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sur 738 notes
Dans la lettre qu'il écrit à sa mère analphabète, Little Dog ne cherche pas à régler ses comptes. On sait dès le début dans quelles conditions il a grandi : sans père, avec une mère aimante ou violente et une grand-mère protectrice mais schizophrène ; le harcèlement qu'il subit parce qu'il est asiatique et homosexuel. Pourtant, on sent l'amour qu'il porte à ces deux femmes, la compassion envers sa mère qui se tue au travail. C'est une récit pudique et cru à la fois. Pudique car l'auteur emploie la poésie pour tenir à distance ses sentiments : les souvenirs flous de la violence et de la peur au Vietnam, sa détresse d'enfant battu et harcelé, son amour pour Trevor. Cru car certaines scènes d'amour sont décrites avec une profusion de détails, comme pour les graver dans le marbre, par peur d'oublier. Si l'emploi du "tu" est parfois perturbant, car on oublie parfois qu'on lit une lettre, j'ai été très touchée par l'écriture d'Ocean Vuong et j'ai très envie de le relire en version originale.
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Nous avons ici comme un long monologue intérieur, une longue lettre adressée à la mère. le lecteur suit les pensées de Little Dog comme elles viennent, de manière non linéaire, le texte rebondissant d'une idée à l'autre, d'un état d'âme au suivant. C'est un récit sensible, vivant, qui m'a beaucoup touché, surtout au début. Après, j'ai tout de même ressenti une forme de lassitude à la lecture. Mais certainement parce que c'est principalement la relation à la mère qui m'a marqué. Cette oscillation entre l'amour et la violence, la protection et la maltraitance, quasi sans transition mais pas sans fluidité ni intérêt.
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Il n'aura fallu à Ocean Vuong que quelques phrases pour me capturer. Dès les premiers mots, j'ai su, sans pouvoir l'expliquer, que ses mots m'avaient trouvée. Ferrée. Ils ne sont pas pour moi pourtant, ce sont les siens, envoyés à sa mère autant qu'à lui-même. C'est son histoire, réhabillée, celle d'un enfant de la guerre élevé sur les débris qu'elle a laissés. Celle de fracas, de dégâts, et d'amour aussi. Surtout. L'histoire d'une quête autant que d'une construction. D'un chemin, long, à serpenter entre deux cultures sans qu'aucune ne soit vraiment la sienne entièrement, jusqu'à les mêler pour s'y trouver. D'une liberté d'être soi, enfin, en écrivant ce qu'on n'arrive parfois pas à dire.
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Je sais que ce livre est et sera clivant. Certains seront transpercés par la poésie et la beauté de ce texte quand d'autres refermeront vite ces pages, lassés, déçus, peut-être même choqués par un ou deux passages. Il en va ainsi du beau, du brut. Chacun ses yeux, son coeur, sa sensibilité aux mots. Les miens ont vibré, émus, tout au long du chemin. À mesure que l'auteur se dessine et se cherche, se dit, j'ai tremblé, pas de peur mais de coeur. du sien gonflé et déchiré, du mien prêt à l'écouter. Il en va ainsi oui, du vrai, du cru, de la réalité nue. Et le talent d'Ocean Vuong est de nous la livrer, sans se cacher, mais en la dessinant avec poésie. Il n'y a pas d'apparat, pas de lisse, pas de soie, juste lui, sa vie, ses pensées, esquissés par une prose à l'esthétique superbe et résolument contemporaine.
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La splendeur donc, au coeur de cet instant, celui-là même que Goethe aurait aimé suspendre. Vuong en fait des pages, le saisit et l'écrit. Et le lecteur, chanceux, le garde et le relit.
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C'était l'un des romans de cette rentrée littéraire des éditions Gallimard qui m'avaient fait de l'oeil, une rentrée laissant la part belle aux premiers romans et dont deux m'intéressaient particulièrement pour leur dimension LGBT+. Grâce à Babelio je vais participer à une rencontre avec l'auteur demain.

Ce roman se présente sous la forme d'une longue lettre qu'un fils adresse à sa mère, sans être certain qu'elle la lira, comme une lettre posthume. Il y est question de l'héritage vietnamien de cette famille qui a débarqué aux États-Unis après la guerre du Vietnam où un jeune soldat américain mit une jeune vietnamienne enceinte.

Le fils parle à sa mère et lui confie ses jeunes années difficiles, les brimades de ses camarades, leur racisme, leurs moqueries parce qu'il est un garçon sensible et discret qui observe plus qu'il ne participe.

Jeune adulte, ce sera la rencontre avec Trevor, le magnétisme, l'amitié, la drogue - beaucoup de drogues - et le sexe, les expériences, les doutes, les blessures. Et puis à la maison, cette grand-mère qui perd la boule et dont il faut s'occuper, jusqu'à ses derniers instants.

Voilà un premier roman audacieux par la forme, une lettre touchante d'un fils en recherche d'identité à sa mère déracinée de son pays. Il y a eu quelques épisodes qui m'ont surpris voire perdu, mais c'est dans l'ensemble un très beau roman, plein de tendresse et de mélancolie. Et d'amour, évidemment.

Un bref instant de splendeur, d'Ocean Vuong a paru le 7 janvier 2021 aux éditions Gallimard dans une traduction de Marguerite Capelle Livre envoyé par l'éditeur dans le cadre d'une participation à une rencontre avec l'auteur organisée par Babelio.
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Célébré de toute part, des deux côtés de l'Atlantique, ce premier roman du sino américain Ocean Vuong, poète, romancier et universitaire instagrameur queer aux milliers de followers, ne souffre d 'aucune critique négative. Normal, on ne peut qu'être impressionné par son destin d'immigré vietnamien au fin fond d'Etats Unis bien peu accueillants, ouvertement racistes ( et homophobes). On peut également être ébloui par sa façon totalement personnelle de raconter son parcours, sorte d'explosion de moments de vie, faisant fi de toute chronologie, pour ne jeter aux lecteurs que des sentiments bruts, précis, peignant ainsi un tableau sidérant, hautement imagé, à la sensibilité poétique crue et vibrante.
La première partie de ce roman en est le parfait exemple, mêlant souvenirs d'enfance, généalogie familiale et vie d'immigré américain pauvre dont la fulgurance ne laisse pas indifférent. Rarement on avait décrit avec autant de précision le racisme ambiant d'un pays qui ne peut assimiler les non blancs ainsi que cette plaie toujours ouverte de la guerre du Viêt-Nam dans l'inconscient d'un peuple. Cet éclatant départ pose le roman sur les rails du grand roman américain, sans doute sous l'inspiration de William Faulkner et donc très éloigné ( chic alors !) de ces cohortes d'ouvrages US fleurant bon les ateliers d'écritures ( très formatées) des universités américaines. La suite ne dérogera pas de ce chemin détourné mais, et c'est là où un bémol va se poser, avec moins de brio narratif.
Si l'histoire de son premier amour avec Trevor, blanc américain accro aux drogues, est plantée dans un décor formidablement romanesque, sa narration, voulue complexe, mélange de souffrance, d'adoration masochiste et d'une poésie un peu adolescente ( sans doute pour recréer des pensées sous acide) paraît un peu plus fabriquée. On sent le laboratoire de recherche littéraire ( qu'on retrouvera un peu plus loin avec ce que l'on peut voir comme un hommage à Georges Perec et et l'utilisation, peut être un peu trop appuyée, de la célèbre anaphore " Je me souviens"), sympathique mais peut être pas encore bien abouti dans ce premier roman. Vers la fin, apparaîtront de nouvelles fulgurances avec l'évocation sans fard des dernières heures de sa grand-mère mêlée avec ses relations sexuelles, même si cette confrontation Eros/Thanatos peut sembler, elle aussi, un peu convenue.
Un peu plus sur le blog
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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Je ne connaissais pas Ocean Vuong. J'ai adoré le principe du roman, à savoir, une longue lettre écrite à sa mère qu'elle ne lira jamais. C'est la raison pour laquelle il se sent libre de se raconter entièrement, même le plus intime, le plus cru.
J'ai fini par faire quelques recherches sur cet auteur et ai découvert qu'il était avant tout connu pour ses poèmes. Ce qui finalement ne m'a guère étonné car j'ai été à de nombreuses reprises conquis par ses superbes tournures de phrases, imagées, métaphoriques, d'une justesse éblouissante. Ces passages, ils sont à relire encore et encore. D'ailleurs je l'ai fait. Et à voix haute. Oui la beauté du texte est telle, que "l'oraliser" est presque une obligation.
Malgré quelques passages, pour le coup, un peu trop imagés, j'ai alors parfois décroché ayant eu du mal à comprendre ce que voulais dire l'auteur. Cela mis à part, c'est une véritable déclaration d'amour que je déclare à cet artiste. Sur ce, je vais aller éplucher le reste de son oeuvre..
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Ce livre est unique.
Ce livre est un poème.
Un poème dans lequel l'auteur, Ocean Vuong, nous raconte son histoire et celle de sa famille sur 2 générations avant lui. de nombreux sujets très durs y sont abordés : l'immigration, la guerre, les violences faites aux enfants, les pathologies psychiatriques ... Ils nous éprouvent sans jamais tomber dans le pathos.

C'est par l'écriture d'une lettre à sa mère (qu'elle ne lira jamais) que l'auteur nous emmène. le récit est destructuré, il m'a fallu relire certains passages pour les assimiler, mais il m'a laissé une très belle impression de fin de lecture.

Un poème autobiographique d'une grande qualité qui traite de sujets essentiels
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Je ne vais pas vous faire le résumé de cette lecture, tant cela paraît à la fois superflu et impossible. Alors plus qu'une chronique d'histoire, ce sera une chronique de sentiments.
Au cours du premier tiers de ma lecture, j'ai retrouvé mes 10 ans et cette sensation trouble ressentie face à cette toile de Monet que je regardais pour la première fois, posté à moins de vingt centimètres du mur. Je n'ai vu tout d'abord que des taches de couleurs mêlées, superposées, s'affrontant dans un patchwork dont le sens m'échappait. Dans les premières pages de ce livre, les fragments de textes arrivent ainsi : disparates, enchaînés, parfois superposés, et ils content le traumatisme héréditaire de la guerre, celui plus lancinant d'être l'autre dans ce pays terre d'asile, la violence de la mère, de l'enfance, de cette langue qui nous résiste, de l'ostracisation, et les prémices de cette différence en bourgeon qui n'éclora que bien plus tard. Fragments de vie entre Viêtnam et Amérique, miettes de quotidien marqué par les angles acérés de la pauvreté ordinaire et des espoirs occis dans l'oeuf, je trouvais l'écriture jolie, agréable, mais j'avais l'oeil et l'esprit distrait.
Et puis… la révélation. À 10 ans, j'ai fait quelques pas en arrière, et Impression, soleil levant m'est apparu dans toute sa splendeur, une magnificence qui résonne encore telle une note parfaire se poursuit dans le silence d'après. Au tiers de ma lecture, quelque chose s'est produit. Je ne saurais définir comment, peut-être qu'il fallait juste se reculer un peu, mais soudain ces morceaux de textes se sont assemblés et ont formé un tout, une toile impressionniste d'une élégance et d'une justesse infinie. J'en ai versé une larme, je l'avoue sans nulle honte. On ne pleure pas assez pour la beauté.
Dans ma tête, la guerre et l'amour naissant, la douleur et l'addiction, la mère et l'amant, tout s'est rassemblé et une vie s'est dévoilée entière, nue et gracieuse entre mes mains. Un instant de splendeur. Impossible dès lors de lâcher ce roman, chaque ligne apparaissant plus délicate encore que la précédente.
Le texte s'est ensuite morcelé à nouveau, comme on s'émiette de douleur, mais j'ai suivi des yeux chaque tesson tel un éclat de vitrail qui ne perdrait rien de sa lumière ; les paragraphes se sont alors fait larmes versées pour la folie maternelle, pour la disparition, pour tous ces mots qu'on n'a pas eu le temps ou le courage de dire, ces mots qu'elle ne lira pas, cette mère à qui l'auteur s'adresse et qui ne sait pas lire. Monet devenu Seurat.
Je finis à l'instant ce roman, le premier que je lis de cet auteur, et j'ai comme un hématome au coeur. Plus que sans voix, je suis sans mots. Je pourrais vous parler du style, de son élégance et de sa force, je pourrais vous parler de ce tour de force de raconter la guerre sans en parler, je pourrais aussi vous parler de la façon si juste et si émouvante de conter les premiers émois de ce garçon qui en aime un autre, mais ce serait trop peu. Trop lourd. Trop maladroit.
Alors je ne vous dirai que cela : lisez-le. Il se savoure comme on goûte au Soleil levant, tel un bref instant de splendeur.
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Le titre est bien choisi, il s'agit réellement d'un instant de splendeur.
L'écriture est franche, intransigeante, parfois très crue et brutale, tout en étant d'une incroyable poésie.
La relation très complexe de l'auteur avec sa mère est loin d'être binaire, on ressent, malgré la dureté de l'enfance vécue, l'amour inconditionnel qu'il lui porte, elle à qui ce livre est dédié, ce livre qu'elle ne pourra jamais lire.
Les premières relations sexuelles sont également apportées sans aucun filtre, mais sans jamais aucune vulgarité.
Malgré la douleur et la dureté, une immense poésie, une douceur voilée se pose tout au long de la lecture.
Il s'agit sans hésitation d'une petite claque littéraire !
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Très bien écrit j'ai démarré le roman enthousiaste mais des scènes vraiment traumatisantes, notamment celle où des mercenaires droguent un macaque et lui mangent le cerveau alors qu'il est encore vivant, m'ont fait abandonner la lecture. N'étant pas adepte des scènes d'horreur, Je n'ai pas pu aller plus loin par conséquent je ne trouverai pas ce Bref instant de splendeur qui fait le titre du livre.
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