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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Choisi le 27 mai 2022- Librairie Périple 2- Boulogne-Billancourt

Une lecture- météorite, 30 pages intenses, au rythme tendu ,scandé par une phrase- leitmotiv ,reprise à chaque nouveau paragraphe: " Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où il entre dans l'atelier...".
Un écrit magnifique, aussi épuré que pleinement poétique, l'émotion nous prenant littéralement à la gorge..au fil des mots et des couleurs surgissant !

Phrase revenant en boucle,démultipliant la force, l'urgence,.de la création de cette oeuvre unique ,des "Nymphéas " .Oeuvre ultime créée à la fin de la vie du peintre,devenant aveugle...et oeuvre imaginée, réalisée pendant les années de guerre....Doublement fondamentale et hautement symbolique...

L'Art ,contre la guerre, la barbarie....Ces "Nymphéas " ,gigantesque oeuvre,symbole de PAIX...offert à l'État, sous l'impulsion et la demande de son ami de toujours, Clemenceau...
Oeuvre qui continue de réjouir nos coeurs et nos yeux...qui le feront aussi pour toutes les générations suivantes!

Le bémol , infime, que nous pourrions objecter est l'extrême brièveté du texte et dans un même temps, il ne dégagerait pas ,sans cela, sans doute, la puissance, la force et l'urgence qu'il nous communique immédiatement !

"Le lendemain de l'armistice,le 12 novembre 1918,Monet pose ses pinceaux et prend la plume.Il écrit à Clemenceau, le vainqueur de l'heure,l'ami de toujours. Cher et grand ami,je suis à la veille de terminer deux panneaux décoratifs, que je veux signer du jour de la victoire,et viens vous demander de les offrir à l'État par votre intermédiaire. Dans cette lettre célèbre, Monet ne parle encore que de deux panneaux. Clemenceau le convainc de donner l'ensemble à l'état .Monet y consent et les Nymphéas-,encore dans les limbes,toujours inachevés, sont déjà consacrés comme une oeuvre de paix.De ce jour,étalée sur dix ans,ce sera l'oeuvre ultime,la dernière confrontation entre Monet et la peinture."
(p.19)

Après une telle lecture, on n'a qu'une envie: la partager, le plus largement possible ! Et cet écrit incroyable , dans un premier élan, va rejoindre une maison-amie; celle d'un artiste- peintre, oeuvrant avec talent et modestie depuis des décennies...ce petit livre "précieux" sera dans le meilleur lieu possible...celui de l'antre d'un peintre, amoureux de surplus des mots et de la littérature : Jacques Bibonne...


****Voir lien avec l'expo actuelle à l'Orangerie-Jean-Philippe Toussaint ayant écrit ce texte pour Monet mais aussi pour son ami, Ange Leccia...

https://www.musee-orangerie.fr/fr/expositions/ange-leccia-d-apres-monet-201181



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Cette lecture est mon bonheur du jour.
Un peu plus de vingt pages suffisent
à Jean-Philippe Toussaint
pour nous dire l'infinitésimal et l'universel.
Que se passe-t-il dans la tête de Monet
alors qu'il peint et que la guerre gronde?
La porte de son atelier de Giverny
serait elle un checkpoint entre réalité et création ?
Monet écrit à Clemenceau le jour de l'armistice
pour l'informer qu'il offre cette oeuvre à l'Etat français.
Les nymphéas deviennent ainsi le symbole de la paix.
L'orangerie recevra tous les tableaux.
Comment les présenter ?
Une chorégraphie des différents panneaux
installés sur roulettes offre plusieurs combinaisons
au peintre et à son ami Clemenceau.
Peaufiner cette oeuvre encore et encore
Ne pas la terminer, ne pas mourir!

C'est beau et fort comme un petit verre de liqueur!



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Peu de pages, mais quelle émotion !
Jean-Philippe Toussaint tente de saisir et de nous faire partager l'instant où Claude Monet entre dans son atelier pour travailler encore et encore aux grands panneaux des Nymphéas.
Un pur bonheur de lecture, bref, trop bref, mais quelle importance.
Jean-Philippe Toussaint réussi à nous faire partager en moins de 30 pages des moments intimes entre un peintre et l'oeuvre de sa vie qui lui semble toujours inachevée, toujours imparfaite.
Un texte magnifique où le talent de l'écrivain sublime celui du peintre.
En conclusion je reprends la phrase de jack56, qui m'a permis cette découverte et qui résume parfaitement mon ressenti : « C'est court, très court, mais que c'est beau ! »


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Le titre est le leitmotiv de la narration qui introduit chaque nouveau paragraphe décrivant Monet à l'oeuvre de ses nymphéas. Ce texte court, brillamment écrit montre bien l'attitude de l'artiste face à son travail colossal qui sent que son achèvement sera également sa finitude d'être humain et qui le corrige, l'amende par petites touches pour faire durer le plaisir de l'accomplir et de repousser la mort. L'auteur nous offre également une remarquable description des souffrances de la vieillesse qui s'installe progressivement, mais dont les effets délétères sont atténués par la création artistique.
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Quelle jolie idée ont eue les éditions de Minuit ! Cet opuscule a tout pour m'attirer.
Je suis une fidèle de leurs publications, j'admire l'auteur, Monet est un de mes peintres préférés et j'irais bien m'installer à Giverny.
Le titre est assez intrigant.
Jean-Philippe Toussaint propose trente pages. C'est peu et c'est beaucoup à la fois. Je m'explique. C'est peu pour un livre, c'est vrai, mais, pour un seul instant, c'est énorme.
Quelle est cette contrainte que s'impose l'auteur ? : « Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où il pousse la porte de l'atelier dans le jour naissant encore gris. » Comment traduire en mots un si bref laps de temps ?
Jean-Philippe Toussaint répète cette phrase comme un mantra à chaque alinéa. Et chaque fois, ce sera un jour différent, car, si le début reste identique, le complément, lui, varie.
Monet est déjà âgé. La guerre se termine. Il peint les grands panneaux des « Nymphéas » qui couvriront les murs de l'Orangerie et, comme l'artiste pose délicatement de la pointe du pinceau des taches de peinture dont les nuances varient à l'infini, l'écrivain pose, de la pointe de son stylo, les mots qui traduiront l'oeuvre picturale. C'est un miracle de délicatesse, de précision, de poésie.
Les sens sont en éveil : « l'aube est fraîche, l'air vif picote les joues » ; « une odeur de plâtre, de colle humide, de tabac froid et d'huile de lin », « partout des bleus, des bleus mêlés de rose, des bleus mauves et des bleus plus profonds, des bleus de cobalt, des bleus nocturnes » ; « il dépose sur une table basse la tasse de café qu'il a emportée avec lui » ; « quelques pépiements d'oiseaux dans le jardin où les arbres sont immobiles comme le silence ».
Peu de mots suffisent pour nous faire visualiser l'atelier : « Dans quelques jarres, en bouquet, des éclosions de pinceaux » ; « le long des murs, ce ne sont que paysages d'eau et de lumière » ou le jardin : « un frémissement dans les herbes du rivage, un souffle dans les branches, une fugitive vibration de lumière ».
Les phrases jouent une délicate mélodie dont les allitérations nous bercent : « des couleurs mouillées d'huile dans leur matérialité moelleuse, c'est la vie même, dans ses infimes variations, métamorphosée en peinture. »
En trente pages à peine, nous traverserons toute une partie de la vie de Monet. C'est la Grand guerre « qui gronde aux portes de Giverny », c'est l'armistice, c'est la discussion avec Clémenceau pour décider de l'agencement des toiles, c'est l'attaque de la cataracte « le brouillard commence à envahir son champ de vision », c'est l'opération, c'est, enfin, l'immortalité de l'artiste. « Son esprit s'est dissous dans la peinture ».
Ce petit livre est un bijou, une merveille. Une parenthèse enchantée dans les nouvelles affreuses dont on charge notre quotidien. Pour ce moment de grâce que vous m'avez offert, Monsieur Toussaint, j'ai envie de vous dire Merci.
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Un petit bijou, comme je les aime.
C'est court, très court mais que c'est beau !
Jean-Philippe Toussaint qui est un véritable virtuose de la langue française nous présente un nouveau moment fort, dans la continuité se son oeuvre brillante.
On en redemanderait bien un peu plus.
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Instant de grâce hors du temps

C'est une très courte lecture, une plume lumineuse et sobre qui se savoure et transporte le lecteur de 1916 à 1926, à cet instant précis où Monet entre chaque matin dans son atelier pour travailler à  ce qui s'appellera plus tard les Nymphéas, passant de la vie prosaïque et bruyante à l'art.

C'est très immersif et doux, trop court peut-être direz-vous,  mais non, c'est parfait...

[Ce texte littéraire de Jean-Philippe Toussaint est né à l'invitation de son ami plasticien Ange Leccia pour accompagner une installation vidéo autour des Nymphéas prévue au musée de l'Orangerie et à Tokyo. Sur le site du musée, vous trouverez un dialogue intéressant entre les deux hommes sur leur démarche ]
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"Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où [...]" : cette anaphore ritualise le court récit de Jean-Philippe Toussaint. En peu de pages, il réussit à extraire le nectar de la biographie de Monet, s'attardant sur les Nymphéas qui deviendront source d'admiration des amateurs de peinture impressionniste. Evidemment, on ne peut pas tout dire en 32 pages, mais l'émotion est pourtant bien présente. J'ai été reprojetée au Musée Marmottan-Monet, puis à Giverny. Une petite lecture plaisir grâce aux critiques des lectrices que je suis sur Babelio. Merci à elles d'avoir pris le temps d'écrire une critique.
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On croyait tout savoir sur Claude Monet et ses « Nymphéas ». Que nenni. Jean-Philippe Toussaint, oeil omniscient, saisit l'artiste pénétrant dans son atelier pour réaliser son magnum opus, dont il ne sera pourtant pas totalement satisfait. Dix années seront nécessaires au résident de Giverny pour peindre huit panneaux. Seule sa mort, en 1926, l'arrêtera.
En quelque trente pages, le geste créatif et l'obsession pour une oeuvre qui efface les contingences sont captés ici avec une grande intelligence.
L'atelier des Nymphéas devient un havre de solitude qui arrache Monet, presque aveugle, à la fureur de la guerre afin qu'il compose un hymne pictural à la paix.
Ce court texte intense a la grâce.

EXTRAITS
La solitude, chez Monet, n'est pas un retrait ombrageux, c'est une condition de son art.
Il éprouve devant la nature un inattendu apaisement su monde.
Car ce qu'il dépose, […], c'est la vie même, dans ses infimes variations, métamorphosée en peinture.
Ce qui est à l'oeuvre, […], c'est la conversion de la substance éphémère et palpitante de la vie en une matière purement picturale.
Peindre, c'est oublier ses tourments intérieurs, c'est tenir à l'écart le passage au néant dont il sent l'imminence.
Peindre les Nymphéas aura été pour lui la plus apaisante des extrêmes-onctions.


Lien : http://papivore.net/litterat..
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Par une écriture souple, nous devenons Monet face à ses Nymphéas. Nous sommes celui qui peint sans relâche avec ce désir de repousser l'achèvement jusqu'au moment où les pinceaux glissent sans fin. L'art, quel qu'il soit, est une passerelle, un voile, un instant, ôté sur un monde décevant.
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