Ce corpus de 4 tomes est à l'hermétiste alchimiste ce que la bible est au chrétien et le coran au musulman.
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Or le vice de l'âme, c'est l'ignorance. En effet quand une âme n'a acquis aucune connaissance des êtres, ni de leur nature, ni du Bien, mais qu'elle est toute aveugle, elle subit les secousses violentes des passions corporelles. Alors la malheureuse, pour s'être ignorée elle-même, devient l'esclave de corps monstrueux et pervers, elle porte son corps comme un fardeau, elle ne commande pas, on lui commande. Tel est le vice de l'âme.
Au contraire la vertu de l'âme est la connaissance, car celui qui connaît est bon et pieux et déjà divin. -- Quelle sorte d'homme est-ce là, ô père ? -- C'est l’homme qui parle peu, qui peu écoute. Car celui qui perd son temps à disputer et à ouïr des nouvelles, il bat l'air, enfant.
Rassemble en toi-même les sensations de tout le créé, du feu et de l'eau, du sec et de l'humide, imaginant que tu es à la fois partout, sur la terre, dans la mer, au ciel, que tu n'es pas né encore, que tu es dans le ventre maternel, que tu es adolescent, vieillard, que tu es mort, que tu es par delà la mort. Si tu embrasses par la pensée toutes ces choses à la fois, temps, lieux, substances, qualités, quantités, tu peux comprendre Dieu.
Mais, d'abord, il te faut déchirer de part en part la tunique qui te revêt, le tissu de l'ignorance, le support de la malice, la chaîne de la corruption, la geôle ténébreuse, la mort vivante, le cadavre sensible, le tombeau que tu emportes partout avec toi, le voleur qui habite en ta maison, le compagnon qui , par les choses qu'il aime, te hait, et par les choses qu'il hait, te jalouse. Tel est l'ennemi que tu as revêtu comme une tunique, qui t’étrangle et t'attire en bas vers lui, de peur que, ayant jeté les yeux en haut et contemplé la beauté de la vérité et le bien qui réside en elle, tu ne viennes à haïr la malice de l'ennemi, ayant compris toutes les embûches qu'il a dressés contre toi, en rendant insensible les organes des sens qui ne paraissent point et qui ne sont pas tenus pour tels, les ayant obstrués par la masse de la matière et remplis d'une volupté dégoûtante afin que tu n'aies ni oreille pour les choses qu'il faut entendre ni le regard pour les choses qu'il faut voir.
Sache donc, enfant, que tout ce qui est dans le monde, tout, sans exception, est en mouvement est aussi en vie, mais il n'y a point de nécessité que tout être vivant conserve sont identité. Car, sans doute, considéré dans la totalité de son ensemble, le monde est immuable, mon enfant, mais les parties de ce monde sont toutes muables, sans que rien pour autant périsse ou soit détruit ; ce sont ces termes seuls qui troublent nos esprits. Car ce n'est pas le fait de naître qui est la vie, mais la conscience, et le changement n'est pas mort, mais oubli. Si donc il en va ainsi, tous ces éléments sont immortels, la matière, la vie, le souffle, l'âme et l'intellect, de quoi se compose chaque vivant.
Or il y avait une obscurité sans limites dans l'abîme, et de l'eau, et un souffle subtil intelligent, tout cela existant dans le chaos par la puissance divine. Or donc il s'élança une lumière sainte et, se détachant de la substance humide, les éléments se condensèrent [...], et tous les dieux divisent les êtres de la nature germinale. En effet, alors que toutes choses étaient indéfinies et non formées, les éléments légers se séparèrent des autres, allant vers le haut, et les éléments lourds reposèrent sur le fondement du sable humide, tout l'univers étant divisé en ses parties sous l'action du feu et maintenu en suspens de manière à être véhiculé par le souffle.