AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 71 notes
5
5 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La Disparition du paysage a été créé le 12 janvier 2021 au théâtre des Bouffes du Nord avec : Denis Podalidès, sociétaire de la Comédie-Française » trouve-t-on en exergue de ce magnifique texte de Jean-Philippe Toussaint. J'aurais aimé y être… Ce très bref récit de 48 pages (et il commence à la page 9), imprimé avec des marges et une police conséquentes, m'a entraînée dans un tourbillon d'émotions. Peut-être depuis des mois, un homme, convalescent, en fauteuil roulant, regarde par la fenêtre d'un appartement situé à Ostende. Il reçoit matin et soir la visite d'une aide-soignante qui ne parle pas français. Il ne sait pas ce qui lui est arrivé, il ne sait pas pour combien de temps il est là, il ne souffre pas, mais éprouve « un étonnement inébranlable » et perçoit le présent avec une acuité nouvelle. Voilà ce que nous apprend le premier paragraphe.
***
Je ne crois pas avoir lu quelque chose de Jean-Philippe Toussaint depuis La Salle de bain, roman qui, je l'avoue, ne m'avait pas conquise, alors que ce texte me bouleverse. Ce convalescent qui n'a pas complètement perdu la mémoire et qui cherche à rassembler des souvenirs qui lui échappent est un écrivain : il ne sait pas trop ce qui appartient au réel ou ce qui résulte d'un univers qu'il se construit en regardant par la fenêtre. C'est une odeur qui le transportera d'abord à Ostende, puis dans un autobus à Bruxelles, lui infligeant alors « une intrusion intolérable du réel dans [s]on univers personnel. » L'écriture est magnifique, précise, intense, bouleversante. Les trois dernière pages… à pleurer. Lisez-le, d'urgence !
Commenter  J’apprécie          203
Un bijou littéraire. Une envolée qui m'a touchée au coeur - comme rarement. Un sujet qui me brûle toujours et m'émeut. Des mots qui affleurent à la lisière de mes propres souvenirs. Entamez, vous aussi, sa lecture dès cet instant, toutes affaires cessantes. Promis vous n'en sortirez pas indemne.
L'écriture pure et raffinée de Jean-Philippe Toussaint m'affecte et me trouble avec une vivacité unique. Certains passages m'évoquent des pensées si personnelles – qu'à la condition d'avoir le talent littéraire de l'auteur – je m'imagine les écrire moi-même…
Vous l'aurez compris ce petit livre est mon coup de foudre de ce début d'année.
Dans un autre style, j'avais adoré lire L'urgence et la patience de cet auteur. J'avais ressenti cette même adéquation avec ses mots. Une sensation si précieuse et si rare.

Lien : https://laparenthesedeceline..
Commenter  J’apprécie          90
☁ « Ma conscience s'est éteinte. Cela fait des mois, peut-être des années, que je suis maintenant à Ostende. J'ai le sentiment que c'est toujours l'hiver. Je regarde devant moi par la fenêtre et je vois le brouillard qui semble ne jamais cesser, comme les mouettes immuables. »
(P.37)

☁ Une chambre dans un appartement à Ostende. On ne sait quelle période, on sait seulement la pièce carrée, fermée, la grande fenêtre pour seule évasion, la vue sur l'horizon éternellement beige et nébuleux, le brouillard aveuglant. On sait le drame aussi, l'immobilité et l'absence, encore et toujours l'absence, celle qui suit l'abandon, on sait l'oubli, les souvenirs évaporés, un autre genre de lumière, brûlante et incandescente, instantanée celle-ci ; un flash.

☁ Alors la fenêtre et l'horizon pour échappatoire, pour seul espoir. Sans plus personne, il n'y a rien à sauver, il n'y a que l'attente et la contemplation pour salut. Coup du sort ou triste hasard, devant cette fenêtre se construit un immeuble qui, petit à petit, efface l'horizon, efface la lumière, efface la clarté. Tout devient sombre, c'est une éclipse, l'ombre à tout jamais, il n'y a plus d'avant, plus d'après.

☁ Monologue intérieur d'un homme touché par un drame, La disparition du paysage est le récit d'un effacement, d'une chute lente et annoncée, inévitable. A travers l'immobilité physique et l'impasse du passé, l'auteur prouve l'importance d'une perspective, si possible infinie, à l'image du ciel et de la mer qui se frôlent toujours sans jamais s'unir. Et contempler le paysage, avant qu'il ne disparaisse.
Commenter  J’apprécie          60
Un texte court qui ravira certainement les amateurs de Cap au pire de Beckett ou L'occupation des sols de Echenoz. Un homme dans une chambre d'hôpital à Ostende ne sait pas, ne sais plus, ne saura peut-être jamais... L'un des plus beau texte littéraire de cette rentrée 2021 fait à peine quarante pages et il est sublime. (il sera (peut-être) lu aux Bouffes du Nord par Podalydès le 12 janvier prochain)
Commenter  J’apprécie          60
On ne meurt pas lorsqu'on pense être mort et mourir peut survenir après la mort... Magistralement pensé et redigé avec quelque chose de Kafka sûrement, de Brel voire d'Arno. Peut être à cause d'Ostende! Pensée à tout ceux-là du métro qui luttent pour être bien vivant.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (124) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Cid (Corneille)

Que signifie "Le Cid" en arabe ?

le seigneur
le voleur
le meurtrier

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : théâtreCréer un quiz sur ce livre

{* *}