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EAN : 9782354088408
300 pages
Editions Mnémos (16/04/2021)
3.9/5   227 notes
Résumé :
La Terre d’après… À l’abri d’un baobab, une société utopique, soudée par des règles strictes et bienveillantes, semble profiter d’une vie paradisiaque, totalement apaisée et égalitaire.

Pourtant, l’un des membres de cette communauté ne peut s’empêcher de se poser mille et une questions, sur tout, y compris sur l’avant. Une particularité qui fait de Cami la personne idéale pour remplir une mission d’exploration – sous surveillance. C’est donc avec Paul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 227 notes
Ce que je préfère dans la SF ce sont les romans post-apocalyptiques. Certes, beaucoup d'auteurs ont écrit dessus à tel point qu'il est rare de voir des scénarios vraiment originaux émerger. C'est vrai. Mais les visions offertes de cet après qui nous pend au nez ont le don souvent de me fasciner. Sans doute parce que je lis assez peu de SF et que je suis du coup bon public. Je m'enthousiasme, mi- fascinée mi terrifiée, en véritable éponge je garde en moi, telles de drôles de collections, les images proposées. J'y pense souvent. Visions désertiques, visions sous-marines, visions optimistes, visions catastrophiques… after® ne fait pas exception et je vais garder longtemps les images de la Terre dans 3000 ans imaginées par la jeune Auriane Velten dont il s'agit du premier roman. Les images mais aussi le mode de vie, l'organisation sociétale que l'auteure propose. Fascinant…

J'ai profondément aimé ce livre. J'ai pu l'apprécier à sa juste valeur parce que je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Tout s'éclaire peu à peu, au fur et à mesure de la progression de l'intrigue. C'est subtil et dévoiler certains éléments serait détruire cette découverte progressive qui m'a énormément plu et fascinée.

Le « tout » que j'évoque englobe à la fois notre devenir en tant qu'humains (que sommes-nous devenus des milliers d'années après ? comment vivons-nous ?) et en tant que société (quelle forme d'organisation suivons nous ? quelle technologie utilisons nous ?). Il englobe également notre humanité (quels sont les rapports entre les gens, entre les hommes et les femmes, avec les animaux, la nature ?), notre mémoire collective (Quel lien entretenons nous avec le passé ? Où en sont les connaissances scientifiques et techniques ?). Ce tout est abordé sous un angle philosophique, psychologique mais aussi poétique. Et c'est également ce qui fait la richesse de ce livre.

Sans dévoiler l'intrigue, voici le contexte de départ du livre : un grand cataclysme a décimé l'humanité qui vit aujourd'hui, à l'écart des terres renoncées, une utopie collective autour d'un baobab, le reste du paysage étant monochrome, terre ocre et végétation racornie. Nous nous situons dans 3000 ans. le millier d'humains restant suit aveuglément le Dogme dont il récite les mantras, ensemble de règles qui les empêchent d'exprimer leurs sentiments, d'être curieux ou créatifs, les humains doivent rester humbles, modestes, impassibles, égaux avec « touts » (humains, nature, animaux) sous peine de de se faire ôter leurs souvenirs. La curiosité, l'impatience, la colère ou la joie sont considérés comme étant hérétiques. Les humains sont ainsi strictement égaux et vivent en harmonie avec la nature jusqu'au jour ou Paule et Cami reçoivent pour mission d'explorer les terres renoncées.

« Une chose s'agite en moi. Ce sont des sentiments, je crois. Des choses que je ne suis pas censé éprouver. Je discerne une sorte de joie, d'avoir été choisi, et il y a aussi de la culpabilité, bien sûr. Et une sensation encore plus étrange, et désagréable ».

« Je sens une excitation monter en moi, impie, car “la tempérance, en toute occasion, est mon guide”, mais je n'ai jamais passé une nuit hors du village, loin de mes pairs et de la rassurante massivité des silos, érigés comme une forêt protectrice de notre sommeil ».

Le livre peut être déroutant au début car l'auteure a fait le choix d'une écriture inclusive, non pas celle que nous connaissons, qui parle par exemple d'ami.e.s (aucun mots à point ici) mais Auriane Velten a supprimé les « il » ou les « elle » pour des «ile » (que je prononçais ilé et qui renvoit au pronom « iel » employé parfois aujourd'hui), les « un » ou les « une » pour des « an », et les « mon » et « ma » pour « man » …J'ai joué le jeu (moi qui ai du mal avec l'écriture inclusive) en m'imprégnant et chose étonnante cette écriture m'a permis véritablement de rendre les personnages asexués. Je les imaginais physiquement neutres, non genrés. C'est une expérience intéressante : comment l'écriture peut modifier notre vision des choses. Et ce n'est pas qu'une posture de l'auteure car l'écriture inclusive fait sens ici étant complètement liée à l'histoire et à l'intrigue.

J'ai aimé les réflexions philosophiques sur la beauté, sur l'art, sur ce qui fonde notre humanité. J'ai apprécié l'univers dépouillé (on pourrait dire Lowtech) dans lequel nous plongeons, assez éloigné du nôtre, l'introspection et l'évolution des deux personnages. J'ai trouvé intéressants les points de vue alternés entre Cami et Paule, leurs pensées et leur psychologie que nous suivons tout à tour lors de cette quête. C'est un livre beau et touchant qu'il est impossible de lâcher une fois commencé. Sans parler de la couverture, magnifique, avec son somptueux baobab rouge.

« Son sérieux, sa rectitude ne forment que les couches extérieures, conformes à ce qu'ile devrait être, qui enveloppent un noyau limpide, prêt à tout admirer. Et puis, surtout, il y a cette envie de faire – ou, plutôt, de créer. Personne ne fait, n'a jamais fait, cela. Depuis plus de trois mille ans, nous ne faisons que répéter les mêmes gestes, et vivre des journées toutes identiques. Parce que, créer, c'est prendre un risque. Moi, je n'oserais pas ».



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La science-fiction est un genre littéraire qui m'a toujours séduite. La critique particulièrement convaincante de HordeduContrevent a été le déclencheur de cette lecture. Et c'est avec impatience et curiosité que je l'ai commencé.

Ce roman post-apocalyptique m'a charmée par l'originalité de son écriture et de son intrigue. En effet, on part totalement à l'aventure, ne sachant pas du tout où l'auteure veut nous emmener. On va ainsi de surprise en surprise pour aboutir à un dénouement étonnant.

*
Après l'Apocalypse, le monde n'est plus comme nous le connaissons. Les rares survivants se sont regroupés autour d'un baobab et suivent à la lettre les enseignements du Dogme. Toute initiative, toute curiosité sont prohibées et condamnées.
Chaque parole est mûrement réfléchie afin de ne pas paraître trop présomptueux, vaniteux.

« … la communauté s'est développée autour de son tronc gigantesque. Nous l'avons vu naître et croître, il est un peu comme notre enfant, ou du moins an membre de notre famille. Il a vécu presque aussi longtemps que nous, et nous est donc plus proche que n'importe quoi d'autre sur cette terre. En tout cas, je ne vois pas d'autre explication rationnelle à l'attachement que nous éprouvons à l'égard de ce vieil arbre. Les autres villageoies auraient peut-être des idées différentes. Mais illes ne réfléchissent pas à ce genre de chose – et illes ont raison, eulx savent se raisonner, et se rappeler que les sentiments sont choses trop mystérieuses pour que nous puissions les percer à jour. Vouloir les comprendre est sûrement une entorse au Dogme et une nouvelle preuve de mon immodestie. »

Cami fait parti de ces très rares individus qui doivent se réfréner, se contraindre continuellement afin que leur curiosité naturelle et leur intelligence ne les fassent pas paraître arrogants, supérieurs, ou condescendants.

« Ile a raison : mon attitude est égocentrique, antidogmatique, hérétique. Mais je ne vois pas en quoi je nuis à la communauté ! »

Lorsque le Conseil lui confie la mission de retrouver des connaissances de l'Ancien temps dans les Terres Renoncées, il est très enthousiaste. Et même s'il doit se faire accompagner de Paule, garante du respect au Dogme, c'est pour lui l'occasion d'en apprendre plus sur son passé et le cataclysme qui a frappé la Terre.

« Avant de partir, j'étais aveuglé par les potentielles découvertes à faire, et les autres étaient préoccupés par le péril spirituel, mais personne n'a évoqué les dangers d'ordre physique. »

*
Premier roman d'Auriane Velten, ce roman fait montre d'une excellente maîtrise de l'écriture, d'un style très original, d'une intrigue parfaitement menée et de belles réflexions sur les notions d'humanité, d'altruisme et de mémoire, sur les thématiques de la liberté, de l'identité, de l'art, et des avancées technologiques.

L'écriture est très singulière et constitue un des atouts de ce roman.
Le procédé consistant à alterner les deux voix des protagonistes à la première personne du singulier est particulièrement efficace.
Paule et Cami s'efforcent de paraître neutres et de ne jamais dévoiler leurs sentiments, mais cette narration nous permet d'être au plus proche de leurs émotions. On pénètre dans leur esprit, on est face à leurs interrogations, leurs doutes, leurs peurs.
Chacun ayant un regard différent sur leur monde, il est vraiment très intéressant de suivre l'évolution de leur relation, de reconstituer leur évolution psychologique, morale, et de comprendre comment chacun va influer sur l'autre et le transformer.

A travers leurs personnalités très différentes, leurs pensées, leurs émotions, le lecteur ressent toute la pression et l'emprise qu'exercent les membres fondateurs du Dogme sur cette petite communauté. Car sous ses aspects utopiques, idylliques, bénéfiques et bienveillants se cache un véritable carcan.

« Illes sont tétanisés, cloués sur place, bras et jambes rectilignes, torses immobiles : seules leurs lèvres bougent, dans une discussion sans saveur. Mais pas inintéressante à analyser.
La nouveauté leur fait toujours cet effet. Comme illes se sentent en danger, illes se retranchent derrière le Dogme. Et leur volonté de le respecter – ou peut-être leur crainte de L'enfreindre ? – est si forte qu'elle les empêche d'émettre une idée nouvelle, alors même que leur problème est justement de savoir comment le respecter. Mais je ne peux pas leur expliquer tout cela, car ce serait aussi une infraction au Dogme. »

*
J'ai également apprécié l'utilisation d'un genre neutre qui apporte un caractère flottant et crée une distance, une confusion dans la tête du lecteur qui n'arrive pas à se les représenter dans leur globalité. Les pronoms, les déterminants, certains noms, les prénoms également, sont retouchés pour effacer toutes les appartenances à un genre.
J'ai mis un peu de temps à m'habituer à leur langage, mais c'est délicieux de ne pas tout comprendre dès le départ, de s'immerger tout doucement dans ce monde futuriste et monochromatique, de s'imprégner de ce nouveau langage dégenré jusqu'à ne plus y faire attention.

*
Pour conclure, ce roman dystopique assez court a tout ce qui faut pour séduire les lecteurs : une écriture inclusive ingénieuse, un duo atypique et attachant, une intrigue pleine de rebondissements, des réflexions philosophiques vraiment originales qui amènent à de nombreux questionnements sur notre besoin de savoir d'où l'on vient, sur les bienfaits, ou pas, du progrès.
Une très belle découverte, je me suis régalée, merci Chrystèle.
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Une impression mitigée après avoir lu After, mais globalement positive.
L'auteur a le don de nous embarquer dans un monde lointain, de décrire une Terre méconnaissable, une humanité nouvelle, bref tout ce que l'on aime dans la SF. Cette partie là est maîtrisée. Tout comme l'histoire, la relation entre les personnage.
Mais ce travail indéniablement qualitatif est desservi par un parti pris que j'ai trouvé très laborieux, celui d'introduire une "novlangue" pas très esthétique et usante, qui m'a obligée plusieurs à interrompre ma lecture alors que j'ai l'habitude de me plonger une heure ou deux dans un bouquin. Mais peut-être d'autres que moi s'y retrouveront-ils mieux?
Une belle expérience et une belle plume SF malgré tout.

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Auriane Velten fait son entrée sur la scène de l'imaginaire francophone avec « After », premier roman atypique s'interrogeant sur l'humanité et ce qui la caractérise. La jeune autrice y met en scène une Terre régénérée, bien des années après un cataclysme qui faillit mettre fin à toute vie sur notre planète. Notre vision de ce monde post-apo est toutefois extrêmement étriquée puisque l'histoire se concentre sur une seule communauté comptant relativement peu de membres et n'ayant aucun contact avec d'autres potentiels humains. D'apparence utopique, la société telle que dépeinte ici vit en harmonie totale avec la nature et ses habitants et a érigé la modestie et l'égalité au rang de vertus suprêmes. Obéissant scrupuleusement au « Dogme », credo qui rythme leur vie depuis toujours, les membres de cette curieuse tribu partagent ainsi leur temps entre des activités essentielles à leur survie et de longues phases d'introspection, exercice qui leur permet de s'assurer de vivre conformément au Dogme et à ses règles (ne pas s'estimer supérieur aux autres, respecter son environnement, ne pas chercher de gloire personnelle…). Présenté ainsi, le quotidien de ces humains post-apo ne paraît guère passionnant, et force est de reconnaître que c'est bien le cas, sans qu'aucun d'entre eux n'en paraisse aucunement troublé. Aucun sauf Cami, personnage qui sera notre principal guide tout au long du récit et qui se démarque de ses congénères par des pensées souvent en décalage avec le Dogme et une curiosité insatiable pour tout ce qui concerne l'humanité avant le cataclysme. Et cela tombe bien, car les trois membres du Conseil chargé d'administrer la communauté lui confie une mission extraordinaire qui va lui permettre d'assouvir quelque peu sa soif de connaissance : pénétrer dans les « terres renoncées » sur lesquelles s'étaient implantés les humains avant la catastrophe afin de tenter de comprendre un peu mieux qui ils étaient et les causes de leur disparition. Sans doute conscient des failles dogmatiques de leur envoyé, le Conseil lui adjoint un autre membre de la communauté, Paule, deuxième personnage phare du roman dont la tâche consiste à aider Cami tout en surveillant son comportement afin d'éviter toute entorse au code qui régit la vie de la tribu.

Le monde post-apo tel que dépeint ici par l'autrice n'a pas grand-chose à voir avec ce que l'on trouve traditionnellement dans ce type de roman. L'humanité d'Auriane Velten n'a aucun souvenir du monde avant le cataclysme qui semble avoir détruit tout ce qui pouvait nous paraître familier, si bien qu'on pourrait presque être sur une planète totalement différente, voir dans un autre monde. le voyage des deux protagonistes sur les terres renoncées nous offre malgré tout quelques points de repères qui nous permettent de comprendre que l'action se passe dans ce qui était autrefois Paris et sa périphérie, puisque Cami se base pour son exploration sur d'anciennes cartes faisant notamment mention de noms de musées. L'univers de l'autrice est donc très dépouillé, et il en va d'une certaine manière de même de l'intrigue qui, loin de privilégier l'action, repose en grande partie sur l'introspection des deux protagonistes et l'évolution de leur mentalité. Cela influe évidemment sur le rythme du récit qui se révèle parfois un peu trop monotone. Certes, les découvertes réalisées par Cami et Paule vont constituer des étapes narratives importantes, mais, si les objets découverts ont pour les personnages l'attrait de la nouveauté, ce n'est pas le cas des lecteurs qui peuvent parfois être déçus de voir l'histoire prendre autant son temps ou au contraire frustré du caractère très ordinaire des artefacts retrouvés. Il serait toutefois erroné de croire que le récit ne comporterait aucun rebondissements : ces derniers sont présents et l'un d'eux (de taille !) va complètement remettre en cause la façon dont le lecteur perçoit les personnages. La construction narrative est donc intéressante et permet de peu à peu passer outre la lenteur et le manque d'entrain apparent des personnages. Ces derniers constituent en effet un autre aspect très particulier du roman et ne facilitent pas vraiment l'implication émotionnelle du lecteur. En effet, bien qu'apparemment utopique, la société mise en scène ici repose sur un certain nombre de valeurs et de règles qui rendent très difficile l'identification aux protagonistes dont on est parfois tenté de remettre en cause l'humanité.

Et c'est justement là le propos central du roman de l'autrice : qu'est ce qui fait de nous des humains ? Une simple enveloppe physique ? Une manière d'appréhender et d'habiter le monde ? Un mode de pensée ? Auriane Velten s'interroge en profondeur sur le sujet, et questionne astucieusement notre rapport au monde et aux autres, nos envies de création ou encore notre perception de l'art et du beau. Au fur et à mesure de leurs découvertes, les deux personnages vont ainsi voir leurs certitudes constamment remises en question, ce qui va enfin leur permettre de se « dégeler » un peu, et de laisser libre court à de vraies émotions. Cami, de part son hostilité incontrôlée mais manifeste au Dogme, se montre rapidement attachante mais il faut au lecteur davantage de temps pour appréhender Paule qui finit toutefois par se révéler très touchant. Reste à aborder la question de l'écriture et, là encore, l'autrice opte pour un pari audacieux puisque l'ensemble du roman est écrit en écriture inclusive. Or, si je trouve la démarche tout à fait pertinente et intéressante, il faut admettre que ce n'est pas toujours simple pour le lecteur qui aura dans un premier temps un peu de mal à lire le texte de manière fluide. En effet, si beaucoup d'entre nous sont aujourd'hui assez familiers de l'emploi du pronom « iel » (ou ici « ile »), d'autres formulations peuvent parfois s'avérer plus difficiles à appréhender (je pense notamment à l'emploi du « a » comme marque du neutre, ce qui donne « chacan » au lieu de chacun/chacune ; « al » au lieu de le/la ; « man » au lieu de mon/ma…). Loin de n'être qu'une posture, le choix de ce type d'écriture fait toutefois parfaitement sens ici puisqu'il est étroitement lié à l'intrigue elle-même, si bien qu'on finit par s'y faire après un temps d'adaptation qui variera en fonction des lecteurs.

Auriane Velten signe avec « After » un premier roman très atypique qui interroge sur ce qui fait un être humain et sur notre rapport au monde. Bien qu'au premier abord difficile d'accès en raison d'une intrigue misant essentiellement sur l'introspection, un mode d'écriture déroutant et des personnages en apparence très rigides, l'ouvrage possède malgré tout de solides atouts, que ce soit en terme de construction ou de réflexion, et mérite, à ce titre, le détour.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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J'ai tout de suite craqué pour ce livre : un titre intrigant par la présence du symbole d'une marque déposée, une belle couverture, atypique pour un roman de science-fiction et une quatrième de couverture tentante.
Pour les besoins de l'univers qu'elle dépeint Auriane Velten invente une variante de l'écriture inclusive, c'est malin, parce qu'au début on est gêné mais on ne s'interroge pas plus que ça sur les raisons de la présence de cette écriture. On s'y habitue assez bien, par contre elle abuse à outrance des pronoms (ou plutôt du pronom ile – pour il/elle) : très vite elle fait alterner deux narrateurs à la première personne, Cami et Paule. Ces deux personnages sont souvent seuls ensemble, donc quand je, c'est Cami, iles, c'est Paule, et vice-versa. le problème c'est que quand il y a plusieurs pages sans aucun prénom, avec en plus des dialogues, le lecteur est perdu. Parfois c'est certainement volontaire, pour créer un doute, mais c'est aussi un tic d'écriture, un peu plus d'emploi des prénoms n'aurait pas été un luxe.
La deuxième partie m'a paru bâclée, avec des événements qui s'enchaînent de façon confuses ou trop faciles, une vision un peu trop manichéenne, une absence totale de la description du cataclysme, beaucoup de raccourcis et de facilités. Les personnages ont gagné en épaisseur, mais tout cela aurait mérité bien plus de pages.
Quel dommage parce que la première partie était très réussie. Je ne voudrais pas divulgacher mais c'est une sorte de croisement entre Un cantique pour Leibowitz, le temps d'un souffle, je m'attarde et le premier tome de Nous sommes Bob. Rien de très nouveau pour la thématique mais très habilement mis en scène, avec une société originale qui en plus a des airs utopiques, reposant sur la paix, l'égalité et le partage. Utopique mais très dogmatique, et qui se révélera toute autre et de ce que le lecteur croyait et de ce que ses propres membres pensaient. On ne comprend vraiment l'univers futur qu'en creux, par déduction, à la suite des réflexions, des actions et des interprétations de notre monde lorsque Cami et Paule jouent aux archéologues. Cette partie là est vraiment bien réussie avec une écriture très intelligente. Pour un premier roman c'est plutôt prometteur.
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critiques presse (1)
Actualitte
03 janvier 2023
Auriane Velten propose ainsi de s’interroger ensemble : après tout, qu’est-ce que l’humanité ? Qu’est-ce qui nous définit réellement ? Et, au-delà même de notre existence, ce roman est aussi l’occasion de s’attarder sur notre environnement, sur nos interactions avec cet environnement, réelles ou hypothétiques.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Cette chose qu’ile fait, quoi que ce soit, est un choc pour mon esprit, comme peut l’être un orage, quand tonnerre, pluie et vent donnent toute leur puissance. Sauf que le résultat est aussi doux qu’un coucher de soleil, quand le ciel se pare de plus de nuances que je n’ai de mots pour les nommer. En fait, j’ai un mot, un mot très simple, pour dire ce que je ressens. Beau. Rien que le penser me semble être sacrilège. Pourtant, ça l’est. Beau. An être humain est en train, devant moi, de créer quelque chose de beau.

Pluie minérale : Paule vient de saupoudrer la terre de gravillons, qui rebondissent en riant. Je n’aurais jamais pu avoir une idée pareille. Agit-ile par intuition ? Ou y a-t-ile réfléchi à l’avance ?
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Ile secoue la tête avec horreur, et grimace en me demandant : « Tu veux dire que nous mangions de la nourriture solide ? Que nous pissions et déféquions ? — Oui. — Et la copulation aussi ? — Oui. »
Ile ferme les yeux, et je devine sans peine qu’ile convoque toute la stabilité du Dogme pour maintenir son calme.
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Cami a agi de sa propre initiative. Et contre le Dogme. Le Dogme préconise de rester humble face à ce que nous ne comprenons pas. Le Dogme préconise de rester loin de ce que nous ne maîtrisons pas. Mais Cami s’est rapproché, autant qu’ile a pu. Cela ressemble à de la curiosité. Ce n’est pas dans le Dogme. C’est une façon d’agir pré-cataclysmique.
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Une fois revenu de ma surprise, je soulève le problème du mantra de l'égalité. J'avais toujours supposé que, si toutes nos vies se valent, aucune ne mérite d'être racontée. Mais Paule souligne que ce mantra peut aussi bien signifier qu'elles le méritent toutes, à condition de l'être à égale hauteur. Interprétation que je m'empresse d'accepter.
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- Dieu? m'interrompt Paule. C'est quoi?
- C'est difficile à expliquer. Imagine un être plus grand que nous.
- Comme un éléphant?
- Non, pas plus grand en taille, enfin, peut-être que si, mais plus grand en tout. Plus intelligent, plus savant, plus puissant. Un être doté de capacités illimitées.
- Et il serait où? Pourquoi on ne le voit pas?
- Mon lexique le définit comme "transcendant". Il n'appartient pas au même niveau d'existence que nous.
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Videos de Auriane Velten (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Auriane Velten
Une longue discussion autour du roman Cimqa, d'Auriane Velten, par la Garde de Nuit.
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