Que dire...
Lorsque j'ai entendu
Charlotte Bourlard parler de son premier roman, ma curiosité avait été piquée au vif : elle nous avait présenté un conte noir racontant l'histoire d'une jeune femme qui, souhaitant photographier des "vieux" nus, se prend d'amitié pour Monsieur et Madame Martin, deux retraités propriétaires d'une funérarium. Elle vit avec eux, s'occupe d'eux et apprend l'art de la taxidermie avec Madame Martin. Point d'intérêt supplémentaire pour moi : l'intrigue se passe à Liège.
J'étais réellement impatiente de découvrir cette histoire. Je me suis vite aperçue que mes attentes n'allaient pas du tout être comblées...
L'intrigue est assez "simple" : en lisant un peu entre les lignes et en étant légèrement attentif, on comprend assez vite quel est le réel fil et comment l'histoire va se terminer. Rien de bien original finalement de ce côté-là donc, dommage... mais c'est encore la moins pire des caractéristiques de ce roman, à mon sens...
Il s'agit d'un conte noir, on est d'accord, mais tout de même : est-il nécessaire de rendre l'intrigue si morbide et si glauque ? Tant dans les thèmes que dans l'ambiance, le roman est dérangeant et cela n'a aucun sens... le livre est très court et, pourtant, j'ai eu envie de l'abandonner dans un coin sombre plus d'une fois, tant il m'a mis mal à l'aise. Pourtant, j'ai déjà lu des thrillers bien glauques et bien morbides... Mais, dans "
L'apparence du vivant", je n'ai trouvé aucun sens, aucun but au malaise que l'ambiance, créée par l'autrice, a provoqué en moi... Les personnages n'ont aucune profondeur, il n'y aucune réflexion que le lecteur peut creuser pour trouver une explication à cette fascination morbide de la narratrice. Il y a bien des pistes avancées mais impossible de les creuser tant le roman est pesant... J'ai eu l'impression que
Charlotte Bourlard, à travers la narratrice, a couché sur le papier toute sa colère, ses frustrations, ses pulsions morbides, le tout accompagné par un style beaucoup trop familier, trop vulgaire, trop cru à mon goût et auquel je ne suis pas parvenue à m'habituer... Il faut tout de même saluer la précision avec laquelle elle détaille les scènes où la narratrice s'exerce à la taxidermie : on voit que l'autrice s'est bien documentée et ce sont les seuls passages où je me suis dit "Bon dieu ! Elle est capable de bien écrire !" Je comprend du coup encore le choix de son style aussi dérangeant que l'ambiance du roman...
Quant aux lieux, les Liégeois et les grands connaisseurs de la ville identifieront sans aucun problème les endroits où se situe l'action. Mais, d'une part, ils seront déçus de n'y trouver que les quartiers les moins reluisants et les moins accueillants de la ville et de sa périphérie (sur le mode de l'ambiance glauque de tout le roman) et, d'autre part, ils s'apercevront bien vite qu'il est impossible de suivre l'itinéraire de "promenade" emprunté par Madame Martin et la narratrice car les différents endroits choisis ont été mélangés. Ce n'est en soi pas déstabilisant pour quelqu'un qui ne connait pas la ville... en revanche, mon sens de l'orientation en a pris un coup...
Bref... En tant que premier roman de l'auteur, "
L'apparence du vivant" souffre sans doute d'imperfections que l'auteur améliorera peut-être dans les prochains. Mais, en ce qui me concerne, ce sera sans moi car je ne pense pas réitérer l'expérience de lire un livre de
Charlotte Bourlard.
(Centre culturel de Huy, « Les Matins du Livre », mars 2022)