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3,19

sur 171 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bastien Vivès est un dessinateur talentueux capable selon les albums de finesse, de bouillonnants crayonnages au pastel gras ou de grands aplats noirs, sombres ou colorés dans des teintes froides ou avec de larges dégradés de gris - c'est le cas ici – ce qui confère à son dessin un énorme potentiel évocateur.
Les points forts se situent dans les attitudes des personnages, cette capacité à montrer leurs émotions et les tensions sous-tendues et à savoir user de la suggestion ou de la dissimulation pour mieux dévoiler.

L'action se passe et dans les environs de Grenoble. On reconnait ici la Chartreuse, là le Vercors, avec en toile de fond le Mont-Aiguille et la grande chaîne de Belledonne. On retrouve quelques bourgades locales et certains quartiers de la Villeneuve qui, pour les non-initiés, sont les quartiers Est de Grenoble.

Jimmy Girard est un jeune gendarme performant et ambitieux terrassé par le décès de son père récemment disparu. Il se sent responsable de sa mort et se dit que s'il avait été plus présent, peut-être aurait-il pu… Mais maintenant, il aimerait prendre sa revanche, montrer de quoi il est capable...
Stéphanie est une jeune gendarmette efficace et équilibrée, possédant une bonne psychologie et d'excellents réflexes… mais elle n'a d'yeux que pour le beau Jimmy bien trop perturbé pour s'en rendre compte. Tant pis pour lui !
Deux autres personnages majeurs hantent les environs ; Vincent Louyot, artiste peintre paumé et déséquilibré, qui fut reconnu en son temps avant de retomber dans un certain oubli. Il est accablé et surtout émotionnellement dérangé par la mort de sa femme décédée dans un attentat à Paris. Sous son air de chien battu, une haine féroce couve en lui.
Et puis, il y Lisa Louyot, sa fille encore mineure qui cherche à se faire remarquer par tous les moyens au point de faire surgir le tonnerre en plein été.

Quelques mauvaises pistes, de bonnes psychologies de personnages, des thèmes clivant autour de la délinquance des mineurs, de la pérégrination des gens du voyage, de l'extrémisme politique ou religieux, des haines vivaces ou la violence dans les quartiers défavorisés pour au final un excellent polar graphique à la sauce Dauphinoise.

QUATORZE JUILLET est donc un album étonnant.
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Voici un roman graphique qui conjugue un bon scénario et un graphisme somptueux, tout en aplats noirs.
L'histoire a pour toile de fond les attentats terroristes de 2015 et 2016 qui ont secoué la France et horrifié par leur nombre de victimes. le titre Quatorze juillet fait référence à l'attaque au camion-bélier, le soir du 14 juillet 2016, sur la promenade des Anglais à Nice et qui a causé la mort de quatre-vingt-six personnes et blessé près de cinq cents autres. Après ces évènements sanglants, les forces de l'ordre sont restées sur le qui-vive, craignant de nouvelles actions tout aussi meurtrières à l'occasion d'un rassemblement tel que celui de la Fête nationale. C'est cette inquiétude qui est au coeur de l'intrigue.
Le jeune gendarme Jimmy Girard, affecté dans une petite ville de l'Isère, mène une existence assez solitaire et prépare l'examen pour devenir officier. À l'occasion d'une banale infraction au Code de la route, il rencontre un père et sa fille venus s'installer temporairement dans la région pour tenter de soulager le traumatisme consécutif à la perte, l'un de son épouse, l'autre de sa mère, dans un attentat. La douleur des nouveaux protégés de Jimmy se cristallise en obsession et il se met à épier leurs faits et gestes. Privé du recul nécessaire, le gendarme se met à franchir de plus en plus la ligne entre le devoir de protection et l'instrumentalisation d'une angoisse qui n'est pas la sienne. Avec une grande justesse psychologique, Quenehen nous montre le déplacement s'opérant peu à peu dans l'esprit du jeune militaire, qui passe de spectateur à acteur par empathie jusqu'à une tragique perte des repères.
Cette histoire âpre, à la mécanique mortifère, est servie par le dessin de Vivès, virtuose dans ses plans quasi cinématographiques, oppressant dans sa monochromie. Une totale réussite.
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J'adore le travail de Bastien Vivès. Autant le dire, c'est l'un de mes auteurs préfères dans le monde de la bd. Son style à la fois minimaliste et percutant s'harmonise parfaitement bien avec des intrigues tout en nuances entre fantasme et réalité. C'est la série Lastman qui m'a fait découvrir le travail de Mr Vivès, une série que je recommande chaudement aux amateurs d'actions et qui est blindée de références pop-culturelles.

Par la suite, Bastien Vivès avec des bd plutôt humoristique paru chez Delcourt ou des bd pornographico-comique comme Petit Paul, un titre qui a lui a valu beaucoup de controverse à l'époque. Cette controverse, nous la retrouvons dans ses romans graphiques , support sur lequel il s'llustre pleinement, avec Une Soeur. Je recommande vivement la lecture de cet album qui présente un amour d'été tout en émoi entre un garçon de 12 et une fille de 16 ans. C'est souvent troublant mais jamais malsain. Vivès joue aussi avec une fiction gentiment poussée sur ses limites morales sans jamais tombé dans la déchéance ou la crudité abusive.

Avec Quatorze Juillet, le dessinateur et co-scénariste change un peu de terrain. Après le jeu du fantasme dans Une Soeur et le Chemisier, Bastien Vivès s'aventure vers un terrain plus réel, plus actuel avec l'histoire d'un gendarme déterminé dans un petit village qui vient en aide à un artiste parisien et sa fille sur fond de menace d'attentat.

Changement de cadre et de perspective pour l'auteur qui travaille en collaboration avec Martin Quenehen à l'écriture du scénario. Martin Quenehen avait notamment écrit un témoignage en tant que prof dans une banlieue parisienne. Ce roman graphique baigne d'ailleurs dans une atmosphère plus sociale que les précédents même si on retrouve cette même nuance intimiste autour des personnages, cette envie de découvrir qui se cache derrière le masque et en l'occurrence, dans ce cas-là , derrière l'uniforme.

Parmi les personnages que Bastien Vivès a écrit et dessiné dans sa carrière, je pense que le personnage de Jimmy Girard est l'un de mes préfères. C'est un gendarme en mode tanké, lunettes de sports noires, air perpétuellement impassible, un gendarme qui en veut et qui pense avec force et détermination que nous sommes déjà en guerre contre les terroristes. L'album se focalise autour de ce personnage singulier, volontairement stéréotypé, pour mieux en révéler l'humanisme qui se cache derrière cet uniforme, une certaine générosité nuancée par le climat de méfiance et de suspicion actuelle. C'est un album génial qui nous fait réfléchir sur la figure du gendarme, sur la figure du héros. Et, justement, pour nous immerger dans ce récit, Bastien Vivès utilise sa meilleure arme : son dessin silencieux qui n'est jamais pollué par un trop plein de textes et de verbiage explicatif.

Si Bastien Vivès est pour moi l'un des meilleurs auteurs contemporains de la bande dessinée, c'est parce que c'est quelqu'un qui arrive à vous faire accrocher à une histoire avec peu de mots et quand bien même il y a du discours, des dialogues, ils résultent souvent d'une écriture très fine qui s'accorde parfaitement à la scène. Par exemple, les échanges entre le gendarme Jimmy Girard et l'artiste Vincent Louyot sont remarquablement écrits, tout part d'une tension formelle due à la contravention jusqu'à une certaine générosité masquée toujours derrière des paroles à la fois franches et mesurées. Il y a une véritable mécanique artistique qui vous happe dans cet album. Bien évidemment, le noir et blanc accompagné de nuances de gris sublime les scènes de cet album comme une course-poursuite haletante dans une cité, le cadavre d'un sanglier... Avec cet album, Vivès se lance davantage dans la mécanique du suspense et cela fonctionne. Son polar délivre des moments bien tendus avec une patte graphique qui se montre très inquiétante sur certains passages.

Un noir et blanc efficace, une narration diablement maîtrisé, une tension poussée à son paroxysme jusqu'à une fin ouverte des plus ambiguës. Qui est le héros, qui sont les victimes ? Dans un temps de méfiance qui frôle toujours la crise et le point de non-retour, Bastien Vivès et Martin Quenehen délivrent un polar graphique tendue et réfléchi.

Pour son nouveau roman graphique, Bastien Vivès accompagné au scénario par Martin Quenehen change de cap avec un polar fin et nerveux dans lequel le dessinateur-auteur utilise remarquablement son dessin minimaliste et silencieux au service de la réflexion sur l'image du héros, les stéréotypes, la méfiance et la haine engendrée par le contexte des attentats.
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Cette BD polar est dérangeante, mais dans le bon sens du terme. Lorsque je dis dérangeante, j'entends par-là que l'auteur et l'illustrateur forment un duo qui fait passer autre chose que ce que l'on peut attendre d'une BD. A eux deux, ils soulèvent énormément de choses, énormément de questions.

Les illustrations en noir et blanc donnent une ambiance réellement sombre à l'histoire qui ne l'est pas moins. Ce qui est parfois troublant, c'est de voir certaines de ces illustrations où les personnages se retrouvent sans visage, ou presque sans visage, comme si notre regard devait se porter sur autre chose que l'image. Je n'ai que rarement croisé ce genre d'illustrations, alors cela m'a troublée, je ne le vous cache pas. Quant aux couleurs, dites-vous bien que les seules que vous y verrez se trouvent sur la couverture, la tranche et le quatrième de couverture, tout le reste est en noir/gris/blanc. Mais cela nous plonge assez bien dans l'ambiance générale qui n'est pas des plus joyeuse.

Pensez bien que nous parlons ici de terrorisme, d'attentat, de la vie d'un gendarme qui se voit pris d'un genre de mission plus personnelle que professionnelle.

L'alliance de l'auteur et de l'illustrateur est parfaite, cela offre un rendu que j'ai trouvé saisissant, même si je le qualifie plus haut de dérangeant. Ce duo fonctionne à merveille et j'espère pouvoir les retrouver ensemble sur un autre projet.

Mais le plus dérangeant, c'est la fin. Celle-ci remet tellement de choses en question ! Mais n'est-ce pas là ce que nous attendons de la fin d'un polar ? Que celui-ci soit sous forme de roman ou de BD ? Personnellement, je suis conquise !
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Une histoire prenante avec un style de dessin magnifique :)
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