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sur 1326 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au travers du parcours de l'ingénu, Voltaire dresse une critique de la société de l'époque.
Il utilise la naïveté de l'ingénu pour tourner en dérision la religion. Il expose également l'étroitesse d'esprit de l'époque qui se soucie peu des autres croyances car leur religion dépasse toutes les autres. Lorsque l'ingénu tombe amoureux de Mlle de Saint Yves, il ne peut pas l'épouser car elle est sa marraine, seul le pape à le pouvoir de lui donner cet accord. C'est une nouvelle incompréhension : pourquoi devrait-il parcourir des milliers de kilomètres pour demander son accord à quelqu'un qu'il ne connaît pas et qui ne parle même pas sa langue ?
L'incompréhension perdure quand les anglais débarquent. Pourquoi devrait-il se battre contre eux alors qu'ils ne lui ont rien fait ? Par orgueil, l'ingénu les chassera mais personne ne voudra le recevoir pour le féliciter de sa bravoure. Pire encore, il va être enfermé à la Bastille injustement car à cette époque, « on condamne les hommes sans les entendre ». Les geôliers, eux, acceptent les injustices et gagnent leur vie sur le malheur d'autrui.
Lors de son emprisonnement l'ingénu va s'instruire grâce à son partenaire de cellule, Gordon. Ce dernier est un janséniste qui peu à peu va laisser tomber ses principes devant le naturel de l'ingénu.
En parallèle, Mlle de Saint Yves veut délivrer l'ingénu mais elle doit se déshonorer pour parvenir à ses fins. Outrée de cette proposition indécente, elle va se plaindre au père tout à tout. Dans un premier temps, ce dernier condamne cet acte mais apprenant que la proposition vient du cousin du ministre et la société étant corrompue, il change subitement d'avis. Il incite alors Mlle de Saint Yves à accepter et utilise même la bible pour la convaincre : ce n'est pas un péché mais un acte de vertu afin de servir une plus grande cause !
J'ai bien aimé ce conte philosophique, il est court et les idées qu'il véhicule sont intéressantes.
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Ecrit en 1767, par un Voltaire de soixante-treize ans, édité en Suisse où il réside depuis 1760, l'Ingénu est souvent considéré comme le dernier grand conte philosophique de l'auteur, prenant la suite de Zadig, Micromégas, Candide.

Le personnage principal est un Huron, c'est à dire un Indien d'Amérique, qui suite à des pérégrinations invraisemblables se retrouve en France, où il est reconnu comme le neveu de l'abbé de Kerkabon. Sa liberté de ton, sa noblesse naturelle, séduisent la petite société bretonne et il s'engage dans un amour partagé avec la belle demoiselle Saint-Yves. Mais cette dernière n'envisage pas de lien en dehors du mariage, et celui-ci nécessite un baptême, une conversion au catholicisme de notre Huron qui serait plutôt déiste. Il y consent, mais Saint-Yves ayant été sa marraine, le mariage devient impossible, ou demande tout au moins une dispense. L'Ingénu (devenu Hercule depuis le baptême) veut monter à Paris pour obtenir la dite dispense, qu'il pense d'autant plus mériter, qu'il a défait des Anglais venu guerroyer sur les côtes bretonnes. Mais il se retrouve en prison à cause de sombres menées d'un jésuite. Saint-Yves va réussir à le délivrer, en cédant aux avances d'un ministre puissant. Cette action va tellement la plonger dans la culpabilité, qu'elle va en mourir.

Nous sommes dans un récit qui rappelle Les lettres persanes de Montesquieu : un étranger porte un regard sur la société française, sur ses moeurs et usages, de l'extérieur, avec une distance critique. Mais l'Ingénu est censé représenter un être élevé sans préjugés, en dehors des normes et règles d'une société structurée, un être de nature, qui pense de manière juste et droite. Cet observateur et ses réactions devant ce qu'il découvre, permet à Voltaire d'aborder un certain nombre de questions philosophiques qu'il considère comme importantes.

Une de ces questions est le rapport à la religion. Tout le monde souhaite convertir à tout prix l'Ingénue à la religion catholique, en dehors point de salut, ni de mariage. Notre Huron se perd un peu dans des différences entre courants du christianisme, est révulsé par les persécutions dont sont l'objet les Huguenots (le récit se passe peu après la révocation de l'édit De Nantes), il s'attache à un janséniste emprisonné. Tout cela pose les questions de la tolérance et du fanatisme religieux, illustrées par les souffrances infligées au nom de la religion. Voltaire se montre particulièrement féroce avec les Jésuites. le personnage principal oppose à tout cela sa religion naturelle, qui est une sorte de déisme rationaliste, Dieu est le créateur de la loi de la nature et se moque des rites et des différences dogmatiques, qui ne sont que des inventions des hommes, donnant à certains le pouvoir sur leurs congénères.

Voltaire fait aussi une critique politique, mettant en cause des emprisonnements arbitraires. Il questionne les corruptions diverses, et plaide pour une reconnaissance des mérites, de l'utilité, pour pour une mobilité sociale qui en serait la conséquence, au détriment des situations héritées, et met en cause la vénalité des charges, qui placent au pouvoir ceux qui peuvent les payer et qui en profitent pour en tirer un maximum d'argent ou d'avantages.

Mais en même temps, Voltaire dresse le portrait d'un Huron à qui le passage dans la société française profite aussi : il apprend à vivre en société, à se policer, à réfréner certains de ses élans pour tenir compte des autres. Pour Voltaire, la sociabilité est une valeur essentielle et il prend ici très clairement ses distances avec le mythe du « bon sauvage ». L'Ingénu résume à la fin du livre le meilleur des deux mondes, celui de la société « primitive » libre de préjuges et suivant la loi naturelle, mais aussi la sociabilité, le respect d'un certain nombre de règles propre à une société constituée.

Par rapport à ses contes philosophiques antérieurs, Voltaire introduit une tonalité sentimentale, en particulier dans la figure de mademoiselle de Saint-Yves. L'histoire d'amour entre elle et l'Ingénue n'a pas le caractère ironique et distancié qu'ont pu avoir les aventures amoureuses dans les contes plus anciens, la destinée de la jeune femme est tragique, ce qui donne une tonalité pathétique à la fin du roman. Même si Voltaire, par la bouche d'un de ses personnage affirme « à quelque chose malheur est bon », son habituelle ironie laisse le lecteur libre de le croire ou non.
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L'Ingénu, c'est un jeune Huron d'Amérique qui débarque en Europe en 1689. Bien des surprises attendent ce "sauvage" ! L'une des premières est que ces européens ont des moeurs anormales, amorales, surtout lorsqu'elles sont dictées par des religieux fanatiques. Les plus "sauvages" sont bien ceux qui le qualifient comme tel.

Voltaire (François-Marie Arouet, 1694-1778) manie l'ironie avec virtuosité, dénonçant les abus de nombreux religieux de tous bords.
C'est l'édition Classicolycée de Belin-Gallimard que j'ai lue, avec de nombreux commentaires destinés aux lycéens : beaucoup d'entre eux ne m'ont pas été utiles, mais j'ai été content de trouver quelques indications biographiques sur l'auteur ainsi que des informations sur le contexte historique.
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Je n'avais jamais lu L'Ingénu de Voltaire, moins connu que Zadig ou Candide, mais un cours de la Sorbonne que je suis sur Internet a attiré mon attention dessus. C'est un conte philosophique qui met en scène un Huron du Canada venu découvrir la France, un peu sur le principe des Persans de Montesquieu. Comme toujours dans les contes De Voltaire, le rythme est rapide et sans fioritures.
L'ingénu, tout pétri de principes rationnels et "naturels", se trouve confronté aux illogismes, aux injustices et au crimes de la société française. Il s'affronte à l'intolérance religieuse, au fanatisme, aux Jésuites (source de bien des maux selon Voltaire), à la corruption de la Cour, pour finir embastillé pendant près d'un an. Là il a la chance de trouver son abbé Faria en la personne d'un Janséniste qui l'instruit et lui permet ainsi de survivre à son emprisonnement.
Tout finira par s'arranger… ou presque. Notre Huron finira seul, sa belle ayant succombé à sa honte et à ses préjugés. Il aura certes bien des vertus philosophiques mais ne pourra pas grand-chose contre le mal qui règne en ce monde ou la violence des hommes. La fin ironique reste douce-amère et ne permet pas de trancher sur la vérité ou la fausseté de l'adage : "A quelque chose, malheur est bon".
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Quelle satire de son époque nous livre Voltaire dans ce petit conte philosophique ! Nous suivons les aventures de l'ingénu, ce jeune homme naïf, dont le cerveau est vierge de toutes les idées que les Français entendent depuis leur enfance. Cet homme candide s'étonne de tout et remet de nombreuses théories en question, notamment concernant la religion. Il dit ce qu'il pense sans y mettre les formes, s'interroge sur tout et est avide de connaissances. La société est également elle aussi âprement critiquée, son fonctionnement, la corruption régnant en maître et les comportements vils coutumiers de la cour.
C'est un plaisir de lire les oeuvres De Voltaire à la plume acérée !
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J'ai vraiment bien aimé ce "conte philosophique" comme dirait ma prof de français !
Pas si dur à lire que ça, les sujets sont variés et très intéressants et sont abordés de manière parfois drôle, parfois plus sérieuse mais sans tomber dans « le lourd » de la description. On en apprend un peu plus sur cette période de l'histoire.
Un livre classique à lire dès la 2nde .
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Les écrivains des Lumières devaient souvent porter des masques pour éviter à leurs critiques sociales et philosophiques les foudres de la censure et à eux-même celles de la loi. L'une de ces ruses consiste à faire endosser la critique par un personnage "extérieur" à la société française dont le regard "naïf" met à jour les turpitudes. Ici il s'agit d'un indien d'Amérique ,un "Huron". S'ajoute à la critique acerbe , la peinture de l'évolution de ce "bon sauvage" et , plus curieusement chez Voltaire , une histoire d'amour dramatique et un peu larmoyante (Digne quasiment du Rousseau de la Nouvelle Héloïse) . Personnellement ,cet aspect me séduit moins.
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A l'époque où la censure est forte, Voltaire choisit une approche ressemblant à un conte philosophique. A travers ses histoires, il invite ses lecteurs à penser autrement.

Tout d'abord, il critique la monarchie absolue. Son Ingénu doit faire face aux abus de pouvoir et à l'inaccessibilité du Roi.
Son personnage est capable de passer outre les préjugés. Progressivement, il s'instruit et devient alors capable d'utiliser ses connaissances judicieusement.

Dans la Princesse de Babylone, Voltaire montre les multiples formes d'institutions. Là, le philosophe y expose son rêve de voir une société capable de s'auto-gouverner justement.
J'ai beaucoup apprécié les premiers chapitres qui me faisaient penser à un mélange entre "Les Milles et une nuit" et un récit chevaleresque. Finalement, c'est la plume de l'auteur qui m'a charmée le plus.
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Un compte philosophique à la « Voltaire » : court, mordant, vif, ironique. Un Huron vierge de toutes connaissances et de toute bien-séance qui arrive dans une France du XVII aux mains du pouvoir royal et religieux, sa naïveté et son ingénuité mettent en lumière les incohérences de la société; la virginité spirituelle du héros apporte une « fraîcheur » dans la critique proposée par l'auteur.
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Croyances et désillusions d'Etat et de société s'écrivent à l'insu d'un stéréotype du "bon sauvage" du dix huitième.

Conte et fable d'un temps où la censure royale se laissera abuser par ces chapitres d'élans et d'aventures.

A découvrir dans leur aventure et ses rebondissements.
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