Nos tendres cruautés

Comme toujours dans les romans d'Anne Tyler, les portes d'une maison s'ouvrent au lecteur qui pénètre ainsi dans l'intimité d'une famille sur trois générations, entre 1959 et aujourd'hui. Les points de vue sont inconstants, l'autrice offrant ainsi une vue d'ensemble gagnant peu à peu en netteté, n'en déplaise à Mercy, la matriarche, qui aime le flou artistique. Douceur et amertume se mêlent alors que Tyler décrypte les tensions, les attentions aimantes et les tendres cruautés qui ont cours au sein d'une famille... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/05/09/nos-tendres-cruautes-anne-tyler/)
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James et Serena forme un jeune couple qui se rend à Baltimore en train pour que la jeune femme rencontre la famille de son petit ami. Ils croisent par hasard, à la gare, un cousin que celle-ci n'a pas vu depuis bien longtemps.

De cette rencontre, les réminiscences affluent, et la vie des Garrett, famille de Serena va nous être ainsi contée. Nous remontons le temps jusqu'en 1959, à la rencontre de ses grands-parents maternels, de sa mère, de son oncle et de sa tante, de ses cousins. Nous voyons les parents, les enfants, les petits-enfants, s'aimer, se disputer, se perdre de vue… au fil du temps et des aléas banals de la vie de tout un chacun.

Mais derrière cette banalité quotidienne, derrière de tendres cruautés qui finissent par laisser la famille se déliter, chaque membre a, d'une certaine façon, sa place, sa profondeur, sa faille, et le récit, qui pourrait être fade, à l'image de ce quotidien, prend une couleur autre, particulièrement touchante, drôle par instants, dramatique par d'autres, profondément humaine en somme.

Je remercie les éditions Phébus et NetGalley de m'avoir permis de découvrir le dernier roman d'Anne Tyler qui est une autrice que, décidément, j'apprécie de plus en plus, pour sa capacité à nous raconter le réel avec vraisemblance, sincérité, et sensibilité.
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Ce roman est captivant, il ne s'y passe rien mais il est impossible d'arrêter sa lecture.
Anne Tyler est une écrivaine des vies ordinaires qu'elle raconte d'une manière extraordinaire.
Dans ce dernier roman nous suivons une famille installée à Baltimore dans les annéesn1950 aux années 2014.
Anne Tyler ne porte pas de jugements. Elle décrit des petits évènements dans lesquels se démènent ses personnages : une semaine de vacances, une réunion familiale, un anniversaire de mariage...A travers ces différentes situations nous découvrons les caractères de chaque membre de la famille Garrett : le père Robin, la mère Mercy et les enfants : Alice, Lily et David. Les années passent et viennent s'ajouter les conjoints et petits-enfants.Les femmes sont les piliers de cette famille.
A découvrir si vous ne connaissez pas Anne Tyler. A lire absolument pour ceux qui ont déjà lu Vinegar Girl ou Une bobine de fil bleu...

Aaah, la famille... J'ai passé des fêtes de fin d'année très compliquées. J'ai 38 ans, et il faut dire que la relation que j'ai avec ma famille est pour le moins compliquée et surtout très toxique, depuis sans aucun doute plus de 20 ans, et en réalité certainement depuis toujours. Chaque rencontre ou réunion de famille est systématiquement pénible, et en général tendue. Alors le jour de Noël, après la deuxième entrée, lorsque ma mère m'a gratuitement et violemment insultée de c*nn*sse et lorsque mon père a banalisé cette agression en sous-entendant que je l'avais certainement cherché et en me demandant de prendre la situation avec humour, j'ai définitivement compris que je n'avais rien en commun avec mes ascendants.

Cette introduction très personnelle n'est hélas pas une fiction. Si je ressens le besoin d'en parler en introduction de cette critique, c'est parce que j'ai décidé que je devais arrêter de me taire ou de vouloir protéger un éventuel lien familial sentimental avec mes parents, puisque je sais désormais définitivement qu'il n'y en a aucun.
Et cette introduction toute personnelle me permet surtout ici de faire le lien avec ce livre, que j'ai commencé à lire par hasard quelques jours après Noël, et qui pour le coup est vraiment tombé entre mes mains au bon moment.

J'ai tout simplement adoré ce roman.
Suivre cette famille américaine ordinaire, des années 1950 à nos jours, a été très réjouissant pour moi.

Dans ce livre, aucune mère n'insulte gratuitement sa propre fille le jour de Noël. Je me suis pourtant évidemment sentie très proche de David, qui lui non plus n'a rien en commun avec sa famille, et qui lui aussi a toute a vie été le fruit de blablas, de critiques et de jugements. Ce David qui a pris soin, pour se protéger et pour avancer, de s'exprimer le moins possible, et de limiter les rencontres avec ses parents au strict minimum. Ce qui ne l'empêche pas de construire sa propre vie, et d'être très sentimental et très épanoui avec la famille qu'il a choisie : celle qu'il a choisi de construire. Comme moi.

Le roman est très bien écrit, la traduction est très bien également. La famille Garrett est certainement semblable à de nombreuses familles : bien que liés par le sang ou par les alliances, ses membres sont tous très différents les uns des autres. Ils évoluent avec leurs différences au fil des décennies, en respectant tant bien que mal les caractères et les aspirations de chacun. Il y a même de l'amour dans ce roman.

Je vais oser faire un parallèle audacieux et effectuer une comparaison avec Blackwater de Michael McDowell. L'intrigue de Blackwater m'avait dans sa globalité profondément ennuyée, et je n'étais pas allée au-delà du deuxième tome. J'avais par contre pris beaucoup de plaisir à assister comme une petite souris aux intrigues et querelles familiales de la saga, que j'avais trouvées très bien écrites.
Dans Nos Tendres Cruautés, j'ai retrouvé ce plaisir coupable de petite souris, en parcourant l'intimité d'histoires de famille très bien écrites.

Alors si vous aussi voulez être une petite souris, je vous conseille vivement Nos Tendres Cruautés. Et je vous souhaite évidemment d'avoir passé un Noël plus épanouissant que le mien.

Alors que Serena prend le train à Philadelphie, elle croit reconnaître dans la foule de la gare son cousin. Quand elle le dit à son petit ami qui l'accompagne, celui ci est surpris. Comment Serena peut-elle ne pas être capable de ne pas avoir en tête le visage de son cousin ?
La famille de Serena, ce sont les Garett, avec ses grands parents, Mercy et Robin, qui ont eu trois enfants, Alice, Lily (la mère de Serena) et David. Et tous ces Garett ont d'avantage vécu les uns à côté des autres plutôt que vivre ensemble.....Alors quand ils sont ensemble, cela ne marche pas. Ils s'aiment, mais ils ne s'apprécient pas vraiment....
Dans ce nouveau livre de Anne Tyler, on est loin d'une famille unie comme les Pearson dans This is us. On est pas non plus dans une famille totalement dysfonctionnel. L'auteur décrit finement une famille comme il doit en exister beaucoup, une famille qui par les liens du sang et des convenances sociales doit vivre ensemble au moins jusqu'à la majorité des enfants, et ensuite ce sont des individus qui prendront chacun leur chemin....
Toutefois, chaque personnage de cette famille, par sa singularité au sein de cette famille justement, est attachant. J'ai vraiment passé un moment délicieux en leur compagnie.
Merci à Netgalley et aux éditions Phébus pour cette lecture.

Quelle histoire !
J'ai été complètement happée par cette famille, à la fois si banale, et tellement unique, comme le sont toutes les familles d'ailleurs.
Les personnages sont attachants, ils ont tous leurs particularités.
Mais ce qui m'a le plus plu, ce sont les descriptions des caractères, l'analyse psychologique des comportements de chacun, les petites jalousies, entre les 2 soeurs, entre le frère et ses soeurs, les mesquineries, et plus encore, tous les non dits. Beaucoup de finesse , de subtilité dans
Ce couple vieillissant qui après des années de vie commune, se sépare. Mais sans vraiment le dire, sans vraiment se séparer tout à fait.
Ce vieux mari qui veut faire une surprise à sa femme et qui réunit tous ses enfants. Il se donne beaucoup de mal, essaie de faire de son mieux, se réjouit et s'angoisse de cette journée particulière, et qui finalement tombe à côté de la plaque , comme on dit.
C'était le tout premier roman que je lisais d'Anne Tyler, et à peine terminé, je viens de commencer "un garçon sur le pas de la porte".

Alors, voilà pour mon ressenti. Il y a eu des "résonnances", des phrases et des situations qui ont fait écho en moi .
Je comprends pourquoi un journaliste du Monde a écrit que "l'Américaine est la grande romancière des vies banales et de leur trouble".

Depuis les années 50 jusqu'à nos jours, pandémie comprise, la famille Garett, famille bien ordinaire qui ne connaît ni de grandes joies ni de grands malheurs, nous promène parmi les évènements de ce siècle. Une unique période de vacances réunit les parents et les 3 enfants, mais c'est trop tard, ceux-ci sont grands, leurs intérêts sont ailleurs et ils se disputent beaucoup. Mercy, la mère est la douceur même, mais aussi l'indifférence totale à tout ce qui ne touche pas sa peinture. Peu à peu, les enfants quittent le cocon familial, Mercy se détache complètement de son mari et de sa maison pour peindre. Un roman agréable, la manière de vivre des années 50 jusqu'à nos jours est intéressante et chaque personnage est un roman à lui tout seul. JB