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EAN : 9782918059448
470 pages
Libertalia (20/03/2014)
3.95/5   11 notes
Résumé :
De mars à mai 1871, tous les horizons révolutionnaires du XIXe siècle se conjuguent intensément à Paris, ville libre en guerre contre Versailles. La Commune est une révolution unique et utopique, complexe et balbutiante, dans une cité elle-même sans égale, « bivouac de la révolution » (Vallès) qui a subi les travaux d’Haussmann puis le siège prussien.
L’histoire de la Commune est restée longtemps un défi et des générations d’historiens échouèrent à déchiffrer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
De la même manière que l'ouvrage de Robert O. Paxton a révélé de façon objective les ressorts de la France de Vichy, je me suis tournée vers un universitaire de Cambridge pour tenter de mieux comprendre le déroulement de la Commune de Paris.

72 jours, du 18 mars au 28 mai 1871, terminés en carnage et surtout la fin d'une illusion qui renaît pourtant périodiquement dans les discours de l'extrême gauche contemporaine. C'est le sens de ma recherche : d'où viennent les mots d'ordre de certains dirigeants depuis la crise des Gilets jaunes ?

L'ouvrage de Robert Tombs (né en 1949) n'est pas tendre envers les têtes d'affiche de la Commune. Il en délivre néanmoins une analyse documentée du profil sociologique des insurgés (à partir des comptes-rendus d'audience des procès qui furent intentés aux survivants) et des causes du soulèvement du peuple de Paris au lendemain du siège par les Allemands.

Parmi les causes, il souligne le sentiment de dépossession et d'exil des classes populaires rejetées vers la périphérie à la suite des bouleversements opérés par Haussmann, la tradition révolutionnaire de Paris versus le caractère conservateur de la Province, l'explosion longtemps contenue contre le Second Empire, le patriotisme exacerbé, le ressentiment face à une assemblée monarchiste et à un gouvernement de « capitulards ».

Les Parisiens rejettent le système représentatif incarné par l'Assemblée nationale élue en urgence pour négocier l'armistice de janvier 1871. Sous l'influence de Proudhon, Bakounine et Blanqui, la démocratie idéale telle que la conçoivent les communards est une forme de démocratie directe où le peuple entend exercer la souveraineté plutôt que la déléguer, où les représentants ne sont que tolérés par les représentés. de là les revendications de l'extrême gauche d'aujourd'hui de pouvoir révoquer le mandat des députés …

Pourquoi les communards s'enrôlent-ils ? Pour des raisons économiques (les 30 sous par jour de solde de la Garde nationale), à cause de la pression de la communauté, l'influence sociale ou la coercition, la pression du voisinage. Mais la Commune n'était pas communiste, ne contestait pas le droit de propriété, était soucieuse de préserver les relations avec les entreprises – sauf en ce qui concerne les biens d'Eglise et la maison d'Adolphe Thiers.

Les communards (ou du moins ceux qui survécurent) ne sont pas des prolétaires mais surtout des ouvriers qualifiés, du bâtiment ou du travail des métaux, peu sont issus de l'industrie lourde. Les 2/3 étaient illettrés ou à demi-illettrés, 2% avaient reçu une éducation secondaire. Les femmes ne jouèrent pas le rôle que la légende leur attribua par la suite.

Débattant sans cesse, la Commune ne disposait cependant pas de marge de manoeuvre, coincée entre les versaillais et les Allemands, naviguant entre les conséquences de la guerre et les pressions de la guerre civile comme en attestent ses premières décisions économiques : les arriérés de loyers, les factures et les ventes des objets déposés au Mont-de-Piété. Sept semaines, c'est peu de temps. Un effort spécial est fourni pour l'éducation – libre, obligatoire et laïque – clé du progrès politique et social.

Paris fut irrémédiablement perdu dans la nuit du 21 au 22 mai quand les premières forces versaillaises déferlèrent sur les remparts abandonnés du sud-ouest. Nombre d'unités fédérées plutôt tièdes décidèrent que la partie était terminée, se rendirent ou rentrèrent chez elles.

La répression fut massive. La légende pouvait commencer, récupérée par Karl Marx au premier chef, puis Lénine et en France le parti communiste.

Laurent Fabius, alors président de l'Assemblé nationale, cite en 1998 : « 1870-71, à côté de 1936, 1848, 1830 et 1789, comme faisant partie du compte à rebours conduisant à l'émancipation, de la matrice des valeurs qui nous unissent. » L'utopie a encore de beaux jours devant elle.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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J'ai pour ma part un peu de mal à comprendre pourquoi les Éditions Libertalia ont tenu à publier cet ouvrage sur la Commune du professeur Robert Thombs de Cambridge. Non pas que l'on puisse contester à ce livre une certaine rigueur en sa construction mais il faut bien constater que l'honorable professeur a traité son sujet avec des pincettes; que la réticence qui est la sienne vis-à-vis des communards, approchant parfois de l'hostilité à peine voilée en certaines pages, montre bien les limites de son "objectivité". Thombs a peu de goût pour les révolutions et leurs protagonistes qu'il regarde avec la distance prudente de l'entomologiste et avec un petit frisson d'angoisse entre deux tasses de thé. .
De ce fait, de la Commune il n'a pas compris grand chose, n'en a pas saisi l'essentiel. Il semble bien faire partie de ces historiens qui oeuvrent en leur discipline comme si leur préoccupation principale était d'enterrer leur sujet.
Mais la Commune est loin d'être morte et je suggère donc à tous ceux qui se sentiraient impliqués en sa vivacité d'aller chercher en d'autres livres les ressources historiques qui leur manqueraient en vue d'un devenir.
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C''est costaud, c'est référencé et du fait d'avoir un historien étranger, l'étude se veut complète et objective.
Ce qui est intéressant ici, c'est la masse données réunit pour analyser ce qu'il s'est passé à partir des registres, rapports et journaux de l'époque. On ne va pas émettre d'analyse sur pourquoi mais plutôt sur le quoi et le comment. Tombs n'est à priori pas un historien qui a un parti pris favorable aux communard, je rejoins l'avis de Steka sur ce sujet. Libertalia a je pense sélectionné cet ouvrage pour la richesse des données.
Ouvrage à lire pour cerner de manière complète les évènements de la Commune mais à compléter par d'autres lectures.
Vive la Commune !!
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Excellent livre d'histoire ! C'est la référence pour cette période. L'auteur a une écriture claire, son argumentation est limpide. La dernière partie sur les débats portant sur cet événement et les mémoires politiques qui lui sont rattachées est aussi très instructive. Bref, un vrai régal.
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L'historien britannique Robert Tombs propose une histoire complète de la Commune de Paris. Interrogeant les faits et leurs successives interprétations, il raconte la plus grande insurrection véritablement populaire de l'histoire moderne européenne. Il cherche la réalité dépeinte autant comme une fête que comme un chaos. (...)

Travail historique remarquable et parfaitement recommandable.


Article complet en suivant le lien.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
12 mars 2015
Loin des mythes qui soutiennent encore les batailles mémorielles, l’auteur réconcilie les acteurs et les chercheurs et éclaire l’événement par un décentrement général.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quelle journée ! Ce soleil tiède et clair qui dore la gueule des canons, cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux, le murmure de cette révolution qui passe, tranquille et belle comme une rivière bleue ... Ô grand Paris ! Patrie de l'honneur, cité du salut, bivouac de la Révolution ! Quoi qu'il arrive, dussions-nous être à nouveau vaincus et mourir demain, notre génération est consolée. Nous sommes payés de vingt ans de défaites et d'angoisses. (Jules Vallès)
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La République idéale telle que les communards la concevaient, était une forme de démocratie directe, où le peuple entendait exercer la souveraineté, plutôt que de la déléguer, où les représentants n’étaient que tolérés par les représentés.
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Les premières réflexions sur la façon dont la Commune devait gouverner furent exposées dans un projet de proclamation "Aux citoyens de Paris", (...) avec des réunions de parti permanentes, des réunions de quartier, des réunions avec des représentants élus pouvant être critiqués et facilement démis de leurs fonctions par les électeurs, et l'élection de tous les fonctionnaires. Cela présentait un idéal fortement démocratique d'abolition de la bureaucratie parasite et d'implication constante des citoyens dans le gouvernement.
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La proportion de dirigeants ouvriers – environ la moitié des membres de la Commune – n’a probablement jamais été égalée dans aucun autre gouvernement révolutionnaire en Europe.
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La vie sous la Commune fut souvent dépeinte aussi bien comme une fête que comme un chaos, ce qui peut être deux façons de décrire les mêmes réalités.
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