« Combien de fois avons- nous fait l'amour ensemble pour la dernière fois?
Je ne sais pas, souvent » ..
« Qu'avais - je à faire ces jours- ci à Tokyo ? Rien. Rompre. Mais rompre , je commençais à m'en rendre compte , c'était plutôt un état qu'une action, un deuil , qu'une agonie » .
Deux extraits de ce récit qui dessine à merveille le miracle d'aimer mais aussi le vertige douloureux , précaire , la violence sensuelle d'une rupture .
J'ai été bluffée par la magie de ce texte court , son écriture, tout en sensualité, pudeur et retenue littéraire : la déchirure d'un couple semblable à une explosion de matière , une jouissance agressive , délétère , incandescente et solitaire , comme une longue brûlure tragique qui consacrerait le feu de la rupture , une recherche de plaisir purement onaniste , une larme , qui se dissiperait sur la joue , celle de Marie , belle jeune femme , couverte d'honneurs, de rendez- vous de travail dans la mode, entourée comme jamais d'une cour de collaborateurs , d'hôtes et d'assistants qui a demandé au narrateur d'être son accompagnateur ,lors de son voyage au Japon , son escorte , son cortège …..
Pour brûler leurs dernières réserves amoureuses dans ce périple? .
C'est l'histoire d'un amour qui s'épuise, , un baiser que le narrateur peut donner mais ne donne pas, l'envie d'être seul quand on est ensemble et l'envie d'être deux quand on est séparé …
L'auteur saisit avec une grande maîtrise la complexité des relations amoureuses , conte avec douceur , dans une ambiance presque surréaliste, fascinante , la rupture d'un couple en quelques jours, dans une ville étrangère , à la culture étrangère : Tokyo .
Il analyse le comportement de deux personnages sensibles , l'un , le narrateur , dans une piscine au sommet d'un hôtel comme égaré dans le ciel de Tokyo , l'autre l'équilibre précaire de la pensée confrontée aux frivolité de la mode pour Marie …..
L'atmosphère est silencieuse , parfois incandescente, lourde, pétrie d'hésitations et d'observations : douloureuse prise de conscience, savante étude psychologique portée par un style rythmé , élégant , fluide … .
C'est triste , émouvant , bouleversant , romanesque , un amour n'est plus , n'oublions pas le flacon d'acide chlorhydrique qui ajoute un piment énigmatique à la narration .
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C'est l'histoire d'une errance. Une errance dans l'amour, ou plutôt la fin d'un amour. Un amour qui se délite, qui a perdu son éclat, qui semble aujourd'hui comme la robe de Marie après l'errance dans Tokyo : une robe de haute couture qui révèle ses faiblesses, ses défauts, qui perd ses ors, se déchire, s'abîme, ne protège pas du temps, a eu une beauté éblouissante mais éphémère.
La langue est simple, claire, sans fioriture. A l'image finalement du Japon décrit ici, dans lequel vient détoner notre couple et ses extravagances.
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Ce fut mon premier roman de JP Toussaint et j'y ai découvert une belle écriture au service d'une rupture amoureuse complexe, douloureuse et déstabilisante. le cadre du roman est le Japon quer visiblement l'auteur connait bien et qu'il nous fait découvrir de son oeil d'européen.
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Le principal mérite de cet ouvrage est la qualité du style de l'auteur. L'ensemble du texte est totalement en l'air : c'est souvent vaporeux, évanescent ; mais quelquefois, au détour d'une page, on tombe sur une jolie phrase qui vaut le coup. Spéciale dédicace à la neige dont l'auteur réussit à faire de belles descriptions. Sinon l'histoire d'amour/rupture ne casse pas 3 pattes à un canard, et le Japon est toujours aussi déprimant. Ca sonne un peu faux, ce qui m'empêche de mettre une meilleure note.
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Un grand auteur, dont le style épuré, mesuré, pourrait sembler froid, mais dont les mots sonnent avec une grande justesse.
"Faire l'amour" est l'histoire de la déliquescence d'un couple, au sein du décor sans limite qu'est la ville de Tokyo. C'est à fleur de peau, c'est un texte fort.
J'avais découvert Jean-Philippe Toussaint avec "La salle de bain", mais il me semble que ce roman constitue une belle porte d'entrée à l'univers de l'auteur.
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