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3,68

sur 738 notes
Ce récit semi-autobiographique est magnifique et bouleversant.

L'écriture de cet auteur poète américano-vietnamien m'a profondément touché : recherchée, pudique, crue, sensible. En cours de lecture, j'ai souvent relu des passages posément, pour apprécier davantage. Avec l'envie de recopier des lignes entières pour garder leur beauté et l'émotion qu'elles me procuraient instantanément.

Sous forme de lettre adressée à sa mère, il revient sur son enfance, la recherche de ses origines et la découverte de lui-même.

Une lettre salvatrice d'une rare intensité. Une confidence émouvante et sincère.

Une lettre que sa mère ne lira jamais car écrite dans une langue qu'elle ne comprendra pas. L'anglais qui la sépare du monde, de la société. L'anglais comme barrage entre eux deux. L'anglais qu'il apprend à l'école et qui va lui permettre de comprendre sa profonde différence, sociale et identitaire.

Son enfance difficile. Avec une grand-mère schizophrène, traumatisée par la guerre du Vietnam et ses bombes. Avec une mère, elle aussi victime d'un syndrome post-traumatique. A la fois aimante et violente qui n'hésite pas à le battre régulièrement jusqu'à ses treize ans.

Ils quittent le Vietnam pour la "terre promise". Il comprend très jeune que leur couleur de peau les marginalise et que le rêve américain ne leur est pas destiné.

Souvent sans argent, sa mère réussit malgré tout à lui offrir son premier vélo. Mais il réalise que sa couleur rose (parce que ce vélo est le moins cher dans le magasin) sera signe de différence et d'hostilité de la part des autres enfants du quartier qui à leur tour le brutalisent et l'excluent.

Sa mère passe des journée harassantes dans une boutique de manucure. "Sorry", le rare mot en anglais qu'elle connaît et qu'elle répète à longueur de journée aux clients pour souligner sa soumission, espérer de la compassion et des pourboires.

Cette soumission, il va à son tour la connaître adolescent lorsqu'il commence à travailler dans un champ de tabac. Cet été où tout bascule pour lui, où il découvre aussi le désir et son homosexualité.

Ce garçon blanc, américain, si différent de lui avec qui il expérimente les drogues, contracte ses premier secrets. Il partage avec lui son corps et sa soumission. Mais celle-ci n'est qu'apparente. C'est pour lui le moyen de reprendre le contrôle de sa vie. A 17 ans, il commence à se définir sexuellement et socialement. Son désir de devenir écrivain naît.

Ocean Vuong décortique admirablement l'enfance, ses histoires cachées, les souvenirs qu'il reconstitue adulte. Il analyse finement d'où il vient et le processus identitaire. le tout dans une langue poétique et pleine d'émotions contrastées.

Un roman puissant dans l'écriture, brut, profond et délicat. Bref j'ai adoré !
Lien : https://fromtheavenue.blogsp..
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Voici un récit semi-autobiographique.
L'histoire est racontée par Little boy, garçon vietnamien élevé aux États-Unis par sa mère et sa grand-mère vietnamiennes qui souffrent de chocs post traumatique.
Le roman prend la forme d'une lettre à une mère analphabète, traumatisée la guerre du Vietnam et souvent abusive.
Il écrit en sachant que les chances qu'elle lise ou encore moins qu'elle comprenne sa lettre sont minces. le narrateur peut donc se laisser aller à écrire, à détailler sa relation avec elle, sa grand-mère, son quasi-grand-père, et son premier amour pour un jeune homme.
La narration n'est pas linéaire, on passe d'une époque à une autre.
Il s'agit également d'être différent sur le plan racial, culturel et sexuel dans cette Amérique d'aujourd'hui.
C'est magnifiquement écrit, le langage est intime mais presque distancié. Les situations peintes sont à la fois dures, tendres et complexes.
L'écriture est mûre pour un jeune écrivain. Sa capacité à mettre en mots des sentiments contraires et ambigus est étonnante.
Sans jamais rentrer dans les détails, le lecteur sait que les adultes souffrent, qu'ils ont un sentiment d'abandon, qu'ils sont victimes de maladies mentales et que l'enfant puis jeune homme doit se construire malgré ça.
Il y a beaucoup d'émotions brutes presque dérangeantes dans ce livre, dans cette confession ; j'ai parfois eu du mal à respirer à la lecture de certaines situations.
Il y a néanmoins quelques longueurs sur la fin.
Il est aimé mais il n'est pas protégé ; c'est néanmoins une lettre d'amour à une mère
Un roman puissant

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle
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Un jeune homme adresse une longue lettre à sa mère qui ne la lira sans doute jamais. Exilée traumatisée par la guerre du Vietnam, illettrée, elle a élevé son enfant de manière chaotique, passant de la tendresse à la folie et à la violence. du père, il n'est guère question, par contre la grand-mère partage leur quotidien, mais elle aussi porte en elle un lourd passé.
Les lecteurs font connaissance du contexte familial par bribes dans la première partie. La langue très poétique promet et apporte effectivement des passages superbes qui forcent à écarquiller les yeux et à relire pour mieux s'en imprégner. Par contre, le manque de fil conducteur m'a un peu gênée, entre l'enfance, le racisme, la guerre au Vietnam, le comportement de Rose, la mère et de Lan, la grand-mère. J'attendais de la deuxième partie un récit plus linéaire et chronologique.

Les deuxième et troisième parties sont plus centrées sur la rencontre à quatorze ans avec Trevor, un autre adolescent qu'on peut qualifier de perturbé, et la découverte de la sexualité. Entre flux de conscience et poésie, métaphores insolites et scènes pleines de crudité, il faut bien dire que j'ai continué à trouver le temps un peu long, mais pas à rencontrer l'éblouissement attendu. Je suis pourtant preneuse de récits sur l'exil, et la quête de l'identité, de même que de romans d'apprentissage, mais là, les mots trop bien agencés, les images si parfaitement choisies m'ont donné souvent une sensation totalement contraire au but recherché, pour moi, elles éloignaient le narrateur de sa vérité, pour tourner un peu à vide.
Je n'avais pas réalisé en achetant le livre qu'il s'agissait d'autobiographie, d'autofiction ou on appelle ça comme on veut. En tout cas,on y trouve des instantanés très personnels qui composent une enfance et une jeunesse, une jeunesse qui n'est pas celle forcément du jeune américain moyen, avec les séquelles de la guerre, l'immigration, la pauvreté, la violence, l'homosexualité, la drogue… Ces instantanés ont beaucoup plu, le roman a été élu meilleur livre de l'année par le New Yorker, le Washington Post, le Times et le Guardian, je peux donc affirmer qu'il séduira beaucoup de lecteurs, mais manifestement, au vu de mon expérience de lecture, pas tous. À noter le très beau travail de traduction de Marguerite Capelle.

Et vous, l'avez-vous lu, ou en avez-vous l'intention ?
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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"Un bref instant de splendeur" est une lecture exigeante, je l'ai lu par petites touches, pas trop à la fois. On rentre dans une intimité, celle d'un enfant à sa mère, sous la forme d'une lettre qu'elle ne lira sans doute jamais.
Océan Vuong a eu le besoin d'exprimer comme une sorte de thérapie ce qu'il a vécu, de révéler pour elle et surtout pour lui ce qu'il n'a pas été capable de dire à l'époque, tous ces sentiments, ces ressentis, ces questions sans réponses.
On ne sait pas à certains moments ce qui relève de ce qui a été vécu, rêvé ou déformé par son regard et ses souvenirs d'enfant.
Un livre qui traite également des traumatismes de la guerre pour les civils, de l'intégration dans un pays étranger, des méfaits de la drogue, de la découverte de la sexualité.
Une histoire familiale singulière où l'on pénètre, sans aller jusqu'au voyeurisme mais avec une certaine gêne parfois. C'est une langue belle, poétique, bravo à Marguerite Capelle, la traductrice, d'avoir si bien su trouver les mots pour retranscrire ces émotions.
Ocean Vuong est, sans doute, un grand écrivain en devenir. Ce premier roman envoûte le lecteur et le laisse heureux de l'avoir croisé.
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"Je ne suis pas un monstre. Je suis une mère"

Océan Vuong est un poète américain né à Hô Chi Minh-Ville en 1988. Il a été transféré avec sa famille dans un camp de réfugiés aux Philippines en 1990 avant de pouvoir gagner les États-Unis, où il a grandi dans le Connecticut. Ce roman est la lettre qu'il adresse à Rose, sa mère analphabète qui ne pourra donc jamais la lire. Rose est la fille d'un soldat américain et d'une paysanne vietnamienne, elle parle à peine anglais et travaille dans un salon de manucure aux États-Unis.

Avec cette lettre, Océan Vuong, surnommé "Little Dog", remonte son histoire familiale, il revient sur son enfance auprès d'une grand-mère dont la schizophrénie a été aggravée par la guerre et d'une mère aimante mais violente, toutes deux traumatisées par la guerre, hantées par le napalm. Sa mère est "le pur produit de la guerre du Vietnam", il la perçoit parfois comme un monstre mais "être un monstre, c'est être un signal hybride, un phare : à la fois refuge et avertissement... Peut-être que lever la main sur son enfant, c'est le préparer à la guerre..."

Au-delà de l'histoire de sa famille, il parle également de la découverte de son corps, de son homosexualité et de son premier amour.

Un beau récit autobiographique sous forme d'une lettre-confession poignante qui commence par ces mots "Chère Maman, j'écris pour me rapprocher de toi", une lettre dans laquelle l'auteur se livre à une introspection qui révèle sa sensibilité à fleur de peau.
La narration n'est pas linéaire, le langage est parfois cru, les souvenirs sont souvent effroyables, des scènes choc restent en tête une fois le livre terminé, comme la scène de sa grand-mère, jeune femme tenant sa fille dans les bras, face aux soldats américains en 1968. On perçoit la marque indélébile que cette guerre qu'il n'a pas vécue (il est né en 1988) lui a laissée, une guerre qui ne cesse de le miner comme elle hante les générations de survivants exilés aux États-Unis " Une guerre, une fois que ça pénètre en vous, ça ne vous quitte jamais."
Il nous parle de déracinement, de racisme, d'incommunicabilité, de violence et des ravages de la drogue dans une Amérique très sombre. Les questions de race, de classe et de masculinité traversent tout le roman.
Une lettre d'amour déchirante, un texte très puissant servi par une langue d'une grande beauté. le mode narratif m'a parfois perdue dans l'histoire, mais j'ai accepté de me laisser porter par l'écriture de toute beauté.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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"Little Dog" est un jeune homme d'origine vietnamienne, qui vit aux Etats-Unis. Pur produit de la guerre du Vietnam, comme il dit, il écrit à sa mère une longue lettre qu'elle ne lira jamais, puisqu'elle est illettrée. Cela lui permet de tout livrer, de passer de l'enfance au présent, des souvenirs aux confidences.
Enfant battu, il a grandi avec cette mère perdue, née d'un père occidental, qui a fait ce qu'elle a pu pour se sortir de sa condition, et qu'on devine sans grande intelligence; avec sa grand-mère Lan, elle aussi marquée par la guerre et les coups de la vie. Et puis, ce jeune garçon va raconter les coups, les questions, et son homosexualité, encore si taboue et si décriée pour ses origines.

Ce n'est pas un roman - il ne faut pas le lire comme tel - presque un Journal, un récit d'enfance et d'adolescence adressé à un "toi" qu'on oublie au fil de la lecture. Certains passages sont très crus, d'autres très durs, à la limite de l'insoutenable, d'autres encore très doux, très poétiques. En tout cas ce livre inclassable ne laisse pas indifférent: pendant toute la première partie de ma lecture, j'étais bien incapable de dire si j'aimais ou pas!
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Poète, Ocean Vuong dit son premier amour et son second – celui qui le lie à sa mère puis celui qui lui fait découvrir le monde. Par éclats éclatants, il raconte avec une finesse grandiose mais parfois crue ses jeunes années, avance d'un pas puis recule de deux : il est celui qu'il est parce que sa grand-mère et parce que sa mère, parce qu'elles sont Vietnamiennes et que ce pays pulse encore en lui (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2021/02/11/un-bref-instant-de-splendeur-ocean-vuong/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Je vais aller à contre-courant mais j'ose, je n'ai pas aimé ce roman.
L'idée de départ est belle et touchante, un fils qui écrit à sa mère une lettre qu'elle ne lira jamais étant analphabète. Il lui raconte ses peurs, ses doutes…

L'écriture est belle, bien qu'inégale parfois, mais le charme n'a pas du tout opéré et je n'ai ressenti aucune émotion. Ni pour les personnages, ni pour les évènements. J'ai trouvé ce roman fragmenté et abordant peut-être trop de sujets.

En bref, je n'ai pas rencontré la splendeur attendue. J'y croyais pourtant.

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Un bref instant de splendeur
Ocean VUONG

Chère maman
C𠆞st ainsi que commence ce roman.
La lettre d’un fils à sa mère.
Une lettre pour y parler de leur famille :
Sa grand-mère vietnamienne unie à son grand-père militaire américain qui seront les parents de Rose, sa mère.
Rose, cette mère à la main lourde qui l’élèvera seule puisque son mari violent finira en prison.
Et lui, fils unique à la couleur inadéquate ni blanche ni jaune ni brune mais toujours un peu trop de l’une ou pas assez de l𠆚utre...

Cette lettre pour y parler de géographie :
Le Vietnam de leurs origines en pleine guerre qui laissera des séquelles incommensurables à Lan, la grand-mère.
Les États Unis et plus particulièrement la ville d’Hartfort où il vivra la majeure partie de sa vie sans oser sans éloigner.

Pour y parler culture :
Ou plutôt manque de culture pour cette mère qui n𠆚pprendra jamais à parler anglais et dépendra de son fils pour communiquer dans ce pays. Fils qui profitera parfois des lacunes de compréhension de sa mère à son avantage.

Et cette lettre parle aussi de la vie, de la découverte de l’homosexualité et de son amour pour Trevor un gamin perdu à jamais dans les mondes artificiels des substances toxiques.

Une lettre comme un cri dans la nuit, un murmure dans le jour levant, un chuchotement à la tombée de la nuit.
Un petit courant d𠆚ir qui aiderait les papillons Monarques à s’élever et partir toujours plus loin d’un battement d𠆚iles.

C𠆞st un très beau livre au sens du style ( et la traduction par Marguerite Capelle n’y est pas étrangère) . C𠆞st profond et léger à la fois, c𠆞st très graphique et incroyablement poétique.
C𠆞st une formidable découverte et un très réussi premier roman.
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Une lettre d'un fils à sa mère qui sait qu'elle ne pourra pas la lire car elle ne sait pas le faire. Une lettre pour laisser une trace de ses années d'enfance entre une mère et une grand mère traumatisées par la guerre du Vietnam, la difficulté de l'exil, les moqueries des enfants la violence d'une mère mais aussi l'amour, la drogue, la découverte de l'autre, la famille... Une belle écriture avec des mots bien choisis.
J'ai bieaucoup aimé ce roman et plus particulièrement la seconde moitié quand Little dog grandit et rencontre Trevor.
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