Je dois calmer ma fébrilité tant je suis impatient de vanter les qualités d'un essai qui réussit à cerner en 250 pages le paradoxe de vivre bien mais de ne pas exister assez, pour ensuite avancer quelques suggestions sur la manière de devenir soi.
Le propos est lumineux, documenté, expérientiel. La psychologue témoigne du sentiment grandissant de solitude exprimé en consultation par des personnes en perte de soi. Je vais bien, mais…
L'auteure attribue ce désarroi au fait que le besoin d'appartenance supplante l'aspiration à être soi. le refuge dans les idées préconçues installe un conformisme nuisible à l'affirmation de soi. le système économique consumériste, le sens commun, l'opinion nous coupent de notre moi profond.
Une autorité anonyme conditionne notre façon d'être au monde. Beaucoup moins identifiable que les autorités anciennes – religion, patriarcat, féodalité…, cette autorité diffuse nous influence sournoisement.
Inès Weber parle de soumission, elle force le trait afin de réanimer notre envie de chercher le sens des choses, la connexion avec cette élan enfoui en nous.
Si les pressions extérieures sont nombreuses, nous avons également peur d'être pleinement nous-mêmes. La deuxième partie de cette approche ravigotante propose des recommandations pratiques pour reprendre les rênes de notre existence, pour unifier moi superficiel et moi profond. Il s'agit de se placer sous l'autorité de son propre être essentiel, plutôt que d'obéir docilement à une autorité extérieure. Souvenons de ces moments où acculé dans une impasse inextricable, « nous parvenons à trouver au-dedans la seule issue possible, à l'ouvrir et à nous y engouffrer." Nous vivons alors un état de grâce, libéré de toutes peurs et de toutes souffrances, une véritable percée de l'être.
Le premier livre de cette auteure venue de nulle part a résonné avec plusieurs épisodes de ma vie,
a étayé ma pensée parfois radicale sur une société vide de sens,
m'a incité à casser mes croyances,
a remis en perspective les vertus de l'effort spirituel « de trouver en son coeur ce qui est juste pour soi et pour le monde »
Et même si certains passages sont assez prescriptifs et que l'auteure abuse des phrases questions, je sacre
Être soi livre majeur.
« Moins je suis soumis, plus je peux aller vers qui je suis, plus je vais vers qui je suis, plus je vais vers qui je suis, plus je suis capable d'être libre. »
Le mantra d'une vie pleine.