Urasawa continue de dérouler un début parfait passionnant et fascinant où chaque nouvel ajout me scotch malgré l'improbabilité de ce qui se joue.
Après avoir suivi Kenji pendant trois tomes, place maintenant à Ocho / Shogun qui vient intégrer l'histoire à ses côtés et lui disputer la place de héros. La découverte de ce nouveau personnage archi classe ne peut que séduire le lecteur. Avec lui, le mangaka nous embarque d'abord en Thaïlande, dans ce que l'humanité peut faire de pire : drogue, prostitution, meurtre, le tout avec un petit bond dans le temps qu'on ne pressent pas au début mais qui nous surprend bien ensuite quand on voit l'évolution qu'il y a eu pendant ce temps-là au Japon. Excellent.
Ocho ou plutôt Shogun comme on l'appelle là-bas, c'est l'archétype du salary man japonais qui a réussi et ne pense qu'à bosser dans les années 80-90, un vrai modèle. Mais tout cela est bien artificiel comme le montre l'auteur et il suffit d'un drame pour basculer et réaliser qu'en fait on n'a pas tant que ça réussit dans la vie. Ainsi, on retrouve Shogun des années plus tard qui n'a plus rien à voir avec l'homme qu'il était autrefois. C'est désormais un baroudeur qui bosse pour et contre la pègre locale pour sauver les gens dans le besoin contre rémunération mais pas forcément car c'est un héros au grand coeur dans l'âme. La découverte de ce personnage qui rappelle un peu le Tenma de Monster m'a ravie. J'ai aimé, avec lui, couper de l'histoire principale, découvrir son passé et son background, puis suivre une critique de ces riches japonais qui vont s'encanailler à l'étranger et font pulluler une économie parallèle néfaste aux populations locale, pour enfin relier tout cela à l'histoire présente. C'est un joli tour d'horizon qu'on nous offre pour découvrir ce nouveau personnage clé.
Car ce petit tour en Thaïlande n'est là que pour offrir une ellipse bienvenue dans l'histoire et Kenji et le retrouver 2 ans plus tard très changé. Ami a pris le pouvoir au Japon avec son parti, la population est totalement soumise à lui. Il a des hommes dans toutes les strates de la société : politique, justice, maintien de l'ordre, économie... Et il est en passe de passer à la prochaine étape de son plan. Kenji, lui, est entré dans la résistance. Il l'incarne même et on se plaît à retrouver les deux amis d'autrefois qui vont comme à l'époque former un vrai duo de justicier et d'abord d'enquêteurs pour empêcher Ami d'agir. La même dynamique qu'avant donc mais plus sérieuse, plus ordonnée et surtout avec un beau duo d'hommes forts autrefois faibles mais qui ont travaillé pour s'endurcir.
Cette évolution du parti d'Ami est un élément fort du tome car il montre la rapidité des dérives sectaires quand elles répondes à besoin d'une société qui va mal.
Urasawa offre une belle dénonciation de cette société japonaise de la fin des années 90, avec des gals, ses accrocs aux téléphones, ses salary man plus fans de leur boulot que de leur vie de famille... C'est édifiant. Ami est donc là pour répondre à un manque et celui derrière tout ça en profite bien. Nous lecteurs, on se régale déjà des figures de proues mises en avant, que ce soit la figure fantasmée du robot ou celle plus concrète du Manjume, son bras droit. Cela promet des intrigues fascinantes et passionnantes.
Un peu sur le modèle de son thriller précédent, Monster,
Naoki Urasawa propose une narration elliptique particulièrement efficace ici où tandis que son héros évolue, il nous présente un futur renfort de poids. L'ensemble se lit d'une traite avec insatiabilité grâce à un excellent sens du rythme, du mystère et du suspense, mais aussi grâce à une intrigue mélangeant critique sociétale, portrait au vitriol de la politique et recherche scientifique intrigante. On adore !
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