Citations sur La Maladie de Sachs (101)
La cause N° 1 du décès chez le nouveau-né, c'est le retard de croissance intra-utérin, parce que les femmes boivent, se droguent ou cessent de bouffer. Chez le nourrisson et le petit enfant, c'est l'accident domestique, il est tombé de sa table à langer ; chez le grand enfant, c'est l'accident de voiture, on l'avait pas attaché ; chez l'adolescent, c'est le suicide, on aurait jamais imaginé.
Après ça, qui aura le front de dire que le milieu familial, ça n'est pas mortel ?
Au petit matin, j'ai enlevé mes gants, je me suis savonné les mains pendant dix minutes, et je les ai glissées, nus, sur lui, pour le caresser. Ses doigts se sont refermés sur mon petit doigt, son poing l'a attiré vers sa bouche, et il l’a tété. Je suis resté debout contre la boîte, je le regardais, et je pleurais sans pouvoir m'arrêter.
Au matin, quand je suis parti, j'ai haï ceux qui nous avaient fourrés là, tous les deux, sans réfléchir à ce que ça voulait dire. P596
Je viens parce qu'on m'a parlé de vous,il paraît que vous savez bien soigner l'asthme/ la sinusite/ les verrues/ les migraines/ la dépression/ les rhumatismes/ les furoncles/ les personnes âgées et que vous êtes très doux avec les enfants. C'est ma voisine dont vous soignez la tante qui l'a dit à sa sœur qui habite près de chez ma belle mère. Alors je me suis dit que j'allais venir pour voir, ça ne coûte rien d'essayer, hein ?on cotise assez pour ça. Mais je vous préviens,moi je suis un cas!
-Et de quoi vouliez vous me parler ?
-Eh bien... Je voulais d'abord me présenter et puis ensuite savoir quels étaient vos besoins en matière de phlebo angéiologie...
-Mes besoins ?
[...]
-Haha fais-je en faisant semblant d'apprécier la plaisanterie, je voulais dire les besoins médicaux de vos patients.
-Mes patients ? Eux vous savez, ils n'ont pas de veine... C'est d'ailleurs leur principal motif de consultation.
Je reste estomaqué. Tu croises les doigts. Tu me regardes en silence.
Je me demande si tu n'es pas en train de te foutre de moi.
Aimer c'est être impuissant contre le temps, et en avoir conscience.
Aimer, c'est savoir que l'amour n'aura qu'un temps, tout le temps de la vie peut-être, mais seulement ce temps-là.
Aimer, c'est savoir que si l'on ne meurt pas le premier, on verra l'autre mourir.
Qu'on verra la vie et l'amour mourir chez l'autre, avant même que l'autre ne meure. Et qu'en voyant l'autre mourir, on mourra tout vif."
Le corps souffre parce que le corps vit. La souffrance n'est ni rédemptrice, ni punitive, elle est consubstantielle à la vie. Le corps n'est pas fragile, il est hypersensible, irréparable, biodégradable. Le corps est une foutue machine à sensations et la plupart de ces sensations sont désagréables, parce que chaque seconde qui passe aggrave sa détérioration. Même pour les nouveaux-nés, il n'y a pas que le pur plaisir, lolo-dodo, comme on voudrait le croire. Dès la première tétée, pan ! la première colique. Dès le premier bisou, pan ! le premier rhume. Dès le premier été, pan ! la première convulsion.
Les gens attendent quand même qu’un docteur ça ordonne beaucoup de remèdes, ils ont assez cotisé, et moi même je trouvais ça curieux au début, mais comme je m’en trouvais bien, pourquoi j’aurais cherché plus loin ?
Quand on vous pose une question, toujours se demander si l'autre veut entendre la réponse.
Votre regard sur la vie, c'est une chose. Vos regards, vos paroles, vos gestes sur moi, c'en est une autre. (p.370)
Et puis, un jour, j'ai vu des morts. Et ils m'ont fait comprendre que la mort défie notre imagination.