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Christofer Bjurström (Traducteur)
EAN : 9782207248270
320 pages
Denoël (08/03/2000)
3/5   2 notes
Résumé :
Né à la fin du XIXe siècle dans une famille séfarade traditionnelle de Varna, en Bulgarie, le jeune Elias Benshoam Shimonoff décide de prendre le large. Mendiant ou contrebandier, il connaît la vie des miséreux qui peuplent les grandes villes de l'Empire ottoman et traverse en passager clandestin l'Europe de la Belle Epoque. Doué du génie de la métamorphose, habile à saisir les clés d'un nouvel univers, le pouilleux d'Istanbul se change, à Londres, en négociant de t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Elias Benshoam Shimonoff est un jeune bulgare qui vit à Varna au début du siècle. Issu d'une famille séfarade très attachée à ses racines judéo-espagnoles, il souffre du poids des traditions, étouffe sous l'autorité de son père, et décide de quitter la Bulgarie. L'adolescent polyglotte prend la route de manière hasardeuse, traverse des épreuves, croise des hommes et des femmes généreux, apprend de ses rencontres et de ses échecs. Istanbul, Trézibonde, le Caire, Londres, Paris, Malmö…. Mu par un grand appétit de vivre, et un fort désir d'émancipation, Elias traverse les nations, les guerres, l'existence, en oubliant l'essentiel: qui il est vraiment, d'où il vient, qui sont les siens, au risque de se perdre.

C'est la photo de couverture et la tenue du jeune homme qui m'ont poussée à lire ce roman d'un poète et romancier suédois, Jacques Werup, dont je n'avais jamais entendu parler.
Werup s'est inspiré de l'histoire de son grand-père séfardita, originaire de Varna qui devint en Suède un commerçant prospère dans l'exportation des tapis d'Orient après avoir connu la précarité.
Si la trajectoire de Shimonoff, qui poursuit son petit bonhomme de chemin au milieu d'évènements souvent tragiques, à la manière d'un Candide oriental -« L'optimisme c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal »- est assez fascinante, c'est son amnésie volontaire que l'on retient. Plus les kilomètres l'éloignent de sa Varna natale, plus il tourne le dos à sa famille, à sa communauté, à sa langue, au judaïsme, changeant même de patronyme, et ne tendant pas la main aux siens. Ce n'est qu'au crépuscule de sa vie qu'il se souviendra de l'enfant qu'il fut, et de Varna.

Il faut lire entre les lignes de ces Voyages de Shimonoff cette question lancinante, doit-on oublier pour survivre à l'exil, de quoi nous sommes faits?
En dehors de cette thématique, c'est toute la première partie consacrée à la Bulgarie, à l'Empire Ottoman, à la complexité de la poudrière de l’Europe, qui a retenu toute mon attention. Plus le personnage s'en éloigne, et plus mon intérêt faiblit. La partie consacrée à la Suède et à la nouvelle famille qu'il a construite m'a semblé sans saveur. En se débarrassant en cours de route de tout ce qui faisait de lui Elias, natif de Varna, il n'est plus qu'un étranger qui tente par tous les moyens de se fondre, de se dissoudre. C'est donc surtout les pages consacrées à la communauté judéo-espagnole des bords de la Mer Noire qui m'ont passionnée. Laminée pendant la guerre, cette culture est partie en fumée.
« A cette époque, c'était une croyance répandue parmi les Espagnols qu'une maison, une vie que l'on avait quittées, resteraient toujours intactes à condition qu'on en porte toujours la clé sur soi. Les Juifs espagnols observaient consciencieusement cette coutume, depuis l'époque où ces Espagnols, expulsés dès le quinzième siècle de leurs maisons, en avaient transmis les clés par héritage; le miracle s ‘était effectivement réalisé: quand leurs lointains descendants étaient retournés au foyer de leurs aïeux en Espagne, les clés avaient parfaitement fonctionné dans les serrures, trois ou quatre cents ans plus tard! »
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Comme le souligne l'expression argotique française pour désigner le morpion, le papillon d'amour, il se transmet presque toujours au contact d'un acte sexuel, ricana-t-il. Le philosophe et médecin arabe Avicenne recommandait il y a huit cent cinquante ans une pommade au mercure, mais on a utilisé au cours des temps les médicaments les plus variés, du beurre étalé sur les coutures des vêtements comme dans les Carpates, jusqu'à la graisse de chariot apportée par les colporteurs, comme ici dans les Balkans, ou au cuivre sulfaté, comme en Europe du Nord, exposa-t-il. Elias n'eut plus honte du tout après avoir appris que même Napoléon avait eu des morpions pendant des années. C'était une maladie virile.
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Il y avait un homme riche de Macédoine, raconta Elias, à qui un Juif avait voulu emprunter de l'argent. Le Macédonien demandait neuf pour cent d'intérêt. "Tu n'as pas honte, tu n'as pas honte devant Dieu?", s'exclama le Juif. "Pourquoi? demanda le Macédonien. Dieu regarde d'en haut, il prendra le neuf pour un six!"
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Des six enfants de Shimon, les deux aînées, Devora et Estrea, avaient épousé des Turcs d'Istanbul. Ça non plus, ça n'arrangeait pas ses affaires. Déjà, le simple fait de marier sa fille avec un juif non-séfarade passait au sein de la communauté séfarade pour une mésalliance. Pas question de se marier avec les "Tedescos", les simples juifs, ceux qui ne parlaient pas espagnol mais seulement yiddish, et qui venaient du nord. Les "Espagnols" se mariaient entre eux, faire autrement était pour le moins choquant.
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