Après tout ce que j'ai dit, on ne sera point étonné que je considère la France elle-même comme une forme, et qu'elle m'apparaisse comme une œuvre. C'est une nation dont on peut dire qu'elle est faite de main d'homme, et qu'elle est en quelque manière dessinée et construite comme une figure dont la diversité de ses parties s'arrangent en un individu. On pourrait dire aussi qu'elle est une sorte de loi, qu'un certain territoire et une certaine combinaison ethnique donnent à un groupement humain qui ne cesse au cours des âges de s'organiser et de se réorganiser suivant cette loi. L'effet le plus visible de la loi qui ordonne l'existence de la France, est, [...], la fonction de Paris, et la singularité de son rôle. Ce phénomène capital était nécessaire dans un pays qui n'est point défini par une race dominante, ni par des traditions ou des croyances, ni par des circonstances économiques, mais par un équilibre très complexe, une diversité extrêmement riche, un ensemble de différences des êtres et des climats auxquels devait répondre un organe de coordination très puissant.
On observe d'ailleurs chez les Français une certaine indiscipline naturelle qui le cède toujours à l'évidence de la nécessité d'une discipline. Il arrive qu'on trouve la nation brusquement unie quand on pouvait s'attendre à la trouver divisée.
On le voit, la nation française est particulièrement difficile à définir d'une façon simple ; et c'est la même un élément assez important de sa "définition" que cette propriété d'être difficile à définir.
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Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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