Le rêve, un beau sujet permettant de se livrer à toutes les fantaisies. Car si dormir peut être assez ennuyeux, un temps mort où il faut rester étendu sans bouger dans le noir, alors qu'il y a certainement des monstres dans le placard et des loups sous la fenêtre, rêver offre un moyen de faire ce qui est défendu, comme sauter sur les lits, manger tout un paquet de bonbons, faire pipi sur la moquette ou dire des gros mots très fort.
Eh bien pour tout dire, les rêves de Marco n'ont rien de très palpitant. Aucun exploit, aucune facétie, aucune transgression tout au long des pages qui suivent un schéma très répétitif: dans le rêve on trouve un personnage qui rêve, et ainsi de suite du pêcheur à l'alpiniste, de l'ours au violoniste, sans la moindre péripétie rigolote, sans rebondissement spectaculaire, intrusion inattendue, ou aventure tombée du ciel. On ne rêve pas, on roupille ferme, et on attend au moins une chute à la dernière page.
Mais rien de tel, retour à la case départ, style "marabout-bout d'ficelle", on retrouve le marmot endormi sur la plage, n'ayant pas bougé d'une virgule, aussi actif qu'un bulot neurasthénique. le rêve a toujours un contenu émotionnel, qu'on ne retrouve pas du tout dans ce défilement absurde.
Dommage, car les dessins sont riches et pleins de détails insolites, comme le crocodile voyageant dans le métro, mais pas de quoi captiver des bambins de deux à cinq ans qui aiment qu'on leur chatouille l'imagination.
Je salue donc l'illustratrice
Daniela Tieni, mais donne un passable à l'auteur
Luca Tortolini.