Candide

Un classique véritablement excellent. Je pensais que c'était une fable avec un humour bon enfant, mais pas vraiment en fait : c'est beaucoup d'humour grinçant et d'ironie, le tout sur fond de meurtres, de viols, de pendus, de condamnés au bûcher, etc... Autant dire qu'on ne s'ennuie pas une seconde vu le nombre colossal de rebondissements. Quant à la fin, je l'ai trouvé remarquablement bien inspirée.

Candide est le tour du monde épouvanté et drôlatique d'un personnage naïf et de ses compagnons, qui échappent aux plus affreux dangers pour tomber dans d'autres, d'où ils se tirent toujours miraculeusement, et sans le moindre souci de vraisemblance de la part de l'auteur, qui s'amuse, accumule les malheurs et fait rire par ces accumulations mêmes, selon un principe bien connu et exploité dans les films muets. "Candide" est donc un chef-d'oeuvre d'absurde et d'humour noir, qui se termine sur une morale bourgeoise, celle du fameux jardin à cultiver, dont on se demande si elle est à prendre au sérieux, quand on sait que le petit groupe de Candide est installé à quelques lieues de Constantinople, capitale d'une tyrannie parfaitement atroce et arbitraire. Tout Voltaire est là, dans ce rire grinçant et ces ambigüités.

Quelles sont les significations de l'expression "Il faut cultiver notre jardin", expression qui achève le conte et semble avoir valeur de maxime? Qu'est-ce que ce fameux jardin? le jardin d'Eden, c'est-à-dire le paradis terrestre? Cela signifie alors que l'homme doit travailler pour trouver le bonheur. Il doit se créer son petit paradis terrestre par le biais du travail et du progrès.
Le jardin peut aussi représenter la nature: l'homme doit transformer, agir sur la nature afin de progresser et d'y être heureux. Cela signifie miser sur la civilisation et les connaissances humaines. C'est prendre la position inverse de Rousseau qui lui, est en faveur d'un retour à la nature et popularise le mythe du bon sauvage.
Le conte commence par le château, premier paradis, il continue avec l'Eldorado, paradis utopique et s'achève enfin sur le jardin, dernier paradis possible. Compromis raisonnable, le jardin est l'option que Voltaire propose à ses lecteurs. Selon lui, l'homme ne trouvera pas le bonheur dans la philosophie, la métaphysique. Il perd son temps dans "les dissertations, les disputes, les raisonnements". Voltaire s'élève contre les systèmes et les doctrines, souvent sources de superstitions et d'intolérances. Il se moque de la philosophie de Leibniz et propose une autre notion de l'optimisme: avoir foi en l'homme, mais sans oublier qu'il est "humain, trop humain" (Nietzsche)

Si vraiment le tremblement de terre de Lisbonne est à l'origine de « Candide » , béni soit ce séisme (humour noir à la Voltaire : les 80 000 victimes étaient sans doute des « coquins » qui « infectaient" la surface de la terre) ) ! J'ai pratiqué ce conte comme lecteur ,comme enseignant de nombreuses fois et jamais je ne me suis lassé de cette oeuvre qui mêle péripéties endiablées (c'est du Tex Avery parfois ) , férocité pamphlétaire (la bataille entre Abares et Bulgares chapitre II par exemple) ,et humour ravageur ( dans le chapitre XVI les 2 filles et les singes , les Oreillons entre autres) .Et que dire de l'écriture : une pure merveille ,d'une efficacité diabolique ( observez la scène du premier chapitre où Candide est chassé du château !). Délectable

✒ L'histoire de « Candide ou l'optimisme » de Voltaire repose sur le système de ceux qui prétendent que tout est bien, que le monde est le meilleur que Dieu ait pu créer. Globalement, que tout est au mieux dans le meilleur des mondes. Dans cette oeuvre, Pangloss, précepteur de Candide et de Cunégonde, est le personnage qui défend au mieux l'optimisme. le lecteur remarquera aussi l'importance des symboles dans l'oeuvre. de ce fait, les personnages de Cunégonde et la vieille sont les symboles des malheurs de la vie et de la condition féminine à l'époque. Leurs parcours se rejoignent : on connait Cunégonde jeune puis vieille et laide en avançant dans le récit et l'on connait immédiatement la vieille, âgée donc, puis jeune à travers son histoire. Elles se complètent. On peut lier à ces opposées qui s'attirent, Pangloss qui représente l'optimiste alors que le personnage de Martin, est l'incarnation du pessimisme. Aussi, précisons que le lecteur est voyageur en suivant Candide et les autres protagonistes dans leurs nombreuses pérégrinations à travers lesquelles ils se rencontrent et tirent de nombreuses leçons. El Dorado est une destination cruciale de l'histoire. Ce lieu est considéré comme utopique car tous les habitants sont des gens biens et l'or ainsi que les diamants sont accessibles à tous. UTOPIA : -U(le bien, l'ailleurs) –TOPIA(topos : le lieu) C'est donc un monde qui fonctionne bien. L'optimisme permet l'espoir d'un tel monde pour les protagonistes. Cet ouvrage très symbolique possède aussi de nombreux objets de satire qui vont donner une saveur très extrême à ce conte philosophique. Cet aspect du conte le rend très vif et la lecture en est que plus attrayante et rapide. Enfin, revenons sur la forme de l'oeuvre de Voltaire qui a une certaine importance. le conte philosophique qui nait au XVIIIème siècle présente des personnages stéréotypés, mais alors que son but est initialement didactique, Voltaire va le transformer en but philosophique. le conte critique souvent la société et veut faire prendre conscience de la thèse de l'auteur au lecteur. Les classes sociales et la religion sont eux aussi des sujets importants qui sont remis en causes dans les contes. Ces derniers sont satiriques et souhaitent dénoncer quelque chose en véhiculant les grands débats de l'époque. Ainsi, l'optimisme est une des doctrines philosophiques de l'époque qui va être au centre de « Candide ».

J'ai lu plusieurs fois Candide. Je trouvais ce livre peu intéressant quand j'avais 15-20 ans. Je le relis à 42 ans et je le trouve puissant. Dans la préface de l'édition Folio, il est dit qu'il faut une certaine maturité pour apprécier Candide à sa juste valeur. Je suis d'accord: il faut de la maturité et de l'expérience. Ce livre rejoint donc la longue liste des livres qui ne peuvent s'apprécier qu'avec l'âge mais qu'on force notre jeunesse à lire et apprécier, quitte à les dégoûter de la lecture et les détourner des livres au profit de Netflix. Quel dommage ! Quel gâchis ! Il faut arrêter de vouloir que nos ados soient des adultes et aient des goûts d'adultes.

Énième lecture trois ans plus tard : je maintiens ma critique car j'ai encore plus apprécié cette lecture

Je voulais voir ce que donnerait une relecture de ce classique parmi les classiques, que j'ai lu à 15 ans sans en avoir retenu grand chose. Ai-je seulement compris l'ouvrage à l'époque?

Et je ne suis pas déçue de ce que mon oeil adulte vient de (re)découvrir. On sait en démarrant qu'on est dans un conte philosophique bien entendu. Mais je ne m'attendais pas à cette ironie, cette approche parfois sarcastique du monde, cet humour issu de la (fausse) naïveté de notre ami Candide. Quand le burlesque côtoie la philosophie, ça ne peut que dépoter !

Il faut avouer qu'il est bon d'avoir une édition pédagogique (pour ma part, les Classiques de Larousse) afin de mieux appréhender toutes les subtilités du récit. Et encore, je pense que je suis passée à côté de plusieurs "références" puisque je n'ai pas lu tous les commentaires. Je ne m'en suis servie qu'au moment où je sentais que quelque chose m'échappait.

Si seulement j'avais pu comprendre ce texte lorsque j'étais censé le lire en 3e, si j'avais eu plus tôt la maturité nécessaire pour interpréter le propos de Candide... Mais je n'aimais pas lire. Pourtant, Candide – et en particulier cette édition (Hachette éducation) truffée d'analyses, renvois et commentaires – m'aurait aidé à structurer ma pensée, ma philosophie. C'est donc avec plus de 20 ans de retard que je me délecte des pensées et critiques de Voltaire. Un conte auquel je n'aurais rien entendu sans les explications de l'éditeur et que je n'aurais pas même lu sans la lecture préalable d'"Illusions dangereuses" dans laquelle j'ai été mis au fait de la théodicée de Leibniz. Un conte qui m'a fait rire, m'a fait réfléchir, m'a diverti.

Un grand classique que j'ai enfin pu lire, je m'attendais à un livre compliqué et pompeux d'après les quelques critiques orales que j'ai pu entendre.
Les courts chapitres donnent un bon rythme au livre, je me suis laissé entraîner par ce récit, par ce voyage complexe d'un homme simple. Candide l'optimiste est immédiatement attachant, malgré les menaces qui l'entoure son seul but et de retrouver sa douce Cunégonde, ils croisent différents protagonistes par coïncidences dans ses escales ce qui ajoute une note d'humour au roman.

J'ai étudié Candide en première pour le bac français et j'avais la chance d'avoir un professeur particulièrement intéressant et érudit. J'en gardais donc un très bon souvenir de lecture et d'étude. Cette relecture a été tout aussi agréable mais m'a démontré que je n'en gardais que peu de souvenirs. Bien sûr je me souvenais des voyages qui ne sont qu'une succession de malheurs sans me rappeler les détails. Je me rappelais parfaitement la conclusion, y ai même souvent pensé, car n'est ce pas le plus important? Cultivons notre jardin et cueillons le bonheur là où il se trouve. Ce n'est pas toujours facile à mettre en pratique mais l'essentiel est de le garder en tête et d'essayer.
Pensée émue à M. Proeschel.