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Lu en 2016. C'était mon troisième roman de Martin Winckler. Un livre écrit à la fois comme un témoignage, un journal intime, une autobiographie, un hommage.
Le soin et la souffrance au coeur du récit. La douleur des corps, malades, épuisés, en stade terminal, à bout. Ajouter à cela, la conscience de la fin, l'angoisse de ne plus rien maîtriser, le pouvoir implacable du corps médical et politique. Seulement le désir de "s'endormir", en toute lucidité, toute dignité, en paix... Des histoires universelles, profondément intimistes et humaines !
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Je n'ai pas trop apprécié ce roman notamment par son style d'écriture. Il se lit rapidement et facilement mais je n'ai pas vraiment accroché. Peut-être qu'en étant infirmière et en réalisant des soins palliatifs ma perception est affectée, je ne sais pas !
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Je n'aime pas particulièrement l'écriture de Martin Winckler mais je le lis parce que ses romans soulèvent souvent des problèmes de société liés à la santé publique et, en tant que praticien, il sait de quoi il parle. Je lui fais donc confiance sur le contenu. Ici, l'agit de ce qu'on a coutume d'appeler, du moins au Québec, l'aide médicale à mourir. J'ai d'abord cru, comme pour La vacation, qu'il s'agissait d'une expérience vécue mais au fil de la lecture, j'ai pensé qu'il s'agissait plutôt d'un mélange de réalité et de fiction. C'est le côté un peu désincarné de personnages qui m'a amenée à cette conclusion et aussi l'invraisemblance de pouvoir pratiquer régulièrement l'euthanasie dans un pays où la loi la prohibe sans être dénoncé ni inquiété… Certaines histoires m'ont accrochées, d'autres m'ont paru fades, voire peu crédibles. J'aurais préféré, je crois, que l'auteur approfondisse celle d'André justement qui m'a le plus touchée. Mais peut-être justement concerne-t-elle des personnes qui ont existé et que l'auteur ne pouvait nous en dire plus…
Comme pour l'avortement, l'euthanasie vise à soulager la souffrance en provoquant la mort mais je ne peux m'empêcher de voir une grande différence entre les deux cas, ce qui m'a sans doute permis une lecture plus sereine de ce roman que de la vacation.
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Octobre 2012, j'apprends que le dernier Winckler est sorti. Winckler n'est pas un écrivain contemporain comme les autres, il est engagé, engagé dans sa pratique quotidienne, puis engagé dans ses écrits. Il n'est pas un penseur du temps, il en est un générateur.

Tous acteurs de la post-modernité, nous en sommes aussi tous des héros. Nous faisons tous notre part. Grande, petite, minimaliste, militante, guerrière, passive, immobiliste, revendicatrice, peu importe, chaque souffle porte sa part. En marche dans cette mutation de notre monde, on lit avec délectation des sages bien plus jeunes que leur âge, comme par exemple Michel Serres, Luc Ferry ou Jacques Attali. Tout nouveau paradigme a ses penseurs du temps. Ils sont indispensables dans l'historicisation des événements, seule à même de donner un sens au sens que prennent les choses. Et aujourd'hui, grâce à la force de la tradition orale par internet, nous avons facilement accès aux générateurs du temps. Acteurs pratico-pratiques, les générateurs du temps sont des volontaires du changement. Hors-la-loi souvent, généralement anonymes, révoltés actifs toujours, ils creusent l'ancien fruit des vers de la liberté, de l'égalité, de l'amour. Martin Winckler est de ceux-là.

«En souvenir d'André», ce bijou, est dans mon sac. Il m'accompagne depuis trois mois. Il est un objet sécurisant, un cadeau précieux. Ne pas l'ouvrir de peur de déjà le terminer, avoir le temps d'en rêver, de le déguster et d'y être encore une fois fermé. Comme cette truffe de janvier, cette huître de novembre, cette clémentine de décembre, cette cerise de juillet, ne surtout pas manger hors saison et faire un voeu à la première bouchée. Je transporte partout ce livre comme une promesse, je sais qu'il me fera quitter mon quotidien tout en l'exacerbant. C'est l'un des effets Winckler. Un roman de Winckler n'égaye pas votre quotidien, il ne le rend pas plus beau si vous le lisez par instants volés, il ne vous permet pas de voyager en feuilletant un catalogue de voyages. Non. Un roman de Winckler rend hommage à votre quotidien, à la réalité de votre vie quotidienne. Alors, ne surtout pas brutaliser ces pages délicates. En lire chaque ligne avec la conscience aigüe qu'il est sorti d'un labeur quotidien du coeur. C'est comme choisir de faire un gâteau plutôt que de l'acheter chez le pâtissier. Ne pas remplir son office par l'achat presque vulgaire et forcément brutal en 5mn, "voilà, c'est fait, je me suis chargée du gâteau". Non, sentir les minutes de l'heure qui s'écoulent en tendrement laisser s'envoler la poussière de farine, sentir craquer sous ses pieds le sucre qui s'est répandu, attraper le bout de coquille de l'oeuf tombée dans les blancs, mixer le chocolat et le beurre fondus, doucement les mélanger pour qu'ils finissent de fondre sans cramer, les regarder fusionner et prendre une couleur, voir l'onctuosité des jaunes adoucir les grains rugueux du sucre. Un roman de Winckler, c'est une mousse au chocolat maison. Et la déguster ou la dévorer, c'est toujours s'imprégner de la succession des gestes de la maman aimante, chaque bouchée est un doux baiser qui chauffe vos entrailles.

Et cette nuit, une insomnie bienveillante me sort de mes songes. Une envie irrépressible d'ouvrir ce joyau. Et déjà un affreux regret … je l'ai dévoré dans la foulée … Comme je vous envie de l'avoir encore dans votre pile de livres que l'on contemple, le temple des livres à lire.


Ce matin, je suis groggy d'impatience, un doux courant convaincu d'humanité me traverse. J'ai une pensée émue pour ma grand-mère de 95 ans qui un soir de novembre s'est administrée, seule, le précieux mélange capable de la transporter d'ici-bas à là-haut. Elle n'était atteinte que de la lassitude de vivre sa vieillesse. Et Dieu merci, son coma a été plus tenace que les efforts hospitaliers ou les prières orgueilleuses de voir Mamie devenir centenaire ! Je pense aussi à ma mère, qui, bien des fois, mais avant d'être naturellement emportée par son coeur qui battait trop fort d'émotions «incontenables», a voulu délibérément faire cesser ses souffrances sans jamais y arriver, sans jamais y être autorisée. Je pense encore à mon cousin germain, emporté à vingt ans par un crabe insolent, porteur de la force virulente de la jeunesse, qui n'a pu qu'avoir le droit de faire cesser le traitement aussi acharné que décharnant, et d'attendre que mort s'en suive. Je pense à nous tous les bien-vivants, à défaut d'être bons-vivants, qui, soulagés de ne pas être les récipiendaires des derniers maux, osons être touchés dans notre vanité de n'être pas les dépositaires des derniers mots. Merci Monsieur Winckler, merci André, merci de, sans nous juger, sans nous culpabiliser, nous rendre à notre condition d'humain mortel, dans sa détermination, dans sa dignité, dans son courage, dans sa liberté, dans son intimité profonde.

Pour visiter cet élan dans d'autres oeuvres …
Lire En souvenir d'André m'a renvoyée à ma lecture des autres romans de Martin Winckler, le Choeur des Femmes notamment … Sur la prise en considération de la douleur des patients, j'ai re-pensé au courageux, et révolutionnaire pour l'époque (1985 !), Requiem pour la vie, Léon Schwartzenberg.
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Martin Winckler a toujours une façon bien à lui de raconter les histoires. Il les raconte de telle façon que l'on est embarqué par les personnages réalistes et par le sujet. Ici il est question de la fin de vie et c'est l'occasion d'aborder un thème que l'on voit rarement sur les étals des libraires. Avec beaucoup de justesse on y rencontre des questionnements sur le soin palliatif et sur l'accompagnement des proches en fin de vie notamment lorsque l'on n'est pas un professionnel du soin. C'est un roman plein de pudeur et qui sonne juste comme souvent chez l'auteur. La notion de gestion de la douleur est centrale et c'est un autre point que je trouve très intéressant dans ce livre. le personnage central fait partie d'une équipe mobile d'un hôpital qui propose des aides aux patients en se déplaçant dans différents services pour soulager des douleurs chroniques. Martin Winckler s'est d'ailleurs penché plus récemment sur cette question dans l'essai « Tu comprendras ta douleur » que je n'ai pas encore lu et où l'on retrouve cette thématique encore peu discutée dans le domaine des soins.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Ce livre est à la hauteur des autres romans que j'ai pu lire de Martin Winckler. A travers les histoires de cet auteur, je ressens toujours beaucoup de bienveillance d'humilité.
Dans celui-ci c'est peut-être encore plus présent. L'auteur parvient à traiter de la fin de vie, d'une façon très touchante. Il ne minimise rien, mais il sait la rendre acceptable, vivable en quelque sorte.
Et comme toujours dans les romans de Martin Winckler, la construction est très originale.
Bref, ce livre m'a beaucoup plu, et il confirme que c'est un de mes auteurs préférés.
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Je suis fan des livres de Martin Winckler et celui-ci ne risque pas de me faire changer d'avis sur cet auteur humaniste qui ne cesse d'explorer dans chacun de ses livres de nouvelles voies pour une médecine plus humaine à l'écoute des patients. “En souvenir d'André” traite du sujet difficile (et d'actualité début 2013 avec un rapport remis au gouvernement) du suicide assisté. Comme toujours, c'est à travers un roman bien ficelé avec un rebondissement final poignant que l'auteur traite son sujet, le pays n'est pas précisé, ni l'époque bien qu'on puisse imaginer un futur assez proche... les personnages sont terriblement attachants, il y a des histoires dans l'histoire et au final cela donne un roman magnifique, qui une fois la dernière page refermée vous accompagnera longtemps, générant forcément une réflexion sur la fin de vie, de notre vie, de celle de ceux qui nous entourent...Lu fin d'année 2012, ce livre a été un coup de coeur absolu et si vous n'êtes pas effrayés par le sujet , précipitez-vous dessus, vous ne le regretterez pas...
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Livre excellent, plein d'humanité.
Accompagner les patients en fin de vie et surtout soulager la douleur. Je pense que maintenant la médecine est plus attentive au désir du patient et sans nul doute le livre de Martin Winckler peut y contribuer. J'espère qu'il est lu par beaucoup de soignants.
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Ce roman aborde avec beaucoup de sincérité et d'humanité le délicat sujet de l'euthanasie. le narrateur, jeune médecin, est confronté à la souffrance des malades mais surtout à l'hypocrisie du milieu médical et de certains individus "bien pensants". C'est poignant, touchant mais ce n'est ni mièvre, ni larmoyant, ça correspond, je pense, à la réalité d'une certaine époque. Ce médecin est à l'écoute de ses patients, il est soucieux de leur bien-être et respectueux de leur choix. J'ai apprécié les récits de vie des patients lourds de secrets mais tellement vrais. Inévitablement, ce récit nous renvoie à notre vécu, à notre histoire personnelle et au terme de la lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à un médecin namurois, victime lui aussi de l'hypocrisie, de l'intolérance mais tellement à l'écoute de ses patientes !
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Dans ce livre on suit Emmanuel, un garçon à la limite de l'hypermnésie, ce qui lui permet de réussir ses études de médecine sans trop de difficultés. Par la suite, il intègre en tant que jeune médecin une unité anti-douleur. .

C'est ce même médecin, qui un jour reçoit un appel d'André, un de ses pairs. André, malade, fatigué, épuisé est arrivé au bout de sa vie. Il demande alors à ce médecin, qu'il a connu en tant qu'étudiant de "l'accompagner". Une décision qui va bouleverser sa vie professionnelle et personnelle.

Va s'en suivre d'autres appels, "en souvenir d'andré". Une sorte de mot de passe qui permet a d'autre d'entrer en contact avec ce médecin. Comme Louise, cette femme au coeur brisé depuis son adolescence. Ou bien même ce médecin foudroyé par une crise cardiaque au moment même où il prenait enfin conscience des choses essentielles de sa vie.

Emmanuel va alors écouter, accompagner, veiller jusqu'à la fin sans juger. "Quand la douleur est intolérable, personne ne doit la tolérer". .
Cette phrase résonne en moi. En tant qu'être humain, en tant que soignante. Qu'on soit pour ou contre l'aide médicale à mourir, je pense qu'il est bon de se tourner vers ce livre. Beau, juste, sincère. Qui résonne en nous peut importe notre sensibilité sur le sujet.
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