Après la Famille Martin, je continue avec un autre roman dont le personnage principal est un écrivain, inspiré de ce qu'il vit au moment de l'écriture. Mais ici, le registre se veut plus dramatique. Matthieu, qui est ce qu'on appelle un homme à femmes, est marié et bien casé depuis dix ans, avec tout ce qu'il faut pour son bonheur - une belle femme (bien sûr), deux beaux enfants, un bel appartement à Paris, des vacances en Bretagne, un bon travail et un premier grand succès littéraire -. Bref, un vrai bonheur de carte postale.
Mais une, puis deux lettres reçues d'une femme qu'il a aimé - ou plutôt sexuellement et sauvagement désiré - perturbe ce bonheur bien rôdé...
Delphine de Vigan tente de disséquer les sentiments de cet homme face à son passé et ce désir retrouvé d'un corps qu'il a aimé - car on parle surtout du corps de Sara, et non d'elle-même, qui peut-être par dépit se raconte dans ses lettres comme lui ne l'a jamais perçue -, dans des descriptions minutieuses et quelques fulgurances qui font l'intérêt de ce roman.
Mais je n'ai pas pu m'attacher aux personnages, que ce soit à cet homme pour qui les femmes sont plus des objets à fantasmes que de réelles personnes, ou cette jeune femme perdue au milieu de ces hommes séducteurs qui l'abordent sans cesse, ou enfin la femme de Matthieu à peine esquissée si ce n'est sa beauté en train de fâner.
A part cette recherche à saisir ces fluctuations émotionnelles du personnage principal, je n'ai pas beaucoup apprécié ce roman très prévisible, très parisien comme le sont beaucoup de films français dont il est, consciemment ou non, inspiré. Je n'ai pas cru aux personnages, à cette femme qui laisse glisser son peignoir en satin à ses pieds, "la caresse du savon qu'elle fait descendre le long de son corps", l'écrivain qui s'enferme dans son bureau et fume cigarette sur cigarette, l'adultère, etc... j'ai trouvé ça tellement cliché, tellement cinéma parisien...
Bref,
Delphine de Vigan ce n'est vraiment pas pour moi.