AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782376650003
92 pages
La Contre Allee (28/02/2018)
3.88/5   4 notes
Résumé :
"Puisque j'étais occupé à rompre le lien organique qui m'unissait à Rougeville, nous serions sous peu appelés - la ville et moi - à nous installer dans une crise sans fin : moi dans une crise d'identité aux multiples rebondissements, pour cause d'impostures successives ; et la ville, de son côté, dans une longue agonie économique (suite à l'arrêt de l'exploitation de ses puits de mine au milieu des années 1970)."
Que lire après RougevilleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Honneur et fierté ! Attention chef-d'oeuvre ! Ce récit est un dédale des plus lumineux. le lecteur approuve cette écriture digne d'un génie évident. Tout de bleu couronné, ce livre aux 91 pages léger en main est une gloire pour les yeux. L'auteur Patrick Varetz nous conte. Quoi ? « Rougeville » dévoilée subrepticement grâce à l'application Google Street, View. Cette ville toute d'introspection, décrite par l'auteur, révèle par des lignes douées ses habitus, sa sociologique attitude et sa morphologie géopolitique. le lecteur plonge dans une réalité virtuelle. Il devient observateur de cette ville aux diktats enfouis sous le lierre du temps. Rougeville palpite. L'idiosyncrasie améliore la puissance vers la fin des non-dits. le lecteur devient apprenant et reçoit l'héritage du temps qui s'écoule à contre-courant. Plusieurs narrateurs dans ce récit sont l'écho d'un Rougeville, kaléidoscope empreint de la profondeur du verbe, le plus transcendant possible. Lorsque Rougeville (la ville) parle, le lecteur est foudroyé. « Oui. Pourquoi continuer de m'appeler Rougeville puisque les âmes, ici, à l'instar des façades des maisons qui les abritent, semblent accepter comme une fatalité l'idée de devoir noircir ? »Plus que cela encore Patrick Varetz délivre par des mots les fissures de son vécu, à l'instar de fantômes qui refusent l'ultime exutoire. Cette ville lui appartient. Elle emblématise toutes ses souffrances, tout ce qu'il ne veut pas, et ne veut plus reconnaitre. Elle n'est pas jugée, ni choyée, mais pas indifférente non plus pour l'auteur. C'est d'une beauté inouïe, à l'instar d'un repentir. Comme si l'auteur refusait ce Rougeville mourant suite à l'arrêt parabolique de ses puits miniers. La tendresse et la compassion aussi sont au rendez-vous littéraire. Lorsque Patrick Varetz confie avoir passé « Ses premières heures dans une boîte d'escarpins taille 41 »le lecteur tremble soudainement de froid. Rougeville devient pittoresque, colorée, lorsque l'auteur conte « Si je m'appelle Rougeville, c'est par la faute de cet imposteur, Alexandre Dominique, lui qui se prétendait maquis et chevalier….) Cette multi-lecture devient le modèle pour affronter sa propre vie. le lecteur ressent ce quelque chose qui prouve que l'on n'est pas dans une certaine ville en pur hasard. Que du fait même de notre naissance et des murs qui entourent notre monde passe le chant existentialiste de l'essence même de notre identité. C'est un rare et beau livre qui perdurera dans le temps et dans l'espace. C'est un livre fragile aussi à l'orée des destinées. Majeur, émouvant, sensible, solaire, Rougeville de Patrick Varetz, publié par Les Editions La Contre Allée, collection « Les Périphéries » est un livre à lire d'urgence dans la ville même de votre propre coeur.
Commenter  J’apprécie          10
Bienvenue à Rougeville, ancienne cité minière peu engageante située à 50 km de Lille. le narrateur décide d'explorer cette ville qui l'a vu grandir, au moyen de Google street view, c'est-à-dire en restant chez lui. Il y note de nombreux changements depuis les années 60 ou 70, il la reconnaît à peine. Au gré de cette balade virtuelle, il se remémore son enfance, imbriquée avec les évolutions de la ville.

Contre toute attente, une voix surgit en italique, c'est Rougeville elle-même qui prend le stylo, le bourg qui se présente, refait son histoire, les dates marquantes, la grève des mineurs de 1948 interrompue par les chars, cinq morts, l'âge d'or entre 1921 (4500 habitants) et 1926 (14000 !), dont 8000 étrangers, principalement des polonais, pour venir extraire le charbon au péril de leur vie.

Et puis c'est « l'inexorable déclin », les années 60, la mine qui a mauvaise mine, les fermetures, la désertion, la trahison des habitants de Rougeville. « Mais qu'en est-il à présent, quand il y a de moins et de moins de travail et aucune perspective ? Pour exister, c'est comme partout : les gens n'ont de cesse de courir confier leur argent – celui bien souvent de l'allocation chômage ou des minima sociaux – aux grandes enseignes du commerce mondialisé (celles-là même qui répandent le vide autour d'elles). Au siècle dernier et au siècle d'avant, les puissants qui nous faisaient courber la tête habitaient encore de grandes maisons sous les fenêtres desquelles on pouvait – le cas échéant – aller défiler pour hurler sa colère. Mais aujourd'hui vers qui se tourner ? On ignore jusqu'à l'endroit où se cachent ceux qui nous ont abandonnés. C'est sans doute que chacun peu à peu se replie dans le silence, occupé – faute de mieux – à cultiver la haine de l'étranger qu'il a cessé d'être. Oui. Car c'est soi-même que l'on apprend ainsi à détester ».

La voici la montée de l'extrême droite, avec ses sympathisants qui sont parfois les descendants même des étrangers qui allèrent au turbin en sous-sol dans les années 20. S'incruste un bref hommage au « Germinal » de ZOLA.

Mais surprise, les italiques de narration citadine s'ouvrent désormais sur l'autobiographie d'un certain Rougeville ayant vécu la Révolution française, Waterloo et tout le reste, un affabulateur, un mythomane, un de plus.

L'auteur narrateur reprend les commandes, et cette fois-ci c'est sa propre autobiographie qui est noircie sur le papier. Réelle ? Supposée (Rougeville n'existe pas, certes, mais le reste ?) ? L'auteur laisse planer le doute dans ce petit bouquin au format plus petit qu'un « poche » et en seulement 90 pages (attention de ne pas paumer l'objet entre deux pavés) et signe ici une collaboration régionale avec un éditeur du Nord : La Contre Allée.
https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
Actualitte
20 février 2019
Un homme revient dans la ville de son enfance et parcourt les lieux où il a grandi. Cela pourrait être une balade nostalgique, si ce n’était Patrick Varetz le guide. Le romancier lillois nous a habitués à tenir les sentiments à bonne distance. Cette fois, il calme le palpitant en arpentant les rues grâce à Google Street View, à l’abri derrière son écran.
Lire la critique sur le site : Actualitte

Videos de Patrick Varetz (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Varetz
Patrick Varetz Nu-Propriétaire éditions P.O.L : où Patrick Varetz tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Nu-propriétaire", à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L en avril 2022 et où il est notamment question de nu-propriété et d'usufruit, de possession et de jouissance, de Neil Young et du Köln concert de Keith Jarrett, de Plexus d'Henri Miller et du "Bleu du ciel" de Georges Bataille, de quelques femmes et du désir, de la violence d'un père et de la folie d'une mère, d'archéologie et des morceaux d'un puzzle, d'autofiction et de fiction, à Paris le 29 mars 2022
"Pour reconstituer le fil de notre existence, nous ne sommes hélas pas toujours en mesure de nous raccrocher aux paroles d'une chanson, ou encore à quelques phrases retrouvées dans les pages d'un livre, si bien qu'il nous faut tout un temps progresser au-dessus du vide, avec l'espoir toutefois de posséder assez d'élan pour rejoindre avant de sombrer la terre ferme des souvenirs tangibles."
+ Lire la suite
autres livres classés : années 60Voir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1711 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}