Tous ces siècles, les femmes ont servi de miroirs, dotés du pouvoir magique et délicieux de refléter la figure de l'homme en doublant ses dimensions naturelles.
La littérature est ouverte à tout le monde. Je refuse de vous laisser m'interdire la pelouse, tout surveillant que vous êtes. Fermez à clef vos bibliothèques si ça vous chante ; mais il n'y a ni porte, ni serrure, ni verrou que vous puissiez mettre sur la liberté de mon esprit. ( page 76)
La très grande activité intellectuelle que manifestèrent les femmes dans la dernière partie du XVIIIe siècle - causeries, réunions, essais sur Shakespeare, traductions des classiques - était justifiée par le fait indiscutable qu'elles pouvaient gagner de l'argent en écrivant. L'argent confère la dignité à ce qui serait frivole si on ne le payait pas.
Le roman fait naître en nous nombre d'émotions antagonistes et contradictoires. La vie entre en conflit avec quelque chose qui n'est pas la vie.
Car les chefs-d'oeuvre ne sont pas nés seuls et dans la solitude; ils sont le résultat de nombreuses années de pensées en commun, de pensées élaborées par l'esprit d'un peuple entier, de sorte que l'expérience de la masse se trouve derrière la voix d'un seul.
Tout en me faisant signe de reculer, il exprime à voix basse son regret de ce que les dames ne soient admises à la bibliothèque qu'accompagnées d'un professeur de l'université, ou pourvues d'une lettre de recommandation.
En imagination, elle [la femme] est de la plus haute importance ; en pratique elle est complétement insignifiante. Elle imprègne la poésie de part en part ; elle est complétement absente de l’Histoire. Elle domine la vie des rois et des conquérants dans la fiction ; dans les faits elle était l’esclave du premier garçon dont la bague, enfoncée par les parents, avait été forcée à son doigt. Quelques-uns des mots les plus inspirés, quelques-unes des pensées les plus profondes en littérature tombent de ses lèvres ; dans la vie réelle, elle savait à peine lire, n’épelait pas deux mots et était la propriété de son mari.
La littérature est jonchée des débris des naufragés qui se sont souciés de l’opinion des autres au-delà du raisonnable.
Les femmes sont restées assises à l’intérieur depuis des millions d’années, de sorte qu’à présent les murs mêmes sont imprégnés de leur force créatrice qui, à vrai dire, a tellement débordé la capacité des briques et du mortier qu’elle doit se ceinturer de stylos et de pinceaux et de commerce et de politique. Mais ce pouvoir créatif diffère grandement du pouvoir créatif des hommes. Et il faut conclure qu’il serait extrêmement dommage si ce pouvoir était entravé ou gaspillé, car il a été conquis, au cours des siècles, au prix de la discipline la plus drastique et il n’y a rien qui puisse prendre sa place. Ce serait extrêmement dommage si les femmes écrivaient comme les hommes, ou vivaient comme les hommes, ou ressemblaient aux hommes.
L’argent confère de la dignité à ce qui est frivole quand impayé.