AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,01

sur 170 notes
5
8 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Le dictionnaire philosophique de Voltaire, se présente à nous, comme une sorte de bréviaire des idées les plus essentielles que le turbulent Voltaire souhaitait soumettre au lecteur, un traité sur l'usage de la raison. L'ensemble est attractif, un peu comme la philo pour les nuls. Si Voltaire devait de nos jours publier un tel volume il pourrait en effet décliner ainsi ses idées, faites de bon sens, d'ironie, d'étonnements et d'investigations.
On pourrait même imaginer un sous-titre, entre croyance et raison, il faut choisir.


Par la lecture de ce dictionnaire portatif on entre de plain-pied dans les combats de Voltaire. le terme lutte philosophique très explicite, est juste, derrière chaque article c'est une cible qu'il désigne, une erreur qu'il débusque, le fanatisme qui le révolte, une croyance abusive qu'il dénonce.


Pour instruire il ne perd pas un vain mot, il choisit abbé, par lequel il commence son dictionnaire, et par cette question. "Êtes vous Père, traduction d'abbé ou tonsuré pour toucher un bénéfice ?" le ton est donné, il termine le premier article par cet avertissement ; "tremblez que le jour de la raison n'arrive" ; quelle audace !


Les phrases impertinentes fusent ensuite, la religion mais pas uniquement ; sur le mot fanatisme il écrit : "si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c'est à la folie des hommes qu'il faut s'en prendre,"
Et le philosophe de préciser que "le plus détestable exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy leurs concitoyens qui n'allaient pas à la messe". "Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère".


Les mots les plus violents après ceux, qui semblent tourner en boucle sur le fanatisme, sont réservés aux erreurs judiciaires, à la superstition puis à l'injustice sociale. Il prend la plume pour balayer plusieurs mots qui le font frémir le premier, bien qu'il soit à la lettre T est la torture autrement appelée question.


Au lieu de développer longuement la question et (ou) la torture il en donne un exemple simple, celui du chevalier de la Barre convaincu d'avoir chanté des chansons impies et même, d'avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau.
"Les juges d'Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains ordonnèrent non seulement qu'on lui arracha la langue, qu'on lui coupa la main, qu'on brûla son corps à petits feux, mais ils l'appliquèrent encore à la torture pour savoir précisément combien de chansons il avait chantées. page 502".


Pour le mot superstition, il se montre fataliste : "chaque secte prétend avoir la raison de son côté ce sera donc la force qui jugera en attendant que la raison pénètre dans un assez grand nombre de têtes pour désarmer la force". Voltaire propose par ailleurs, de discerner la perversité de toute superstition ; "le superstitieux est au fripon, ce que l'esclave est au tyran." Ses dernières piques seront pour l'église, car " elle condamna toujours la magie, mais elle y crut toujours, ou encore, la superstition consiste à prendre des pratiques inutiles pour des pratiques nécessaires".


Au fil des articles de son dictionnaire, Voltaire s'expose il va au bout de ses réflexions, il met en difficulté bien des pratiques de la religion et de la religion chrétienne. Il s'expose beaucoup face aux autorités civiles et ecclésiastiques, c'est une oeuvre dense cohérente mais loin de la rendre rébarbative et ennuyeuse il développe une infinie variété de ton de présentations, d'indignations, en y ajoutant des anecdotes des saynètes pourrait-on dire même des sketches,

Il faut aussi souligner les quelques facéties auxquelles il se livre, tant pour illustrer son propos que pour rendre les textes plus ironiques, comme le pamphlet, l'Apparition de St Cucufin écrit à la même époque, un miracle de drôlerie.


Une lecture d'une modernité surprenante, où l'on peut trouver des réponses au vivre ensemble, ou à la laïcité.
Au plan littéraire d'une qualité formelle admirable à se délecter, on vit au charme de ses meilleurs pamphlets, tout y passe, drôlerie, ironie, invectives une palette digne d'un futur Villiers de l'Isle-Adam.
Excessif, odieux, farceur, vivant...
Commenter  J’apprécie          282
Voltaire le grand philosophe du XVIII e Siècle ," le siècle des Lumières ", s'en
prend dans cet ouvrage , avec un ton sec et violent à l' Eglise qu'il considère tenir les gens dans l'ignorance , le fanatisme et la bigoterie .Il s' élève contre
l' absurde . IL pourfend violemment l' Eglise qui propage l'obscurantisme .
Commenter  J’apprécie          170
Voltaire est l'un des plus grands philosophes français, du XVIII e Siècle,le siècledes Lumières. Voltaire est un poète, dramaturge et un polémiste de talent .
Approché par son ami , Denis Diderot, il collabore avec
D' Alembert et autres à la rédaction de l' Encyclopédie .Projet grandiose à l'époque ! Mais cette entreprise littéraire n' est pas une sinécure .A l' époque,il n'existait pas la liberté d'expression en France et le puissant frein est l ' Eglise catholique qui est omnipotente .Pour écrire "Le dictionnaire philosophique", il a publié son livre à Genève et de façon anonyme car Voltaire est rusé et a un précepte qu' il applique bien : "Frappez , et cachez-vous" .A la même époque surgit un grand problème au sein de l' Eglise catholique : la guerre entre jésuites et jansénistes qui affaiblira l' église et plus cette dernière est fragilisée , plus la tâche d' attaquer et de pourfendre cette institution est aisée .
le dictionnaire philosophique est la somme des pensées, des méditations et des idées du philosophe . On y trouve tous les thèmes chers à Voltaire : l' athéisme,le déisme,l' absurde, Dieu, la religion , le fanatisme , la bigoterie, la justice, la liberté, la tolérance, le progrès , la raison ...
le dictionnaire philosophique est un ouvrage fort intéressant qui doit être sur la table de chevet de quiconque aime se cultiver .
Commenter  J’apprécie          130
Je me lance dans une redécouverte du grand Voltaire avec la lecture de ce "Dictionnaire Philosophique", riche ensemble consacré à la lutte d'un homme éclairé contre l'obscurantisme religieux de cette fin de XVIIIe siècle, ce qu'il appelle écraser l'infâme.
L'édition Classiques Garnier Poche accompagne l'oeuvre de nombreuses correspondances livrées en annexe et traitant de la réception publique de ce dictionnaire, des nombreuses attaques d'ecclésiastiques zélés, ainsi que des tentatives enjouées de Voltaire pour les contrer. C'est dans l'une de ces lettres que le philosophe expose clairement l'objet de son entreprise : « Je crois que la meilleure manière de tomber sur l'infâme, est de paraître n'avoir nulle envie de l'attaquer ; de débrouiller un peu le chaos de l'antiquité ; de tâcher de jeter quelque intérêt ; de répandre quelque agrément sur l'histoire ancienne ; de faire voir combien on nous a trompés en tout ; de montrer combien ce qu'on croit ancien est moderne ; combien ce qu'on nous a donné pour respectable est ridicule ; de laisser le lecteur tirer lui-même les conséquences. »
Composé de 118 articles, ce dictionnaire traite essentiellement de questions théologiques et religieuses, ce qui peut le rendre un peu rébarbatif. Tel un Saint Georges terrassant le dragon de la superstition et du fanatisme, Voltaire remet en cause les vérités supposées de l'Eglise en s'appuyant sur le contenu des textes canoniques et en les contextualisant. Bien qu'il se contredise souvent en stigmatisant le peuple juif alors qu'il prêche la tolérance et la bêtise des dogmes, Voltaire nous gratifie de réflexions lumineuses sur la justice, la vertu et l'éternité de la matière.
Le drame est de voir qu'en ce début de XXIe siècle le combat voltairien est loin de s'achever…
Commenter  J’apprécie          130
Comme tout dictionnaire il est à consulter à l'occasion plutôt que le lire en une fois, j'ai cependant lu une bonne partie du livre par curiosité. le thème de la religion est beaucoup présent, rien d'étonnant vu l'époque à laquelle il a été écrit, d'autres thèmes sont évidemment présents comme l'amour, la guerre, la gloire, la folie et même la fraude, bref c'est assez varié. C'est un bon point de départ pour s'initier à la philosophie bien qu'il s'arrête aux connaissances du XVIIIe siècle.
C'était intéressant de connaître le point du vue des philosophes du passé pour bien comprendre l'évolution des pensées.
Commenter  J’apprécie          100
Voltaire est à la fois terriblement daté et terriblement d'actualité. Il semble souvent enfoncer des portes ouvertes, lorsqu'il montre que la bible ne raconte pas que des réalités, que les débats théologiques compliqués ne valent pas le moindre petit acte vertueux ou que la vérité, à force d'être affirmée de manière contradictoire par toutes les sectes qui se la disputent, devient un objet impossible à saisir. En fait, s'il enfonce des portes, c'est parce qu'elle ne sont pas vraiment ouvertes. Quand Voltaire renvoie dos à dos tous les superstitieux et tous les fanatiques, quand il rappelle qu'il est absurde de tuer pour une vision du monde à propos de laquelle on n'a pas de preuve, quand il pousse son lecteur à penser par lui-même, quand il met la raison au-dessus des croyances et qu'il admet les limites de cette raison, quand il fait de la tolérance une valeur fondamentale, on ne peut que se dire qu'il est nécessaire de redire sans cesse les mots de Voltaire, car aujourd'hui encore, les Lumières sont souvent noyées sous l'ombre du fanatisme et de la bêtise.
Commenter  J’apprécie          81
Pur Chef d'Oeuvre !
A garder sur sa table de nuit...
Commenter  J’apprécie          50
Voltaire propose une suite d'articles au ton polémique, sur la question de l'intolérance religieuse.
Un ton juste, incisif qui mêle la satire, l'humour, l'indignation.
Une stimulation de la réflexion critique.
Commenter  J’apprécie          40
Que constatons-nous sur les propos De Voltaire sur la guerre et sur la religion (voir mes deux citations extraites du dictionnaire philosophiques mises en ligne ?
Si ces propos ont été écrits dans la situation qui régnait à l'époque De Voltaire, ils peuvent également s'appliquer à notre époque, d'où leur dimension universelle.
Voltaire utilisait un lexique très dévalorisant pour condamner la guerre.
L'expression " entreprise infernale" est une entreprise digne des enfers qui consiste à "exterminer son prochain".

Voltaire parle également du rôle de la guerre dans un réquisitoire véhément : violence, cruauté, vénalité.

Qu'en penser ?

1764 -2020 : il y a toujours des guerres à travers le monde, c'est un triste constat !!

Et vous qu'en pensez-vous ?
Lien : https://passionfrancaisblog...
Commenter  J’apprécie          30
De lacération en bûcher cet ouvrage, édifié pour combattre l'infâme, après être mis à l'index puis cloué à la poitrine de l'un de ses détenteurs, analyses et définitions se liront et se retiendront.

Raison et raisonnements s'écriront et se feront découvrir par ses pages et paragraphes d'érudition et de réflexion.

L'opinion des uns et des autres s'égrène à l'alphabet d'un temps de révoltes et de soulèvements.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (946) Voir plus



Quiz Voir plus

les aventures de Candide...

Quel est le nom du grand amour du héros ?

Radegonde
Cunégonde
Frédégonde
Brunehaut

9 questions
576 lecteurs ont répondu
Thème : Candide de VoltaireCréer un quiz sur ce livre

{* *}