Soyons clair, ce nouveau volume est de loin le plus riche de la série pour le moment. Alors qu'on a eu droit à une petite ellipse dans le précédent, nous nous trouvons désormais en 1964, avec une Asa lycéenne qui essaie de vivre sa vie en ne perdant cependant pas de vue la vision monstrueuse qu'elle a eu auparavant. Si elle vit avec monsieur Kasuga et Kinuyo qui veillent sur elle, elle n'en oublie pas pour autant sa famille, qu'elle souhaite retrouver (si tant est qu'ils aient survécu à l'attaque du monstre dans le premier volume).
Ainsi, lorsqu'on vient la chercher ainsi que Kasuga pour assurer la protection de l'escouade aérienne qui doit effectuer un show pour l'ouverture des jeux olympiques, et ce de façon tout à fait officieuse, leur histoire personnelle et la grande entre se confrontent.
Sur la question des jeux olympiques, extrèmement mise en avant, il est impossible de ne pas y voir la volonté de l'auteur de dresser un parallèle avec ceux qui auraient du se produite en 2020. Ceci est d'ailleurs bien aidé par le fait que le tout premier tome commençait avec l'attaque d'un monstre durant ces jeux olympiques en question. Ainsi, le choix de focaliser une partie de son récit sur ceux qui avaient eu lieu en 1964 ne me semble pas anodin. Cependant, l'actualité mondiale que nous vivons cette année impacte ceci, et les nombreux mangas traitant des JO de 2020 semblent finalement être des sortes d'uchronie. Un détail « amusant », qui pourrait tout à fait nourrir l'histoire d'
Urasawa (l'auteur ayant l'habitude de faire des détours et de ne pas tout prévoir à l'avance quand il écrit).
Quoi qu'il en soit, j'aime l'idée du parallèle qu'
Urasawa semble dresser entre les deux jeux olympiques organisés par le Japon, et cela peut donner quelque chose de très intéressant. de plus, j'aime beaucoup la façon dont le contexte historique et sociétal de l'époque est mis en avant, que ce soit par petites touches, lorsque l'on voit les pratiques culturelles des jeunes filles, ou avec des éléments plus importants pour l'histoire. le cadre est développé comme il se doit et rend ce Japon de 1964 très crédible.
Mais en plus de ceci, on retrouve avec bonheur tout ce qui fait qu'on aime
Urasawa. Il s'écarte de temps en temps de l'intrigue principale pour développer ça et là des personnages secondaires, que ce soit les deux amis de lycée d'Asa qui souhaitent devenir des stars, Shota, son ancien ami qui a échoué à se qualifier pour les JO de Tokyo, mais qui ne désespère pas pour autant, ou un jeune chercheur qui sera à n'en pas douter central à l'histoire, un peu hautain mais diablement bien écrit déjà, cela nous fait beaucoup de personnages mis en avant, qui donneront beaucoup de latitude à l'auteur pour développer son récit.
Et je n'ai pas cité la fameuse Kinuyo, cette femme volontaire introduite dans le premier tome, qui faisait des onigiri pour nourrir les personnes sinistrées. Elle avait déjà un charisme et une prestance qui irradiait dans chaque page dans le premier volume, mais il est clair qu'ici, elle est le personnage qui s'impose le plus à mes yeux. Elle a une présence folle, elle est drôle, tendre et dure en même temps. Elle est la mère de substitution d'Asa, et une femme de poigne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Et quand ses enfants ont des conflits avec d'autres, elle règle les choses à sa manière… qui est la meilleure des manières au final ! En bref, ce personnage est génial, sûrement le plus réussi pour le moment à mes yeux, et j'ai hâte de voir tout ce qu'elle pourra apporter à ce récit.
Vous l'aurez donc compris, après deux tomes où
Urasawa restait dans une structure simple tout en mettant une bonne dose de mystère à son récit, il élargit ici considérablement le cadre. Les enjeux se développent et prennent de l'ampleur, des idées narratives vraiment pertinentes arrivent, et le nombre de personnages augmente afin de commencer à rendre le récit tentaculaire dans la grande tradition de ce que
Urasawa sait nous proposer. Ainsi, il est clair avec ce troisième tome qu'on est passé aux choses sérieuses, et que l'auteur nous prépare une fois de plus une histoire marquante. On aura le fin mot de tout ça dans plusieurs années, mais en attendant, chaque volume se déguste avec un plaisir non dissimulé. le plaisir de lire du grand
Urasawa.
Lien :
https://apprentiotaku.wordpr..