Le style de Vargas est d'une platitude sans nom. On dirait que l'auteure tente vaguement d'imiter le genre du roman noir, mais avec tellement peu de conviction et d'originalité que c'en est pitoyable. Ses descriptions, minimalistes, échouent à planter un quelconque décor et une quelconque atmosphère (ce qui est quand même dommage dans un polar censé faire peur).
Ses personnages, dont la plupart semble tirée des clichés romanesques du dix-neuvième siècle, suscitent autant d'émotion que des lampadaires, s'ils ne sont pas franchement antipathiques. de surcroît, on peut remarquer une certaine pénurie de femmes dans les personnages faisant progresser l'histoire, ce qui ne cesse d'étonner chez UNE auteurE.
À titre personnel, je déteste Adamsberg. Mis à part le fait qu'il a la phobie de l'engagement et la passion de l'adultère (éléments qui tombent comme des cheveux sur la soupe), je ne peux supporter que l'auteure passe son temps à rappeler qu'il est un enquêteur exceptionnel alors que ses déductions sont généralement tirés par les crins. En plus, on dirait que ce personnage n'a aucune émotion.
Quant à l'intrigue... Non seulement elle est parasitée par les petites histoires personnelles des personnages, mais elle manque terriblement de péripéties et de subtilité. le thème de la peste, extrêmement mal utilisé, ne suscite aucune peur, si ce n'est celle du journalisme à sensation. Les suspects sont pratiquement inexistants et deux entretiens suffisent à révéler tout ce qu'il faut savoir. Il ne se passe pas grand-chose au niveau de l'action : à aucun moment les personnages ne sont en danger.
Pour tenter d'étoffer son roman en haillons,
Fred Vargas a rajouté une bonne dose de violence (celle qu'a subi le semeur de peste), du sexe (qui n'a pas la moindre utilité scénaristique) et des prétendues réflexions philosophiques qui font soupirer (ou pleurer, ça dépend de l'importance qu'on accorde à la philosophie).
Son tic favori est d'ailleurs de reprendre des petites phrases sans intérêt prononcées par tel ou tel personnage, pour commenter son texte...dans un but qui m'échappe complètement.