Une fois de plus un témoignage difficile, qui relate la vie de Maureen.
Cette femme qui a été violée par son beau-père, sa mère mais également son frère Jock !
De ses viols elle va finir par tomber enceinte à l'âge de 13 ans, ne sachant même pas lequel des deux est le père. Maureen va vouloir garder cet enfant. Christopher verra le jour mais ne vivra que peu de temps...
Devenue adulte, elle va penser enfin à elle, à ses enfants, sa vie et puis Christopher va lui donner la force d'avancer et dénoncer ses bourreaux !
J'espère que grâce à ces femmes qui font preuve de courage, d'autres qui en sont victimes vont pouvoir parler également.
Bravo à Maureen pour ce superbe témoignage !
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Ce lieu m’apportait de la sécurité, et je m’y étais attachée. Je ne le savais pas, mais ce foyer pour enfants, avec ses nonnes distantes et son dortoir glacial, serait le dernier endroit où je me sentirais en sécurité avant longtemps. Je savais à quoi m’en tenir avec les sœurs. Je savais ce que j’avais à faire et où je devais être à chaque heure du jour. Et pour un enfant, cette certitude vaut de l’or. Bien sûr, je ne m’en rendrais compte qu’après qu’on me l’ait arrachée.
Elle m’avait portée, donné la vie, elle avait poussé mon landau. Et désormais, jour après jour, elle me détruisait. Ces horreurs posaient les fondations d’une relation complexe avec ma mère, qui allait alternativement menacer ma santé mentale et m’offrir de l’espoir. Elle était la maladie et le remède. Je la détestais et ne pouvais en même temps m’empêcher de l’aimer, peut-être dans une même mesure.
En dehors des disputes entre papa et Jock, c’était ma mère qui faisait régner la discipline dans la famille. Elle avait une poigne de fer, et ses punitions étaient bien souvent brutales. Le matin, nous devions parler à voix basse et marcher sur la pointe des pieds dans la maison. Réveiller ma mère, c’était réveiller un dragon ; elle devenait folle quand on l’empêchait de faire sa grasse matinée.
Chaque fois qu’il y avait une opportunité, il la saisissait. Les viols se déroulaient toujours dans ma chambre, et toujours avec la même routine. Ça ne durait pas très longtemps, même si j’avais l’impression du contraire. Et l’acte avait quelque chose de frénétique parfois, comme s’il avait peur d’être surpris. Il ne parlait jamais, sauf quand c’était fini, pour m’avertir de ne pas en parler.
Cette fugue a été la première d’une longue série. Je m’enfuyais souvent, soit par désespoir, soit par esprit de bravade. Parfois, j’avais juste envie de voir si je manquerais à quelqu’un – et c’était rarement le cas. Tout valait mieux que la maison. J’apprenais à toute vitesse qu’on ne peut pas faire confiance à sa famille. Et que je n’étais pas en sécurité sous notre toit.