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EAN : 9782070131327
248 pages
Gallimard (20/04/2012)
3.35/5   13 notes
Résumé :
Il se dégage de ce roman, structuré autour d'un vol entre Bilbao et New York, une poésie qui puise à la fois dans l'Atlantique Nord, avec ses marins et ses légendes, et dans l'histoire millénaire d'une des cultures les plus riches et singulières d'Europe : celle du Pays basque. Kirmen Uribe dessine un pont entre ses deux mondes à travers les lettres, les journaux intimes, les courriers électroniques, les entretiens et même les fragments de dictionnaire avec lesquels... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Des fois, on se dit qu'il est très compliqué d'expliquer avec les bons mots à quoi ressemble la structure d'un roman.
Des fois, quand on a le luxe d'avoir la meilleure explication au coeur dudit roman, autant laisser faire l'auteur.

"L'idée avait pris forme et finalement elle se structurait autour d'un vol entre Bilbao et New York. le défi consistait à parler de trois générations différentes d'une même famille, sans revenir au roman du XIXe siècle."
"J'ai pensé que je devais montrer ce qui se trouve derrière un roman, dévoiler le chemin que l'on parcourt pour l'écrire. Les doutes, les incertitudes. Mais le roman lui-même n'apparaîtrait pas dans le roman. le lecteur pourrait seulement le deviner [...].
Je ne voulais pas construire de personnages de fiction. Je voulais parler de vraies gens."

En résulte un texte fragmenté tournant autour du village d'Ondarroa, port de pêche de Biscaye. On y découvre des personnages faisant partie de l'âme de ce village, qu'ils soient connus ou pas. On y croise des poèmes, des fragments de journaux intimes, des tableaux de peintres, des chants d'oiseaux, des correspondances écrites, et l'art de la pêche.
Le père de Kirmen Uribe était pêcheur. À bord du "Dos Amigos" il allait pêcher dans les années 80 jusqu'au gros caillou nommé Rockall, au grand large des Hébrides. Je ne peux m'empêcher de parler de ce détail parce que j'ai repensé avec joie à la trilogie écossaise de Peter May. Je me le permets parce que, finalement, je trouve que ça ressemble assez au procédé qu'utilise Kirmen Uribe pour nous parler de sa famille. Une succession de détails qui lui seraient revenus à l'esprit par des recoupements d'idées qui lui seraient propres.
On se rend alors compte que Kirmen Uribe est quelqu'un qui doit être intéressant à côtoyer : cultivé, curieux et avenant.

Sa langue d'écriture est le basque et il entend bien exister en tant qu'artiste basque. Ce qui ne manquera pas de faire du bien à l'image stéréotypée que le monde peut avoir du Basque.

"Notre tradition littéraire est comme la maison de ses parents, petite, modeste, désordonnée. Mais la pire chose que nous puissions faire est de la laisser dans l'ombre. Au contraire, nous devons inviter ceux qui nous rendent visite et leur proposer tout ce que la maison a à offrir, même si c'est peu de chose et que cela leur semble bien maigre.
Nous avons la tradition que nous avons et nous devons aller de l'avant avec elle, en faisant l'effort cependant d'attirer le plus grand nombre de lecteurs. Parce que la meilleure façon d'aérer la maison est d'ouvrir les fenêtres.
Mais sans oublier de garder du temps pour prendre soin des fleurs."
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Les poissons et les arbres se ressemblent

Un voyage transatlantique, la mémoire de trois générations (« le défi consistait à parler de trois générations différentes d'une même famille, sans revenir au roman du XIXe siècle »), un peintre, un architecte, des histoires de pêcheurs (« Au début, l'idée était d'écrire sur le bateau de mon grand-père. Et au passage, de parler d'un mode de vie qui est en train de disparaître. Un mode de vie très lié à la mer. En plus, le nom du bateau est très évocateur. Dos amigos. »), les temps de l'exil (« les deux prisonniers de l'exil, quel que soit l'endroit où ils se trouvent ») l'écriture (« Notre tradition littéraire est comme la maison de ses parents, petite, modeste, désordonnée. Mais la pire chose que nous puissions faire est de la laisser dans l'ombre. Au contraire nous devons inviter ceux qui nous rendent visite et leur proposer tout ce que la maison a à offrir, même si c'est peu de chose et que cela leur semble bien maigre »), Facebook, le cinéma, et le Pays basque et sa langue (« il me sembla que c'était la plus belle chose que l'on puisse dire d'une langue que l'on ne connaît pas, qu'elle ressemble à une carte au trésor »). Sans oublier les pierres tombales de Käsmu.

Des introductions, celle choisie comme titre de cette note, celles citées par l'auteur « Dans la ville il y avait deux muets, et ils étaient toujours ensemble » (Carson McCullers) ou « C'était un été étrange, étouffant, l'été où les Rosenberg furent électrocutés, et moi je ne savais pas ce que je faisais à New-York » (Sylvia Plath).

Plus qu'un voyage, une littérature comme musique, comme mémoire réactivée, comme passage continue de barrières, de frontières. Un grand roman.

« le plus important ce sont les histoires, qu'elles soient vraies ou fausses, ou les deux. »
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Kirmen Uribe, fils de pêcheur, poète, nouvelliste, traducteur, ... Et basque, viscéralement, amoureusement. Conscient que le patrimoine littéraire de sa région (pays) n'est pas à la hauteur de la richesse contenue dans la multitude d'histoires portées à travers le temps, par l'oralité, Uribe a rassemblé dans Bilbao-New York-Bilbao une foule de faits et de récits dans un roman fourre-tout qui s'affranchit du temps et de l'espace. Un véritable collage d'histoires qui courent sur trois générations, qu'elles aient, ou non, un rapport avec la propre famille de l'auteur. Car pour moitié, le livre est véritablement une autobiographie qui nous entraîne en divers lieux, de l'Ecosse à l'Estonie, entre gens de pêche ou écrivains. Epoques et personnages innombrables se cristallisent en une symphonie que Uribe a voulu modeste, à l'image d'un peuple fier et ombrageux. Coller aux basques de cette fiction éclatée en des centaines de fragments de récits authentiques procure un plaisir tempéré par le sentiment d'avoir lu un "work in progress" plutôt que le grand roman promis par l'auteur et finalement resté à quai.
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Parce que la littérature basque est rare, parce que parler de ce peuple particulier aussi bien est rare, j'ai aimé ce roman qui finalement n'en ai pas vraiment un. Je dirai que c'est plus la structure d'un roman dont l'auteur nous partage ses progrès, ses réflexions et ses doutes. Et j'ai trouvé ça drôlement bien fichu pour tout dire. On se plonge tantôt dans L Histoire basque, d'un village de pêcheurs, de la famille de l'auteur, de cette âme de découvreurs et de laborieux, d'anecdotes sur la période franquiste et ce qu'elle a pu provoquer, des expéditions si loin de leur port pour aller chercher les poissons, de leurs connaissances de cet océan généreux tout autant que cruel et dangereux, tantôt dans le présent ou passé proche avec les voyages de l'auteur sur les lieux habités par ses aïeux, les rencontres avec les arts qui retracent ces épopées.
C'est intéressant et apprenant, à tout point de vue et j'ai vraiment aimé cet univers.
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Un roman surprenant, qui parle de mémoire, d'art et d'écriture. L'écrivain basque Kirmen Uribe souhaitait écrire un roman sur l'histoire de sa famille sur 3 générations, en insistant sur la tradition familiale de la pêche qui se perdait. Il a mis beaucoup de temps à écrire ce roman, ce qu'on sent dans l'écriture : beaucoup d'anecdotes à peine reliées entre elles par le fil conducteur du voyage entre Bilbao et New York. Ce n'est donc pas un roman classique, plutôt une suite de réflexions tirées de morceaux de vies.

La lecture n'est pas aisée car à peine se laisse-t-on déconcentrer qu'on se perd dans les noms basques et les multiples personnages. Pourtant l'écriture est simple et les faits touchants, pleins d'humanité. Cette quête de la mémoire pourrait être la nôtre. Les histoires qui courent de générations en générations sont-elles avérées ? Et, après tout, quelle importance si elles ne le sont pas ? A travers ces personnages, la famille de Kirmen Uribe mais aussi d'autres personnalités basques importantes, surtout des artistes, on découvre le pays basque au XXème siècle : la pêche, la vie au village, mais aussi la guerre et le franquisme.


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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"Pendant la guerre [...] Elle a accueilli chez elle un officier partisan de Franco, Javier, mais aussi une femme dont la mère était recluse à la prison des femmes de Santurrarán."
Je fronçai les sourcils.
"Oui, je sais que ça semble bizarre qu'en temps de guerre il y ait eu des gens des deux camps chez elle. Mais les idées sont une chose, la générosité en est une autre."
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Dans un passage du livre, Unamuno [exilé à Hendaye] parle des visites qu'il reçoit en provenance du Pays Basque. Il raconte que ses amis lui demandaient quand prendrait fin la dictature. Et que sa réponse était toujours la même : "Combien de temps cela va-t-il durer ? Tant que vous le voudrez bien !"
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Notre tradition littéraire est comme la maison de ses parents, petite, modeste, désordonnée. Mais la pire chose que nous puissions faire est de la laisser dans l’ombre. Au contraire nous devons inviter ceux qui nous rendent visite et leur proposer tout ce que la maison a à offrir, même si c’est peu de chose et que cela leur semble bien maigre
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Page 163 : à l'arrivée de l'Asturienne Carmen à Ondarroa : « La surprise de Carmen fut grande quand elle descendit de l’autocar et vit que tous les hommes étaient vêtus de bleu indigo. Cela lui fit froid dans le dos. Elle pensa que que tout le village était phalangiste, au lieu de comprendre qu'il s'agissait de pêcheurs. » (allusion à la Division azul des franquistes)
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Le plus important ce sont les histoires, qu’elles soient vraies ou fausses, ou les deux.
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