«Liquidez-moi comme on vend des bijoux. Il n'y a pas de petites économies. Je veux crever. Vous flairez une démarche égoïste ? Ayez le coeur plus renflé que l'esprit. C'est un acte solidaire. Hors du monde on est pas moins débarrassé d'humanité. Je lègue ma chambre, mon lit, mon subside. Je déserte. Je fais le vide. En rendant l'âme, je libère des fonds. »
Le moins que je puisse dire, c'est qu'il m'a bigrement bousculée. Il y a dans cette écriture un souffle et une énergie puissante.
La mort est abordée ici dans ce qu'il y a de plus douloureux.
Un homme (Il) face à sa mort, qu'il souhaite plus que tout car il ne lui reste plus que l'esprit alors que le corps ne répond plus ; un homme emprisonné. Il se souvient de ce corps dont il avait la maîtrise, de ce corps qui lui donnait plaisir et sensations. Il n'est plus que l'ombre de lui même
Une femme (Elle), sa femme, libre, face à ce dilemme…franchir ou ne pas franchir la pas. Elle comprend mieux que personne. Sa vie ne sera que fuite, déboires judiciaires et enfermement.
La liberté change de camp. Ce que l'un gagne grâce à l'autre, l'autre le perd par amour pour l'un.
C'est une écriture saccadée, douloureuse qui fait ce roman. Une écriture qui sait se faire lyrique parfois. On y ressent pleinement les impulsions du corps et de l'esprit. le texte aéré laisse le lecteur à sa réflexion sur ce qui ressort à chaque page : l'euthanasie. Quand il n'y a plus de mots, les pages blanches parlent d'elles-mêmes laissant le lecteur reprendre son souffle. le vocabulaire est minutieusement choisi. L'auteur va à l'essentiel, un essentiel dense , un essentiel qui vous revient à la face et vous laisse un peu KO.
Un livre qui pose plus de question qu'il ne donne de réponse. Un livre qui renvoie le lecteur à sa condition de mortel. Un livre qui remue au plus profond de soi.
A ce livre, qui au moment où je l'ai lu, est le premier ouvrage qui ne ressemble à aucun autre, je souhaite de se faire une place au milieu de tous les autres, car il le mérite.
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