Certains choisissent de devenir des électrons libres, pour ne pas se frotter aux aspérités de leur monde. Par manque de maturité, par la faute d'une blessure, parce qu'on n'a pas appris à panser ses plaies, on peut parfois errer sans d'autre but que d'éviter le contact qui vous sera fatal.
Antoine Duprat s'est organisé pour que rien ne le touche : il s'abonne aux petits boulots en intérim, efface toute trace de son passage chez ses maîtresses du même nom, et évite comme la peste les enfants qu'il ne peut pas encadrer.
"Je les déteste, les enfants. J'en ai horreur de ces bambins, ces chérubins, ces mômes, marmots, morpions, gnomes, lardons, mioches, rejetons, merdeux, morveux, teignes, chiards, bâtards, je ne les supporte pas. Il existe des tonnes et des tonnes de proverbes sur ça. Oui, ça ! Je ne comprends pas pourquoi on sacralise ces satanées crevures. de besoin, ils sont passés à l'envie. Les gens ne font effectivement plus d'enfants pour les aider dans le labeur, comme ce pouvait être le cas auparavant, mais car ils en ont le désir. Quelle idée !"
Et sa famille ne déroge pas à sa règle : il est détestable, égoïste, vulgaire...bref, loin du gendre idéal. Un poil caricatural ? Je pense que l'on connaît à peu près tous des individus de cet acabit autour de nous. Dans le cas d'Antoine, une attraction inexplicable se noue autour de vos mains pendant la lecture, rendant impossible tout abandon. Antoine déteste les enfants, mais ses échanges avec les adultes de son entourage (ses frères et soeurs, maîtresses, amis) sont dignes des meilleurs dialogues de cour de récréation ("c'est toi qui dit, c'est toi qui y est !").
Croyez-vous que vous dessiniez la ligne de votre propre histoire, sans qu'il ne soit jamais possible d'en dévier la trajectoire ? C'est ce que
Tu n'auras pas de chien vous invite à découvrir. Ou comment gérer les responsabilités quand on vous a appris à les fuir.
J'ai abordé ce roman dans le cadre de mon auto-défi des romans qui ont du chien, pour ce titre couperet, et pour la délicatesse de cet auteur que je decouvre avec grand plaisir :
Jean-Emmanuel Vieille, qui m'aura offert, en bonus, la satisfaction de voir un roman se dérouler en dehors de Paris, sur les belles terres angevines. Ne passez pas à côté de ce petit bijou !