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3,83

sur 2313 notes
Cela faisait très longtemps que je voulais lire un roman de Virginia Woolf, mais je ne sais pas pourquoi, j'avais une sorte de retenue, une peur de m'engager dans les textes de cette auteure. Peur d'être déçue, peur de lire un roman ennuyeux, lent, obscur.
C'est la très convaincante critique de GeraldineB qui m'a convaincue et je l'en remercie.
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Lire « Mrs Dalloway », c'est faire l'expérience d'une lecture atypique.
C'est entrer dans la conscience des personnages de l'histoire, et descendre dans les profondeurs de leur esprit.
C'est aussi une vision personnelle du mal-être, de l'angoisse, de la folie jusqu'au suicide.
« Mais, mais... pourquoi se sentait-elle soudain, sans la moindre raison apparente, atrocement malheureuse ? Comme quelqu'un qui aurait laissé tomber une perle ou un diamant dans l'herbe et qui, très soigneusement, écarterait les brins, dans un sens puis dans l'autre, et chercherait ici et là, en vain, puis qui finirait par l'apercevoir, là, près des racines, elle passa au crible les causes possibles. »

Les personnages sont magnifiquement dessinés, leurs pensées mises à nus avec délicatesse. Ses errances dans l'intériorité et l'intime m'ont également amenée à m'égarer dans mes propres songes et à perdre le fil de ma lecture. Et j'ai donc dû revenir plusieurs fois en arrière pour reprendre le cours du récit.
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Ce roman se déroule à Londres, par une belle journée de juin 1923.
Clarissa Dalloway, la petite cinquantaine, est une femme attirante, presque belle. En sortant de chez elle pour s'offrir des fleurs qui embelliront son intérieur en vue d'une soirée festive, elle se met à réfléchir sur sa vie, son passé, son présent, son futur.
Certaines parenthèses bouleversent l'ordre chronologique du récit, révélant le passé de Clarissa et amenant un équilibre délicat entre le passé et le présent.

Ainsi, ce roman décrit une journée de la vie de Clarissa Dalloway, mais également celle d'un ensemble de personnes qui rayonne autour d'elle : un ami et premier amour revenu des Indes, une amie d'enfance, un couple dont le mari Septimus est revenu infirme et traumatisé par ses expériences à la guerre, ...
Même si Clarissa est le personnage central de ce récit, c'est avec beaucoup de fluidité que l'on passe d'une conscience à une autre, avant de revenir à Virginia. Ce passage de témoin est parfois si subtil que j'ai dû revenir sur ma lecture pour déceler la transition.

Mais si le lecteur est conscient de son mal-être, son entourage ne l'est pas.
« …dans l'intimité, on peut faire ce qu'on veut. On peut pleurer, si on est sûr de ne pas être vu. »

Préoccupée par les apparences, elle fait montre de tact, d'une grande psychologie et d'une grande cordialité et parvient ainsi à cacher ses émotions, à ne pas se livrer et à garder une certaine distance avec autrui.
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Virginia Woolf s'inspire largement de ses propres expériences et de ses souffrances intérieures à travers les personnages de Clarissa et de Septimus.

Virginia Woolf restitue avec finesse et talent les différentes nuances des émotions de ses personnages dans un style poétique et intime. Son écriture est d'une beauté sombre et sinistre. J'ai ressenti beaucoup de tristesse dans ce roman déjà annonciateur de son suicide programmé.
« Elle se sentait très jeune ; et en même temps, incroyablement âgée. Elle tranchait dans le vif, avec une lame acérée ; en même temps, elle restait à l'extérieur, en observatrice. Elle avait, en regardant passer les taxis, le sentiment d'être loin, loin, quelque part en mer, toute seule ; elle avait perpétuellement le sentiment qu'il était très, très dangereux de vivre, ne fût-ce qu'un seul jour. »
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Les pensées des personnages créent un cadre pour traiter des tensions sous-jacentes à la fin de la première guerre mondiale. Les thèmes ont des sonorités très modernes et suscite de nombreuses réflexions sur le rôle de la femme dans la société, le traumatisme des vétérans de guerre, la folie qui pousse au suicide, les maladies mentales et l'évolution de la psychiatrie, la vie, la mort.

Ce roman offre aussi au lecteur la vision d'une époque, celle du début de l'après-guerre.
« Cette épreuve que le monde venait de connaître avait fait sourdre en eux tous, hommes et femmes, une fontaine de larmes. Des larmes et des chagrins ; du courage et de l'endurance ; une attitude digne et stoïque. »

Virginia décrit simplement Londres, la vie animée et bruyante dans les rues avec ses petits commerces, le ballet incessant des automobiles qui remplacent les fiacres tirés par des chevaux.
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Si vous recherchez un livre d'action, je vous déconseille cette lecture qui est assez introspective et demande des efforts de concentration.
Au final, mes nombreuses rêveries m'ont déconcentrée et ne m'ont pas permis d'apprécier pleinement cette lecture. Mais, même si « Mrs Dalloway » n'est pas un coup de coeur, j'ai aimé l'écriture de l'auteure, et je suis au final contente d'avoir lu un de ses romans. Virginia Woolf offre un remarquable aperçu psychologique de ses personnages.
C'est peut-être une lecture que je relirai un jour lorsque je serai plus reposée.
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Une journée dans la vie de Clarissa Dalloway .
Virginia Woolf est une exploratrice de l'âme humaine , c'est un roman intimiste qui nous parle de l'Angleterre en 1923 , de la bourgeoisie et des conventions de l'époque .
C'est une journée bien particulière pour Clarissa , en effet ce jour là , elle va revoir son premier amour , qui a voyagé pendant cinq ans ; et elle apprendra ce jour là , la mort par suicide d'un ami .
Virginia Woolf livre beaucoup d'elle même dans ce roman , en effet toute sa vie ,elle a souffert de troubles dépressifs assez graves et a fini par se suicider . Un magnifique roman , plein de sensibilité .
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On dit souvent du XIXème siècle qu'il s'agit d'une grande époque pour la littérature ; je suis le premier à le dire, mais il me semble ( ce que j'entends moins souvent dire ) que le XXème siècle est également une très grande époque dans l'histoire de la littérature.
Mrs Dalloway est une nouvelle preuve de la grandeur du XXème siècle. La perception subjective du personnage principal crée un monde hautement poétique, par lequel je me suis laissé happer.
Le génie de l'auteur est d'avoir su retranscrire par sa plume les plus petites impressions du personnage principal, au cours d'une promenade dans Londres peu banale !
Un appel à regarder la féérie autour de nous !
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Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une rue bondée de monde, à observer les passants et essayer d'imaginer leur vie, leurs pensées du moment ?
C'est un peu cela le roman de Virginia Woolf.
Au coeur de Londres, la vie bouillonne d'activités, de personnes qui se croisent et s'entrecroisent, telles les pensées du personnage principal, Mrs Dalloway.
Dès le début (commencement de la journée), le lecteur se trouve embarqué dans la tête de Clarissa Dalloway à explorer ses sensations, ses impressions du moment et celles du passé, puis au gré des rencontres, au gré des hasards - et bien malgré lui !-, se trouve confronté à d'autres personnages, d'autres psychologies, d'autres souvenirs..et ceci jusqu'à la fin du roman qui annonce l'achèvement de cette fameuse journée. Et tout cela, sans rupture, sans aucun chapitre, avec très peu de paragraphes, comme le fil de la pensée qui ne s'interrompt jamais.
Il n'y a bien que les cloches de Big Ben scandant les différents moments de la journée pour vous rappeler à la réalité et empêcher votre esprit de divaguer...


Ce roman est une véritable gageure. Parce qu'il apparaît comme une provocation de la part de l'auteure, comme un défi à relever pour le lecteur, comme un risque à prendre …

J'ai pris ce risque et on ne peut pas dire qu'il soit payant.
Cette lecture fut ardue et ennuyeuse. J'ai eu l'impression de me retrouver, il y a de cela une vingtaine d'années, à essayer désespérément de lire James Joyce. J'ai, cependant, lu le roman de Virginia Woolf jusqu'à la fin mais sans une once de satisfaction.
Je crois que la haute société britannique et son côté guindé m'agacent. (J'en ai déjà eu l'expérience malheureuse avec Jane Austen ou encore Elizabeth Gaskell) Bien sûr, ce roman en est une dénonciation évidente puisque Virginia Woolf met justement le doigt sur le paradoxe entre le moi intérieur et le paraître mondain. le personnage de Clarissa à double facette en est l'exemple le plus frappant. Tantôt, elle apparaît brute et à nu avec sa sensibilité intérieure propre, elle est alors Clarissa. Tantôt, elle se pare d'un manteau officiel, ne montrant d'elle que ce que la société bien-pensante exige de son rang social. Elle est alors Mrs Dalloway.
Cette dichotomie est universelle. On a tous en nous une part intime, secrète qui diverge avec notre façon de nous comporter en public. C'est aussi cela que dénonce ce roman : l'importance des apparences, le poids de la pression sociale sur nos choix de vie.

Le procédé, original et très novateur à l'époque de Virginia Woolf, est certes digne d'intérêt mais m'a malheureusement laissée sur le carreau.
Tant pis.
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C'est après avoir découvert le film "The Hours" de Stephen Daldry que j'ai eu envie de lire Mrs Dalloway. Je suis partie à l'aventure sans vraiment rien connaitre ni du roman ni de son auteur.

J'ai été très surprise par le style et par l'audace de Virginia Woolf qui nous raconte la journée d'une mondaine qui prépare une réception. Je pensais que j'allais vite m'ennuyer à suivre cette femme qui se questionne sur le choix des fleurs alors qu'en réalité, j'en suis ressortie bouleversée.

En effet, le roman soulève de nombreuses questions sur la destinée, le temps qui passe, la compréhension de la particularité de chacun, la remise en cause du système patriarcal ou encore le féminisme.

Mrs Dalloway est une oeuvre moderne et romanesque qui ne peut laisser indifférent.

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Une nouvelle façon d'aborder ce roman, qui fait partie de mon Panthéon personnel, c'était de l'écouter : impressionnant ! D'abord, une véritable prouesse accomplie par la lectrice (Sophie Chauveau) car lire au rythme de la pensée, ce n'est pas rien ! Si captivant à suivre que cela en devenait entêtant mais avec l'incapacité d'en rompre le cours, ainsi qu'on le fait instinctivement en lisant soi-même. Je me suis retrouvée happée, entraînée, par les différents fils de ces vies comme si elles s'insinuaient directement dans mon cerveau... à tel point que je me suis demandée, pour la première fois, si ce n'était pas dangereux d'écouter des livres audio en conduisant. Il m'en reste une belle expérience qui m'a permis, une fois de plus, d'apprécier la subtilité, la pertinence et la sensibilité de Virginia Woolf. Et de méditer, une fois de plus, sur la difficulté de communication entre les êtres...
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« Et justement, elle était là. »
Il était là, le roman de Virginia Woolf. Un classique, qui reste encore sur la « Pile à Lire », on le prend, puis on le replace. Il est encore là…

Pourtant je n'ai pas trouvé le roman difficile. C'est même une écriture plutôt moderne sans trop d'archaïsmes dans ce Londres du début du XXe siècle. Dans la version numérique que j'ai lue, la chose qui distingue ce texte des romans récents c'est l'absence de chapitres et de divisions, on passe parfois d'un interlocuteur à l'autre sans mention graphique explicite.

Un roman d'introspection, cependant, surtout celle de Mrs Dalloway qui réfléchit sur sa condition de femme, sur les choix de vie qu'elle a faits ou qui lui ont été imposés. Mais il y a aussi les pensées de son ami Peter Walsh qui arrive des Indes et celles de Reiza, une Italienne qui a épousé un homme qui entend des voix…

Et si ce n'est pas un roman d'action, on ne peut pas dire qu'il ne s'y passe rien : on assiste même à une défenestration.

« Et justement, elle était là. », c'est la dernière phrase du livre.

Elle était là, Virginia Woolf, et elle est encore là pour poser la question : « Qu'est-ce? Où suis-je? Et pourquoi, après tout, fait-on ce qu'on fait? » (p.98)
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Roman sans intrigue véritable, Mrs Dalloway (1925) raconte l'errance d'une poignée de personnages dans les rues de Londres, par une belle journée de printemps.
Comme les astres d'un système planétaire, tous ces destins ou presque gravitent autour d'un même soleil, Clarissa Dalloway, séduisante quinquagénaire un peu superficielle, quelque peu mondaine, mais dont la rencontre les a marqués à des titres divers. Chacun de ces personnes est relié aux autres par tout un fin réseau d'événements comme le passage d'un avion dans le ciel, la sirène d'une ambulance ou bien encore le carillon de Big Ben, qui rythme le récit à la manière d'un compte à rebours (initialement, le livre devait d'ailleurs s'intituler « Les Heures ».)
Basé sur la technique du courant de conscience, le roman de Virginia Woolf nous fait entendre tour à tour la voix intérieure des différents personnages, dont les pensées, les réflexions, les souvenirs se croisent et s'entrecroisent sans jamais vraiment se rencontrer. Car « chaque homme est une isle » et tous, hommes et femmes, sont murés dans une forme avancée de solitude et d'incommunicabilité dont rien ni personne ne semble pouvoir les délivrer. Il est vrai que la société « so british » dans laquelle ils évoluent est un univers corseté, fondé sur la mesure et le contrôle de soi, où l'on n’exprime que d'aimables banalités et où il est par exemple impossible à un mari de dire ouvertement « Je t'aime » à son épouse, après trente ans de mariage.
Autre point commun à tous ces êtres, le sentiment d'avoir manqué leur vie : presque tous ont en effet dépassé la cinquantaine, âge où il n'est pas rare qu'on s'interroge sur ses réussites et sur ses échecs… Et le moins qu'on puisse dire c'est que Virginia Woolf ne se montre pas très tendre à leur égard.
Mrs Dalloway est un livre grave, sombre, inquiétant même (à l'image de Septimus, rongé progressivement par la folie) ; mais c'est aussi une histoire pleine d'humour, écrite d'une plume légère et virtuose par un écrivain de très haute lignée.
J'en suis sorti ébloui, avec l'envie de m'y replonger immédiatement.
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Etrange lecture que voilà! 1925, la guerre est finie, le calme revenu du moins en Grande-Bretagne,l'agitation règne en Inde,Mrs Richard Dalloway donne ce soir une réception .... La voici sortie de bonne heure commander les fleurs , le beau temps est là en ce mois de juin et il semble que tout lui sourit. Mais où est passée Clarissa ? La jeune fille qui a épousé Richard Dalloway éconduisant Peter Walsh son ami de coeur. Disparue Clarissa engloutie par Mrs Richard Dalloway....
Étrange lecture ou roman surprenant par sa construction ! Peter Walsh est de passage à Londres, Lady Rosseter alias Sally Seton l'amie de jeunesse aussi, et puis plein de personnages entrent dans le champ de mire surtout Septimus Warren Smith ce brillant soldat complètement perdu dans ce monde d'après guerre dont il veut sortir , et les médecins le psychiatre renommé Sir William Bradshaw imbu de son savoir et de son pouvoir - Virginia Wollf réglerait elle quelques comptes?-
La journée s'achève, la soirée se termine, les invités partent les uns après les autres et je reste là .... brillant roman où rien ne se passe vraiment mais où tout est dit où tout est sous-entendu .Alors qu'importe si il m'a été un peu difficile d'y entrer! seul compte le plaisir d'avoir découvert un grand, un très grand roman et l'envie de fureter encore dans l'univers livresque de Mme Woolf
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En tombant sur ce livre dans une chambre d'hôtes, je me suis dit que j'en relirai bien quelques pages mais je me suis vite aperçu que je n'avais jamais lu ce classique de la littérature anglaise. C'est sans-doute la lecture du roman de Cunningham "Les heures" (titre que Virginia Woolf avait donné à l'origine à son roman "Mrs Dalloway") qui m'avait donné l'impression de le connaître intimement. Ce roman est déconcertant : accrochez-vous à la rampe, c'est-à-dire à cette trame ténue : Mrs Dolloway donne une soirée mondaine dans ses appartements de Londres; elle sort le matin pour aller chercher des fleurs puis rentrera chez elle en fin de matinée où elle recevra la visite inopinée d'un ancien soupirant qu'elle a repoussé autrefois et qui est resté amoureux d'elle (enfin ... peut-être). La journée continuera de se dérouler et tandis que les heures sonnent au carillon de Big Ben, nous passerons des pensées d'un protagoniste à un autre. Cette technique du "flux de conscience" est plutôt perturbante pour le lecteur qui se retrouve comme devant un tableau de maître qui aurait été découpé façon puzzle et consciencieusement mélangé. Mais si on est persévérant on peut finir par trouver un certain charme à ce savant mélange et même quelque intérêt au drôle de portrait pointilliste de cette "Mrs Dolloway". Même si, au bout du compte, il semble bien que quelques pièces du puzzle manquent au tableau.
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