entre le romantisme et la perversion. Mais Eugène ne voit plus la limite entre les deux car il ne veut pas tromper sa femme mais est aveuglé par le désir charnel qui prend possession de lui.

Le rempart qui lui reste se révèle être les sentiments qu'il éprouve pour sa femme et son futur enfant mais aussi les jugements de la société de l'époque.

L'auteur brille par sa plume simple et subtile mais jamais simpliste, et par la complexité de son récit qu'il nous présente comme une simple histoire de coeur, en apparence seulement.

Enfin bref... Une nouvelle qui met en lumière la différence entre amour et luxure, et entre devoir et désir. Tolstoï a une plume parfaite qui fait passer des messages très forts et durs dans le fond, mais avec un aspect particulièrement chaleureux et beau dans sa forme.
Lien : http://bookymary.blogspot.fr..
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