Les lecteur.ice.s en herbe qui se lancent dans des romans un peu plus longs se régalent de bonnes histoires bien racontées, mais dont la lecture est facilitée par un découpage en chapitres courts et de petites illustrations. Les livres de
Roald Dahl et de
Quentin Blake sont vraiment merveilleux de ce point de vue, mais ils sont si captivants qu'on en fait vite le tour. Bonne nouvelle, il y a de plus en plus de romans à mettre sous la dent des enfants, notamment les romans de la collection Polynie chez MeMo, Marque-Page chez
Didier Jeunesse, Mouche ou Histoires Naturelles chez L'école des loisirs, ou Pépix chez Sarbacane. Mais si vous osez piocher dans la littérature jeunesse britannique, chez des auteurs comme
David Walliams,
Julian Clary ou
Rupert Kingfisher, vous êtes assurés de trouver les méchants les plus affreux, les enfants les plus clairvoyants, souvent assortis de compères animaux, les situations les plus grotesques et l'ironie la plus grinçante. C'est aussi en Angleterre que
Charles Dickens écrivit ses satires morales et sociales. On sent bien à la lecture de
L'évasion magique de l'orpheline Clémentine, comment
Chris Wormell se nourrit de ces différentes traditions.
Voici donc un récit aux allures de contes : dans une Grande Ville noire, il était une fois une orpheline livrée à son oncle et sa tante. Des canailles qui rendraient presque sympathiques
Les deux gredins de
Roald Dahl : la délicatesse d'un rhinocéros, l'empathie d'un cafard, le muscle d'un dragon. Sans parler de l'habitude de la Tante Vermilia de tirer sur tout ce qui l'agace avec un tromblon alors qu'elle est myope comme une taupe. Il ne reste guère à Clémentine que ses rêves d'un Lieu magique en pleine nature qui n'existe peut-être que dans son imagination… et l'aide d'un épatant matou blanc.
L'objet-livre est magnifique avec sa couverture épaisse et colorée, son petit format maniable et ses illustrations qui font forte impression (extraits via le lien ci-dessous). Mon fils de 9 ans et demi n'a pas tardé à se plonger dans cette histoire qu'il a lue d'une traite, captivé par les multiples rebondissements et ravi de voir un chat jouer un rôle si important, les deux fripouilles surenchérir de férocité et se faire prendre à leur propre jeu. Pour ma part, j'ai trouvé l'ensemble très sombre – on est clairement dans la noirceur des contes de fée – et outrancier, dans le texte comme dans les dessins qui confinent à la caricature. Mais il y a un public pour ce registre, en témoigne l'enthousiasme de mon fils – et la double-page finale est à couper le souffle !
PS : pourquoi avoir traduit ainsi le titre original, The Magic Place ? le titre français me semble inutilement long et tarabiscoté, tout en générant une attente de magie qui pourrait ne pas être satisfaite, si on fait abstraction de l'intelligence extrême du chat blanc…
PPS : lecture approuvée par Alpiniste, notre chat blanc à nous, en photo via le lien ci-dessus !
Lien :
http://ileauxtresors.blog/20..