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EAN : 9782262008413
287 pages
Perrin (01/12/1990)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique, parfois ancien, conservé au sein du dépôt légal de la Bibliothèque nationale de France, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres indisponibles du XXe siècle.

Au travers de la vie des Françaises, de toutes conditions, pendant la guerre de Cent Ans, c'est un tableau des mœurs de la société française, au cours de plus d'un siècle de notr... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les épidémies meurtrières touchent avant tout les enfants et les jeunes adultes. A la date de 1418, on lit dans le Journal d’un bourgeois de Paris : « Cette épidémie de peste était au dire des vieilles gens la plus cruelle qui eût sévi depuis trois siècles... Sur quatre ou cinq cents morts, il n’y avait pas douze vieillards, ce n’était pour ainsi dire que des enfants et des jeunes gens. » Il s’ensuit qu’un déséquilibre se manifeste alors entre les classes d’âge au bénéfice de la vieillesse. A Périgueux, après 1350 et surtout après 1400, sur 465 personnes dont l’âge au décès est connu, 217 soit 46 % ont plus de soixante ans, et l’âge indiqué est sous-estimé de cinq ans environ.
Pour survivre, les familles se regroupent, ce qui favorise les personnes âgées qui antérieurement restaient seules en raison de la prépondérance de la famille conjugale. Toutefois, certaines femmes connaissent une situation tragique, telles ces pauvres veuves de marins de Perros-Guirec dont les époux ont péri en mer en 1451. Et, plus que l’affection qui unit, la présence de parents âgés chez leurs enfants développe les conflits de génération.
La vieille femme est dénigrée. Rappelons que pour Eustache Deschamps la vieillesse commence à trente ans chez la femme, alors qu’elle ne débute qu’à cinquante ans chez l’homme. Philippe de Novare stigmatise la « mauvaise vieille » qui se pare, amplastre ses chairs et teint ses cheveux ; elle ne veut pas reconnaître son âge.
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INTRODUCTION

Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, un malaise
s'installe : la natalité diminue, les défrichements se ralen-
tissent, des clivages sociaux entraînent des soulèvements.

C'est dans cette atmosphère que se pose en France, en
1328, la question dynastique. A la mort de Charles IV,
dernier fils de Philippe le Bel, Philippe de Valois est choisi
comme roi au grand dam d'un autre candidat au trône, le
roi d'Angleterre Edouard III.

Les relations entre les souverains de France et d'Angle-
terre, déjà rendues difficiles par les problèmes de Flandre
et de Guyenne auxquels s'ajoutera la question écossaise,
vont évoluer vers une guerre devenue inévitable en raison
de la position intenable d'Edouard III, roi d'Angleterre et
vassal du roi de France en tant que duc de Guyenne.

La guerre de Cent Ans, qui n'a eu véritablement ni
commencement ni fin, débute par des opérations militaires
réduites au cours des années 1336-1340 et voit dans un
premier temps la défaite des Français battus à Crécy
(1346), puis à Poitiers (1356) où leur roi Jean le Bon est
fait prisonnier.

Sous Charles V (1364-1380), grâce notamment à Bertrand
du Guesclin, les territoires perdus sont reconquis.

La guerre s'assoupit au début du règne de Charles VI
qui devient fou en 1392. Les ducs de Bourgogne et
d'Orléans se disputent le pouvoir. Après l'assassinat de
Louis d'Orléans, frère de Charles VI, par Jean sans Peur
en 1407, une guerre civile éclate qui met aux prises
Armagnacs et Bourguignons.

Cependant, la guerre franco-anglaise reprend, et le roi
d'Angleterre Henri V bat les Français à Azincourt en 1415.

L'assassinat de Jean sans Peur, au cours d'une entrevue
avec le dauphin Charles, pousse les Bourguignons dans le
camp anglais, et c'est le désastreux traité de Troyes (1420)
qui fait du roi d'Angleterre l'héritier de la couronne de
France.

Notre pays, qui a touché le fond de l'abîme, voit peu
à peu la situation se retourner en sa faveur. Jeanne
d'Arc, après la prise d'Orléans, réussit à convaincre
Charles VII de se faire sacrer à Reims. Échec devant Paris,
condamnation de la Pucelle. Mais la réconciliation franco-
bourguignonne (traité d'Arras, 1435) permet aux Français
de reprendre la situation en mains. La Normandie est
recouvrée, la Guyenne occupée à la suite de la bataille de
Castillon (1453).

Il ne s'agit donc pas d'une guerre ininterrompue, mais
les trêves n'entraînent pas l'arrêt des exactions, et les
Compagnies au XIVe siècle, les Écorcheurs au XVe n'hésitent
pas à commettre les pires violences. Soldats réguliers et
mercenaires sans emploi tuent, pillent, torturent, et l'on
ne peut dénombrer ce que le chroniqueur Froissart appelle
les [des paysans en l'occurrence]

La peste noire, apparue dans le sud du royaume à la fin
de 1347, et ses nombreuses récurrences au cours des
décennies suivantes causent une effroyable mortalité,
entraînant une catastrophe démographique et accroissant
le désordre social.

Tout cela au cours d'une dépression qui donne son unité
à la période — les historiens contemporains toutefois
mettent l'accent sur les aspects positifs (tentatives de
reconstruction ; éclat de la civilisation au début du règne
de Charles VI) qui contrastent avec les zones d'ombre.

Au niveau du quotidien... La France, en 1328, compte
environ quinze millions d'habitants. On peut admettre à
la naissance une égalité numérique entre filles et garçons.
Ensuite, les femmes paraissent plus nombreuses que les
hommes aux XIVe et XVe siècles. Encore que cette opinion
ne soit pas partagée par tous les historiens. L'étude des
sources est délicate. Ainsi pour la région lyonnaise, d'après
les testaments, à la fin du Moyen Âge, pour 100 filles il y
aurait 85,5 garçons chez les nobles et 113,5 chez les
roturiers ; tout simplement parce que les premiers mani-
festent peut-être plus d'intérêt à l'égard de leurs descen-
dantes. En tout cas, la proportion féminine est plus élevée
au début du XIVe siècle et dans la seconde moitié du XVe.
De là à penser que les filles ont été plus durement frappées
par la maladie ou l'insécurité... D'autre part, il convient
de distinguer villes et campagnes. Les phénomènes migra-
toires entraînent la venue de jeunes hommes dans les
villes où ils côtoient nombre de pauvres femmes, seules,
âgées de plus de quarante ans.

Étudier les millions de femmes qui ont occupé le sol
français pendant cent cinquante ans, de 1300 à 1450, ne
s'avère point une tâche facile. Ce sont des hommes,
essentiellement, qui ont parlé d'elles. Le discours féminin,
bien réduit, comporte avant tout les dépositions devant
l'inquisiteur des villageoises de Montaillou, les écrits de
Christine de Pisan et des témoignages lors des procès de
Jeanne d'Arc. Ensuite, les femmes que l'on connaît bien
ne constituent qu'une infime minorité, nobles dames qui
brillent dans la société, mais ne donnent pas une image
fidèle de l'ensemble de leur sexe. Certes, les lettres de
rémission qui, ainsi que leur nom l'indique, accordent des
remises de peine, ont trait généralement à des personnes
de basse extraction, mais la proportion des délinquantes
y est faible. Enfin, nous sommes trop souvent tributaires
de sources normatives, textes législatifs, traités de morale,
c'est-à-dire de documents écrits visant à édicter un idéal,
à indiquer ce qui devrait être et non point à dire ce qui
est. De tels textes ne sont certes pas inutiles, car ils nous
apprennent comment les gens de l'époque voient la femme,
quels reproches ils lui font, quelles qualités ils lui deman-
dent. Mais l'historien souhaite cerner la réalité, du mieux
qu'il peut, sans se faire d'illusion sur la possibilité de
l'atteindre absolument. Pour ce faire, il a recours, en
dehors des sources narratives, tout particulièrement à
l'archéologie qui renseigne sur celles dont on ne parle
pas, car elles n'ont pas fait parler d'elles, et ce sont de
loin les plus nombreuses. De toutes ces femmes — célèbres
ou inconnues — nous voudrions étudier la vie et la place
dans la famille et la société.
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« Aimez la personne de votre mari soigneusement, occupez-vous bien de son linge, car c’est aux hommes qu’il appartient de se soucier des besognes du dehors. Ils doivent aller, venir de çà et de là, par temps de pluie, de vent, par neige et grêle, tantôt mouillés, tantôt secs, tantôt suant, tantôt tremblant, mal hébergés, mal chauffés, mal couchés. Mais rien ne fait mal au mari, car il est réconforté par l’espoir que son épouse prendra soin de lui à son retour ; devant un bon feu, les pieds lavés, muni de chausses et de souliers frais, bien abreuvé, bien servi, bien couché dans des draps blancs, muni d’un bonnet de nuit, bien recouvert par de bonnes fourrures, il sera assouvi par les autres joies, privautés et secrets que je tais. »
Ainsi parle l’auteur du Ménagier de Paris, ouvrage écrit vers 1393 par un bourgeois déjà âgé à l’intention de la jeune femme de quinze ans qu’il vient d’épouser. Comme elle lui a demandé peu après leur mariage de ne pas la reprendre publiquement pour ses erreurs mais de réserver ses réprimandes pour les moments où ils seront seuls, il compose à son usage un traité général des devoirs d’une femme mariée. L’ouvrage est d’autant plus intéressant que notre bourgeois apparaît comme un homme cultivé et de caractère agréable dont les sentiments à l’égard des femmes correspondent à la mentalité de l’« honnête homme », et non point à celle des auteurs contemporains si enclins à stigmatiser le sexe faible.
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De la naissance à la mort, la femme doit obéir à un homme. Certes, à l’intérieur du ménage, la supériorité du mari ne se manifeste pas toujours de façon éclatante dans la vie quotidienne. Et la fille, au cours de ses premières années, a beaucoup plus affaire à sa mère qu’à son père.
La mère n’assiste pas au baptême puisqu’il a lieu aussitôt après la naissance, le lendemain selon les sources démographiques. Dans les milieux aisés, ce sont les parrains et marraines qui amènent l’enfant à l’église. Les parrains marchent devant, l’un d’eux tient l’enfant dans ses bras ; les marraines suivent en égrenant leur chapelet. Tel est le cortège qui figure dans les miniatures de l’époque.
Il incombe souvent à ces parrains et marraines — nombreux : on connaît cinq marraines de Jeanne d’Arc et quatre de ses parrains — de choisir le prénom de leur filleul. Bien que la documentation féminine soit beaucoup plus restreinte que la documentation masculine, les phénomènes sont sensiblement les mêmes, à cette nuance près que l’échantillonnage des prénoms possibles pourrait avoir été plus souple pour les femmes que pour les hommes, car pour les premières existent moins de contraintes familiales et lignagères.
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