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La Terre mourante - Intégrale (J'a... tome 1 sur 3
EAN : 9782756402246
403 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (03/11/2010)
3.48/5   30 notes
Résumé :

Portrait au fusain d'une planète à l'agonie, les cinq nouvelles qui composent Un monde magique nous emportent dans plusieurs centaines de milliers d'années, quand la Terre s'éteindra doucement sous les rayons écarlates de son soleil déclinant. Ecrites au lendemain de la guerre, leur pessimisme ne doit pas faire oublier leur importance historique : monde imaginaire, absence de technologie, utilisation de la magie... Quinze ans... >Voir plus
Que lire après La Terre mourante - Intégrale, tome 1 : Un monde magique - Cugel l'AstucieuxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un cycle de la fantasy américaine devenu classique qui m'a bien emporté dans son rêve.

Jack Vance décrit une Terre sur le point de mourir, enfin, « sur le point » à l'échelle cosmique. Son Soleil est devenu une rachitique loupiotte rouge (et non pas une géante rouge que les modèles d'évolution stellaire nous prédisent dans la vraie vie). Curieusement les hommes ont survécu aussi longtemps. Des civilisations innombrables se sont succédées, sont allées voir les étoiles, ont exploré les dimensions parallèles ou démoniques. Les hommes en sont revenus. La fin n'est plus très loin alors à quoi bon se prendre la tête. Il reste de petits villages aux moeurs bizarres, des villes guerre plus avancées qu'à l'époque médiévale, et quelques hommes qui dominent tellement leur environnement qu'ils sont devenus magiciens. Les hommes partagent la Terre avec d'autres êtres plus ou moins dégénérés et intelligents, toujours inquiétants, souvent dangereux. On ne se promène pas sans risque sur la Terre Mourante.

Ce sont pourtant des voyageurs dont nous partageons les aventures, d'abord toute une tripotée dans le recueil « un monde magique » écrit en 1950, puis uniquement l'espiègle « Cugel l'astucieux » écrit en 1965. Ils cherchent un savoir ancien, un trésor caché, une vengeance ou simplement à rentrer chez eux. Ils croisent des groupes sociaux aux traditions étranges et intransigeantes, des mages puissants et délurés, des démons à l'affut. L'esprit « découverte » de l'auteur fonctionne à plein ici. le roman Cugel est un peu plus burlesque que le recueil de nouvelles, qui accentue encore l'atmosphère de dérision face à l'inéluctable fin de ce monde.

Les histoires datent un peu et d'aucun leur trouveront un côté vieillot. Pas moi. Ces récits m'ont bien lavé la tête à l'eau fraîche. Je ne pense pas qu'ils ont d'autre vocation que celle de nous divertir gaiement en voyageant. La sauce prend ou pas. Elle m'a pris sans difficulté ; sans longueur, sans lourdeur.
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"Un monde magique", ce sont six nouvelles (et je ne me trompe pas, contrairement à la quatrième -qui prétend en plus que Jack Vance est à l'origine du genre de la fantasy !-) d'un exotisme magnifique, avec des tas de lieux et de civilisations sur lesquelles on aimerait en apprendre énormément. En plus de ça, une Histoire démesurément longue et dont nous n'avons que des bribes. Bref, la Terre qui mourra est un univers vaste et encore bien vierge pour son auteur lors de son premier livre.
Comme c'est dans le futur, forcément il y aura de la science fantasy. Très peu. En revanche, un dépaysement extraordinaire s'offre sur chacune des pages qui nous offrent (pour une fois) de la fantasy qui n'est inspirée d'aucune période de notre monde en particulier. Les personnages ont tous leur part de mystère, jamais entièrement bons ou mauvais, à défaut d'un style s'attardant beaucoup sur leur psychologie. On pourra bien sûr râler au niveau du système de magie, tout simplement incompréhensible, qui ferait passer le kabbalisme pour un livre de coloriage niveau CP attardé, mais cette dimension est bien plus présente dans le tome suivant.
Je veux bien sûr parler de "Cugel l'Astucieux", qui a certes le mérite de s'éloigner du Grand Motholam et de conférer à son récit un certain humour cruel, mais qui est bien moins crédible en raison de tous les rebondissements molièresques qui s'y déroulent et du langage d'ailleurs châtié jusqu'à l'absurde. Ça a du charme, me diriez-vous. Sauf que le scénario n'a pas grand-chose dans le ventre, et sérieusement une manie de partir en sucette. La princesse Derwe Coreme qui aurait pu être bien plus exploitée se fait choper par des esclavagistes à la sexualité très étendue dès le troisième chapitre, Cugel trouve du premier coup un objet magique qu'on cherchait depuis des générations. Je vous fais cadeau du petit voyage dans le temps et de ses hommes-potirons... Il y a même un chapitre où Cugel se fait trancher un doigt. Ça ne dure qu'une phrase, et on n'en reparlera plus jamais. WTF ?! Il se fait mutiler alors que c'était parfaitement inutile dans le scénario, et il n'éprouve aucune douleur à ça ? Qu'il en veuille déjà à Iucounu n'est pas suffisant comme excuse. Que ce soit dans un chapitre qui critique les rites religieux, peut-être, mais pour cela, Jack Vance avait déjà écrit environ soixante pages.
Alors pourquoi cette note aussi élevée ? Eh bien même si "Cugel l'Astucieux" est bien en-dessous du "Monde magique", il n'en garde pas moins une chute excellente même si certains ressorts en sont prévisibles, et avec Jack Vance, n'oubliez pas qu'on s'ennuie très, très rarement. le seul grand regret finalement sera une ou deux scènes de sexe seulement évoquées mais très crues et assez dispensables. Enfin, chapeau pour la couverture de Marc Simonetti, même s'il est vrai qu'il fait pour ainsi dire toujours du bon boulot. Si vous vous intéressez à la SFF de la Fin des Temps, c'est donc vraiment un livre indispensable.
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Ce premier tome regroupe deux aventures du monde fantastique qu'a créé le grand et prolifique auteur de fantasy Jack Vance : Un monde magique, qui en pose les bases; et Cugel l'Astucieux, le personnage principal et anti-héros de la deuxième partie de cette intégrale.

« La terre, murmura Pandelume. Un lieu crépusculaire, plus vieux que toute connaissance. Jadis c'était un vaste monde de montagnes embrumées et de rivières étincelantes, et le soleil une boule blanche flamboyante. Des millénaires de pluie et de vent ont battu et émoussé le granit, et le soleil est faible et rouge. Les continents se sont engloutis, d'autres ont émergés. Un million de cités ont érigé des tours, sont tombées en poussière. A la place des anciens peuples vivent quelques milliers d'âmes singulières. Il y a du mal sur Terre, du mal distillé par le temps…La terre se meurt et vit son crépuscule … »

Ce fut un moment de lecture agréable : les premiers récits forment une cosmogonie intéressante, dans un monde où la Terre a été épuisée, où les animaux et tout ce qui vit est mourant … Magie et sorcellerie ont remplacé la science et les anciennes valeurs. On suit des héros de tout horizon, qui tentent de garder une parcelle de vie dans ce monde. Mais un manque de poésie, de passion ont nui à ma lecture …

« Cugel était un homme aux talents multiples, avec un caractère à la fois maniable et obstiné. Il avait la jambe longue, la main adroite, le doigt léger, la langue subtile. Ses cheveux, pareils à une fourrure du plus beau noir, étaient plantés bas sur son front, rejetés bien en arrière, juste au-dessus des sourcils. Ses yeux au regard perçant, son long nez fouineur et sa bouche amusante donnaient à sa figure quelque peu inclinée et osseuse une expression de vivacité, de candeur et de bonhomie.
Il avait connu bien des vicissitudes qui lui avaient enseigné la souplesse, une discrétion avisée, une maîtrise composée à la fois de bravade et de dissimulation. »

Les aventures de Cugel l'Astucieux étaient plus drôles quoique désespérées car ce pauvre anti-héros n'a a priori que peu de talents, et son astuce, qui lui a donné son surnom, ne semble souvent être qu'un effort de dernière minute qui, avec une pointe de chance, a réussi … Cependant, je commençais à m'en lasser vers la fin, tant les intrigues ont tendance à se ressembler.

Bon roman de fantasy ? je dirais « classique » … l'humour y est pourtant très présent, mais un humour bien différent de Pratchett, et qui m'a fait beaucoup moins rire …
Bref une lecture agréable, mais au final qui ne va pas me laisser beaucoup de souvenirs …
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Ce recueil regroupe d'une part "Un monde magique", composé de six nouvelles, et d'autre part "Cugel l'astucieux", roman qui met pour la première fois en scène le personnage roublard de Vance.
Il faut avant même de commencer la lecture de ce livre avoir à l'esprit que la fantasy ici présente date des années 50 et 60 (de notre bon vieux vingtième siècle, il s'entend). Autrement dit, l'ensemble peut paraître vieillot mais il s'agit là des balbutiements du genre.
Mais c'est un plaisir de découvrir cette terre mourante, dont on devine avec difficulté les contours passés, et sur laquelle on ne saura rien des siècles révolus.
Il est toujours question de quête dans ces histoires et l'ensemble peut sembler plein de redite.
L'intérêt, comme souvent chez Vance, réside dans sa faculté à décrire de "l'exotique", à donner à voir à son lecteur des moeurs étranges, des créatures fabuleuses, une magie aux termes alambiqués si savoureux.
Et c'est ici que l'on découvre ce loser magnifique, Cugel, personnage pas toujours sympathique, qui ne doute de rien, persuadé qu'il parviendra à duper son monde, et pourtant...
Tout le charme d'un vieux grimoire.
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Première partie du cycle de la "Terre mourante" avec, tout d'abord, "Un monde magique", six nouvelles qui introduisent le monde crépusculaire empli de magie tout droit sorti de l'imagination sans bornes de Jack Vance.
Ces premières nouvelles nous permettent donc de nous familiariser avec le style débridé d'un auteur à qui la littérature de l'imaginaire doit beaucoup. les personnages hauts en couleurs et leurs péripéties rocambolesques n'ont d'égales que les lieux dans lesquels ils évoluent et les créatures qu'ils doivent côtoyer.
Puis, dans la deuxième partie, "Cugel l'astucieux", c'est en compagnie de Cugel que le voyage continue. Personnage fantasque, vif d'esprit, il va se retrouver malgré lui transporté dans une odyssée incroyable qui va plonger le lecteur, dès la première rencontre, dans des aventures extraordinaires. L'imagination tourne à plein régime, à travers des situations toutes plus cocasses les unes que les autres, à la découverte de nouveaux paysages et de peuples aux moeurs complètement folles !
L'humour est omniprésent, ce qui, en plus du dépaysement total proposé, fait de cette lecture un moment particulièrement agréable, où on se laisse porter avec un rythme effréné par les aventures de Cugel. C'est bien sûr la roublardise extrême et l'égoïsme de ce dernier qui apportent cette touche singulière... C'est pas qu'on aime Cugel, mais on ne le déteste pas complètement non plus !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Un nommé Bluner défendit vigoureusement sa croyance personnelle. Pour lui, le Soleil était une cellule dans le corps de la grande divinité, qui avait créé le cosmos selon un processus analogue à la croissance du lichen sur un rocher.
Sucube estima cette thèse par trop compliquée: "Si le Soleil est une cellule, que devient alors la nature de la Terre?
-- Un animalcule provenant des nutriments, répondit Bluner. De telles connexités ne sont pas rares dans la nature, il n'y a rien là qui puisse susciter l'étonnement.
-- Dans ce cas, qu'est-ce qui attaque le Soleil? demanda Vitz d'un ton méprisant. Un autre animalcule semblable à la Terre?"

("Cugel l'astucieux")
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Très loin dans le passé, bien au-delà de l'imagination, dit la légende, une race de justes habitait une terre à l'est des Monts Maurenron, après le pays du Mur Tombant, au bord d'une mer immense. Ils avaient bâti une ville de tours et coupoles de verre, et y vivaient pleinement heureux. Ces gens n'avaient pas de dieu, mais, un jour, ils éprouvèrent le besoin d'en avoir un pour pouvoir l'adorer. Alors, ces hommes construisirent un somptueux temple d'or, de verre et de granit, aussi large que le Scaum quand il traverse la vallée des Tombeaux Sculptés, et plus haut que les arbres du nord. Et cette race d'honnêtes gens se rassembla dans le temple pour tous ensemble lancer vers le ciel une puissante prière, une invocation adoratrice ; alors, dit la légende, un dieu forgé par leur seule volonté s'extirpa du néant. Et il avait leurs attribut: c'était une divinité de justice.
("Un monde magique")
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Remarque ceci: je bois du vin alors que je ne suis même pas sûr de vivre assez longtemps pour me saouler. Crois-tu que ça me décourage? Non! Je rejette l'avenir; je bois maintenant, je me soûlerai comme me le dicteront les circonstances.

("Cugel l'astucieux")
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« Cugel était un homme aux talents multiples, avec un caractère à la fois maniable et obstiné. Il avait la jambe longue, la main adroite, le doigt léger, la langue subtile. Ses cheveux, pareils à une fourrure du plus beau noir, étaient plantés bas sur son front, rejetés bien en arrière, juste au-dessus des sourcils. Ses yeux au regard perçant, son long nez fouineur et sa bouche amusante donnaient à sa figure quelque peu inclinée et osseuse une expression de vivacité, de candeur et de bonhomie.
Il avait connu bien des vicissitudes qui lui avaient enseigné la souplesse, une discrétion avisée, une maîtrise composée à la fois de bravade et de dissimulation. »
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Le fanatique explosa d'un rire sauvage et agita sa barre de fer. "Nul ne peut être dispensé de ce péage ! J'exige la mort du plus méchant de votre compagnie - à moins que l'un d'entre vous ne me donne satisfaction en faisant la preuve de sa vertu !" À califourchon sur le barrage, sa robe noire claquant au vent, il jetait des regards furieux sur le radeau.
Il y eut un mouvement de malaise parmi les pèlerins, qui échangèrent des coups d’œil furtifs. Un murmure s'éleva de leur groupe, pour vite se transformer en un concert discordant d'assertions et de plaidoyers. La voix stridente de Casmyre finit par couvrir celle des autres.
"En aucune manière je ne puis être le plus méchant ! J'ai toujours eu une vie charitable et austère ; pendant que nous jouions, j'ai fermé les yeux sur une ignoble tricherie."
Un autre proclama : "Je suis plus vertueux encore, moi qui ne me nourris que de légumes secs, par crainte de prendre une vie."
Un autre : "Mon raffinement en la matière est supérieur encore, car je ne subsiste qu'avec les cosses inutiles de ces mêmes légumes, ainsi qu'un peu d'écorce tombée des arbres, par crainte de détruire les germes des végétaux."
Un autre : "Mon estomac ne supporte pas les légumes, mais le même idéal exalté m'anime, et je ne mets dans ma bouche que de la viande avariée."
Un autre : "Un jour, j'ai nagé dans un lac de feu pour prévenir une vieille femme que la calamité qu'elle redoutait avait peu de chances de se produire."
Cugel annonça : "Ma vie est d'une constante humilité, et je l'ai indéfectiblement consacrée à la justice et à l'équité, même si je suis mal récompensé de ma peine."
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Videos de Jack Vance (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jack Vance
Extrait du livre audio « Madouc, Lyonesse, T3 » de Jack Vance, traduit par E.C.L Meistermann et Pierre-Paul Durastanti, lu par Marvin Schlick. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madouc-9791035410391/
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