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4,14

sur 391 notes
Voilà un livre à placer tout à côté de Portrait de femme : avec cette peinture subtile d'une jeune femme victime tout à la fois de son éducation et de ses ambitions mondaines, de son inconséquence, des très rigides contraintes imposées par la caste privilégiée et conservatrice dans laquelle elle évolue mais aussi de sa droiture, Edith Wharton atteint les mêmes sommets que son ami Henry James. Il se pourrait même qu'elle le dépasse, non par la finesse de l'analyse ou l'élégance de l'écriture (sur ces points, les deux écrivains se valent) mais par les émotions intenses qu'elle sait faire naître chez son lecteur (avec Portrait de femme, Henry James émerveille mais, à mon sens, ne bouleverse jamais vraiment.)

Chez les heureux du monde (1905) est donc un roman pénétrant et désenchanté (et de plus en plus palpitant à mesure que l'histoire progresse) sur la vacuité et la cruauté glaciale de « l'aristocratie » new-yorkaise (dont Edith Wharton était elle-même issue) et, plus largement, sur l'antagonisme entre ce que nous sommes ou pourrions être si nous pouvions nous affranchir totalement des injonctions et des regards (y compris celui que nous portons sur nous-mêmes) et le paraître auquel nous condamne le milieu social dans lequel nous vivons.

Ceux qui connaissent le Temps de l'innocence (prix Pulitzer 1920), l'oeuvre la plus célèbre d'Edith Wharton, ne seront certainement pas déçus : Chez les heureux du monde est du même tonneau dont on tire les grands crus.
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Qui sont-ils Ces heureux du monde ? Et de quel monde ?
Celui de la Haute Bourgeoisie new-yorkaise en cette première moitié du vingtième siècle, voguant entre Cinquième avenue, Riviera française et riches demeures de la campagne pour fuir l'été trop brulant. Et même si l'on dit, l'argent ne fait pas le bonheur, dans cette société il y contribue, il y est même indispensable.

Et Lily, qui est-elle ?
"On la trouvait plutôt jolie, Lily" Elle est jeune, encore, fraiche, pleine d'esprit, on l'invite souvent, pour agrémenter les séjours campagnards, les soirées mondaines ou les croisières estivales.

"Elle croyait qu'on était égaux, Lily" Oui, mais Lily est orpheline, Et elle ne dispose pas de beaucoup d'argent, alors elle doit se plier aux lois d'une société prompte à à penser que la vérité est là où est l'argent... Alors certains sont plus égaux que d'autres

J'ai beaucoup aimé ce texte écouté en version audio trouvée sur ce site indiqué par Berni, https://www.litteratureaudio.com/

Lily m'a touchée, elle a été élevée comme une jeune femme de cette haute société, c'est-à-dire qu'elle ne sait pas faire grand-chose, à part paraitre dans le monde, tenir son rôle, rechercher un riche mari, même si de temps à autre d'autres aspirations enflent son coeur, surtout lorsqu'elle converse avec Monsieur Selden, le moins mondain de son cercle de connaissances, le plus lucide. Elle souffre du côté artificiel et convenu de toutes ces mondanités, de l'impossibilité de se départir du masque qu'elle doit porter pour rester conforme à l'image que les autres ont d'elle. Son manque de fortune la rend dépendante des autres et lui interdit d'être libre. Je l'ai trouvé à la fois naïve et étrangement lucide sur elle-même, très consciente de ses limites, mais ne pouvant se résoudre à des actions déshonorantes, même lorsque rien d'autre ne peut la sauver, pas même Monsieur Selden. L'autrice décrit à merveille le comportement de Lily, son analyse de cette jeune femme est d'une grande justesse.

Et ce que j'ai aimé par-dessus tout dans ce livre, c'est la beauté de l'écriture. Je me suis délectée à l'écouter, les mots s'enchainent les uns aux autres avec grâce et fluidité, que ce soit pour décrire la société ou les affres par lesquelles passe Lily. Cela a été un plaisir tout au long de ces quelques seize heures d'écoute. Ce livre fait partie pour moi de ceux qui me séduisent autant par la forme que le fond , comme beaucoup de ces classiques dans lesquels je me plonge avec bonheur, le plus souvent.

Edith_Wharton_Chez_les_Heureux_du_Monde_Partie1
Edith_Wharton_Chez_les_Heureux_du_Monde_Partie2
Lu par Vincent de l'Épine

Lien : https://www.litteratureaudio..
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Sous ce joli titre de la traduction française se révèle un drame de la misère humaine, de la condition féminine et de la corruption des coeurs.... mais habillé de dentelles, ganté de blanc et servi par des domestiques en livrée, évoluant entre la cinquième avenue, les escapades sur la côte d'Azur et les étés dans les somptueuses maison de campagne.

Jeune et belle orpheline, Lily Bart mène sa barque dans la haute société new yorkaise dont elle est un ornement. Elle se rend dans diverses sauteries, passe l'été dans les maisons de quelques "amis" où est reçu tout le gratin. Elle fait tout cela dans le but de trouver un mari riche qui pourra lui permettre de continuer à aller dans des soirées et d'en donner, d'avoir elle aussi une maison de campagne où recevoir. Au début de récit, Lily est appréciée et très souvent invitée. Elle est même soutenue dans ses projets de mariage et aider à tendre les filets dans lesquels tel ou tel doit tomber.

Mais la Lily d'Edith Wharton n'est pas un personnage aussi simple, une simple poupée décorative. Contrainte et enfermée par son éducation qui ne lui a donné aucune autre compétence que celle de paraitre, seule mission possible d'une femme de la haute société, elle ne sait pas faire autre chose qu'accepter les règles de ce jeu. Pourtant au dernier moment, quelque chose (ou quelqu'un en la personne de l'avocat Selden ) l'empêche d'aller au bout. Elle pose des actes libres mais incompréhensibles, voire choquants pour ses contemporains et qui éloignent la solution qu'elle espérait. Lily va ainsi accélérer sa propre perte.

Vivre parmi les riches coûtent cher, certes elle est invitée mais elle doit avoir de belles toilettes, jouer à des jeux d'argent ... et ses revenus sont modestes. Elle s'endette, fait confiance à des hommes d'affaires, se rend dépendante. Elle est incapable d'accepter une vie plus simple mais aussi incapable d'accepter jusqu'au bout les règles des épousailles économiques. Lily est un personnage en partie hautain, persuadée d'avoir une haute valeur personnelle et parfois méprisante. Mais elle est aussi scrupuleusement honnête comme le démontrera définitivement le final. Lily est une personne aussi libre qu'il lui est possible dans le contexte. Cette liberté ne lui sera pas pardonnée. Elle cause des scandales que le lecteur d'aujourd'hui a du mal à comprendre. Lorsque l'autrice expose les éléments du scandale qu'elle aurait causé, j'ai dû relire plusieurs fois tellement les actes en question me paraissaient anodins, vus du XXIème siècle.
Les événements s'enchainent et Lily descend toujours plus bas, si bas que plus personne ne peut la relever. Elle doit travailler et se révèle parfaitement incompétente.

L'histoire de Lily Bart est une tragédie causée par la vanité, le culte des apparences, l'égoïsme, la condition dépendante des femmes, la mesquinerie et le petitesse de la haute société. Lily en est la victime et la cause par son comportement.
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Une tragédie pleine d'émotions qui se déroule pendant le « Gilded Age » (la période dorée)aux USA.

Lily Bart jeune fille de 29 ans, d'une grande beauté, intelligente, fine mouche, orpheline très jeune et recueillie par une tante revêche et pingre. Elle aime la vie chez les aristocrates et dans la haute-société, le luxe, les fêtes, les belles tenues..

Lilly souhaite faire un beau mariage, et peut-être devenir un « ornement délicieux » ; cependant écartelée entre ses idéaux de grandeur, d'envie de grand amour, d'honnêteté, elle sabote elle-même ses chances d'harponner le bon mari bien fortuné.

Madame Wharton nous embarque dans des fêtes extraordinaires, à l'opéra, des we à Long Island, des croisières en Méditerranée, à Nice, Monaco, Newport….

J'ai aimé suivre Lilly, j'ai eu beaucoup d'affection pour elle, ses malheurs m'ont fait de la peine, sa descente aux enfers m'a fort attristé, j'ai admiré son courage, son cran. Pour évoluer parmi ces loups, elle a l'âme trop pure. A mesure que son statut social diminue, ses valeurs morales grandissent.
Pour échapper à son destin, elle aurait pu user, comme eux, de la calomnie, chantage…elle en avait les moyens, elle choisit la dignité.
« ℒ𝑒𝓈 𝓂𝒶𝓇𝓆𝓊𝑒𝓈 𝓂ê𝓂𝑒𝓈 𝒹𝑒 𝓈𝑜𝓃 𝒸𝒽𝒶𝑔𝓇𝒾𝓃 𝓁𝓊𝒾 𝓈𝑒𝓎𝒶𝒾𝑒𝓃𝓉 𝒸𝑜𝓂𝓂𝑒 𝓁𝑒𝓈 𝑔𝑜𝓊𝓉𝓉𝑒𝓈 𝒹𝑒 𝓅𝓁𝓊𝒾𝑒 𝓋𝑜𝓃𝓉 à 𝓁𝒶 𝓇𝑜𝓈𝑒 𝒷𝒶𝓉𝓉𝓊𝑒. »

L'auteure dresse un tableau assez détestable de cette Upper Class new-yorkaise, futile, où il est nécessaire de paraitre plus que d'être, les connivences, les faussetés, les faux-semblants, oisiveté. Mais également des nouveaux riches, de la classe ouvrière. Beaucoup de personnages sont ignobles et vils. Dans ce monde, peu de belles personnes ! Chacun essaie de profiter de l'autre.
Bien sûr il y a M. Lawrence Selden..Magnifique ! Certaines personnes - que l'on qualifierait de secondaires au cinéma - sont aussi très belles : Gerty, Nettie..
Le style peut paraitre un peu ampoulé à certains ! Mais quelle écriture : vocabulaire riche, subjonctif, passé simple…Je me suis régalée. L'analyse psychologique est très finement ciselée.
Une magnifique lecture, je vous y invite. le titre original de l'ouvrage “The House of Mirth” (La Maison de liesse), emprunté à une parole de l'Ecclésiaste. Un DVD est joint au livre dans l'éditions L'imaginaire de @gallimard du film de Terence Davies de 2000 avec Gillian Anderson dans le rôle de Lily. Je l'ai pas regardé, j'attends un jour de pluie… à suivre.
Lien : https://www.plkdenoetique.co..
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⭐️⭐️/5

- LA PLUME -

Que j'ai eu du mal avec la plume ! Pourtant, le résumé, les personnages et leurs liens auraient pu être intéressants... Si ce n'est que j'ai trouvé l'écriture d'Edith Warton affreusement lourde et si peu fluide. J'avais l'impression de tourner autour du pot dans des réflexions tirées par les cheveux.

- L'HISTOIRE -

On suit Lily Bart, une orpheline pauvre qui chemine dans les hautes sphères anglaises pour oublier sa condition, et à la recherche d'un riche mari. L'autrice nous livre une tragédie, sombrant Lily peu à peu dans la désillusion et l'écoeurement de soi-même ainsi que de ce monde.
La première partie nous montre une Lily complètement établie dans cette société, appréciée par sa beauté et sa fraîcheur. Elle va de fête en fête, savourant le farniente de la richesse anglaise, se complaisant à leurs côtés en donnant le meilleur aspect d'elle-même. Elle sait qu'un rien peu chambouler sa position, facilement éjectable par sa différence de condition. On suit ainsi pendant 100-150 pages les différents événements, rencontres et liens entre ces personnages bourgeois. On découvre également le but de Lily : harponner un jeune riche célibataire afin de complètement asseoir sa position et ne plus suer devant ses dettes de jeux... J'ai eu beaucoup de mal à m'immerger dans la première partie du récit, bien que l'univers de la haute société anglaise m'intéresse par ses ragots, ses sournoiseries et cette oisiveté en tout genre, la plume ne m'a pas convaincue et m'a désintéressé de cet univers.
La deuxième partie montre néanmoins la déchéance de Lily. Car bien que cette société fait rêver, elle est aussi le repaire de vipère et les amis d'aujourd'hui, sont les ennemis de demain. Cette partie était plus intéressante, car elle montre la nuance du livre, et possède un rythme plus dynamique (bien que toujours aussi lourd).

- LES PERSONNAGES -

Ohlala que dire de ces personnages...
Je ne compte plus les moments où j'ai soufflé face à Lily et ses choix déplorables. Notre protagoniste, pendant tout le roman, n'a su faire des choix cohérents avec ses volontés, et, le comble est qu'elle s'auto-sabote. Ses indécisions m'ont exaspérées et m'ont rendues antipathique face à ce personnage. C'est pourtant, selon les descriptions du roman, une femme intelligente, qui a su se créer une place grâce à ses remarques, à sa discussion rondement menées. Mais qui est incapable de prendre des décisions sensées quand il le faut. Et pourtant, dieu sait combien elle avait d'opportunités...
Lily, qui pour se démarquer met en avant sa beauté, et dont on a l'impression, qu'elle n'a que cela en avantage. de même, ce qui m'a exaspéré, sont ses questionnements moraux a répétitions. Nous avons l'impression d'assister au martyre d'une femme voulant privilégier des choix éthiques et moraux qui n'ont pas vraiment de fond à défaut de sa vie, et puis se lamentant de ses conséquences. Ce choix de développement, à moins d'espérer ajouter un peu de nuance au personnage, ne la rend que plus caricaturale.
Je n'ai pas d'avis sur les autres personnages, le lien entretenu entre Seldon et Lily m'a paru un peu creux et aurait mérité d'être davantage exploité.

- CONCLUSION -

Ce fut un peu un calvaire de lire ce livre, autant par la plume lourde de Wharton que par une protagoniste insipide et inintéressante. Heureusement que le côté tragique vient rehausser le tout.
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Lily est belle. Elle a l'élégance racée de qui est née pour incarner la perfection. Son visage convoque les lys, les roses fraichement écloses, la douce luminosité de la soie. Ses jolies mains appellent les dentelles les plus fines, ses délicieuses lèvres ourlées les nectars les plus subtils. Sa beauté est un hommage à tous les luxes, une promesse de toutes les bontés.
Et elle le sait. Grandie dans le monde feutré de la bonne société américaine, son charme s'est épanoui avec l'assurance de qui sait devoir recevoir les hommages qu'il mérite. Avant vingt ans, elle est parvenue à un degré de raffinement lui faisant regretter l'indéniable faute de goût qu'il y a à déjeuner devant des roses cueillies de la veille. Vous conviendrez avec elle qu'une brassée de muguets aurait été davantage opportune.
Hélas, Lily est ruinée. Enfin, son père. Lequel ne s'arrête pas là et meurt rapidement. Tout comme sa mère. Voici la jeune fille, désormais âgée de 29 ans, orpheline, contrainte de se gouverner seule avec un trop maigre pécule et pour unique chaperon une vague et ennuyeuse tante (néanmoins fortunée).
Comment la belle Lily Bart va-t-elle conduire son existence ? Comment va-t-elle combiner son aspiration à vivre dans le confort avec un code social de bienséance qui la dépossède de tout moyen d'action ? Une jeune fille de son rang ne peut en effet pas faire grand-chose ni accepter quoi que ce soit sans que sa réputation en soit atteinte. A moins de se perdre dans des cercles bien peu recommandables…
Heureusement, ses amis fortunés et insouciants sont toqués de sa présence, de ses réparties délicieuses et de ses charmes. Croisières en bals, invitations à la maison de campagne ou à l'opéra, Lily Bart voit là un terrain de jeux où exercer sa délicieuse emprise. Car il s'agit, de manière toujours plus urgente, de trouver un moyen définitif de s'inscrire dans le luxe qui lui va si bien. Autrement dit, un mari.
Pourtant, l'âme de Lily ne peut se résoudre à l'artificialité fade des mondanités newyorkaises. Pas plus qu'elle ne parvient à dépasser son aversion pour la vulgarité de certains parvenus. Ni à se dérober au charme puissant qu'exerce sur elle le sage et circonspect Mr Selden.
Comment tout ceci va donc se finir ?
J'ai trouvé chez Edith Wharton tout ce que je désespérais de lire sous la plume d'Henry James : la finesse des analyses psychologiques, la vraisemblance de caractères parfaitement étudiés. La cruauté de cette société américaine en train de se faire, de conquérir toujours de nouvelles fortunes plus vite que les élites n'ont le temps de les accepter est un décor parfait pour cette grande figure féminine qu'est Lily Bart. Les péripéties sont certes un peu convenues et nous sommes dans un roman de genre mais une fois les codes de celui-ci acceptés, je me suis régalée aux tourments de cette grande âme comme j'ai souri aux descriptions très proustiennes des mondains. Merci de tout coeur à Anna pour cette découverte. Nul doute que je lirai prochainement d'autres romans de cette brillante romancière.
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Lily Bart (vingt-neuf ans) tente depuis la ruine (et la mort) de son père, survenue dix années auparavant, de trouver un juste compromis entre l'indépendance financière qui lui fait terriblement défaut et l'obligation d'un « beau mariage » pour y accéder … Elle rêve de pouvoir vivre à sa guise, tout en évitant d'être prise en flagrant délit de « non respect » des maudites conventions sociales, imposées aux femmes célibataires (ou non d'ailleurs …) Ne pas se mettre à dos la bourgeoisie New-Yorkaise « bien pensante » n'est pas chose aisée …

Sa mère est morte à son tour, avant de voir son plus grand désir se réaliser : l'ascension de sa fille chez « les heureux du monde », auprès d'un mari très fortuné qui aurait succombé à sa grande beauté … C'est donc sa tante paternelle, Mrs Penniston, qui lui ouvrira sa porte et lui apportera un semblant de stabilité …

Malheureusement, les langues vont bon train en ce début du XXème siècle, la mesquinerie et les manigances des uns et des autres ne connaissent pas de limite et il n'est pas certain que l'ambitieuse Lily Bart saura y faire face … Ni même qu'elle fera les bons choix … Elle pourra toutefois s'appuyer sur les liens d'amitié et de fidèle complicité qui l'attachent au séduisant Lawrence Selden …

Un roman magnifiquement rédigé ! Une société fort brillamment analysée par l'auteure. Un récit particulièrement lucide et sans pitié, qui ne peut qu'émouvoir le lecteur. Et vraiment, il est fort dommage que le talent incontestable d'Édith Wharton ne soit pas plus souvent mis en exergue dans le milieu littéraire … Bref : un gros plaisir de lecture !
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CHEZ LES HEUREUX DU MONDE d' EDITH WHARTON
Lily Bart, 29 ans, célibataire, est issue d'un milieu aisé mais désormais ruiné. Elle vit avec une petite pension et l'aide de sa tante. Néanmoins elle fréquente toujours la très haute société dans laquelle elle est invitée grâce à sa beauté et son entregent. Sa situation reste précaire et malgré son amour pour l'avocat( pas très riche) Lawrence Seldon, elle va essayer de se marier avec un homme fortuné. Elle aura des opportunités mais Lily, bien que fascinée par cette vie de voyages, de débauche d'argent, de paraître, n'est pas aussi vénale que ses concurrentes. Elle n'est pas prête à sacrifier son âme à sa survie dans cette haute bourgeoisie nord américaine. Elle le paiera très cher.
C'est à la lente descente aux enfers de Lily que l'on assiste tout au long de ce livre fascinant, description méthodique de cette bourgeoisie imbue d'elle mêle et peu disposée à intégrer quelqu'un qui s'affranchit des règles non écrites mais bien en vigueur. Quand ce milieu rejette, c'est violent.
Edith WHARTON que j'avais découverte avec Ethan Frome, a une écriture simple en apparence et totalement maîtrisée, il y a bien sûr du Henry James avec lequel elle a en commun une élégance qu'on retrouve tout au long du livre. Elle décrit un monde qu'elle connaît de l'intérieur, elle était elle même très riche de famille et elle a su détecter les prémisses de la fin imminente de ce microcosme qui nous paraît aujourd'hui irréel.
Tout simplement envoûtant!
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Il y a quelques temps, j'avais découvert la plume d'Edith Wharton avec le temps de l'innocence. Cette fois, c'est Chez les heureux du monde. Un roman dans lequel nous allons suivre Miss Lily Bart. Alors que la jeune femme fait des ravages partout où elle passe auprès de la gent masculine, elle n'a cependant pas d'argent et espère donc faire un riche mariage. Au fil de ses rencontres et de ses entorses à aux usages du monde, Lily va aller de catastrophes en catastrophes et pourrait bien tout perdre, même son ami, Mr Selden.

Au début du roman, nous faisons donc la connaissance de Lily. Cette jeune femme sans un sou a des envies de grandeurs. Rapidement, on va comprendre qu'elle vit au-dessus de ses moyens et que sa volonté de voir si l'herbe est plus verte ailleurs l'amènera à toujours plus en demander. Tout étant une question d'apparence à cette époque, la jeune femme va accumuler dettes sur dettes (notamment de jeux), voyager en compagnie d'amis et se faire de nombreux prétendants au fil du roman.

Ce roman vient clairement se moquer de l'époque et plus on avance dans le récit, plus on s'en rend compte. Quel meilleur moyen que de rendre envieux les autres que de passer du temps avec eux pour s'en vanter ? Tous les coups sont permis dans cette société et des amis peuvent bien vous planter un couteau dans le dos le matin et boire un verre avec vous l'après-midi. Lily, un brin naïve va se rendre compte à plusieurs reprises que plus sa situation va se dégrader, plus des situations complexes sont lui arriver sans pour autant remettre en question son mode de vie, au contraire, elle va jouer avec le feu.

Si sa volonté d'indépendance pourrait être justifiée, sa soif de toujours plus va finir par devenir agaçante et la rendre beaucoup moins attachante au fil du temps. Pour elle, bonheur rime avec argent et luxe, mais quand on est loin d'être riche comme elle, cela peut vite tourner au désastre. Ainsi, non seulement elle va s'endetter, mais en plus, sa réputation va en pâtir et s'attirer ainsi les foudres de nombreux personnages. Finalement, sa vie sera aussi superficielle que l'était bon nombre de New-Yorkais à cette époque, fondée uniquement sur les apparences et la luxure. Et comme toujours les rumeurs (pour la plupart infondées) vont lui causer encore plus de problèmes. Sans compter sa petite tendance à se mettre dans des situations critiques...

A ses côtés, Mr Selden, l'homme que l'on rencontre au tout début du roman. Et j'ai envie de dire, le point fort du récit en termes de personnages, quoique, quelques autres se démarquent également. En bon ami, il se montrera toujours à l'écoute pour elle, bien que ses sentiments pour la belle Lily Bart lui causera bien des tourments. Pourtant, il s'efforcera toujours de la défendre et de prendre son parti, en vain. C'est un vrai gentil et j'aurais aimé que cette histoire ait eu plus de place dans Chez les heureux du monde. Mais cette histoire d'amour n'était pas le but premier de ce roman et n'aura donc pas une conclusion heureuse pour eux.

En conclusion, ce classique d'Edith Wharton vient apporté une vision intéressante de l'époque et ses coutumes et amène le lecteur à s'interroger sur le bonheur et ses valeurs. A travers son personnage de Lily, elle vient aussi montrer toute la superficialité de la bourgeoisie New-Yorkais. Je regrette que le personnage de Lily n'ai pas été plus attachant même sur la fin... Quelques longueurs parsèment le récit et casse un peu le rythme par moment mais cela reste malgré tout une lecture fluide.
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J'ai beau souvent aimer les classiques que je lis, j'ai bêtement toujours des appréhensions à les sortir de ma PAL surtout quand ils dépassent les 200 pages écrites petit >< C'est idiot car dès les premières pages en général, je suis fixée et ici, j'ai d'emblée trouvé le style exquis. Il ne m'en fallait donc pas plus !

Edith Wharton, c'est un peu la Jane Austen de l'Amérique du début XXe pour moi. D'elle, j'avais déjà lu et adoré Kerfol et autres histoires de fantômes où le format court m'avait enchantée et sa plume amusée, mais j'avais eu bien plus de mal avec le temps de l'innocence à côté duquel j'étais un peu passé en roman, lui préférant son adaptation ciné. Malgré la profusion de ses titres dans ma PAL j'hésitais donc. Or comme je le disais dès les premières lignes j'ai été séduite. Pourquoi ? Parce que la plume est vive, légère et acérée à la fois. Elle a à la fois cette beauté de la petite phrase qui fait mouche et la fluidité nécessaire pour facilement tourner les pages surtout quand un roman fait plus de 400 pages ^^

Comme souvent dans les romans de l'autrice, nous suivons une héroïne, Lily, qui lui sert à croquer la société new yorkaise du début du XXe dans ce qu'elle a de plus rude et nauséabond. En effet, Lily est une jeune orpheline oisive au début du roman, qui se plaît à vivre au-dessus de ses moyens pensant que tout ira bien grâce à ses amis et sa tante qui s'occupe d'elle. Malheureusement, la vie n'est pas si simple que ça et nous allons suivre ses déboires et ses désillusions qui ne vont faire que s'aggraver, sans parler des gaffes qu'elle-même va commettre. 

J'ai un avis partagé sur cette héroïne que j'aurais aimé pleinement apprécier mais qui a une personnalité qui rend cela difficile. Elle a un côté enfant gâté que je n'aime pas beaucoup mais qui m'émeut aussi. Elle se comporte parfois très mal avec ses "amis" mais d'autres parmi eux se permettent de lui faire subir des choses pas jolies jolies non plus. Alors c'est dur de l'aimer mais impossible de la détester.

Elle évolue dans une haute société bourgeoise new yorkaise qu'on découvre sous son regard naïf avec ses amitiés changeantes et rarement profondes car souvent intéressées. On la suit, comme on peut le faire à Londres, lors de la saison mondaine, dans les fêtes et sorties auxquelles elle participe. Cela a quelque chose de très frivole et superficiel. Mais surtout, on découvre avec elle l'envers du décor : la pression que certains ressentent pour maintenir leur train de vie, la peur de perdre ses amis si on ne suit pas, certaines personnes qui profitent de la naïveté d'autres, l'empêchement d'épouser vraiment qui ont veut car il y a d'autres contingences dont il faut tenir compte, etc. le poids des apparences, de la réputation, des rumeurs et surtout de l'argent et des relations dans tout ça est effroyable et parfaitement raconté ici ! C'était fascinant.

Par contre, j'ai été beaucoup moins séduite par le rythme de l'histoire que j'ai trouvé un peu chaotique. Il a du sens vis-à-vis de ce que vit Lily qui tombe de Charybde en Scylla au fil du temps, ne sachant jamais sur qui vraiment s'appuyer à part son amie de toujours et le cousin de celle-ci, son ami de coeur qu'elle ne peut malheureusement pas épouser. le drame est partout et cela s'en ressent à la lecture même si c'est raconté de manière piquante et sarcastique le plus souvent. Ainsi, j'ai parfois été submergée par tout ce qui arrivait à Lily et je ressentais un peu de lassitude face à cela, surtout en milieu de lecture après avoir eu grand espoir finalement déçue. En revanche, j'ai trouvé la fin parfaite, tellement juste et logique après tout ça. J'admire vraiment l'autrice pour le parcours de vie qu'elle a osé écrire à son héroïne.

Grâce à Chez les heureux du monde, j'ai découvert que je pouvais aimer Edith Wharton sur des textes longs, j'ai donc un regain d'intérêt pour ceux qui peuplent ma PAL. J'ai adoré la poésie âpre et cinglante de sa plume qui croque magnifiquement la haute société new yorkaise d'autrefois à travers le destin dramatique d'une jeune fille gentille et naïve qui s'est retrouvée piégée par celle-ci et ses ambitions. C'est parfois un peu long, un peu trop dramatique mais parfaitement mené avec une critique réelle et profonde des dangers de cette société. Je m'essaierai à d'autres romans de cette autrice.
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