Déjà, avant toute chose, arrêtons-nous sur la couverture... Elle est juste magnifique avec cette femme au regard profond, déterminé et sombre qui allaite son enfant, blotti contre elle. Elle illumine la couverture noire par sa seule présence. On a envie d'en savoir plus. On ressent déjà toute l'intensité du récit qui se cache derrière cette image forte. Je trouve que c'est un très bon choix.
Ensuite, va se dérouler la terrible histoire de cette femme tour à tour
Cynthia Parker puis
Naduah à qui on a volé la vie, à qui on n'a jamais laissé le choix. C'est cela qui est intolérable.
L'album est fait de flashbacks qui nous permettent de reconstruire le puzzle de la vie de
Cynthia Parker devenue
Naduah suite à son enlèvement par des Comanches puis ramenée auprès des “siens” qui ne le sont plus après des années à vivre parmi les Comanches. Murée dans un silence (elle a oublié sa langue maternelle), avec une seule envie (rejoindre son mari et ses enfants), elle va néanmoins établir un contact avec Anabel, une jeune fille à l'esprit vif (qui est un personnage fictif) qui la voit telle qu'elle est : une femme déracinée incomprise en souffrance. Annabel cherche à l'aider au quotidien.
Cette histoire est vraiment poignante. On sent toute la détresse du personnage principal,
Naduah, mais aussi sa force. On découvre les moments-clés de sa vie entre difficultés d'adaptation et apaisement retrouvé. On la voit heureuse parmi les Comanches, cette communauté qu'elle a intégrée dans la souffrance mais qui a fini par l'accepter… Au coeur de ses préoccupations, sa famille, ses enfants dont elle est séparée. C'est une femme déchirée, à bien des égards. Sa vie semble n'être que douleur et arrachement. C'est une déracinée.
Séverine Vidal s'attaque à un sujet difficile mais très inspirant. Elle construit son récit de manière à ce que l'on comprenne tous les aspects de cette histoire, le contexte et les enjeux. le personnage de
Naduah met en lumière les problématiques de l'époque et les conflits opposant les populations du territoire.
C'est passionnant !
Côté illustrations, j'ai vraiment pris plaisir à découvrir les personnages et les scènes imaginées par l'autrice sous le trait de
Vincent Sorel. le côté crayonné donne encore plus d'intensité aux visages, aux paysages, aux batailles et aux grands espaces. Les couleurs suivent l'intensité de l'action, se faisant rougeoyantes, flamboyantes lors de moments importants du récit puis plus douces à certains moments, plus rares. C'est très beau.
Vous l'aurez compris, cet album mérite qu'on s'y attarde et cela pour bien des raisons. Sujet, traitement, récit, illustration, c'est une BD incontournable de ce début d'année !
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