"We're all mad here..."
...disait le Cheshire Cat dans "Alice au pays des merveilles" avec un sourire carnassier.
Pauvre minou, va ! Tu n'as encore rien vu !
Je suis tombée sur le livre de Wong tout à fait par hasard dans une librairie d'occase; et rien qu'en lisant la devinette noire du début, qui commence par "Disons que vous avez une hache...", je savais que je vais repartir avec.
Attention, c'est spécial !
C'est un peu comme si
Graham Masterton était possédé par l'esprit de William Burroughs, en nous resservant une sorte de "Nova Express" à la "sauce monstre". Soit on accepte les règles du jeu dès le début, et on s'amuse royalement, soit on referme le livre au bout de quelques pages.
Vous-est-t-il déjà arrivé que, la nuit, vous passez à côté d'un miroir, et le visage que vous y apercevez n'est pas le vôtre ? Que vous voyez une ombre bizarre qui ressemble à un monstre ou une créature dangereuse ? Il suffit alors d'allumer la lumière, et tout redevient normal. Pour vous...
... mais pas pour John et Dave.
Mais est-ce que ce sont vraiment John et Dave, ou d'abord - John, qui doit "mourir à la fin", n'est-il pas déjà mort au début ? Et Dave ? A force de les voir tourner entre les dimensions comme sur un manège cassé qu'on ne maîtrise plus, difficile à dire !
Tout commence par une rencontre avec Robert Marley, un Jamaïcain contorsionniste en lévitation, amateur de "sauce soja" qui ouvre les portes des dimensions parallèles.
Vous savez bien qu'il y a des portes qu'il vaut mieux de ne pas ouvrir - il peut être trop tard pour les refermer... Et cela peut libérer un sacré paquet de monstres : des scorpions à perruque, des méduses au plafond, des gorilles qui chevauchent les crabes géants... et Korrok, bien sûr ! Car c'est le chef.
Vous avez l'impression de vous retrouver dans un monde surréaliste de
Dali ou de Jérôme Bosch.
Et l'idée que la survie de l'humanité est entre les mains de deux loosers, fans de films B et de jeux vidéo (qui jouent aux ghostbusters en utilisant la Bible collée au scotch sur une batte de base-ball, les vieux standards de rock des années 80, et les lance-flammes fabriqués avec les pistolets à eau) fait positivement flipper.
Chez Burroughs, parfois le drogué s'exprime comme s'il était déjà mort, tout en sachant qu'il est encore vivant - le souci de John et Dave, c'est qu'ils ne le savent pas :
- Dave ? C'est John.
- Est-ce que t'es...
(vivant)
... dans une ambulance, ou quelque chose ?
- Oui et non. T'es toujours au commissariat ?
- Ouais. On était tous deux...
- Est-ce que je suis déjà mort ?
C'est une bonne parodie des films et des livres d'horreur, pleine d'humour absolument décalé; un grand "n'importe quoi" assez intelligemment écrit.
Mais il faut peut-être doser la lecture, car maintenant on sait que toute overdose peut être dangereuse.
En tout cas, si désormais je reçois un coup de fil par un biais d'un hot-dog ou d'un chien poilu qui sait conduire, je serai moins déstabilisée...
A lire à vos risques et périls !