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Citations sur Les Cosaques (48)

C’était par une de ces soirées comme il n’en est qu’au Caucase. Le soleil s’était caché derrière les montagnes, mais il faisait encore clair. Le crépuscule avait conquis le tiers du ciel et laissait se découper très nettement dans ses lueurs les volumes d’un blanc mat des montagnes. L’air était rare, immobile et sonore
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Olenine était si bien entré dans la vie de la stanitsa que le passé lui semblait absolument étranger et que l'avenir, surtout en dehors du monde où il vivait, ne présentait plus pour lui aucun intérêt. Quand il recevait des lettres de chez lui, de parents ou de connaissances, il était blessé de voir qu'on le regrettait comme un homme perdu, alors que, dans son village, il considérait comme perdus tous ceux qui menaient une autre vie. Il était convaincu que jamais il n'aurait à se repentir d'avoir rompu avec sa vie d'autrefois et de s'être organisé une existence aussi solitaire et originale dans la stanitsa.
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Le vieillard s'en alla. La chanson se tut. On entendit des pas et un caquet joyeux. Un peu après, la chanson résonna de nouveau, mais plus loin, et la voix sonore d'Erochka se joignit aux autres. « Quels hommes, quelle vie ! » pensa Olenine, avec un soupir, et il regagna seul son logis.
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Quelques citations/extraits du roman Les Cosaques (1969) de Léon Tolstoï (Édition Folio, 1976) traduit du russe par Pierre Pascal :

• « Il semblait à Olenine que seuls ceux qui partaient passaient par ces rues-là. Tout autour, c’était l’obscurité, le silence, l’ennui, et son âme était pleine de souvenirs, d’amour, de regrets et de larmes agréables, qui l’étouffaient… » (Olenine avant de partir de Moscou) p. 22.

• « Il se demandait à quoi dépenser toute cette énergie de la jeunesse que l’homme ne possède qu’une dans sa vie : l’art, la science, l’amour, ou bien l’activité pratique ? Non pas l’énergie de l’esprit, du cœur, de l’instruction, mais cet élan qui ne se répète plus, ce pouvoir une fois donné à l’homme de faire de sa personne tout ce qu’il veut, comme il le veut, et du monde entier tout ce qui lui plaît. Il est, il est vrai, des gens privés de cet élan, qui, aussitôt endossent le premier harnais venu et loyalement travaillent dessous jusqu’à la fin de leurs jours. Mais Olenine sentait trop fort fortement en soi la présence de ce Dieu tout-puissant de la jeunesse, cette faculté de se métamorphoser en un seul désir, en une seule pensée, de vouloir et de faire, de se jeter tête baissée dans un abîme sans fond sans savoir pour qui ni pour quoi. » p. 25.

• « Il considérait encore les montagnes et le ciel, et à tous ses souvenirs ou rêves se mêlait le sentiment austère d’une nature majestueuse. Sa vie avait commencé autrement qu’il ne s’y attendait en quittant Moscou, mais avec un bonheur inespéré. Les montagnes, les montagnes et toujours les montagnes inspiraient tout ce qu’il pensait et sentait. » p. 86.

• « Donc, chacun a sa loi. Selon moi, toutes se valent. Tout a été créé par Dieu pour le plaisir de l’homme. Il n’y a nulle part part de péché. Prenez exemple sur les bêtes. Elles vivent dans les roseaux tatars, et aussi dans les nôtres. Où elles se trouvent, là est leur maison. Ce que Dieu donne, elles l’avalent. Tandis que les nôtres prétendent que pour cela nous aurons à lécher les poêles. Moi, je pense que tout ça c’est du faux, […] » (Erochka à Olenine) p. 107

• « La puissance de la végétation de ce bois que n’avait jamais foulé le bétail frappait à chaque pas Olenine. Il n’avait encore rien vu de semblable. La forêt, le danger, ce vieillard avec son chuchotement mystérieux, Marion avec sa statue virile et bien proportionnée, et les montagnes, tout cela lui semblait un songe. » p. 140.

• « Chose bizarre, sur les midi, cette sensation lui fut même agréable. Il lui sembla même que, sans cette atmosphère de moustiques qui l’environnait de toutes parts, sans cette pâte de moustiques que sa main écrasait sur son visage en sueur, et sans cette irritante démangeaison sur tout le corps, ce bois perdrait de son caractère et de son charme. Ces myriades d’insectes allaient si bien à cette végétation sauvage, riche jusqu’à la monstruosité, à cet infini de bêtes et d’oiseaux emplissant le bois, à cette verdure sombre, à cet air chaud, capiteux, à ces petits fossés d’eau boueuse qui partout percent du Terek et chantonnent sous les feuillages pendants, qu’il trouva du plaisir à cela même qui, un moment avant, lui semblait effroyable et intolérable. » p. 146.

• « Le bonheur, le voici, se dit-il à lui-même, le bonheur consiste à vivre pour les autres. C’est clair. L’homme a reçu un appétit de bonheur ; donc cet appétit est légitime. En le satisfaisant égoïstement, c’est-à-dire en recherchant pour soi richesse, gloire et commodités de l’existence, amour, il peut se faire que les circonstances ne nous permettent pas de satisfaire nos désirs. Ainsi, sont ces désirs qui sont illégitimes, et non l’appétit de bonheur. Alors, quels sont les désirs qui peuvent toujours être satisfaits, en dépit des conditions extérieures ? Lesquels ? La charité, le renoncement ! » p. 149.

• « La végétation devenait plus pauvre ; de plus en plus souvent se rencontraient les roseaux bruissants et les clairières de sable, nues, creusées par les traces des bêtes. Au grondement du vent se joignit un autre grondement, monotone et triste. D’une façon générale, son âme s’assombrissait. Il tâta derrière lui les faisans et trouva qu’il en manquait un. Il s’était détaché et était tombé : seul le cou et la tête ensanglantés pendaient à sa ceinture. Il eut plus peur que jamais. Il se mit à prier. Il craignait seulement de mourir sans avoir rien fait de bien, de bon : et pourtant il voulait tellement vivre, vivre pour accomplir un exploit de dévouement ! » p. 150.

• « Cet homme en a tué un autre, et il est heureux, content, comme s’il avait accompli la plus belle action du monde ! Est-ce que rien ne lui dit qu’il n’y a pas là de quoi tant se réjouir, que le bonheur ne consiste pas à tuer, mais à se sacrifier ? » p. 156. (Olenine sur Lucas après que ce dernier ait tué un abrek)

• « Sottises, tout ce que je croyais avant : amour et dévouement, et Lucas. Il n’y a qu’un bonheur : celui qui est heureux, celui-là a raison » (Olenine) p. 184.

• « Pas de capes de feutre, pas de précipices, pas d’Amalat-Bek, de héros ni de scélérats, pensait-il. Les hommes vivent comme vit la nature : meurent, naissent, s’unissent, naissent de nouveau, se battent, boivent, mangent, se réjouissent et de nouveau meurent, sans autres conditions que celles que la nature immuable a imposées au soleil, à l’herbe, aux bêtes et aux arbres. Ils n’ont pas d’autre loi… » (Olenine sur les Cosaques) p. 189.

• « Comme vous me paraissez tous ignobles et pitoyables ! Vous ignorez ce qu’est le bonheur et ce qu’est la vie ! Il faut avoir une fois éprouvé la vie dans toute sa beauté sauvage. Il faut voir et comprendre ce que, chaque jour, je vois devant moi : les neiges éternelles et inaccessibles des montagnes et une femme majestueuse dans cette beauté primitive qui dut être celle de la première femme au sortir des mains de son Créateur. Et alors vous saurez quel est celui qui se perd et celui qui vit dans le vrai ou dans le mensonge, si c’est vous ou moi. […] Comprenez une chose, ou bien croyez-la. Il faut voir et comprendre ce que sont la vérité et la beauté, et vous verrez tomber en poussière tout ce que vous dites et pensez, tous vos vœux de bonheur et pour vous et pour moi. Le bonheur, c’est d’être avec la nature, de la voir, de causer avec elle. » (Lettre d’Olenine sur le dégoût qu’il a de la noblesse moscovite) p. 222.

• « Je n’ai pas pu m’oublier moi-même, ni oublier mon passé compliqué, discordant, monstrueux. Et mon avenir, je me le figure encore plus désespéré. Chaque jour j’ai devant moi les lointaines montagnes neigeuses et cette femme majestueuse, heureuse. Et l’unique bonheur possible sur cette terre n’est pas pour moi, cette femme n’est pas pour moi ! Le plus terrible et le plus doux dans mon état, c’est que je sens que je la comprends, tandis qu’elle ne me comprendra jamais. Non pas qu’elle soit au-dessous de moi, au contraire, elle ne doit pas comprendre. Elle est heureuse, elle, comme la nature, égale, calme et toute à soi. Tandis que moi, faible créature mutilée, je veux qu’elle comprenne ma monstruosité et mes tourments. J’ai passé des nuits blanches à me promener sans but sous ses fenêtres, sans me rendre compte de ce qui se passait en moi. » (Lettre d’Olenine à propos de Marion) p. 225.

• « Un pareil amour n’a pas besoin de mots, il a besoin de la vie, de toute la vie. » (Olenine sur Marion à qui il veut demander de l’épouser) p. 259.

• « Est-ce ainsi qu’on se sépare ! Idiot ! Ah ! Voilà les gens de maintenant ! On a fait bon ménage toute une année, et puis : adieu ! Et le voilà loin. Mais moi je t’aime, j’ai pitié de toi ! Tu es si malheureux, toujours seul, toujours seul. Tu es mal aimée, on dirait ! Des fois je ne dors pas, je songe à toi, et j’ai pitié. Comme on dit dans la chanson : Il n’est pas commode, non, frère, De vivre en pays étranger. C’est comme ça pour toi. » (Erochka à Olenine avant son départ) p. 277.

• « Olenine se retourna. L’oncle Erochka était en conversation avec Marion, sans doute au sujet de leurs affaires. Ni le vieillard, ni la jeune fille ne le regardaient. » (Fin) p. 278.
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les hommes vivent comme vit la nature : meurent, naissent, s'unissent, naissent de nouveau, se battent, boivent , mangent , jouissent de nouveau et de nouveau meurent, sans autres conditions que celles que la nature immuable a imposées au soleil, à l'herbe, aux bêtes et aux arbres. Ils n'ont pas d'autre loi.
Remontée par Vladimir Goudakov (1997)
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L'homme a reçu un appétit légitime . En le satisfaisant égoïstement, c'est à dire en recherchant pour soi richesse, gloire, commodités de l'existence, amour, il peut se faire que les circonstances ne nous permettent pas de satisfaire nos désirs. Ainsi, ce sont ces désirs qui sont illégitimes, et non l'appétit de bonheur. Alors, quels sont les désirs qui peuvent toujours être satisfaits, en dépit des conditions extérieures ? Lesquels ? La charité, le renoncement !
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Il semblait à Olenine que seuls ceux qui partaient passaient par ces rues-là. Tout autour c'était l'obscurité, le silence, l'ennui, et son âme était pleine de souvenirs, d'amour, de regrets et de larmes agréables, qui l'étouffaient.
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Les hommes restaient silencieux, toussant parfois ou faisant de brèves remarques.
Parmi les femmes, au contraire, on entendait un bruit ininterrompu de voix.
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Les fusils des soldats cliquetèrent, les détenus, ôtant leurs bonnets, se mirent à faire des signes de croix, certains de leur bras gauche.
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Seul un grand vieillard chancelant, avec des chaînes aux pieds, fut autorisé à monter dans une charrette.
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