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sur 1842 notes
" C'est ça qui est incroyable dans le personnage de Robinson Crusoé, c'est qu'il parle à tous les hommes, quel que soit le point de vue sous lequel on l'observe : il y a le technicien et l'administrateur, il y a le colonisateur puis le poète, l'homme de l'île déserte, le philosophe de la solitude et il y a le lecteur de la Bible." (M. Tournier)

Les limbes, ce séjour des innocents avant la Rédemption, ce sont aussi cet espace improbable où Robinson plus tout à fait vivant n'est pas encore mort : un flottement, une suspension...

C'est donc l'histoire d'une âme errante que nous conte ce magnifique roman de Tournier qui, quelques années plus tard transformera l'essai en un intangible chef d'oeuvre, "Vendredi ou la Vie sauvage", prouvant par là-même qu'il ne saurait y avoir de cloison entre la littérature jeunesse et la Littérature.

Semblable au Magnum Opus des alchimistes, le récit philosophique de cet homme qui s'apprivoise lui-même, passe par quatre étapes.

L'oeuvre au noir initie le roman qui voit Robinson, poussé par la solitude, se dissoudre (dans la souille, puis dans le coeur même de Speranza telle la fève dans son épiphanie).

L'insulaire se transforme en anachorète, c'est l'oeuvre au blanc par laquelle Robinson se purifie l'âme et le corps à travers le tamis de la Loi, celle de Dieu et des hommes.

Avec l'arrivée du sauvage Vendredi, c'est l'étape de l'oeuvre au jaune : la sublimation du héros qui devient maître de son île et de son serviteur.

Enfin, l'oeuvre au rouge, après la destruction de l'ouvrage de Robinson par l'indomptable Vendredi, ouvre une longue période, intemporelle, sous le signe du soleil. Chaque jour est une héliophanie (merveilleux néologisme de Tournier) célébrée par le "mercure" Robinson et le soufre "Vendredi", dans une union chaste mais féconde.

Le style de l'auteur est rêche, rocailleux et exige du lecteur une profonde attention (surtout le "Log-book" de Robinson, journal de bord philosophique d'un homme livré à lui-même). Mais les fusées poétiques de Tournier font mouche : comment rester insensible aux mandragores de la combe rose, à la harpe éolienne, aux flèches qui ne trouvent jamais le repos ou à la chute du cèdre, roi de l'île ?

Un roman inoubliable !

(à M. Hémery)
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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On ne présente plus Michel Tournier, membre de l'Académie Goncourt, et qui nous a offert des oeuvres d'une grande importance. C'est le cas de celui que je vous présente ici, écrit en 1967, et que j'ai eu le plaisir de relire récemment. C'était l'opportunité de vous le conseiller dans cette revue qui, je l'espère, vous donnera l'envie de le découvrir. L'histoire se présente sous forme d'un conte philosophique, reprenant la célèbre épopée de Robinson Crusoé. Dans cette oeuvre de Michel Tournier, on s'attarde sur la relation de Vendredi et Robinson, en suivant la métamorphose de ce dernier vers une réhumanisation. Je ne vous en dis pas plus. Il faut le lire pour le comprendre, mais le parcours initiatique des deux protagonistes touche droit au coeur et à la conscience. L'écriture est fluide cependant ce n'est pas à mon sens un livre qu'on "dévore" d'une traite. Il se savoure, il nécessite une deuxième lecture parfois, et une analyse philosophique en parallèle. Il nous plonge dans une profonde réflexion même après l'avoir refermé, et ne nous quitte jamais tout à fait.
En somme, quel plaisir de le re-découvrir
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Comment l'homme nu est-il armé pour affronter seul la nature et la solitude ? En s'inspirant de l'aventure vécue par le marin écossais Alexander Selkirk au XVIII° siècle, l'écrivain Daniel Defoe avait répondu à cette question en évoquant le modèle à ses yeux absolu de l'homme occidental, civilisé et capable de tirer profit de l'île déserte.
Mais, quand Michel Tournier, fidèle élève de l'ethnologue Claude Lévi Strauss, décide de reprendre le récit à sa façon, c'est avec une distance critique et un regard neuf. Tout pétri de civilisation, son Robinson n'en reste pas moins un homme nu face à sa condition, nu et démuni face à cette nature dont, à l'instar de n'importe lequel de ses concitoyens, il s'est éloigné. A moins qu'un « sauvage » ne vienne lui mettre sous les yeux des beautés et des évidences qu'il n'avait jamais observées…

Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Ceci est le premier roman de Michel Tournier, qui fut immédiatement remarqué par les critiques. Il s'agit de la réécriture du célèbre "Robinson Crusoé" publié en 1719. Dans une large mesure, le romancier moderne suit d'assez près la trame proposée par Daniel Defoe. Mais ce n'est pas un hasard si c'est le nom de Vendredi qui figure dans le titre: par sa expérience solitaire sur l'île, puis sous l'influence de l'Indien qu'il a sauvé, Robinson évolue vers une conception de la vie de plus en plus éloignée de celle qui prévaut en Occident. Quant aux limbes, ce sont les lieux où va l'âme d'une personne morte en ignorant la "vraie religion": de fait, meme "converti", Vendredi se situe en marge du christianisme.
L'histoire est bien connue: Robinson, victime d'un naufrage sur une île déserte, survit tant bien que mal. Puis il recueille un Indien, que ses congénères cannibales avaient amené là pour être sacrifié. Une relation maître-esclave s'établit entre eux. Mais une énorme explosion met fin aux liens que Robinson conservait avec sa culture d'origine; une nouvelle vie commence pour lui, avec Vendredi. Quand un navire accoste au bout de 28 ans, Robinson choisit de rester.
Comme toujours chez Tournier, le roman est rigoureusement construit. Le chapitre zéro, avant le naufrage, met en scène une prédiction de l'avenir de Robinson (par le tarot). Trois parties sont nettement définies: les débuts solitaires marqués par la volonté de quitter l'île ou, à défaut, de l'administrer comme s'il en était le vrai gouverneur; puis la rencontre de l'Autre avec l'arrivée de Vendredi; enfin la rupture complète avec le monde d'origine. Le récit est entrecoupé par des extraits du journal tenu par Robinson, où il consigne ses pensées (qui me semblent un peu trop philosophiques !).
Il y a dans le roman de beaux passages, qui permettent à Tournier de renouveler complètement le personnage mythique créé par Defoé. Le livre nous adresse aussi une leçon de vie qui trouve une résonance chez le lecteur. Une réserve cependant: j'y ai trouvé des longueurs.
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Pour un livre philosophique, ça se lit tout seul.
Mais moi qui avait une image de Robinson très édulcorée par les dessins animés de mon enfance, je suis ressortie de cette lecture un peu bouche-bée ! C'est beaucoup plus philosophique que je l'imaginais au départ : la vie, la mort, la croyance et même le sexe sont les grands axes de ce roman. Il fait énormément réfléchir sur la société humaine au sens large.
Je pense qu'il faut l'avoir lu au moins une fois dans sa vie, à l'image du Petit Prince ou de Candide !
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Réflexion sur la civilisation, la pertinence des valeurs qu'elle véhicule, le formatage qu'elle engendre, ses dérives, ses côtés négatifs.
Robinson échoué sur un île déserte, privé de ses repères, de son cadre habituel commence par sombrer dans le désespoir, puis s'évertue à recréer les bases d'une société civilisée car il ne peut imaginer vivre sans. Sa santé mentale dépend de son sentiment de maîtrise sur l'environnement.
Il fait donc tout son possible pour recréer une apparence de société dont il est le seul élément.
L'arrivée de Vendredi lui permet d'avoir un tiers à assujettir et brutaliser à loisir, affirmation supplémentaire de la suprématie de la civilisation de l'homme blanc sur les « sauvages » et par extension sur la nature dans son ensemble.
Puis Robinson se laisse peu à peu influencer par Vendredi, sa liberté, sa décontraction, sa façon de vivre avec et dans la nature, et de privilégier le plaisir par rapport au devoir.
Ainsi, il prend conscience des côtés négatifs et contestables de la civilisation et se connecte de plus en plus à la nature environnante et à la vie.
A tel point qu'il refuse de retourner à la civilisation lorsque l'opportunité se présente, ayant découvert ses vraies valeurs dans son île déserte.
Où se trouve la vie véritable ? Dans la société ou dans la nature ?
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Ma cotation veut tout dire.... Je n'ai pas aimé, je me suis ennuyée, je déconseille la lecture. Mais bon, ce n'est qu'un avis personnel.
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Ce livre est une petite merveille!
A découvrir absolument!
C'est une aventure humaine, philosophique, une recherche du bonheur, de la vérité, de Dieu, de soi, de l'autre.... enfin, tout y est abordé à travers la vie de notre Robinson, mais d'une autre façon.
Ne le manquez pas.
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Une pépite, un chef-d'oeuvre, lu plusieurs fois, à relire... même si on est allergique au classique qui l'a inspiré, le "Robinson" de Daniel Defoe.
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Cette réécriture de l'histoire de Robinson et Vendredi ne m'a pas convaincu. C'est ennuyeux, on a hâte d'en finir. Il y aune description intéressante du rapport de l'homme occidental à la nature et à l'autre (le non-occidental), mais qui se perd dans des considérations philosophiques peu intéressantes et peu intelligibles. Je ne parle même pas de la post face de Deleuze, complètement inintelligible. Lecture non essentielle dont on peut se passer.
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