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Gaël Giraud (Préfacier, etc.)Laurent Bury (Traducteur)
EAN : 9782708245136
368 pages
ATELIER (13/04/2017)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Nos dirigeants ont-ils tiré les leçons de la crise financière mondiale de 2008 ? Une telle catastrophe peut-elle se reproduire ? De toute part, on se veut rassurant : les banques seraient mieux encadrées, plus solides… Et pourtant, moins de dix ans après le krach, la dette mondiale a été multipliée par quatre ! Pourquoi évoque-t-on la dette des États, mais jamais le surendettement, tout aussi préoccupant, du secteur privé ?
Dans cet ouvrage détonnant, Lord Ad... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Livre reçu grâce à l'opération Masse Critique.

Presque dix ans après, la crise de 2008 continue d'impacter nos économies et, partant, nos vies quotidiennes. Cette crise profonde et durable a été très largement expliquée, commentée, decryptée (pour reprendre un terme journalistique) et l'on a constaté avec consternation ses conséquences : perte d'emploi et de logement pour de nombreuses personnes, aide massive des pouvoirs publics aux banques, difficulté de l'économie à repartir. Un mot, souvent, est revenu : dette. Soit, en terme comptable, un passif, c'est-à-dire une somme que l'on doit à un tiers. Quelque chose qui compte, donc, mais que ni les Etats ni les banques ne semblent avoir pris en compte (on pourrait tout aussi bien parler au présent de l'indicatif) dans leurs politiques, ou stratégies, économiques.

C'est sur ce phénomène économique qu'est la dette que repose le livre d'Adair Turner. Homme d'affaires, président de l'autorité britannique de régulation des services financiers, Turner prend le temps d'analyser les causes de la crise, en indique les conséquences mais, surtout, propose une réforme du système financier à l'encontre de l'ultralibéralisme ambiant, reniant donc l'idée originelle du libéralisme qui voudrait que le marché, entièrement libéré, se régulerait seul et dans le plus grand intérêt de tous (la notion de bien commun dans le monde anglo-saxon étant quelque peu différente de celle que l'on a en France, à savoir que le bien commun serait une agrégation des biens particuliers ; en France, on admet que les biens particuliers peuvent parfois aller à l'encontre du bien commun).

D'un point de vue littéraire, le livre propose à la fois un vocabulaire spécialisé, donc complexe (mais un lexique aide le néophyte à s'y retrouver) à une description minutieuse (parfois même : un peu trop, ce qui occasionne quelques longueurs) des mécanismes économiques. Pédagogiquement, on est donc partagé : globalement, le livre se comprend plutôt bien, ce qui signifie que parfois, on est un peu noyé sous les termes techniques et, parfois, ayant déjà compris depuis quelques lignes, on voudrait que l'auteur passe à autre chose.

Revenons à la dette. C'est sur elle que repose le système financier et, partant, économique, puisque finance et économie sont intimement et historiquement liées. Sans marché financier, point de révolution industrielle, point de Trente Glorieuses, point même de révolution technologique dans les années 1990-2000 et donc, point de bulles boursières, de krach et de crises. le marché de capital est un marché particulier, sensible aux sentiments de ses acteurs qui, bien que fantasques parfois, à la limite de l'indécence, poussent des cris d'orfraie (et surtout retirent leur capital) lorsqu'une menace se précise. Toutefois, la liquidité de l'argent - c'est-à-dire sa capacité à circuler - est très utile pour bâtir des projets ambitieux. Turner explique que le marché financier a pris une importance grandissante par rapport à l'économie réelle et, du même coup, s'est complexifiée de façon exponentielle. Car dans une économie libéralisée, il y a aussi des risques. Or, pour couvrir les risques, de nombreux systèmes existent. Et, poussé par l'idée que le marché se portait diablement bien durant les années 2000, et que la complexification du marché répartissait mieux le risque, le système financier a cru pouvoir se passer d'un risque extrêmement important lié à la dette : c'est que celle-ci peut ne pas être remboursée. Or, dans un système interpénétré, c'est-à-dire que les banques possèdent chacune une part de sa concurrente, un incident se répand vite, surtout de cette gravité.

Adair Turner ne fait évidemment pas qu'un constat : il propose des solutions. L'auteur constate des imperfections dans les systèmes financiers, souligne leur degré de dangerosité plus ou moins élevé (soulignons-en trois : la dette comme moteur de la croissance économique, l'immobilier comme valeur maîtresse (et refuge) des banques et des épargnants, les déséquilibres économiques globaux entre des pays en déficit et d'autres en excédent commercial), mais, de lui-même, indique que les pistes de réflexion qu'il émet rencontrerait de vives oppositions. Un exemple : on aurait naturellement tendance à porter la responsabilité de la crise sur les banquiers, et plus exactement sur les traders. Certes, dit lord Turner, il y a des responsabilités individuelles, des incompétences, un peu d'immoralité. Mais, finalement, le renflouement des banques par les contribuables ne seraient qu'un dommage bien léger si l'on regarde la situation qui pourrait être la nôtre sans, justement, ce sauvetage. Bien plus, le système tel qu'il a été construit, avec de supposés garde-fous pour maîtriser les risques inhérents aux opérations financières, incitaient probablement à parier sur, disons-le, tout et n'importe quoi. Que faut-il faire ? Moraliser l'action des banques ? Point. Plutôt rendre le marché plus imparfait qu'il ne l'est, c'est-à-dire plus risqué pour les financiers, même si, évidemment, cela générerait moins de flux.

Concernant l'immobilier, l'incitation faite aux citoyens à l'accession à la propriété par les Etats aurait conduit à une massification de la dette et, donc, à la crise. Soit. Que faire ? Limiter l'accès au crédit immobilier. Comment ? La réponse n'est pas claire. On pense que l'auteur met soudain les pieds dans la fourmilière lorsqu'il évoque "l'abolition" des banques : en réalité, il s'agirait, selon des travaux déjà menés à la suite du krach de 1929, de retirer aux banques la possibilité de créer de la monnaie par le crédit. Mais, là aussi, Turner recule (peut-être à juste titre), indiquant que les politiques étatiques comme les stratégies bancaires peuvent être court-termistes (en terme de politique, on parlerait alors de démagogie électoraliste). Une proposition semble cependant retenir son attention : flexibiliser le contrat de crédit. Cela répartirait les risques de pertes mais aussi les possibilités de profit en cas d'évolution de la situation de l'emprunteur entre ce dernier et le prêteur. Un prêt qui évoluerait donc selon la situation économique de l'emprunteur et du pays dans lequel il vit.

Pour Adair Turner, obligation est faite à nos économies avancées de mettre fin au surendettement, donc, comme le dit le titre, de reprendre le contrôle de la dette. Plusieurs options sont avancées : séparer banques d'affaires et banques de détail, limiter l'interpénétration bancaire, exiger plus de fonds propres pour les banques qui offrent du crédit, et surtout restreindre l'accès au crédit pour ce qui touche à l'immobilier (au risque de créer des inégalités encore plus grandes entre ceux qui possèdent déjà un patrimoine et / ou du capital, et ceux qui n'en possèdent pas). Plus loin, Turner brise timidement le tabou de la création monétaire par les Etats.

Au final, Adair Turner a le mérite, dans ce livre, de proposer plusieurs alternatives à notre système financier et économique actuel. Certes, plusieurs des solutions feront bondir (notamment sur la restriction de l'accès à l'emprunt) mais il faut reconnaître que l'auteur s'appuie sur une analyse assez fine et documentée. On est toutefois un peu déçu par les reculades de l'auteur qui, proposant une solution, indique tout de suite après qu'elle serait inapplicable ou engendrerait de vives oppositions. Evidemment, la réflexion du livre évolue dans un paradigme éminemment capitaliste et libéral, mais ces modes de pensée sont toutefois critiqués - parfois trop timidement - par Turner. C'est donc un livre intéressant que Reprendre le contrôle de la dette en ce qu'il propose des pistes de réflexion qui, forcément, susciteront des débats.
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Retranscription +/- d'une conversation tél. avec une connaissance au parfum de ce qui se passe dans le monde de la finance :

- J'ai reçu des éditions de l'atelier avec l'opération "Masse Critique" " Reprendre le contrôle de la dette" de Lord Aider Turner, je suis contente, quelqu'un qui pense et qui écrit sur l'actualité économique actuelle concrète et européenne, en plus il prend le temps constructivement de ruer dans les brancards et concepts surtout au sujet de la dette. Il était temps que je m'y intéresse sérieusement parce que ça sent le sapin l'économie belge pour le moment et j'en ai marre de pas comprendre exactement de quoi on parle quand on parle de "dette", c'est sans arrêt dans les émissions tv, radio, surtout que je fais partie de feu "la classe moyenne" ou enfin "faisait partie" ou peut être "fait encore un peu partie" après de rudes efforts. Les gens parlent beaucoup de la "dette" mais est-ce qu'ils savent de quoi exactement au juste? Moi je me dit que pas vraiment ou pas exactement, ils font bien semblant. Je ne suis pas une initiée et je suis inquiète.
- Rire à l'autre bout de la ligne, silence, "faut prendre des antidépresseurs pour lire ce livre surtout que Turner à l'air de très bien savoir de quoi il parle et a fait partie des deux camps (sous-entendu les banquiers vs les états), tu seras prévenue.

Aucun anti-dépresseur plus tard, mais néanmoins tentée par une petite aspirine j'y suis.

J'y tenais certains de mes amis sont passés de pauvres à indigents, d'autres on fait de petites fortunes en bourse, d'autres encore font de la nage papillon (ce sont des sportifs) avec des brassières dans la mouise économique grecque, ... depuis cette fameuse crise économique de 2008.

Je l'ai parcouru armée d'un dictionnaire et de google, "impossible" de comprendre sans ces accessoires indispensables malgré l'index très utile en fin du livre qui regorge de "jargon" économique difficile à maîtriser pour le chaland, voir même juste à aborder, quand bien même on ait traîné ses guêtres dans le milieu commercial comme moi. J'avais l'impression de retourner en première année universitaire.

Aucun regret, je sais maintenant ce qu'est la fameuse dette ou plutôt l'infinité de dettes par lesquelles le virtuel et le réel sont submergés. Je sais également ce que "subprimes" veut dire, mais vraiment, pas juste "mondainement", ainsi que beaucoup d'autres concepts qui me paraissaient très vagues auparavant.

Mon amie avait raison néanmoins ce n'est pas un livre qui donne envie de se lever le matin, cette (ces) économie(s) en mode théorie appliquée me donne des frissons d'effrois, bien plus qu'avant, surtout avec les perspectives politiques en vue. Je tire mon chapeau bas à Monsieur Turner pour toute l'énergie qu'il dépense à la construction d'un dialogue désiré avec des banquiers qui pense "rentabilité" car j'ai bien peur que la politique de l'autruche et du "chacun pour soi" soient très à la mode. J'aime quand quelqu'un qui rue dans les brancards d'un système sait de quoi il parle exactement, même si je n'adhère pas du tout au sort qu'il veut réserver à mon emprunt hypothécaire (hihihi). C'est un excellent livre pour rentrer dans les méandres du monde économique, un paramètre important de notre quotidien, mais faut être motivé. Bon courage Monsieur Turner vous me paraissez aussi motivé à pourfendre l'ignorance et l'imbécilité que certains de mes amis à arriver à boucler leur fin de mois.
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Livre reçu après l'édition de Masse Critique.

Un livre bien fait : introduction, découpé en chapitres et avec des explications.
L'auteur nous explique pas à pas les évènements qui nous ont amené à la dette actuelle, en se concentrant notamment sur celle de 2008 à nos jours.

L'immobilier et les crédits qui y sont liés sont au coeur de cette dette, entre autres et plus qu'une vision européenne, on a une vision mondiale de ce cheminement.

Néanmoins, pour quelqu'un de novice (ce qui est mon cas) sur les questionnements de la finance et de l'économie, le vocabulaire est parfois complexe. Certes, il y a un lexique (il aurait peut-être été bon de mettre en fin de page chaque mot expliqué, car j'avoue qu'il n'est pas toujours aisé d'aller se référer pour continuer la lecture). Il faut donc être concentré et ne pas hésiter à compléter les connaissances pour bien comprendre les rouages de ce livre.

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'argent n'est pas une matière première, un bien ou un service comme un autre, et aucun des arguments économiques ou politiques en faveur de la libéralisation des marchés ne peut lui être appliqué. Les entrepreneurs doivent être libres d'innover, de proposer de nouveaux iPad, de nouveaux types de restaurants, de nouveaux modèles de voitures et des milliers de produits que nous ne pouvons pas encore imaginer, à la fois parce que cela aura des avantages économiques et parce que la liberté d'innover est souhaitable en soi. Mais créer de l'argent et du crédit est une chose différente. Cela fait naître du pouvoir d'achat et peut par conséquent avoir des impacts macroéconomiques et distributifs nuisibles, ou bénéfiques.
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