J'ai entrepris depuis quelques mois de découvrir les auteurs russes dits "classiques" car je n'en avais jamais lus auparavant.
J'ai commencé par une courte nouvelle de
Dostoïevski et j'ai été enchantée. Je continue avec
Tolstoï, et la magie continue.
Cette langue ! Même traduite, c'est magnifique, alors je me dis qu'en russe, ça doit être juste fabuleux...
Il est rare que j'aime les descriptions à répétition, et c'est pourtant ce que j'ai préféré dans ce livre ! Incroyable tout de même... A dire vrai, la Mongolie, les steppes, les mongols, ça fait partie d'un mythe (de l'histoire, je sais, mais pour moi c'est de l'histoire mythique) qui m'a toujours fascinée, au même titre que l'Egypte ancienne. Donc ce livre tombait à pic,
les cosaques étant, dans mon esprit, les héritiers des mongols, et d'après les descriptions de
Tolstoï, je ne suis pas très loin de la réalité.
Il n'est pas trop long (il est difficile de trouver du
Tolstoï qui ne soit pas "pavesque", et lire un pavé d'un auteur que je ne connais pas, très peu pour moi !), et j'ai pu donc m'y plonger sans hésitation.
Oups, je me rends compte que j'ai hérité la tendance de
Tolstoï à faire des phrases interminables, je dois tout réécrire en coupant ! Mdr !
Ma version contient une notice à la fin, sur la vie de
Tolstoï et l'épisode qui a donné lieu à ce roman, ses 3 ans de "cosaquerie". Il est très autobiographique donc, et ça se sent, ses personnages sont tangibles, vivants, Erochka étant mon préféré ! Marion, malgré les descriptions enthousiastes de son côté naturel, solide et travailleur, m'a parue très "fille", bien plus que ce à quoi je m'attendais ! Je me doute bien que ça changeait
Tolstoï des femmes poudrées qui ne faisaient rien de leurs dix doigts, ce qui l'a séduit, bien sûr, mais quand même, elle fait un brin caractérielle sur la fin du bouquin lol !
Ce livre nous montre un élan très romantique dans la démarche de
Tolstoï/Olenine qui part sur un coup de tête, quittant sa vie facile d'aristocrate russe pour devenir "junker" (élève-officier) dans l'armée russe qui appuie
les cosaques livrant batailles aux tchétchènes (appelés ici "montagnards ou abrek").
Et
Tolstoï est envouté par ces paysages grandioses (déjà que ça fait un moment que j'ai envie d'y aller voir, il n'a pas arrangé les choses pour moi, là, mdr !), qui l'inspirent, le transportent, lui donnent un désir mystique. Il y a pourtant la dureté et la violence du monde cosaque, même si j'ai trouvé que c'était assez édulcoré par
Tolstoï, qui, finalement, semble fuir pas mal ce côté "guerre" pour se consacrer à la chasse et à la nature, et ensuite à l'amour, même s'il rêve de "croix de guerre" et de devenir officier (il se sent obligé de participer aux raids, mais pas du tout de gaieté de coeur, contrairement à Lucas, "vrai" cosaque sanguinaire et voleur), la contradiction ne semble pas le déranger, lol...
C'est très humain comme texte, on reste un peu sur un goût d'inachevé quand il part, à la fin, mais c'est ça, la vraie vie, et
Tolstoï est assez lucide sur lui-même et sur tout ce qu'il a vécu chez
les cosaques. L'herbe paraît toujours plus verte ailleurs, on aimerait "y être né", dans cet ailleurs, mais si on y était né, on ne serait pas qui on est. On n'obtient pas toujours ce qu'on veut, et l'amour ne suffit pas, contrairement à ce qu'il écrit à un moment. Il part en s'en étant rendu compte, en ayant beaucoup grandi...