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EAN : 9782072950094
272 pages
Verticales (06/01/2022)
3.39/5   22 notes
Résumé :
Pétra a trente-sept ans, elle est enceinte, mère d’un petit garçon, belle-mère – marâtre, pense-t-elle – de deux autres enfants. Pétra vit au bord de l’évier, entourée d’eau sale et de vaisselle ; elle rêve (mais c’est peut-être un cauchemar) de disparaître par la bonde. Pétra a les mains longues (dignes d’être racontées) et des oreilles sensibles qui laissent tout passer. S’il arrive à certaines personnes d’entendre des voix, Pétra, elle, les entend toutes à la foi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est l'histoire de Pétra , trente - sept ans, enceinte ,mère d'un petit garçon de deux ans, Alban, belle- mère,——elle se pense marâtre ——- de deux autres enfants Arthur et Alice, «  rien n'était évident » , elle a dû apprendre à leur parler ,à leur parler de tout et à leur parler d'eux surtout…elle aime leur père baptisé «  le Clown » .

Mais Pétra vit au bord de l'évier, entourée d'eau sale et de vaisselle, elle lave et rince, aligne les verres sur le plan de travail, corvée parmi les corvées , tâches répétitives, nettoyages constants , s'occupe de la poussière et de la pourriture , brique le plancher, lave , lustre , n'en finit jamais ….
Son ménage , ses vaisselles, son linge , ses lessives ….

Elle s'est perdue, dévalorisée, se pense mauvaise mère, n'a pas envie de s'afficher comme telle , aux yeux de Marie , la mère d'Arthur et d'Alice .

Elle ne désire pas paraître comme ces femmes que l'on ramasse à la petite cuillère , exténuées , défaillantes , mollassonnes ou trop gentilles, laxistes ou permissives ..
Et pourtant elle ne trouve plus le temps pour elle, ses livres prennent la poussière et sa clarinette est au rebut ….

Elle est dépassée , comme dissoute , «  J'étais un ersatz de femme » en temps que modèle féminin .
Elle vit une espèce de délitement psychique et physique, un auto - dénigrement ambigu , des pensées contradictoires, entre compréhension par le lecteur , agacement et empathie ….

Elle envie sa mère et les autres mères , elle chante , entend des voix, toutes à la fois,.
Mais un jour , au cirque , avec Marie et les enfants , ces voix rugueuses, enjôleuses à souhait , trop nombreuses et envahissantes lui intiment l'ordre de s'échapper , et ce jour- là ….
N'en disons pas plus .
Ce long monologue truffé de ritournelles et chansons enfantines est dense , touffu , joufflu , les phrases incroyablement longues , une sorte d'envolée lyrique truffée d'une kyrielle d'adjectifs , d'images réalistes ou fantasmagoriques, d'une suite sans fin de verbes plus ou moins adéquats .
La mère parfaite existerait - elle?
Et quelle place accorder à nos anciens ? Autre thème abordé .
Quel suivi psychologique accorder aux femmes souffrant de troubles pré- ou post - nataux? .

Ce roman contemporain montre t- il aussi une énorme machine sociale broyant ces mères exténuées ou défaillantes ?
La plume de l'auteure est riche, grinçante , agitée comme une nuit d'orage , vive , touffue , avec une pointe d'humour , des éclaircies par- ci par - là , oppressante, intelligente ,pétrie de références, parfois on s'arrête de lire tellement le ton est acerbe , sans joie , le lecteur rebondit et se replonge dans ce quotidien répétitif, qui donne à réfléchir .
Corvées , tâches , maniaquerie , ce rôle de ménagère submerge Pétra ,elle se sent jugée , inutile , mais elle est désobéissante et n'en fait qu'à sa tête …
Un livre à part , extravagant, surtout pour son écriture fleuve , sur les différents rôles qu'endossent les femmes : aimante , amante , marâtre ….. passant du rire aux larmes, de l'indignation à l'ironie …
Encore vanté par mon libraire .
C'est un premier roman. L'auteure a du talent .
À suivre.
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Petra a 37 ans, elle est mère et belle-mère au foyer. Enceinte de son deuxième enfant, elle s'occupe de son fils de deux ans, Alban, et d'Arthur et Alice, les deux enfants de son compagnon, « le clown » (ce n'est pas un surnom : quand ils se sont rencontrés, il était réellement clown de son métier…). La jeune femme se sent dépassée, imparfaite, marâtre ; elle a devant les yeux l'exemple de la mère qu'elle croit parfaite : Marie, l'ex-femme du clown. Un jour, une idée lui traverse l'esprit : elle voudrait disparaître telle l'eau sale de la vaisselle qui s'évacue par la bonde de l'évier de sa cuisine… Et puis, tout bascule…

Dans ce roman, on retrouve les petits problèmes du quotidien, ceux que chaque mère rencontre, et les questions que toute mère se pose un jour, dont LA question « Suis-je réellement une bonne mère » (Sophie Weverbergh connait son sujet, elle a beaucoup écrit sur son quotidien à une époque où elle avait fait le choix de faire une pause dans sa carrière pour s'occuper de ses enfants. Et de ses notes est né « Précipitations »). le texte fait défiler devant nos yeux le destin d'une femme qui s'interroge sur ses capacités à être mère, sur qui elle est en tant que femme et sur comment elle en est arrivée à être derrière cet évier et cette vaisselle, tous les jours de sa vie. Mais réduire son histoire à un simple roman qui évoque les difficultés au quotidien des mères au foyer est très réducteur. C'est beaucoup plus que ça parce que le destin de la jeune femme est réellement particulier et la figure ambigüe de Petra ne laisse pas indifférent…

Le style est assez déstabilisant mais épouse à merveille les pensées qui se précipitent dans la tête de Petra : son passé, sa rencontre avec le clown, le début de leur histoire ; son présent, ses actes au quotidien, ses réflexions sur sa vie actuelle ; son futur aussi, ce qu'elle imagine, ce qu'elle pourrait dire mais qu'elle ne dira jamais… Rien n'est linéaire, tout se bouscule telles les pensées qui peuvent nous traverser l'esprit au cours d'une journée. A mesure que le roman progresse, le style se fait de plus en plus précipité : phrases dans lesquelles s'accumulent les énumérations, parfois sans queue ni tête, jusqu'au dégoût, mélange de pensées et de phrases sorties de comptines qui se transforment au gré des divagations de Petra, mimant sa descente précipitée dans la folie.

Si je n'avais pas eu la chance d'entendre l'auteure parler de son roman et de sa genèse, je ne l'aurais probablement pas lu. Et, après l'avoir refermé, je me demande encore si je l'ai apprécié ou pas. Si je dois bien reconnaitre que ce roman a beaucoup de qualités (dont celle de parler d'un sujet qui n'est pas toujours facile à aborder et de passer en revue les différents rôles dans lesquels on enferme encore trop souvent la femme), je ne peux me défaire d'un certain malaise créé à la fois par le style de Sophie Weverbergh et par la tournure que prend l'histoire de Petra. Sans aucun doute, ce roman mériterait-il d'être décanté, le temps de laisser cette drôle d'impression se précipiter tout au fond de moi pour n'en garder que le meilleur…

(Centre Culturel de Huy, « Les Matins du Livre, Décembre 2022)
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Un roman contemporain où le rôle de la femme, et plus particulièrement celui de mère, est le point central. Il est abordé en profondeur et sous toutes les coutures. Cette histoire donne à réfléchir et peut faire écho à notre vie en tant que maman.

La plume de l'auteure est assez particulière. Les phrases sont parfois très longues, avec des envolées lyriques qui peuvent déstabiliser le lecteur. le texte est également ponctué de paroles de chansons d'enfance, en plein milieu de certains passages et de façon un peu anarchique.

Pétra, enceinte de son deuxième garçon et belle-mère de deux autres enfants, glisse tout doucement dans l'introspection de sa vie qu'elle trouve insipide. Elle se sent incompétente dans son rôle de maman mais surtout dans celui de belle-maman. Avec l'impression de ne pas aimer ses beaux-enfants et de ne pas s'en occuper comme elle le devrait. On va la suivre dans une lente descente aux enfers, entre ses réflexions sur son quotidien de femme et de mère au foyer. La charge mentale commence tout doucement à la peser, jusqu'à un final attendu puisqu'il est annoncé qu'elle prendra la fuite durant une journée en famille au cirque.

J'ai adoré le début de ce roman à part. Les pensées de Pétra sont intéressantes à suivre et nous poussent à nous interroger sur notre propre place dans un foyer en tant que femme/mère. Par la suite, j'ai commencé à avoir du mal à la suivre et voir où elle voulait en venir. Son cheminement de pensée commence peu à peu à devenir nébuleux et j'ai commencé à décrocher. Mais à la fin, tout s'éclaire et on comprend le pourquoi de ce délitement psychique.

Pétra est un personnage tellement ambigu. On oscille entre l'empathie et l'incompréhension à son égard. Elle devient rapidement difficile à suivre et à comprendre. Sa psychologie est néanmoins intrigante et plutôt bien construite.

Un roman singulier qui à le mérite de pousser à la réflexion et d'aborder des thématiques assez tabous. L'écriture vraiment spéciale pourra être un frein pour certains mais ce récit vaut la peine d'être découvert pour sa construction originale et les thèmes traités.
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La mère parfaite existe-t'elle ? Pétra est mère, belle-mère, enceinte de son 2e enfant et, femme au foyer. Qui est-elle ? A la merci de sa vaisselle, de son quotidien, elle n'a plus le temps de lire ni d'écrire mais elle pense.
De sa plume acerbe, Sophie Weverbergh nous livre les pensées contradictoires de cette femme qui nous raconte son quotidien, entre l'envie d'être la mère parfaite, celle qui a eu du mal à tomber enceinte, qui se trouve nulle et la marâtre des contes de fée, elle peut nommer ses enfants, Arthur, Alice et Alban : le farfadet, le rat, les ratons. Ce sont toutes ces pensées qui nous viennent quand nos enfants nous énervent, nous agacent et que l'on prend sur soi pour ne pas envenimer les choses. Tellement juste !
Les pensées et les répliques défilent et sont accompagnées des extraits de contes, des ritournelles et des comptines de chansons connus (marqués dans le texte en italique "pour mieux te dévorer, ma belle-enfant") qui donnent du rythme et un ton faussement enjoué. Elle nous raconte aussi la rencontre avec le père de ses enfants qu'elle nomme le Clown, déguisement dans lequel elle l'a rencontré la première fois quand il était encore marié à Marie. Marie, la première femme, et mère des 2 premiers enfants, qui semble si capable de maitriser le quotidien. C'est elle qui emmène tout le monde au cirque dans la "lodicarto" (audi quattro), point névralgique du roman où Pétra bascule de l'autre côté, elle se précipite vers un ailleurs, écoutant sa voix intérieure.
"Le cirque de la vie" c'est ce roman : une fête et une répétition "Arthur Alice Alban lissent mes journées. Ils les remplissent aussi. Je les habille, je les deshabille, je les lave, je les habille, je les deshabille, je les lave - c'est répétitif, assommant, ici encore je m'appellerais Gervaise - je leur raconte des histoires à dormir debout [...]"
J'ai trouvé que toute femme, devenue mère se retrouve dans cette façon de penser, cette attitude partagée que l'on peut avoir avec ses enfants, j'ai moins aimé la partie sur le cirque que j'ai trouvé un peu longue car tous les numéros sont détaillés, je m'y suis un peu perdue, mais la fin est celle qu'on pourrait attendre. Et surtout la plume de Sophie est vive, grinçante, intelligente et pleine de références ; c'est un très bon premier roman ! (merci à la masse critique Babelio pour cette découverte)
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Déroutant !

J'ai passé tout le livre à attendre que Pétra, le personnage principal de ce roman, s'échappe comme annoncé en 4ème de couverture. Je pensais, naïvement, que cela se produirait au début du roman, en prélude à l'histoire. Que nenni ! Cette échappée clôt quasiment le livre.
Alors quoi ? Que nous raconte l'autrice ? Un quotidien répétitif dont on peut se demander dans quelle mesure il est choisi ou subi.
L'autrice interroge ainsi les différents rôles qu'endossent les femmes. Tour à tour amante, mère, marâtre, quelle place reste-t-il pour la personne en tant qu'individu ? Quelle est la place de l'autre, de l'homme ? Complètement absent, il est évoqué avec parcimonie et délègue le quotidien de ses premiers enfants à sa nouvelle compagne. Celle-ci se retrouve ainsi, au foyer, à devoir gérer l'emploi du temps de trois enfants dont deux dont elle n'est pas la mère biologique. A cela s'ajoute le poids du regard des autres, mères et grands-mères présentes devant l'école. Pétra se sent jugée, inutile, pas à sa place dans ces rôles qu'elle est obligée de jouer, jour après jour. Difficile de ne pas se perdre dans ces conditions !
Alors nous assistons à sa chute, lentement, inexorablement jusqu'à cette échappée qui n'est pas un secret.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
«  Presque un an après mon arrivée sur le territoire d’Alice et d’Arthur—— dans les traces de leur mère , le lit et les bras de leur père ——- ma peau a commencé de se dessécher . Les enfants se bousculaient dans mes mollets comme des chiots inquiets , ils me léchaient, me sniffaient, essayaient de me faire culbuter , de me distraire , de m’inonder de leur gaité .
Mais rien n’y faisait . Je n’avais plus envie de jouer.
J’étais déshydratée.Sèche. Rêche. Privée de suc. À court de sève.
Cloîtrée dans une sorte d’aridité —— sans pulpe—— sans larmes—— sans mots —— . »
Sans RIEN » ….
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Étant moi-même d’un naturel peu doué pour la joie et la bonne humeur, je déteste saccager celles des autres – alors souvent je me laisse faire songeant que c’est pour la bonne cause, pour rendre les autres heureux ou pour leur faire plaisir ; même si ça me contrarie, même si ça doit me fourrer dans de mauvais pas, entre de mauvais bras, ou dans de beaux draps. Je prends sur moi, voilà. J’obtempère. D’accord, d’accord, j’accepte d’enfiler ce vieux bazar à l’envers, essayons voir ce que ça donne. En deux temps trois mouvements, j’enlève mon jeans et les enfants me présentent le costume dans lequel j’entre une jambe après l’autre. Avec des gestes frénétiques, les deux grands m’aident à remonter le costume par-dessus mon chemisier. La doublure intérieure du velours me pique immédiatement l’arrière des mollets, puis les cuisses, les fesses, le creux du dos, je suis irritée, griffée à travers le coton de ma chemise, c’est absolument insupportable. Cette torture me remet en mémoire la pauvre sainte Cécile (encore elle, c’est que j’aime les martyres, j’aurais pu être hagiographe) qui a fait vœu de chasteté et se contraignit à porter sous sa robe – le jour de son mariage forcé avec Valérien – une haire en étoffe de crin.
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«  J’aime les rivières qui coulent en sagesse , je les aime murmurantes ou bien tonitruantes , je les aime sombres, folles, froides, fières ; je les aime canalisées emmurées ou laissées libres, je les aime modestes ou fameuses , inconnues ou courues , je les aime calmes et dociles ou bien impétueuses fourbes et dangereuses , j’aime les rivières qui se laissent traverser à gué et les plus grosses qui ne se laissent pas prendre , les grondantes, protéiformes archaïques et profondes . »
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«  On dirait parfois
que nous sommes au centre de la fête .
Cependant
au centre de la fête il n’y a personne .
Au centre de la fête c’est le vide.
Mais au centre du vide il y a une autre fête » …

ROBERTO JUARROZ . Deuxième poésie verticale .
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Arthur Alice Alban lissent mes journées. Ils les remplissent aussi. Je les habille, je les déshabille, je les lave, je les habille, je les déshabille, je les lave - c'est répétitif, assommant, ici encore je m'appellerais Gervaise - je leur raconte des histoires à dormir debout, celle du Renard à sept queues les endort à tous les coups. Quand ils se réveillent la nuit, je sors de mon lit, je retends les couvertures, déniche les tétines et les doudous, je rassure du mieux possible, le chat ne viendra pas manger ton petit doigt, promis, il a déjà bouffé un rat. Je fais le tour des chambres pour dénicher les monstres, j'inspecte les armoires, soulève les tapis et rampe sous les lits,...
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