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3,88

sur 3259 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avoir du coeur, c'est embêtant. Déjà, on peut en mourir. Si l'Histoire connaît Jacques Coeur, le personnage de Vian, lui, s'appelle Jacquemort. Comme ça, c'est clair. Et puis, les histoires de coeur, qu'on aime ou qu'on soit aimé, c'est toujours la catastrophe.
L'Arrache-coeur ou l'expérience du vide intérieur.
Il y a ceux qui n'ont rien dans le coeur et qui piétinent les autres sans vergogne, qui frappent les vieux, mutilent les animaux et transforment les enfants en esclaves.
Il y a celui qui voudrait bien être de tout coeur avec les autres mais qui ne sait pas comment faire; il se fait chat avec les chats, velléitaire avec tous les autres: il laisse partir Angel en pensant qu'il ne devrait pas, laisse l'étalon se faire crucifier en trouvant que c'est mal et Clémentine enfermer ses enfants en n'en pensant pas moins. L'amour comme effacement. Jusqu'à choisir la profession de bouc émissaire pour que chacun puisse continuer à être odieux en toute bonne conscience.
Et puis, il y a les coeurs épris. le curé qui aime trop Dieu pour s'intéresser aux hommes. le père dont la fille est si laide qu'il doit bien se dévouer pour la baiser. Et la mère, bien sûr, dont le ventre est vide et qui n'aura de cesse que de rétrécir l'espace pour y faire retourner de force ses « trumaux »
« L'enfer, c'est les autres », disait un philosophe fort admiré de Vian. Lequel rectifie : l'enfer, c'est l'autre. Il faut donc faire disparaître l'un des deux, soi ou l'autre, parce qu'aimer un autre que soi fait souffrir. (Aussi vaut-il mieux faire l'amour à distance ou au moins en tournant le dos)
Pour être heureux, il faut être trois. Parce qu'alors il n'est plus possible d'absorber ou d'être absorbé. Les triplés Joël, Noël et Citroën ont seuls trouvé la juste distance entre affection et indépendance. Mais si dans une famille le père se défile, alors l'espace se rétrécit et le temps se délite. le roman de Vian se termine au mois de marillet, quand juillet est reparti vers mars, que le temps ne s'écoule plus sinon à l'envers et que l'immobilisme est devenu la seule alternative à la course vers la mort.
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L'arrache-coeur. Un titre d'une puissance évocatrice incomparable. Boris Vian nous transporte une nouvelle fois dans un monde imaginaire dans lequel les paysages prennent vie, les enfants peuvent voler, les animaux peuvent parler... Mais ce monde là, si l'on compare à L'écume des Jours, est beaucoup plus sombre et cauchemardesque. Les enfants sont enfermés, battus, exploités ou assassinés tout comme les anciens, que l'on violente et vend lors d'une "foire aux vieux".
Dans cette atmosphère pesante, Jacquemort, psychiatre loufoque en recherche de passions et d'analyse pour combler son vide, se noie dans la folie et l'absurdité d'un village dont la magie n'a d'égal que la noirceur. L'enfance, l'amour dément d'une mère, la haine de l'autre, la religion, la bêtise, la honte sont autant de thèmes abordés avec jeux de mots, calembours et néologismes soulignant le style imimitable de l'auteur. le côté sombre et moins enfantin que L'écume des Jours a eu moins d'effet sur moi. Néanmoins, Je conseille vivement ce livre.
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Je n'arrive vraiment pas à comprendre qu'est ce qui a bien pu provoquer un flop après ce bouquin. Il est selon moi aussi fantastique (dans les deux sens du terme), poétique et envoûtant que les autres romans de ce grand monsieur, de ce grand écrivain. Dans la continuité de l'Ecume des jours, il nous embarque une fois de plus dans l'intimité d'une famille composée d'un père ignoré, d'une mère castratrice, d'enfants aussi voyous que peuvent l'être les enfants ... et d'un psychologue arrivé au milieu comme un cheveu sur la soupe. Bref, le style de Boris Vian est pour moi toujours aussi travaillé et m'emporte toujours autant dans une fiction aussi recherchée qu'intéressante. En gros, je le conseille à tous les amateurs de Vian, mais aussi et surtout à ceux qui ne le connaissent pas encore et qui souhaiteraient (n'est-ce pas le cas de nous tous ici) faire de belles découvertes.
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Un livre que je viens de prendre beaucoup de plaisir à redécouvrir.
Encore une fois, Vian nous envoûte sous sa plume que l'on ne saurait confondre avec un autre.
Comme toujours, nous sommes entre absurde et véritable nature de l'homme.

Vian nous fait entrer dans un monde d'apparence paisible mais où l'horreur la tristesse sont rois.
Ici, on peut mépriser les apprentis, torturer les animaux, violenter les vieillards et j'en passe mais qu'importe, pas de mauvaise conscience, La Gloire est là pour ça.
Et si j'en crois mon bon vieux copain Larousse :
- "Ce qui constitue l'occasion d'une légitime fierté, d'un orgueil justifié, ce qui suscite l'admiration : Cette découverte est sa plus grande gloire."
- "Personne illustre qui marque son époque, son pays, le groupe auquel elle appartient : Ce poète est la gloire de son temps."
Quelle ironie !

Le personnage principal est un psyCHAnalyste du nom de Jacquemort qui, vide au départ, se nourrit des autres en les faisant littéralement disparaître.
Là aussi, nous pouvons nous poser la question du parallèle avec le nom Jacques-Mort...

La folie qui s'empare de Clémentine tout au long du roman pose la question de savoir jusqu'où l'amour maternel peut mener... Elle qui cherchait la paix de son âme envers ses enfants finit par créer l'horreur et la tristesse infinie.

Ici, (mais serait-ce simplement notre monde ?) chaque amour cache une haine (L'arrache-coeur ?!) !

Comment peut-on en arriver jusque là ? Quand l'homme détruit tout, révélant sa véritable nature, Vian nous ensorcelle !

EDIT : Après avoir beaucoup réfléchi à la chronologie et au noms curieux qu'ils finissent par prendre, je finis par me dire que les mois qui passent sont en réalité éternels, sorte de clin d'oeil à notre humanité qui n'en fini pas de sombrer...
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Une oeuvre dérangeante, à l'image de Boris Vian.
Une vision de l'enfance extrêmement poétique et puissante mais une vision terrible et terrifiante de la maternité et de l'amour maternel. Un amour possessif, excessif, exclusif, étouffant, aliénant.
Un livre assez noir malgré des dialogues toujours irrésistibles lorsque la religion s'en mêle et s'emmêle.
Une vision acide de la société dans laquelle les "vieux" sont mis en vente dans une foire et les plus jeunes exploités par les adultes jusqu'à la mort. L'âme humaine n'est pas décrite sous son meilleur jour.
Seul l'enfance trouve grâce aux yeux de Vian. L'enfance qui résiste et libère, l'enfance et la puissance de sa magie qui sauve du désespoir.
Ce livre m'a remuée, dérangée, bouleversée, fait rire. Mon préféré reste tout de même de loin L'Ecume des Jours.
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Après avoir mis au monde des triplés et avoir terriblement souffert au cours de cet accouchement, Clémentine est en quelque sorte victime d'une dépression post-natale. Elle ne supporte plus que son mari, Angel, la touche et reporte tout son amou sur ses enfants. Son mari, pris au dépourvu, ne sait pas quoi faire pour reconquérir l'amour et l'attention de sa femme. Il assiste impuissant à sa réclusion du monde et la voit bâtir une sorte de "mur" de protection avec, d'un côté, sa femme et ses enfants, et de l'autre, le reste du monde. Magnifique roman de Boris Vian qui porte en réalité un regard critique sur la société contemoraine. En effetn les deux mots Amour et Haine se sont pas aussi éloignés l'un de l'autre qu'ils ne semblent l'être. A lire.
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Boris Vian on ne le présente plus. Qu'on apprécie ou pas on ne peut que reconnaître son immense talent. Utiliser la satyre et l'absurde pour aborder des thèmes sensibles il faut savoir le faire. Ici, j'ai un psychiatre qui débarque dans un village qui part complètement en cacahuète et pourtant dévoile des réalités sordides. Il sait mettre mal à l'aise avec une plume des plus incisives. J'ai passé un bon moment.
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Jacquemort, psychiatre de son état, arrive dans un village reculé afin d'y étudier la population. Une population pour le moins étrange où les habitants se débarrassent de leur honte de façon... radicale où l'excessivité des réactions ne semblent pas choquer... Une satire de notre monde tourné en ridicule ?

Mon avis : On retrouve dans ce roman toute l'excentricité, la verve de la plume de Boris Vian. La description de ce village, de ses habitants et de leurs coutumes, au-delà d'être drôle, nous décrit par la même occasion notre monde, nos coutumes... Nous !
Bien entendu, tout est poussé à l'extrême comme sait si bien le faire Boris Vian mais avec un tel réalisme que l'on s'y croirait. Son humour n'est jamais lourd, parfois grinçant mais toujours mesuré.


Une belle plume, qu'il faut aimer mais qui mérite d'être découverte au moins une fois.
Cependant, je conseillerais davantage en première lecture l'Ecume des jours, dont j'ai préféré le côté poétique.
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J'ai d'abord détesté ma lecture. J'ai persévéré. Puis j'ai compris et j'ai trouvé cette oeuvre incroyable !
L'absurde devient caricature et à ce moment là, l'absurde ne paraît plus si absurde. On comprend vite que Boris Vian parodie et met ainsi en évidence les travers de la société.
Cette oeuvre reste tout de même extrêmement dérangeante voire effrayante par sa violence notamment envers les enfants et les animaux mais c'est ce qui rend sa lecture mémorable.
C'est un livre qu'il faut à mon avis relire pour bien en tirer tous les aspects.
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Entre la mère de triplés qui aime ses enfants au delà de la raison , la Gloire qui doit assumer les défaut et remords de la population en exerçant la profession de récupérateur de dents au milieu d'une mare, Jacquemort, psychanalyste de son état mais pas toujours dans ses raisonnements et les villageois on est au bord de la nausée, de la rébellion et de l'incompréhension face à ces protagonistes.
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