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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Salomé, en voilà une drôle de pièce... Elle se repaît des thématiques symbolistes de l'époque, si bien évoquées par Félicien Rops et Alfred Kubin, entre autres. Et par "entre autres", j'entends évidemment Aubrey Beardsley, qui fut apparenté aux Préraphaélites, à l'Art Nouveau, au symbolisme et à l'Aesthetic Movement (donc, là, j'ai perdu les 3/4 de mon lectorat, au vu de la réaction de mon copain à qui je suis en train de lire la critique à haute voix...) Ayant précisément dégotté une publication de salomé parue chez Ombres et agrémentée des dessins réalisés par Bearsdley pour l'édition anglaise originale (la pièce ayant été écrite en français), j'ai pris, je l'avoue, davantage de plaisir aux illustrations qu'au texte.

Car salomé est tout de même une pièce bizarrement fichue. Un seul acte, une seule scène, un seul décor (Racine en aurait pâli d'envie !) Débutant dans un style très emphatique, avec des répliques répétées à l'envi, - Wilde ayant sans doute essayé d'imiter les maîtres du genre comme Maeterlinck -, la tragédie est d'abord centrée sur le personnage de salomé, au moment où elle voit le prophète Iokanaan pour la première fois et qu'elle se prend d'une passion fatale pour lui. Entrent Hérode et Hérodias et alors, très rapidement, c'est bien Hérode qui devient le personnage central d'une pièce qui mêle soudain et bizarrement humour - à la Wilde - et tragédie. On reverra salomé à la fin, qui, sur une promesse bien malavisée d'Hérode, dansera pour lui (quoique ce passage ne soit pas du tout décrit), et recevra, malgré les protestations et les atermoiements du souverain, la tête de Iokanaan en récompense. Et mourra.

Alors oui, on retrouve en effet ici un thème typique du symbolisme, à savoir la femme fatale. Une femme effrayante (pour les artistes symbolistes, j'entends) à cause de ses appétits sexuels - et ce n'est pas par hasard que Iokanaan passe son temps à clamer qu'Hérodias, la mère de salomé, est une catin. Une femme toute puissante, puisqu'elle aura raison de tous les arguments d'Hérode pour obtenir la tête de Iokanaan, et en même temps vouée à la perdition ; pire, se perdant elle-même. Et, d'un autre côté, salomé n'est qu'une jeune fille pas vraiment innocente, mais encore bien naïve. Consciente de la concupiscence masculine, elle en joue parfois (avec le personnage du jeune Syrien) ou s'en effraie (Hérode la dégoûte), et découvre les émois d'une sexualité qui s'éveille, pour le coup, violemment. C'est là qu'on retrouve l'ambivalence si bien rendue par Kubin, qui représentait aussi bien des femmes sensuelles et terribles que des femmes terrorisées par la sexualité masculine. Et qu'on peut aussi penser à Puberté de Munch...

Mais enfin, cette thématique n'est pas suffisante en elle-même. Certes, Wilde développe un personnage qui n'est guère qu'évoqué dans La Bible, mais enfin, ce n'était pas nouveau en 1891, et il a d'ailleurs largement puisé son inspiration chez Gustave Moreau et d'autres(les représentations de salomé de Moreau ayant par ailleurs donné lieu à un célèbre passage de À rebours, de Huysmans, chef-d'oeuvre du symbolisme littéraire). Certes, Wilde use de jolies métaphores sur la Lune, mais tout cela est un peu lourd et sent l'artifice. Heureusement, les tirades finales de salomé, empreintes d'une poésie plus spontanée, sont réussies. Ce qui n'est pas, à mon avis, le cas de la pièce dans son ensemble, qui vaut plus comme témoignage de la prégnance du symbolisme à la fin du XIXème siècle que pour elle-même. On pourrait aussi ajouter que le théâtre n'est pas forcément le point fort De Wilde, mais, à tout prendre, je préfère L'importance d'être constant ou Un mari idéal à salomé.
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Hérode lui-même déclare dans le dernier tiers de la pièce "qu'il ne faut pas voir des symboles partout".
Pourtant, à ma lecture, j'ai trouvé des symboles partout : salomé est pâle, si pâle pour ceux qui la regardent, pâle comme la Lune - la Lune étant l'emblème de la déesse vierge Diane. Hérode parle de sa grande émeraude qui permet de voir loin, à une distance immense. le vin est rouge comme le sang, et lorsqu'il est renversé, il symbolise le sang du cadavre du jeune capitaine. Je pourrais faire une longue liste de toutes ces allusions, mais Hérode la fait lui-même en comparant chacune de ses pierres précieuses à autre chose, il se charge lui-même des métaphores et des sens figurés.
Il est beaucoup question de regards également, mais aucun ne se croise : un soldat regarde inquiet le jeune Capitaine regarder salomé avec passion, qui, elle, est regardée avec désir par Hérode, Hérodias regarde avec jalousie Hérode regarder salomé, Iokanaan ne regarde personne ici-bas - ou, il regarde au loin Celui dont il annonce la venue, salomé regarde la lune puis Iokanaan. Et enfin, sans que nous, spectateurs/lecteurs puissions le voir, Dieu regarde tous les personnages.
C'est par le regard que la blanche et pure salomé passe d'une jeune fille insensible contemplant la Lune - j'ai beaucoup pensé à Salambô, à une femme désirante, associée au rouge des lèvres, de la passion, du sang de la perte de la virginité : le mot "déflorer" est dans le texte.
Cette pièce vaut donc pour son écriture plus que pour son intrigue, les personnages font plus des discours aux nombreux sens plutôt que s'interpeller entre eux.
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Résumé

Hérode a épousé Hérodias, la femme de son frère défunt, elle aune fille Salomé princesse de Judée d'une beauté étonnante. Iokanaan, prophète, critique le mariage entre Hérode et Hérodias et le qualifie d'incestueux ; il a été enfermé dans une citerne (cette même citerne où avait été enfermé le frère d'Hérode avant que celui-ci ne le tue).
Salomé est regardée par tous les hommes notamment de son oncle et beau père Hérode au grand damne de sa mère, mais Salomé est subjuguée par ce prophète qui déclame tant de paroles étranges, elle veut lui parler, le voir.
Iokanaan ne veut la voir, il l'insulte « fille de Babylone » « fille de Sodome » et la repousse.
Hérode ne se sent pas à l'aise, entend les ailes d'un oiseau, est-ce l'ange de la mort comme le prédit Iokanaan ? Hérode ne se laisse pas aller et demande à Salomé de danser pour lui et promet de lui donner tout ce qu'elle désire en échange d'une danse. Elle lui fait promettre de lui donner ce qu'elle désire, il promet, le roi promet !
Elle danse la danse des sept voiles et lui demande en échange la tête d'Iokanaan. Elle va l'obtenir mais pourquoi l'ange de la mort rôde t-il encore ?...


Avis

Salomé est une pièce en un seul acte, une tragédie plus exactement et correspond à un épisode biblique celui où Salomé, belle-fille du tétrarque de Galilée Hérode, qui en récompense de sa danse des sept voiles demande à ce qu'on lui présente la tête de Iokanaan (Jean le Baptiste) sur un plateau d'argent.
Tout le monde la regarde et tout le monde la désire, elle est celle qui décide qui elle va aimer et qui va être tué. Malgré l'histoire tragique Wilde y intègre une forme poétique qui embellie la scène, il parle de la lune comme d'une fleur d'argent ou parlant du corps de Iokanaan.
On se croirait devant un tableau, tant par la description les couleurs jaillissent et les personnages deviennent bien vivants.
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Oscar Wilde s'attaque au mythe de salomé : comme elle est belle et adulée, comme tout le monde recherche sa compagnie. Elle inspire, elle est libre, et elle est curieuse et même obstinée. On la regarde, parfois trop.
Hérode, son beau-père, lui, veut la diriger et la modeler à son image. Il est prêt à tout pour elle, lui proposant même de remplacer sa mère.
Iokanaan, le prophète, dit des choses dérangeantes, des choses que l'on doit taire, que personne ne doit entendre. La liberté est dangereuse, elle donne des idées aux gens…
Ceux-là étaient sans doute faits pour se rencontrer mais aucun bien ne pourrait découler d'une telle rencontre, ils marchent ensemble vers leur destin funeste.
salomé, curieuse comme Pandore parviendra à ses fins, à force de charme et caprices. Attirée, presque malgré elle par Iokanaan, elle donnerait tout pour qu'il la regarde.
Iokanaan imperturbable, continuera de scander haut et fort son respect de la loi divine, et son dévouement innocent.
La lune, témoin privilégié de leur rencontre, est étrange et réclame son lot de morts.
Et Hérode, superstitieux demande à salomé de danser pour lui...
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Une pièce sympathique qui retrace le mythe de salomé, la danseuse au corps magnifique. Que ce soit la perte de la jeune femme ou la naissance d'une religion, ce récit est riche en événements, il devient impossible de s'ennuyer. Une agréable découverte, qui me donne envie d'en connaître plus sur les oeuvres De Wilde.

Plus d'infos sur ma chronique :)
Lien : http://la-riviere-des-mots.b..
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La pièce est très courte et se lit vite, et en français s'il vous plait! en effet l'édition que j'ai est bilingue, mais elle a été écrite par Wilde directement en français et traduite dans sa langue natale seulement dans un second temps. Donc, VF obligatoire!

L'introduction de cette édition est très intéressante, car elle cite les principales sources De Wilde, car au final la Salomé biblique n'est évoquée que très brièvement sans même être nommée : elle y est mentionnée la fille d'Herodiade ou la fillette, et nulle précision n'est donnée sur le type de sa danse, c'est la vogue de l'orientalisme à la fin du XIX° siècle qui en a fait d'une part une adulte, et d'autre part une danseuse du ventre à moitié nue et provocante.. Dans l'imaginaire moyen-oriental de l'époque elle était peut être habillée de pied en cap après tout.Qu'il s'est plutôt inspiré de Salammbô de Flaubert pour le côté " exotisme orientalisant". Et des tableaux de Gustave Moreau.

Autre grosse différence entre la danseuse biblique et celle De Wilde: la Salomé traditionnelle n'a pas de volonté propre, pas d'instinct vraiment meurtrier, elle fait seulement ce qu'on lui demande: danser parce que le roi lui a demander, et demander la tête du prophète parce que c'est ce que sa mère lui a demander. Celle de Wilde au contraire a des idées bien arrêtées: elle a fait des avances à Jean ( ici nommé de manière plus plus orientale Iokanaan) celui-ci les a repoussées, elle s'avise donc que la seule manière de le mettre en son pouvoir est de le faire tuer. C'est vraiment sa propre décision, une décision excessive je vous le concède.

Enfin, sans être inoubliable, c'est une lecture intéressante, en ce qu'elle fait de Salomé une héroïne agissante, et agissante pour son propre compte, dangereuse, mais moderne et qui revendique sa volonté. Et ça, fin XIX°, ça n'était pas monnaie courante au théâtre.
(pour plus de précision, suivez le lien!)
Lien : http://chezpurple.blogspot.f..
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Pièce frappée d'hérésie en son temps qui valu ses travaux forcés à son auteur.

Complicité de combat de Cybèle et de salomé livrée en jeux de miroirs à suivre et découvrir par les mystères de ces sept voiles offerts en danse, d'une autre vie.

Acte unique à lire avec curiosité et questions sur cette modernité nous accompagnant.
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salomé est une tragédie en un acte, initialement écrite en français par Oscar Wilde et traduite en anglais trois ans plus tard

Elle s'inspire du mythe biblique de salomé associé à la décollation de Saint Jean Baptiste, mythe qui a inspiré les peintres du Moyen Age puis des écrivains du XIXe siécle, ( (dont Gustave Flaubert qui publia son roman historique salammbô en 1862). Il est à noter que le cadre de cette tragédie reprend celui du chapitre 3 du Salammbö de Flaubert.
salomé est une princesse juive du Ier siècle, fille d'Hérodiade et d'Hérode "fils d'Hérode" . Dans le nouveau testament, elle apparait "comme la fille (fillette) d'Hérodiade qui danse devant Hérode Antipas qui est son beau-père, (peut-être son père). Charmé, celui-ci lui accorde ce qu'elle veut. Sur le conseil de sa mère, elle réclame alors la tête de Jean Baptiste, qu'Hérode Antipas fait apporter sur un plateau". (source Wikipédia)
Initialement anecdotique dans les écrits testamentaires, , c'est l'historien Flavious Josèphe qui lui donna le nom de salomé. Au fil des siècles , salomé devient dans l'imaginaire collectif, l'archétype de la tentatrice sensuelle .
Le personnage de Iokannan semble se référer à Saint Jean Baptiste

J'ai beaucoup aimé le lyrisme, la musicalité de cette oeuvre et l'usage de figures répétitives qui donnent une force aux dialogues.
En 1905, Richard Strauss crée l'opéra éponyme suite à la traduction en allemaad de la pièce d'Oscar Wilde.
De nombreusx musiciens et chanteurs se sont également inspirés de cet oruvre ( Nick Cave, Smashing Pumkins, Pete Doherty, U2, JP Capdvielle, Indochine )



Lien : http://lagrandestef.over-blo..
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Un avis mitigé sur cette pièce
J'aime toujours autant la plume d'oscar wilde, la verve dont il a doté ses personnages, l'ambiance créée. Mais l'histoire en elle même m'a laissée de glace.
je n'ai malheureusement pas retrouvé l'engouement que j'avais connu avec dorian gray.
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