AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070302826
211 pages
Gallimard (02/06/1966)
3.97/5   143 notes
Résumé :
L'amateur de poèmes SI je regarde tout à coup ma véritable pensée, je ne me console pas de devoir subir cette parole intérieure sans personne et sans origine ; ces figures éphémères ; et cette infinité d'entreprises interrompues par leur propre facilité, qui se transforment l'une dans l'autre, sans que rien ne change avec elles. Incohérente sans le paraître, nulle instantanément comme elle est spontanée, la pensée, par sa nature, manque de style. MAIS je n'ai pas to... >Voir plus
Que lire après Poésies : Album de vers anciens - Charmes - Amphion - Sémiramis - Cantate du Narcisse et Pièces diverses de toute époqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 143 notes
5
3 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Ouvrage regroupant certaines oeuvres du poète publiées entre 1920 et 1934, ces Poésies n'ont pas forcément été ce à quoi je m'attendais. J'avais en effet une image de Paul Valéry, transmise par mes années fac, et sans avoir eu l'occasion de vraiment entrer dans son oeuvre : celle d'un poète obsédé par la rigueur et la perfection formelles, empreint d'un classicisme à contre-courant de nombre de ses contemporains, mais pas pour autant dénué de modernité.

Alors oui, j'ai parfois retrouvé le classicisme et la rigueur attendus, dans des constructions lexicales, rythmiques et syntaxiques vraiment travaillées, donnant une certaine harmonie musicale à l'ensemble. de même, j'ai parfois retrouvé une certaine modernité, surtout formelle, dans l'utilisation de la prose ou de formes libres, alternant strophes et mètres variés, toujours utilisés dans une recherche de cette même harmonie musicale. le tout aurait pu, sans conteste, me plaire.

Mais, excepté dans le cimetière marin, et dans certains poèmes de Charmes, j'ai trouvé cette poésie d'une grande froideur, certes à la recherche de perfection et d'harmonie, mais à mon sens trop artificielle, ne me touchant de fait quasi pas. Or, pour moi, la poésie n'est pas que recherche poétique, elle doit aussi être émotion. Je m'attendais de fait à quelque chose de plus incarné.

Une rencontre relativement ratée en somme, alors que je me faisais une joie, depuis longtemps, d'enfin plonger dans l'oeuvre du poète sétois...
Commenter  J’apprécie          234
Si je dois être sincère, je n'ai pas été particulièrement emballée par la première partie du recueil…. et j'en ai honte. Des « vers anciens », largement inspirés par la nature et la mythologie antique, se dégage une beauté limpide et harmonieuse, douce, mais finalement distante et je ne me sens pas très concernée. Les Charmes m'interpellent d'avantage, plus dynamiques ou percutants, je retrouve le fameux Cimetière marin où la brise légère des films de Miyazaki cède la place à « Une grande mer de délire douée », où « La vague en poudre ose jaillir des rocs ! ». Enfin, la puissance poétique à son paroxysme !
Les poèmes clôturant le recueil me paraissent plus modernes que les premiers, ils m'amusent parfois et me séduisent bien d'avantage. Toutefois, toutefois…il me faut bien admettre que je reste globalement hermétique aux écrits de Paul Valéry. Dois-je en conclure que je suis sensible à une poésie plus contemporaine ? Ai-je fait l'erreur d'épuiser ma lecture dans ces vers anciens qui ne seraient pas du meilleur cru ? Je reste perplexe devant mon propre manque d'enthousiasme… et suis bien curieuse d'avoir votre avis sur la question !
Lien : https://synchroniciteetseren..
Commenter  J’apprécie          204
Il serait difficile de définir la poésie de Valéry sans sombrer dans de fastidieuses explications. Qu'il nous suffise de savoir qu'elle est éminemment musicale, ainsi que celle son aîné et ami, Stéphane Mallarmé.
À ce propos, « Mallarmé et Valéry se rencontreront entre 1892 et le 14 juillet 1898. Mallarmé meurt subitement début septembre. Mallarmé ne doit rien à Valéry sauf une présence affectueuse —mais intermittente — et une écoute à la fois intelligente et sensible… Et Valéry, lui, se construit d'abord contre — donc aussi avec — un tel poète, une telle figure, une telle entreprise, tout en gardant intactes son admiration puis son affection » (Françoise Haffner « Sous une si grande ombre… Valéry et le fantôme de Mallarmé »).
Donc, mieux vaut, sans doute, picorer çà et là des vers contenus dans ce sublime recueil, oscillant entre la mythologie et les choses de la vie, pour reprendre un fameux titre de film…
Ainsi, au détour de notre lecture, on tombe sur des vers qui s'envolent (« La lune mince verse une lueur sacrée, / Comme une jupe d'un tissu d'argent léger ») ; d'autres qui contemplent (« Dormeuse, amas doré d'ombres et d'abandons, / Ton repos redoutable est chargé de tels dons ») ; qui aiment désespérément (« Hélas !... J'embrasse en vain l'abondante étendue... / Je n'épouse que l'onde et m'épuise éperdue / Et n'ai fait qu'irriter cette fureur d'amour / Que j'avais cru distraire en m'éloignant du jour... »), etc.
Ces vers – qui parlent autant de Sémiramis, la mythique reine de Babylone, que d'une simple fileuse –, recèlent une beauté implacable, laquelle frappe nos oreilles d'une musique langoureuse, comme ceux-ci, extraits du plus fameux poème de Valéry (« Cimetière marin »), auquel s'est amicalement et humblement frotté, plus tard, Georges Brassens dans sa « Supplique pour être enterré à la plage de Sète »: « Les cris aigus des filles chatouillées, / Les yeux, les dents, les paupières mouillées, / le sein charmant qui joue avec le feu, / le sang qui brille aux lèvres qui se rendent, / Les derniers dons, les doigts qui les défendent, / Tout va sous terre et rentre dans le jeu ! »
Évidemment, cela demande un certain abandon de la part du lecteur, mais – et puisque c'est à la mode ! –, qu'il se permette de lâcher prise et sombre délicieusement dans cette poésie bénie (ou peut-être maudite, pour ce poète qui aime tant Narcisse, lequel les a par trop défiés !) des dieux.
Et, en arrivant au bout de ce chemin de vers, on sait enfin que : « C'est ainsi que l'on se délivre / Des ces écrits si clairs qu'on n'y trouve que soi »…

Commenter  J’apprécie          90
Pour Valéry, être poète est un travail, ou plutôt, c'est être capable de prolonger par un travail acharné un vers unique "donné" par l'inspiration, qu'il s'agit de poursuivre par un texte qui sera à sa hauteur. La réflexion formelle de Valéry l'a conduit aux portes de la pensée structuraliste, qu'il contribua à fonder par sa réflexion, et par sa poésie si particulière et si belle, dans la ligne du Parnasse et de son maître Mallarmé, hostiles à l'effusion, la facilité, aux effets de sincérité, mais attentifs à faire "rendre" aux mots leur pouvoir d'évocation maximal. Les poèmes de ce recueil sont très beaux, ce sont de belles pièces de collection pour lesquelles on se passionnera comme fait un collectionneur, mais ils ne créeront pas l'amour qui naît de la communication approfondie entre deux subjectivités, celle du poète et celle du lecteur. le courant lyrique ne passe pas, mais il n'y a pas que le lyrisme en poésie. Il y a aussi l'admiration, la surprise, et le bonheur du langage.
Commenter  J’apprécie          131
Disciple de Mallarmé, donc de l'art pour l'art et de l'esthétique parnassienne, Paul Valéry fut poète officiel de la bourgeoisie française d'après la 1ère Guerre mondiale, mais aussi engagé dans la sauvegarde de l'enfance et anti-collabo manifeste durant la seconde Guerre mondiale. Surtout, grand travailleur, il s'est entraîné, sa vie durant, à la curiosité intellectuelle et, en poésie, à une recherche permanente de la précision et de la perfection formelle.
Mon 1er contact avec lui, très physique, dura 15 ans, années de collège, de lycée, puis d'études, pendant lesquelles j'écrivais sur un sous-main transparent sous lequel je pouvais lire et relire, imprimé sur papier brut souvenir du Moulin Richard de Bas, son texte "La feuille blanche". Ce contact physique prolongé avec ses mots, aux propriétés hypnotiques maintes fois vérifié, me poursuit toujours, tant dans ma crainte de la page blanche que dans l'intense et rude exigence de s'améliorer toujours...
Je lui dois donc beaucoup. Pour autant, la lecture de ce recueil m'a déçu. Il est pour moi comme un grand-père un peu froid, dont l'idéal supérieur suscite l'admiration et un sentiment d'inaccessible, mais ni la séduction ni la fraternité de la plume au lecteur, qui encouragent le commun des mortels, dont je suis, au progrès.
Commenter  J’apprécie          110

Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
A L'AURORE...

A l'aurore, avant la chaleur,
La tendresse de la couleur
A peine éparse sur le monde,
Etonne et blesse la douleur.

O Nuit, que j'ai toute soufferte,
Souffrez ce sourire des cieux
Et cette immense fleur offerte
Sur le front d'un jour gracieux.

Grande offrande de tant de roses,
Le mal vous peut-il soutenir
Et voir rougissantes les choses
A leurs promesses revenir ?

J'ai vu se feindre tant de songes
Sur mes ténèbres sans sommeil
Que je range entre les mensonges
Même la force du soleil,

Et que je doute si j'accueille
Par le dégoût, par le désir,
Ce jour très jeune sur la feuille
Dont l'or vierge se peut saisir.
Commenter  J’apprécie          450
Ces jours qui semblent vides
Et perdus pour l’univers
Ont des racines avides
Qui travaillent les déserts
La substance chevelue
Par les ténèbres élues
Ne peut s’arrêter jamais,
Jusqu’aux entrailles du monde,
De poursuivre l’eau profonde
Que demandent les sommets.

Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr !
Viendra l’heureuse surprise :
Une colombe, la brise,
L’ébranlement le plus doux
Une femme qui s’appuie,
Feront tomber cette pluie
Où l’on se jette à genoux !
Commenter  J’apprécie          210
Lilia…, neque nent.

Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline ;
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.

Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasives,
Elle songe, et sa tête petite s’incline.

Un arbuste et l’air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.

Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.

Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l’ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.

Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse...

Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.

Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir... Tu es éteinte

Au bleu de la croisée où tu filais la laine.
Commenter  J’apprécie          80
Féerie

La lune mince verse une lueur sacrée,
Toute une jupe d'un tissu d'argent léger,
Sur les bases de marbre où vient l'Ombre songer
Que suit d'un char de perle une gaze nacrée.

Pour les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux
De carènes de plumes à demi lumineuses,
elle effeuille infinie une rose neigeuse
Dont les pétales font des cercles sur les eaux...

Est ce vivre ? ... O désert de volupté pâmée
Où meurt le battement faible de l'eau lamée
Usant le seuil secret des échos de cristal...

La chair confuse des molles roses commence
A frémir, si d'un cri le diamant fatal
Fêle d'un fil de jour toute la fable immense.

Même féerie

(Bis: répétition des deux premières strophes)

Délicieux désert, solitude pâmée,
Quand le remous de l'eau par la lune lamée
Compte éternellement ses échos de cristal,

Quel coeur pourrait souffrir l'inexorable charme
De la nuit éclatante au firmament fatal,
Sans tirer de soi-même un cri pur comme une arme ?
Commenter  J’apprécie          70
O courbes, méandre,
secrets du menteur,
est il art plus tendre
que cette lenteur?
Je sais où je vais,
je t'y veux conduire,
mon dessein mauvais
n'est pas de te nuire...
(Quoique souriante
en pleine fierté,
tant de liberté
la désoriente!)
o courbes, méandre,
secrets du menteur,
je vous faire attendre
le mot le plus tendre.
Commenter  J’apprécie          180

Videos de Paul Valéry (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Valéry
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (672) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1223 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}