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4,02

sur 225 notes
Si Blanche a pu fuir le Rwanda lors du génocide, en revanche son frère et sa mère sont restés.
Blanche a construit sa vie en France autour d'un mari et d'un fils qui ne connait pas sa famille rwandaise.

Ce roman s'articule autour des points de vue de Blanche Immaculata la mère et Stokely le petit garçon. Après l'exil, la mère et la fille finissent par se revoir. le temps n'a rien apaisé du tout. La mère s'est murée dans un silence pesant ; la fuite d'un mari, le départ d'un fils parti défendre son pays, et la force vitale de sa fille tournée à sa reconstruction l'ont emprisonné un long moment avec ses fantômes.

Quant à Stokely, enfant de deux cultures, tente de se repositionner sur cet échiquier complexe.

La communication intergénérationnelle est au coeur de ce roman sensible et profond. Il faut du temps pour refaire les liens, pour comprendre l'autre, et pour pardonner.
J'ai apprécié cette lecture pour sa construction, pour sa distanciation avec le génocide et son positionnement sur les liens familiaux.

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Beata Umubyeyi Mairesse parvient à faire entendre les victimes à travers leurs silences, leurs non-dits et leurs secrets, face à l'indicible.

L'indicible, c'est le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. Des centaines de milliers de morts, des familles décimées, meurtries. La haine. La violence dans ce qu'elle a de plus extrême.

« Notre nation avait été déchiquetée, il lui faudrait une ou deux générations pour se recoudre. »

Ce génocide, il est là, en filigrane, dans chaque page de ce récit, dans chacune des pensées des personnages, sans pour autant être évoqué de manière explicite. Blanche s'est exilée en France pour fuir le massacre, elle en garde la culpabilité de son absence. Son frère Bosco a participé à la guerre, il en est revenu traumatisé et n'a jamais pu en parler, sauf lors d'une unique et brève confession à sa soeur. Immaculata, leur mère, s'est quant à elle longtemps murée dans le silence.

« Quelque chose entre nous s'était épuisé.
Et chaque fois que j'essayais de commencer à raconter, mes phrases s'évanouissaient en d'incontournables points de suspension, se perdaient dans le souvenir d'une douleur que je ne pouvais pas me résoudre à vous transmettre.
J'ai cru vous protéger. Je me suis pendue avec ma langue. »

Ce récit à trois voix (Immaculata, Blanche et son fils Stokely) fait des allers-retours entre passé et présent, entre l'avant et l'après. J'ai été un peu déstabilisée au début du roman, me perdant parfois dans les époques, mais sans que cela ne perturbe la suite de ma lecture. J'ai trouvé touchant les efforts des trois personnages pour parvenir à trouver un mode de communication qui leur permette de retisser les liens.

« Mais oui, je me sens bien comme une enfant dispersée, une chose éparpillée qui revient là où tout a commencé, la mise en morceaux, l'amour éclaboussé de secrets, la famille en lambeaux. »

Le roman aborde aussi avec beaucoup de justesse les thèmes de l'identité et de la transmission. Blanche et Bosco sont nés de deux pères différents qu'ils n'ont pas connus. Celui de Blanche était français, celui de Bosco hutu. C'est toute la question du métissage que Beata Umubyeyi Mairesse sonde avec intelligence.

Blanche a refait sa vie en France, elle s'y est mariée, a eu un fils mais elle reste nostalgique du Rwanda dans lequel elle a grandi. Cette part d'elle-même vit dans les souvenirs des histoires que lui racontaient sa mère sous les jacarandas, les odeurs et les saveurs des plats de son enfance, sa langue maternelle qu'elle n'a plus l'occasion de parler et qu'elle peine à transmettre à son fils.

« Posséder complètement deux langues, c'est être hybride, porter en soi deux âmes, chacune drapée dans une étole de mots entrelacés, vêtement à revêtir en fonction du contexte et dont la coupe délimite l'étendue des sentiments à exprimer. Habiter deux mondes parallèles, riches chacun de trésors insoupçonnés des autres, mais aussi, constamment, habiter une frontière. »

Un roman qui aborde avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, et dans un style très poétique, la résilience, la transmission, l'identité.
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Blanche vit à Bordeaux où elle a refait sa vie après avoir fui le Rwanda en 1994. Elle est partie alors que le génocide des Tutsi faisait rage, elle a laissée derrière elle sa mère et son frère. Depuis, elle est mariée à une homme d'origine antillaise et elle est maman d'un fils, Stokely. Des années plus tard, elle retourne dans son pays natal pour rendre visite à sa mère. Mais, se retrouver est-il encore possible après tant d'horreurs ? Les liens peuvent-ils se retisser quand on a côtoyé l'enfer ? le gouffre n'est-il pas désormais trop grand entre celle qui est partie et celle qui est restée ? de son côté Stokely cherche à en savoir davantage sur son histoire familiale, sur le pays d'où vient sa mère.

Dans une langue ciselée, l'autrice dit la douleur mais aussi l'espoir. Elle emploie des métaphores d'une grande force qui donnent à voir l'indicible. Avec délicatesse et justesse, elle explore les liens familiaux distendus par l'horreur. Elle dit les silences, les incompréhensions et les maladresses au sein d'un couple où chacun porte un héritage trop lourd.

C'est aussi un texte sur la transmission et le poids des drames sur les générations suivantes. La culpabilité, le remords, la solitude mais aussi l'espoir et l'amour traversent les personnages et en font des êtres vibrants. En France comme au Rwanda, ils se débattent avec leur identité et le racisme ambiant.

Ode aux figures maternelles qui se battent, le roman se fait bouleversant quand il est question de filiation. Il rend hommage à cette pulsion de vie qui fait se relever après l'innommable. A travers trois générations qui tentent de renouer les liens familiaux, l'autrice nous offre un récit à visage humain d'un drame absolu.

Un coup de coeur et une autrice que je relirai.
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Depuis sa parution ce livre m'attend dans mes PAL.
Je l'ai lu à l'occasion d'un challenge.
Dés fois je suis déçue quand je lis un livre dont on a beaucoup parlé mais là ce ne ft pas le cas.Ce livre est un excellent roman sur le Rwanda , son histoire est raconté à travers l'histoire d'une femme , de ses deux maris ses deux enfants et son petit fils
Si vous voulez découvrir cette histoire dans l'histoire ouvrez ce livre .
Ce livre est très facile à lire , le style est très poétique plein de sagesse sans résignation.
J'aurai aimé recopier plein de passages mais il y en a tant que j'aurai recopier le livre.
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Blanche est une métisse rwandaise qui est arrivée en France en 1994, année du génocide rwandais. Après quelques années d'exils, elle retourne au pays et retrouve sa famille. Les souvenirs resurgissent…

Un roman que je vais mettre en parallèle avec Petit Pays de Gaël Faye. A mon sens, ce sont 2 lectures complémentaires. Même si les thèmes de ces 2 romans ne sont pas les mêmes, les questions d'identité et du génocide rwandais se complètent.
Tous tes enfants dispersés est une lecture bouleversante et intéressante sur le génocide rwandais. Certes, ce n'est pas le thème principal de ce roman mais les conséquences de cette tragédie sont très bien explicitées en termes de pertes : humaines, professionnelles, matérielles et familiales. La mère de Blanche, Immaculata, a perdu des membres de sa famille et l'épicerie qu'elle tenait. Son frère parti à la guerre en est revenu transformé. Elle retrouve un pays détruit qu'elle reconnaît à peine. J'ai beaucoup aimé les descriptions qu'elle fait de son pays dans son enfance. Ces descriptions m'ont rappelé celles de Gaël Faye, à la fois douces et nostalgiques.
Concernant le génocide, l'auteure n'est pas dans le pathos mais dans la description des ressentis, Gaël Faye, plus dans celui du vécu.
Ce roman traite aussi d'autres thèmes importants tels que le métissage, la recherche d'identité et la quête des origines. La quête des origines sur laquelle le fils de Blanche, Stokely, va enquêter. Il lit, se documente, questionne sa grand-mère, va lui rendre visite. Il veut connaître ce pays qui est aussi un peu le sien.
La part des femmes est aussi très importante dans ce roman. Que ce soit Blanche ou Immaculata, elles véhiculent des images de femmes fortes qui ont dû se battre pour arriver où elles en sont malgré les coutumes familiales et ce qu'elles sont.
Un livre doux, sensible et fort à la fois. Un roman qui est plus ou moins autobiographique, l'auteure ayant elle-même fui le Rwanda en 1994. Il y a un peu de Blanche dans Beata et inversement.

Bref, j'ai beaucoup aimé !
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Ce livre m'a bouleversée comme rarement, en plusieurs passages, les larmes sont montées . Il y a le génocide atroce , inimaginable , et comme un chant terrible du destin qui vient s'enroûler autour , les tragédies familiales, et leurs non-dits. On vibre avec la narratrice qui brise le cercle du malheur et rend possibles l'espoir, l'espérance . Par son fils la vie se prolonge, possibilité de guérir et réconcilier. Merci Madame Umubyeyi Mairesse.
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Je suis complétement passé à coté de ce roman. Trois génération (mère, fille, petit-fils) autour du génocide des Tutsi au Rwanda. Tous les sujets du livre sont abordés avec délicatesse. Mais arrivé au tiers du livre je n'arrivais pas à bien comprendre qui était qui , qui avait fait quoi, les impacts du génocide sur les personnages. Bref, ce roman qui me semblait très prometteur m'a laissé de marbre.
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Un bon roman, porté par une belle plume poétique malgré un sujet qui l'est moins.
Je connaissais les grandes lignes du massacre des Tutsi au Rwanda, mais ce livre m'a beaucoup appris.
Les liens familiaux, les relations parents-enfants et les identités multiples sont au coeur de ce récit.
Tout était super, sauf peut-être les lettres de Stokely et sa "nouvelle", qui m'ont moins plu.
Une très belle découverte.
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Blanche a fuit le génocide du Rwanda en 1994. Installée à Bordeaux, elle a eut un fils, Stokely, qui en grandissant commence à se poser des questions, sur l'histoire et la culture du pays de sa mère. Ce qui incite Blanche à reprendre contact avec sa propre mère avec qui elle a un peu perdu le contact.

Trois voix s'alternent donc dans ce récit. Entre autobiographie et fiction, l'auteure arrive à nous faire revivre les émotions de ces trois générations. En 2016, Petit Pays avait déjà remis en avant le génocide du Rwanda. Ici le sujet n'est pas traité du tout de la même manière ce qui rend ce livre très intéressant également. L'écriture est de plus magnifique, avec des phrases ciselées et une vraie poésie. Les faits de guerre sont très peu décrits, on est plus centré sur les relations entre les personnages et cette pudeur nous montre qu'on peut parler de drames et de guerre sans en faire un texte cru. Les 3 personnages sont tous en quête de quelque chose, et l'évolution de ces besoins nous permet à la fois de situer le contexte et les problématiques qui ont changées.

J'ai malgré tout un peu du mal en parler dans cette critique, mais c'est un roman à mettre dans toutes les mains, très bien écrit, et prenant !
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Défi ABC 2023 2024 : Lettre U.
"Entre les mots et les morts il n'y a qu'un air", écrit mystérieusement Immaculata, une des protagonistes. Eh bien, ce magnifique roman, porté par un style où coulent les métaphores, leur rend un bel hommage.

(le langage) Les mots, ou le langage, c'est la matière d'un roman. La symbolique des prénoms, de la musique qui est une forme de langage, du mot "ejo", titre d'un autre texte de l'autrice qui signifie à la fois hier et demain en kinyarwanda, et les "virgules entre les périodes", tout cela dans le cadre d'une "famille en lambeau". Des proverbes et des références littéraires, qui enracinent la langue et n'en font pas une abstraction. Et tout, jusqu'au moindre détail, est beau et harmonieux, rien ne détonne. Beaucoup de tendresse et de mélancolie. Les mots, c'est aussi le non-silence. Or, le silence est aussi analysé dans le roman, car Immaculata est muette, elle a sombré dans le mutisme après son traumatisme familial.

(mémoire du génocide) Les morts, ceux du génocide et la mémoire des survivants. Lorsque l'époux de Blanche demande à sa belle-mère Immaculata de consigner son témoignage, pour ne pas que sa mémoire soit confisquée, on suppose qu'il a de bonnes intentions, et le geste est louable, mais il est questionné : comment peut on raconter le génocide en faisant abstraction d'ejo (avant et après), comme si une mémoire humaine se construisait par "périodes cloisonnées" ? Car ce n'est pas un "livre sur le génocide", quoique quelques scènes y soient racontées. C'est plutôt un livre sur la mémoire, qui aborde aussi d'autres thèmes telle la critique de l'"instinct maternel", (et j'ai trouvé le parallèle entre Blanche et Immaculata, les deux mères, très bien mené). L'âme d'un peuple y est évoquée, et ce de manière subtile, non manichéenne, je dirais même métissée, puisque Blanche et son fils Stokely sont, comme l'autrice, métisses. (J'y ai par exemple appris, même si on ne lit pas cet ouvrage pour apprendre, que certains Hutus ont caché des Tutsi mais en ont tué d'autres).

(une narration éparse et dispersée, à l'image d'un peuple et d'une famille) La question générationnelle, les époques et souvenirs épars qui se rassemblent à l'image des retrouvailles et des rencontres entre Immaculata, Blanche et Stokely, constituent autant de facettes de diamant. le fils, Stokely, le plus éloigné de cette mémoire, et c'est un "lettré", amateur de contes et joueur de clarinette. Tout ce qui est épars, décousu dans la forme, correspond (intentionnellement je pense) aux "enfants dispersés" du titre et de la Bible. Cette distinction et ce refus de linéarité épouse la forme de la mémoire. Un texte non linéaire, mais très littéraire.

De la pudeur et de la dignité. Même le manque d'action est pardonné : un proverbe dit qu'on peut échapper à un poursuivant derrière soi, mais pas à une poursuite intérieure, car l'action, c'est ici la langue et la métaphore. En fait, ce livre le dissipe, cet air entre les mots et les morts.

C'est le livre qui donne envie d'écrire une belle critique en espérant qu'il orne toutes les bibliothèques et avec le temps, qu'il devienne un classique.

Je lirai sûrement "le convoi", un témoignage, essai et écriture de soi sur le génocide des Tutsis, de la même autrice sorti en 2024. le geste de l'autrice, qui consiste à passer de la forme poétique et de la nouvelle, au roman puis à la non fiction, me semble une forme de lent déshabillage pudique.
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